Funérailles vikings

rites funéraires pratiqués par les Vikings

Les funérailles vikings sont les rites pratiqués par les Vikings, peuple scandinave du Haut Moyen Âge à la suite de la mort d'un des leurs. Ces usages sont connus grâce aux recherches archéologiques et par les récits historiques comme les sagas islandaises, la poésie scaldique, ainsi que par le témoignage contemporain d'Ibn Fadlân.

Photographie d'un bateau-tombe à Oseberg, en Norvège, lors de son dégagement pendant des fouilles archéologique, vers 1905.

Le patrimoine de la Scandinavie comporte de nombreux tumuli construits en l'honneur de rois et chefs vikings, ainsi que des pierres runiques et autres mémoriaux. Un des plus célèbres exemples est le cimetière viking de Lindholm Høje, au Danemark.

Un rite impliquait l'utilisation de bateau-tombe ; le défunt était placé dans un véritable bateau ou dans un bateau de pierre, accompagné de dépôts funéraires, voire d'esclaves sacrifiés, en accord avec son statut. L'ensemble était ensuite recouvert de terre et de pierre afin de créer un tumulus.

Mobilier funéraire modifier

La coutume était de laisser du mobilier funéraire avec le défunt, que ce soit un homme ou une femme, et même lorsque le mort était brûlé sur un bûcher. Un homme viking pouvait être enterré avec un aimé, ou avec un thrall (serviteur), qui étaient enterrés vivants avec le défunt ou brûlés vifs sur le bûcher[1]. Le rite devait être suivi correctement afin que le défunt retrouve dans l'Au-delà le statut qu'il avait de son vivant, et afin que son fantôme n'erre pas éternellement sur Terre[2].

Une tombe habituelle pour un thrall n'était rien d'autre qu'un trou dans le sol[1]. Il était probablement enterré ainsi afin qu'il n'aille pas hanter ses maîtres, mais également afin qu'il puisse servir ses maîtres une fois morts. Des esclaves étaient parfois sacrifiés pour servir à nouveau dans l'Au-delà[2]. Un homme libre était souvent enterré avec des armes et équipements de chevalerie. Un artisan, comme un forgeron, pouvait être enterré avec l'ensemble de ses outils, les femmes avec leurs bijoux et souvent avec leurs ustensiles domestiques. Une des tombes les plus somptueuses découvertes est le bateau d'Oseberg, où un bateau entier a servi de sarcophage pour une femme, probablement une reine ou une prêtresse ayant vécu au IXe siècle[1],[3].

Monuments funéraires modifier

Les funérailles vikings pouvaient représenter une dépense considérable, toutefois la construction d'un tumulus et les dépôts funéraires n'étaient pas considérés comme superflus. En plus de servir à honorer le défunt, le tumulus était un monument attestant de la position sociale de ses descendants. Les clans vikings pouvaient faire valoir leur puissance grâce à leurs nécropoles monumentales. Par exemple, le cimetière de Borre dans le comté de Vestfold en Norvège est associé à la dynastie royale des Ynglingar, et présente de larges tumuli recouvrant des bateaux de pierre[3].

À Jelling, au Danemark, on trouve le plus grand mémorial funéraire viking, construit par Harald à la dent bleue en l'honneur de ses parents et de lui-même. Un seul des deux tumuli contient une chambre, mais avec les deux pierres de Jelling et l'église, elles attestent de l'importance du rituel funéraire pendant l'ère païenne et aux premiers temps après la christianisation[3].

Nous connaissons trois vastes nécropoles en Scandinavie, utilisées par toute une communauté. À Birka, en Suède, à Hedeby au Danemark, ainsi que Lindholm Høje[3]. Les tombes de Lindholm Høje présentent une grande variation de tailles et formes. On y trouve des bateaux de pierre, et des tombes alternativement triangulaires, quadrangulaires et circulaires. De telles nécropoles étaient utilisées par plusieurs générations, et étaient rattachées à des villages entiers[4].

Rituels modifier

Crémation modifier

Il était coutume de brûler le corps du défunt, avec le mobilier funéraire, sur un bûcher. La température pouvait s'élever jusqu'à 1400 degrés Celsius, et ainsi tout ce qui restait de la crémation étaient quelques fragments de mobilier et d'os incinérés. Le bûcher était construit de sorte qu'il créerait une fumée massive et dense afin d'élever le défunt vers l'Au-delà[5].

La Saga des Ynglingar, texte évhémériste rédigé au XIIIe siècle, raconte :

« Odin prescrivit ainsi d'incinérer tous les morts et de transporter leurs biens sur le bûcher. Il déclara que chacun arriverait à la Valhalle avec les richesses qui avaient été placées à ses côtés sur le bûcher, et qu'il jouirait aussi des trésors qu'il aurait lui-même enfouis dans la terre. Il enjoignit de disperser les cendres en mer ou de les enterrer, mais aussi d'édifier un tertre à la mémoire des personnages éminents et de dresser des pierres commémoratives pour tous les hommes qui s'étaient montrés dignes de ce nom, coutume qui s'est maintenue longtemps par la suite. »

— Saga des Ynglingar, chapitre 8[6].

Témoignage modifier

Une description détaillée d'un sacrifice humain par une völva est due au diplomate arabe Ahmad ibn Fadlan qui raconte une de ses missions auprès des Bulgares de la Volga en 921 : au cours des funérailles d'un chef varègue, une esclave se sacrifie pour être inhumée avec son maître. Après dix jours de festivités, elle est poignardée par une prêtresse (le diplomate arabe l'appelle Ange de la mort) puis son corps est incinéré avec celui de son maître dans un navire[7] (cf. article Bateau-tombe).

Annexes modifier

Références modifier

  1. a b et c Steinsland et al. 1998, p. 84.
  2. a et b Friberg 2000, p. 11.
  3. a b c et d Steinsland et al. 1998, p. 85.
  4. Steinsland et al. 1998, p. 86.
  5. Friberg 2000, p. 12.
  6. Snorri Sturluson, Histoire des rois de Norvège, Première partie : traduit du vieil islandais, introduit et annoté par François-Xavier Dillmann, Paris, Gallimard, , 702 p. (ISBN 2-07-073211-8).
  7. Le récit d'Ibn Fadlân est traduit en français dans Les religions de l'Europe du Nord de R. Boyer (cf. infra) et cité assez longuement dans Les Vikings, rois des mers d'Yves Cohat, coll. « Découvertes Gallimard / Histoire » (no 13) (1987).

Bibliographie modifier

  • Régis Boyer, Héros et Dieux du Nord : Guide iconographique, Flammarion, coll. « Tout l’Art », , 192 p. (ISBN 2-08-012274-6), « Bateaux-tombes », p. 25-26
  • (en) Gunnel Friberg, Myth, might and man : ten essays on Gamla Uppsala, Stockholm, Riksantikvarieämbetets Förl, , 63 p. (ISBN 91-7209-190-8)
  • (sv) Gro Steinsland, Preben Meulengracht Sørensen, Anders Hultgård et Hans Sjöström, Människor och makter i vikingarnas värld, Stockholm, Ordfront, , 224 p. (ISBN 91-7324-591-7)