Le Salon de la santé, de la protection sociale et de l'éducation physique de Düsseldorf, en allemand dénommé « GeSoLei », acrosylbe de Gesundheitspflege, soziale Fürsorge und Leibesübungen, s’est déroulé entre le et le . Il a accueilli 7,5 millions de visiteurs et fut, avec 400 000 m2 de surface d'exposition, le plus grand salon d'exposition de la République de Weimar. Ses objectifs politiques et sociaux étaient la formation de « nouveaux hommes actifs » (neuen leistungsfähigen Menschen).

Emplacement modifier

 
L'exposition connut une forte affluence.

L'exposition s'est déroulée sur les places de foire traditionnelles de Pempelfort et de Golzheim, où dès 1902 s'était tenue la première foire internationale de Düsseldorf, l'Exposition de l'Industrie, du Commerce et des Beaux-Arts, puis la foire de la Mode (IGEDO). Non loin de là, on trouve les jardins du Rheinpark (dont il avait fallu rehausser les digues en 1925 pour protéger la GeSoLei des crues), la Foire Internationale de Düsseldorf et l’aéroport.

Visée et thèmes modifier

Cette exposition était empreinte d'un regain d'optimisme, lié au rebond économique de l'économie rhénane et au rétablissement général de l'économie allemande vers le milieu des années 1920 (politique de Gustav Stresemann, introduction du Rentenmark, application du plan Dawes). Le choix des thématiques de la santé et de l'hygiène publique est dû au pédiatre Arthur Schloßmann, bénéficiant du soutien massif des industriels de la chimie de Düsseldorf et des mécènes, ainsi que du président de la Chambre de Commerce et d'Industrie, le conseiller Carl Rudolf Poensgen. La médaille d'or de la GeSoLei a été attribuée à l’historien de la Médecine Wilhelm Haberling, organisateur de l'exposition « 2000 ans de médecine en Rhénanie » et concepteur d'une « Galerie d'honneur des naturalistes et médecins rhénans. » La conseillère scientifique de la manifestation fut, de 1925 à 1927, le Dr Marta Fraenkel. L’Exposition comportait quatre grands thèmes :

60 % des terrains étaient aménagés en parc d'attraction : les Allemands y découvrirent les premières autos-tamponneuses.

Architecture modifier

 
La salle de concert de Düsseldorf, vue depuis la cour d'honneur
 
La Rheinterrasse.
 
Le siège social des industries pharmaceutiques Henkel (dans le quartier Holthausen).

L'architecte en chef du projet était Wilhelm Kreis (1873–1955), à la tête de 20 architectes chargés chacun d'un bâtiment particulier. Le secteur de la construction de Düsseldorf ne doit pas seulement son essor aux audaces de Wilhelm Kreis, mais aussi au grand nombre de maisons et d'appartements-témoins conçus rationnellement selon les canons les plus modernes de l'hygiène et de la propreté. À la clôture de l'exposition, les pavillons permanents construits par Kreis furent convertis en musées et restaurants ; les autres édifices n'étaient pas destinés à survivre à la manifestation. Plusieurs pavillons avaient été dessinés par les plus éminents architectes de la République de Weimar : Max Taut et Peter Behrens. Ainsi :

  • L'actuelle Tonhalle, qui était au départ une salle polyvalente abritant le planetarium Rheinhalle, est l’œuvre personnelle de Wilhelm Kreis (Düsseldorf/Dresde), et comporte des mosaïques d’Heinrich Nauen. Ce n'est que depuis 1979 qu'elle est devenue une salle de concert,
  • La Cour d'honneur (Ehrenhof) – sur laquelle ont été édifiés le Museum Kunstpalast, l'ancien musée des arts décoratifs et la galerie municipale des Beaux-Arts, le Forum rhénan de la Culture et de l'Economie (depuis 1998) a été aménagée par Wilhelm Kreis pour le compte du Kunstpalast,
  • La Rheinterrasse de Düsseldorf était un café-restaurant de luxe, offrant un panorama sur les berges du Rhin ; c'est aussi une œuvre de Wilhelm Kreis. Le bâtiment est devenu une salle d'expositions et d'événements.
  • La « crèche Vasenol », centre de pédiatrie modèle, destinée à promouvoir les principes fondamentaux de la pédiatrie, sous les auspices de l'Association Patriotique des Femmes de Düsseldorf[1], a été conçue par l'architecte Karl Ackermann (ou, selon d'autres sources, par Eduard Lyonel Wehner); la direction de la crèche était assurée par Erna Eckstein-Schlossmann, épouse d’Albert Eckstein, directeur de la clinique pédiatrique de Düsseldorf et professeur titulaire de pédiatrie depuis 1935.
  • Le pavillon des industries Henkel, dite salle GeSoLei, a été dessiné par Walter Furthmann et a été reconstruit en 1927, au no 67 de la Henkelstrasse à Düsseldorf-Holthausen, pour former le siège social de la Société Henkel.

Arts modifier

La Gesolei avec sa cour d'honneur et les jardins de Rheinpark, ont permis à la ville de Düsseldorf de se faire une nouvelle réputation de ville d'art. Wilhelm Kreis, le constructeur de la Maison Wilhelm Marx, imagina l'architecture de la cour d'honneur et de ses édifices. Les mosaïques et la verrière ont été réalisées par Heinrich Nauen et Jan Thorn Prikker ; les statues, par Bernhard Sopher, Ernst Gottschalk, Carl Moritz Schreiner et Arno Breker. Dans la rotonde du planétarium, on pouvait admirer les tableaux de jeunes peintres de Düsseldorf : Walter Ophey, Arthur Erdle, Werner Heuser, Jankel Adler, Hermann Hundt, Arthur Kaufmann, Carl Cürten, Heinz May, Adolf Uzarski et Bernhard Gobiet.

Publications modifier

En raison de sa thématique médico-hygiéniste, la Gesolei s'est accompagnée d'une multitudes de publications : entre l'été 1925 et l'été 1926, les librairies diffusaient un journal et une revue intitulés „Gesolei“, aux articles principalement socio-politiques. Le réalisateur et cinéaste expérimental Walter Ruttmann a tourné au cours de l'hiver 1925-26 un dessin animé de 3 minutes pour l'exposition : Der Aufstieg avec Lotte Lendesdorff[2] et Julius Pinschewer[3] qui a créé le personnage de Deutscher Michel[4].

Critiques modifier

Plus que l'exposition elle-même, c'est l’abréviation, inhabituelle à l'époque, par laquelle on la désignait : GeSoLei , qui fit le plus réagir ses contemporains ; car comme le relevait déjà le magazine viennois Phoenix, c'est « un mot qui sonne comme le mot « ânerie » (Eselei), et achève de défigurer le langage[5]. » L'écrivain Ludwig Finckh reçut au mois d' une demande de la Commission régionale pour l'éducation à la santé, le priant de rédiger un éditorial mais, irrité, il ne trouva à répondre que ceci : « Je dois à présent vous avouer ma profonde indignation: mon sens de la Culture y renonce. Et je me vois réduit à vous demander : que signifie Gesolei? Sans doute, je serais heureux de contribuer si je savais ce que cela veut dire[6]... » Le Kölnische Volkszeitung qualifia cette abréviation de « tout-a-fait inopportune » (ein total unglückliches Wort[7]), et le München-Augsburger Abendzeitung la trouvait « irréfléchie et de mauvais goût » (gedanken- und geschmacklos[8]). Dans les Ärztlichen Mitteilungen (revue médicale) du , un médicin déclarait: « Un nom aussi stupide devrait être mis au pilori […] » et Oskar Streicher, dans le Bulletin des Associations Germanophones, la trouvait monstrueuse (Scheusal[9]).

Bibliographie modifier

  • Hans Körner, Gabriele Genge, Angela Stercken (éd.): Kunst, Sport und Körper.
    1. 1926–2002. Eine Ausstellung über die Ausstellung GeSoLei. VDG, Weimar 2002, (ISBN 3-7757-1252-6).
    2. 1926–2004. Methoden und Perspektiven. VDG, Weimar 2004, (ISBN 3-89739-443-X).
    3. 1926–2004. Bilder einer Ausstellung. VDG, Weimar 2004, (ISBN 3-89739-444-8).
  • Jürgen Wiener (éd.): Die GeSoLei und die Düsseldorfer Architektur der 20er Jahre. J. P. Bachem, Cologne 2001, (ISBN 3-7616-1445-4).
  • Ellen Kreutz: Messe, Baukunst, Stadtentwicklung. Ausstellungsarchitektur in Düsseldorf 1880–2004. Econ, Munich et Düsseldorf 1998, (ISBN 3-430-15671-8).
  • Peter Hüttenberger, Düsseldorf. Vol 3. Schwann, Düsseldorf 1989, (ISBN 3491342236), p. 373 et suiv.
  • Sigrid Stöckel, Die große Ausstellung über GEsundheitspflege, SOziale Fürsorge und LEIbesübungen – GESOLEI – 1926 in Düsseldorf. In: Ideologie der Objekte, Objekte der Ideologie. Wenderoth, Kassel 1991, (ISBN 3870130261), p. 34 et suiv.
  • Richard Klapheck, Wilhelm Kreis, Robert Meyer (éd.): Dokument deutscher Kunst – Düsseldorf 1926. Anlage, Bauten und Raumgestaltungen der Gesolei. L. Schwann, Düsseldorf 1927.
  • Otto Teich-Balgheim, Die Gesolei in Wort und Bild. Adler, Düsseldorf 1926.
  • Arthur Schlossmann, Entstehung und Ziele der Großen Ausstellung Düsseldorf 1926. In: Gesolei-Zeitschrift 1926, 1 (juillet), p. 3.
  • Gesolei. Zeitschr. d. Großen Ausstellung Düsseldorf … für Gesundheitspflege, Soziale Fürsorge und Leibesübungen. Girardet, Düsseldorf 1.1925-26, 1-10.
  • Gesolei. Offizielle Tageszeitung der Großen Ausstellung Düsseldorf … für Gesundheitspflege, soziale Fürsorge und Leibesübungen. Düsseldorf 1926, 1 () – 162 (17. octobre).

Voir également modifier

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Notes modifier

  1. D'après les documents du Fonds Eckstein
  2. Cf. « Der Aufstieg », sur animations-filme.de (consulté le )
  3. Cf. « Filmographie de Julius Pinschewer », sur imdb.com (consulté le )
  4. Cf. Jeanpaul Goergen, Walter Ruttmann. Eine Dokumentation, Berlin, (ISBN 3-927876-00-3), p. 112. Cité par Nicole Huber et Clemens Zimmermann, From „Berlin“ to „Germania“. Cinema and the Implementation of National Politics in Regional Planning (1926–1939), Zentralität und Raumgefüge der deutschen Großstädte im 20. Jahrhundert, Stuttgart, Franz Steiner Verlag, , 174 p. (ISBN 978-3-515-08898-5, lire en ligne), p. 161.
  5. Phoenix n°2 de février 1925 : Gesolei – ein der Eselei sehr nahestehendes Wort –, die der Sprachverblödung die Krone aufsetzt.
  6. D'après « Politische Wirksamkeit in Preussen und im Reich », sur Archives historiques de la ville de Cologne (consulté le ) : Nun muß ich Ihnen tief beschämt gestehen: meine Bildung hat gänzlich versagt. Und es bleibt mir nichts anderes übrig, als Sie selber zu fragen: was heißt Gesolei? Wahrscheinlich würde ich sehr gern mittun, wenn ich wüßte was es heißt.
  7. Kölnische Volkszeitung, n° du 18 mai 1925
  8. München-Augsburger Abendzeitung, n°229 , 21 août 1925
  9. Cf. Oskar Streicher, « Gesolei », Muttersprache, Zeitschrift des Deutschen Sprachvereins, Francfort-sur-le-Main, 41e année nos 7-8,‎ , p. 203.