Le fantastique Gaslamp ou gaslamp fantasy (anglicisme qui pourrait littéralement se traduire par « fantastique du réverbère »), parfois aussi appelée gaslight fantasy, est considérée comme un sous-genre du fantastique[1]. Elle est caractérisée par un ancrage spatio-temporel dans l'Angleterre de l'époque victorienne. Ce genre a évolué vers l'esthétique du steampunk qu'il a inspiré et avec lequel il partage de nombreuses caractéristiques.

Dracula (couverture de la 1re édition), le roman de Bram Stoker, une référence qui a inspiré la gaslamp fantasy

Sources d'inspiration : les romans gothiques et policiers de l'époque victorienne modifier

On peut décrire le fantastique gaslamp comme un syncrétisme contemporain du roman gothique et de la littérature policière victorienne (qui chronologiquement se succédèrent) du XIXe siècle. Il emprunte en effet ses éléments tant à l'univers de Matthew Gregory Lewis qu'à celui d'Arthur Conan Doyle, l'élément surnaturel et fantasy en plus. Côté français, on pourrait d'ailleurs lister Charles Nodier, Paul Féval, Eugène Sue et Ponson du Terrail - eux aussi contemporains de la Reine Victoria - comme références du genre.

L'écrivain Edgar Allan Poe, qui est pourtant américain, est régulièrement repris dans la bibliographie du fantastique victorien. Son Chevalier Auguste Dupin a donc inspiré à Fabrice Bourland une très surprenante enquête sur la mort mystérieuse (suicide, crime ou ...) du poète Gérard de Nerval dans la plus pure veine de la Gaslamp Fantasy (Cf. Bibliographie).

Références esthétiques du genre modifier

 
La Villa Simone dans le quartier Belle-Époque de Bagnoles-sur-l'Orne : décor typique d'un récit crépusculaire de gaslamp fantasy...
 
... de même que les bas-fonds de Glasgow en 1871

Dans la littérature anglo-saxonne, la période historique servant de cadre à ces récits est la période victorienne/édouardienne, soit avant la Première Guerre mondiale. En France, cela correspondrait grosso modo au Second Empire et au début de la Troisième République jusqu'à la Belle Époque de Monsieur Fallières. Les personnages et héros se déplacent donc dans des décors très gothique victorien ou Art nouveau... à la lueur des lampadaires. Le train à vapeur ou le fiacre sont leurs moyens usuels de déplacements. Esprits éclairés et progressistes, les héros n'hésitent cependant pas à recourir aux techniques « modernes » : télégraphe, daguerréotype, photographie, premières automobiles...

L'égyptomanie, très en vogue au XIXe siècle, en particulier en Grande-Bretagne, est une autre référence esthétique de la Gaslamp, la littérature fantastique victorienne générale étant friande d'« occultisme égyptianisant » et de résurrection de momies.

Le fantastique gaslamp peut donc être vue comme une variante de l'uchronie.

Références historiques du genre modifier

Références littéraires modifier

Figures de référence du genre modifier

Sherlock Holmes et Jack l'Éventreur, personnages récurrents de la Gaslamp Fantasy modifier

 
Holmes et Watson ( illustration de Paget ), figures emblématiques récurrentes de la gaslamp fantasy.

De par ces sources d'inspiration victoriennes du genre, Sherlock Holmes, le héros de fiction, et Jack l'Éventreur, personnage lui tout aussi réel que mystérieux, s'affrontent de manière récurrente dans les romans du genre, l'éventreur se confondant parfois avec Mister Hyde, damné à tout jamais. Le sinistre Dracula hante aussi occasionnellement les bas-fonds victoriens au fil des pages. Enfin, Cthulhu lui-même ne dédaigne pas faire une apparition « impie » dans les quartiers mal famés de l'East End et des docks de la Tamise.

Autres modifier

Œuvres modifier

 
From Hell ... la célèbre lettre attribuée à Jack l'Éventreur. Son titre explique pourquoi le personnage est un récurrent de la Gaslamp Fantasy...

Littérature modifier

Auteurs et ouvrages anglophones modifier

  • William Hope Hodgson
  • Seabury Quinn qui, en situant l'intrigue de ses romans au début des années 1920, constitue l'extrême limite temporelle du genre.
  • Gaslight Grimoire : Fantastic Tales of Sherlock Holmes[2], anthologie.
  • The Shadow of Reichenbach Falls de John R. King, œuvre (qui ne manque pas d'humour) dans laquelle Holmes affronte tout à la fois l'Éventreur, Moriarty et Satan.
  • Shadows over Baker Street, anthologie sous la direction de Michael Reaves et John Pelan 2003, série de nouvelles dans lesquelles Sherlock Holmes est confronté à l'univers de Howard P. Lovecraft.
  • Sherlock Holmes and the Occult : the Case of the scarlet Woman de Watkins Jones, la confrontation avec le mage Aleister Crowley.
  • Sherlock Holmes and the Voice from the Crypt and other tales de Donald Thomas, entre roman policier et fantastique.

Ouvrages francophones modifier

  • La Dernière Enquête du Chevalier Dupin de Fabrice Bourland 10/18 coll. Grands Détectives 2009 : une enquête, entre fantastique et polar, sur la mort mystérieuse de Gérard de Nerval,
  • Un Message de la Planète Mars, série Fascinax no 13, auteur inconnu Librairie des Romans Choisis 1921 entre fantastique, policier et (fausse) science-fiction : une organisation de criminels déguisés en pseudo-vampires ailés se fait passer pour des envahisseurs martiens et se heurte au super-héros Fascinax, le mystérieux redresseur de torts. Quoique chronologiquement postérieur à l'époque de référence, ce récit du début des années 1920, par son intemporalité, peut encore être rapproché du "canon Gaslamp";
  • Zoulou Kingdom de Christophe Lambert Pocket no 5951, 2008 : en 1879, alors que l'armée britannique se prépare à affronter les Zoulous au KwaZulu-Natal, leur roi Cétéwayo fait appel à la magie noire pour envoyer une armée de Zombies envahir la Grande-Bretagne...

Cinéma et autres créations audiovisuelles modifier

Les longs-métrages de la filmographie de l'acteur britannique Peter Cushing figurent en place d'honneur dans la production cinématographique du genre - en particulier The Mummy (titre français La Malédiction des Pharaons - 1959) dans sa version 1890 de Terence Fisher, très différente dans son esthétique de celle de Stephen Sommers produite quarante ans plus tard. Mentionnons aussi celles de Boris Karloff (monstre de Frankenstein et ses avatars) et de Bela Lugosi et Christopher Lee (Dracula et ses avatars).

Bandes dessinées modifier

Notes et références modifier