Géographie militaire

La géographie militaire est un courant de pensée qui cherche à mettre en pratique les outils et les concepts géographiques pour un usage militaire. Toutes les composantes de la géographie universitaire sont ainsi étudiées : géographie physique (biogéographie, climatologie, hydrologie...), géographie urbaine (urbanisme, urbanisation, urbanité) et géographie humaine (géographie sociale, géographie culturelle, géographie des représentations...).

Histoire modifier

La discipline a connu un essor à la fin du XIXe siècle. À la suite de la défaite française de 1870-1871, les militaires ont constaté leur manque de culture géographique : Philippe Boulanger, auteur de La géographie militaire française (1871-1939)[1] a ainsi démontré combien l'absence de cartes à disposition des militaires français avait été une des causes de la défaite. Une école de géographie française a ainsi été créée, profitant du renouveau de la pensée géographique universitaire, sous l'impulsion de Paul Vidal de la Blache. Il s'agit donc d'une géographie militaire résolument moderne, qui connaît une renommée internationale et devient un modèle pour de nombreux pays[2].

À la suite de la Seconde Guerre mondiale, la géographie militaire entre dans une période de déclin durable, les universitaires comme les militaires lui préférant des disciplines analysant la planète dans son ensemble telles que la géostratégie, la géopolitique ou la géographie politique[3].

Aujourd'hui, cette discipline connaît un véritable renouveau. Les pays anglo-saxons sont très en avance sur ce point, comme le soulignent Philippe Boulanger[4] et Paul-David Régnier lors du Festival de géographie 2008[5]. En France, le renouveau est récent, encore timide, mais intéresse de près les militaires et quelques universitaires. Le contexte géostratégique mondial a, en effet, été profondément modifié par la fin de la Guerre froide et la disparition du monde bipolaire. La tactique prend un tournant fondamental dans la réussite des opérations militaires, et la compréhension des enjeux réels d'un pays est une nécessité pour toute opération de maintien de la paix. Ainsi, les travaux de Philippe Boulanger (Philippe Boulanger, 2006, Géographie militaire, Ellipses, collection Carrefours Les Dossiers, 384 pages[6]) et de Paul-David Régnier (Paul-David Régnier, 2008, Dictionnaire de géographie militaire, CNRS Éditions, 261 pages[7]) montrent l'intérêt de ce lien entre une géographie universitaire et une géographie appliquée dans le fait militaire.

Les principaux travaux en géographie militaire modifier

  • Philippe Boulanger, 2006, Géographie militaire, Ellipses, collection Carrefours Les Dossiers, 384 pages.
  • Paul-David Régnier, 2008, Dictionnaire de géographie militaire, CNRS Éditions, 261 pages

Références modifier

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Collins (J), Military geography for professionals and the public, National Defense University Press, Washington D.C., 1998.
  • Palka (E), The Scope of Military Geography: Across the Spectrum from Peacetime to War, McGraw- Hill Primis Custom Publishing, 2001.
  • Gayle (G), Willmott (C) (ed), "Military geography: Its revival and prospectus", Geography in America at the Dawn of the 21st century, Oxford University Press, 2004.
  • Collins (J), Korean Crisis, 1994: Military Geography, Military Balance, Military Options, Congressional Research Service Reports, Washington D.C., 1994.
  • Jadoan (A-S), Military Geography of South East Asia, Anmol, New Delhi, 2001.
  • Hervé Coutau-Begarie, 1999, "De la géographie militaire à la géostratégie", in Traité de stratégie (chapitre XII), Economica, Paris.
  • Philippe Boulanger, La géographie militaire française (1871-1939), Paris, Economica,
  • Philippe Boulanger, 2006, Géographie militaire, Ellipses, collection Carrefours Les Dossiers, 384 pages.
  • Paul-David Régnier, 2008, Dictionnaire de géographie militaire, CNRS Éditions, 261 pages.
  • Hervé Coutau-Bégarie, 2001 (3e édition, 1re édition 1999), Traité de stratégie, "La géographie militaire classique" et "L'évolution de la discipline au XXe siècle", Economica, collection Bibliothèque stratégique, Paris, p. 706-733.
  • Mickaël Aubout, 2004, Géographie militaire de la base de Manas (Ganci air base) au Kirghistan. Les interactions entre une base militaire et son environnement, mémoire de maîtrise, Université Paris-Sorbonne, 156 pages.
  • Mickaël Aubout, 2009, "Géographie militaire d’une base aérienne : l’exemple de la base de Manas (2002 – 2004)", Penser les Ailes Françaises, no 19, p. 28-38.
  • Bénédicte Tratnjek, 2005, Les opérations militaires dans les villes d'ex-Yougoslavie : le cas de Mitrovica (Kosovo) et de Sarajevo (Bosnie-Herzégovine), mémoire de DEA, Université Paris-Sorbonne, 634 pages.
  • Cécile Driesbach, 2003, De la (re)connaissance du terrain à la (re)présentation du monde : les spécificités d’un « discours géographique militaire », Mémoire de DEA, ENS Lettres et sciences humaines/ Université Paris I.
  • Cécile Driesbach, 2005, "La géographie militaire", Les Fiches du C2SD, no 6, Centre d'études en sciences sociales de la défense, Paris.
  • Jean-Yves Puyo, 2006, "L’âge d’or de la géographie militaire aux Pyrénées (1720-1880)", Pyrénées Frontières, SAULE-SORBE H. (dir.), Les Feuilles du Pin à crochet, no 7, p. 38-51.
  • Mickaël Aubout, 2008, "Le réseau des cases aériennes servant aux opérations militaires en Afghanistan", Air & Space, automne 2008.
  • Jean-Yves Puyo, 2009, "Les militaires français et la "barrière pyrénéenne" : construction et permanence du mythe", in "Géographie et géographie historique", Cahiers du Centre d’Études d’Histoire de la Défense, no 36, p. 69-89.
  • Jean-Yves Puyo, 2007, "La géographie militaire et les Pyrénées : des cartes aux hommes (XVIIIe – XIXe siècles", Sud-Ouest Européen, no 23, p. 29-44.

Liens internes modifier

Liens externes modifier