Gaetano Giulio Zumbo[1] est un sculpteur italien, né en 1656 à Syracuse (Sicile) et mort le à Paris (France) connu pour ses figures anatomiques céroplastiques.

Gaetano Zumbo
Naissance
Décès
Sépulture
Activités

Biographie modifier

 
Détail de La Peste, cire, Florence, musée de la Specola.

Enfance, études et formation modifier

Gaetano Giulio Zumbo est né dans une famille noble mais peu favorisée par la fortune. Doué d'un génie étonnant pour les arts, Gaetano Zumbo s'y intéresse dès son enfance et apprend les principes de la sculpture en autodidacte. La vue des monuments de l'Italie et l'étude de l'anatomie, dont il suit des cours à Rome et à Bologne, achèvent de développer ses prédispositions artistiques. N'ayant pas appris à manier le ciseau, il emploie pour ses compositions une cire colorée qu'il prépare lui-même, et dont lui seul a le secret.

Carrière modifier

Ses premiers ouvrages le font connaître et il est appelé à Florence par le grand-duc de Toscane, qui lui assigne un traitement considérable. Parmi les ouvrages qu'il exécute pour ce prince, le plus fameux est celui que les Italiens nomment La Corrusione (La Putréfaction). Il est composé de cinq figures en cire colorée, qui représentent un moribond, un corps mort, un corps qui commence à se corrompre, un autre à demi corrompu, et enfin un cadavre plein de pourriture et rongé de vers. Ce travail est jugé digne d'être placé dans la galerie des Offices de Florence ; il est maintenant conservé au musée de la Specola. Malgré la bienveillance dont l'honorait le grand-duc, Zumbo ne peut lui faire le sacrifice de sa liberté. Ce prince lui dit en recevant ses adieux : « Vous pourrez trouver un protecteur plus puissant que moi, mais vous n'en trouverez pas un qui sache mieux vous apprécier. » Rien ne put le retenir. Il se rendit à Gênes et, en l'espace de quatre à cinq ans, il y fit deux grandes compositions regardées comme des chefs-d'œuvre : la Nativité de Jésus-Christ et la Descente de croix. S'étant associé à Guillaume Desnoues, chirurgien français, il exécute diverses pièces anatomiques, entre autres le corps d'une femme morte en couches avec son enfant, d'une vérité si frappante que les spectateurs croyaient voir la nature même. Des discussions d'intérêt brouillèrent les deux associés, et Zumbo viennent en France, apportant ses principaux ouvrages. Après s'être arrêté quelque temps à Marseille, il se rend à Paris, où sa réputation le précède. En 1701, il présente à l'Académie des sciences une tête en cire, myologie de la face et du cou, dite Tête de vieillard, préparée pour une démonstration anatomique. On y distinguait les moindres détails, les veines, les artères, les nerfs, les glandes, les muscles avec leur couleur naturelle[2]. Elle est achetée par l'intermédiaire d'Antoine Benoist pour Louis XIV, qui en fait présent à Georges Mareschal, son premier chirurgien. Considérée comme l'acte de naissance de la céroplastie anatomique avec une autre tête antérieure conservée au musée de la Specola de Florence[3], elle est aujourd'hui conservée à Paris au musée de l'Homme.

Après sa mort modifier

Zumbo meurt le 22 décembre 1701, emportant le secret dont il se servait pour colorer la cire ; mais qui a été retrouvé depuis. Ses deux compositions représentant La Nativité et la Descente de croix sont acquises, après sa mort, par Le Hay. On les voit, en 1755, dans le cabinet de Boivin, et Caylus en parle avec les plus grands éloges[4]. La Description qu'en avait faite de Piles, insérée dans le Journal des savants[5], est réimprimée dans son Cours de peinture par principes.

Après sa rupture avec Zumbo, Desnoues vient à Bologne, où il obtient une chaire d'anatomie et de chirurgie. Instruit de l'accueil que l'artiste sicilien vient de recevoir à Paris, il écrit une Lettre[6] dans laquelle il revendique la gloire d'avoir découvert le secret de préparer en cire colorée les objets d'anatomie, annonçant qu'il se rend en France pour démasquer l'imposteur[7]. Mais un anonyme justifie Zumbo du reproche de plagiat et prouve que c'était Desnoues qui s'est approprié le secret de l'artiste sicilien[8]. Desnoues ne repousse pas cette accusation.

Notes et références modifier

  1. (it) « Zumbo, Gaetano Giulio in "Dizionario Biografico" », sur www.treccani.it (consulté le ).
  2. Histoire de l'Académie, 1701, p. 57).
  3. Elena Taddia, « « Une teste de cire anatomique » Un sculpteur à la cour : Gaetano Giulio Zumbo, céroplaste, de la Sicile à Paris (1701) », Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles, (consulté le ).
  4. Mémoires de l'Académie des inscriptions, t. 28, p. 55).
  5. Année 1707, supplément, p. 450.
  6. Elle est imprimée dans un Recueil de lettres de plusieurs savants, sur différentes découvertes, Rome, Ant. Eossi, 1706.
  7. Mémoires de Trévoux, juillet 1707, p. 1302 sur l'édition originale ; p. 340 sur Gallica.
  8. Mémoires de Trévoux, août 1707.

Annexes modifier

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Bibliographie modifier

  • « Gaetano Zumbo », dans Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes avec la collaboration de plus de 300 savants et littérateurs français ou étrangers, 2e édition, 1843-1865 [détail de l’édition].
  • (it) Mario Praz, « Le cere dello Zumbo », FMR, no 7, Franco Maria Ricci, octobre 1982.
    Le texte est un extrait de son ouvrage Bellezza e Bizzarria (Milan, Il Saggiatore, 1960).
  • Christine Brusson, La Splendeur du soleil, Éditions des Équateurs, 2010.
    Roman consacré à Zumbo.
  • Elena Taddia, « « Une teste de cire anatomique ». Un sculpteur à la cour : Gaetano Giulio Zumbo, céroplaste, de la Sicile à Paris (1701) », Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles , Articles et études,‎ , p. 1-40 (DOI 10.4000/crcv.13864, lire en ligne [PDF], consulté le ).

Liens externes modifier