Fujiwara no Teika

poète japonais
Fujiwara no Teika
Fujiwara no Teika, par Kikuchi Yōsai
Naissance
Décès
Sépulture
Nom dans la langue maternelle
藤原定家Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Famille
Famille Mikohidari (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Père
Mère
Gojō no tsubone (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Fujiwara Takanobu
Fujiwara no Nariie (d)
Kenshunmon'in Chūnagon (d)
Goshirakawain Kyōgoku no tsubone (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoints
藤原季能の娘 (藤原定家室) (d)
西園寺実宗の娘 (藤原定家室) (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
藤原光家 (d)
Gohorikawain no Minbukjó no Suke (d)
Fujiwara no Tameie
藤原定家の娘 (西園寺公相の妻・妾、のち法性寺雅平の室) (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales
Vue de la sépulture.

Fujiwara no Teika (藤原定家?), aussi connu sous les noms Fujiwara no Sadaie ou Sada-ie [1],[2], (1162 – ) est un poète japonais de waka, critique[3], calligraphe, romancier[4], anthologiste, scribe[5] et érudit de la fin de l'époque de Heian et du début de l'époque de Kamakura. Son influence était énorme et à ce jour, on le compte comme l'un des plus grands[6] poètes japonais et peut-être le plus grand maître de la forme waka, ancienne forme poétique composé de cinq lignes avec un total de 31 syllabes.

Il a tenu son journal intime, le Meigetsuki (litt. « journal de la pleine lune ») durant plus de 50 ans, de 1180 à 1235. Teika a commencé sa longue et distinguée carrière, couvrant de multiples domaines de l'activité esthétique y compris sur les routes de pèlerinage de Kumano. Sa relation avec l'empereur Go-Toba fut d'abord cordiale et a conduit à des commissions de compilations d'anthologies, mais plus tard a entraîné son bannissement de la cour de l'empereur retiré. Ses descendants et idées domineront la poésie japonaise classique pendant des siècles par la suite.

Biographie modifier

 
Monument en mémoire de Fujiwara no Teika à Ogura, à Kyoto.

Naissance modifier

Teika naît en 1162 dans une branche mineure et lointaine du clan aristocratique de cour, les Fujiwara, quelque temps après que les régents Fujiwara ont perdu leur prééminence politique à la cour impériale pendant la rébellion de Hōgen. Sa branche du clan cherche prestige et pouvoir auprès de la cour en s'alignant avec la famille Mikohidari et en se spécialisant dans les efforts artistiques, principalement la poésie. Une telle spécialisation n'est pas inhabituelle; les branches de clans étendus ne sont pas en mesure de concurrencer directement la branche principale du clan (ou même d'autres clans en raison de leur statut inférieur) en matière politique mais peuvent les concurrencer dans des activités esthétiques plus restreintes. (Les Mikohidari, aussi appelés les Miko, sont une branche cadette (en) des Fujiwara, via Fujiwara no Nagaie (1005–1064), 6e fils de Fujiwara no Michinaga ; les Mikohidari sont eux-mêmes alignés avec la branche plus ancienne Kujō des Fujiwara d'origine qui s'opposent à la famille Rokujō)

Le grand-père de Teika est le vénérable poète Fujiwara no Toshitada. Son père est Fujiwara no Shunzei (1114-1204), un poète bien connu et très respecté (et juge de concours de poésie), qui a compilé la septième anthologie impériale de waka (la Senzai Wakashū). Sa sœur devient également une poétesse respectée de waka et renga, connue sous le nom Kengozen ou fille de Shunzei, qu'il consulte parfois pour des conseils poétique. Son frère aîné, Fujiwara no Nariee (parfois romanisé en Nariie ; 藤原俊成), connaît quelque réussite à la cour mais de loin pas autant que sa sœur[7]. Le frère de lait de Teika, le prêtre Jakuren ou Sadanaga c. 1139–1202, sera couronné de succès en tant que poète, bien que sa carrière est tragiquement courte ; il a été adopté par Shunzei quand le frère cadet de Shunzei s'est « retiré du monde »[8].

Carrière modifier

Les objectifs de Teika en tant que membre masculin ainé de sa branche sont d'hériter et de consolider la position de son père dans la poésie et d'ainsi faire avancer sa propre réputation (ce qui améliorera également la fortune politique de son propre clan auprès de la cour). Alors que sa vie sera marquée par des maladies à répétition[9] et des fortunes diverses - et partiellement modérée par l'influence à longue portée de son père à la cour (Shunzei vivra jusqu'à l'âge avancé de 90 ans), le patronage du jeune et enclin à la poésie empereur retiré Go-Toba s'avèrera conduire à certains des plus grands succès de Teika[10].

Patronage de Go-Toba modifier

L'empereur retiré Go-Toba annonce, au cours de la deuxième année suivant son abdication (1200, deuxième année de l'ère Shōji) qu'il va organiser un concours de poésie[11]. Les empereurs retirés deviennent souvent plus influents après leur retraite de leur fonction impériale que les empereurs alors en place car ils sont libres des exigences extrêmement élevées du cérémonial et de la politique de la cour. Go-Toba a 20 ans lorsqu'il abdique ; c'est un amateur averti, talentueux au jeu du luth, considéré comme une autorité en matière d'enseignement traditionnel et des précédents courtois, excellent joueur de go et friand de poursuites équestres telles que le tir à l'arc à cheval, le tir à chiens courants et l'escrime[12].

Go-Toba considérait toutes ces activités comme des passe-temps, adoptant l'un et délaissant l'autre. L'un d'entre aux consistait à soutenir la poésie, en particulier le genre waka. Immédiatement après son abdication, il annonce qu'il organisera deux concours de poésie, chacun exigeant d'éminents poètes qu'ils composent quelque 100 waka suivant une progression thématique particulière connue sous le nom « séquences de poèmes du genre hyakushu ». Le premier concours (Go-Toba no In shodo hyakushu - « Séquences de cinq cents poèmes de l'ancien empereur Go-Toba ») est considéré comme une occasion politique déterminante : si le poète d'un clan se distingue et impressionne le puissant (et jeune) Go-Toba, le clan en tirera un bénéfice considérable[11].

 
Autre exemple de calligraphie de Teika ; Ici est copiée une partie du Sarashina nikki de Sugawara no Takasue no musume.

Le journal de Teika rapporte qu'il attendait avec impatience une occasion de se perfectionner. À 38 ans il avait atteint l'âge mûr. Alors qu'il était reconnu comme un poète de talent, sa carrière stagnait : il faisait partie des gardes de la gauche du palais depuis vingt ans et n'avait pas été promu depuis près de 10 ans. Il était « commandant inférieur des gardes de la gauche » - position encore plus humble qu'il y paraît. Sur le plan organisationnel, les positions à la cour étaient généralement réparties en « de la gauche », « de la droite » et « du centre » en ordre croissant d'ancienneté et de prestige - avec peu de perspective d'avancement supplémentaire[13].

Il avait des problèmes politiques plus graves : L'influence de ses protecteurs, les Kujō, sur les empereurs avait considérablement diminué. Minamoto no Michichika (d. 1202) s'était insinué dans les cercles impériaux par l'intermédiaire de l'ancienne nourrice de Go-Toba ; par ce moyen, la fille adoptive de Michichika (fille du shogun d'alors qui avait décidé de marier sa fille à l'empereur en utilisant Michichika comme entremetteuse - contrairement à la politique habituelle du shogun de favoriser Kujō Kanezane. Le manque de confiance du shogun permet à Michichika de pousser Go-Toba à se débarrasser de Kanezane en le nommant kampaku en 1196[14]) et à sa fille de devenir la concubine de Go-Toba (faisant de Michichika le beau-père de l'empereur retiré Go-Toba) et à lui donner son premier héritier en 1195 ; la honte engendrée par cette usurpation amène Ninshi, première épouse de Go-Toba à se retirer de la cour. Comme Ninshi est la fille de Fujiwara no Kanezane, chef des Kujō, l'influence de ces derniers auprès de la cour diminue considérablement, au point que Kanezane et Yoshitsune (d. 1206; autrefois régent et premier ministre (au moins en 1190 en tous cas)[15] sont exclus de la cour en 1196[16]. Avec la diminution de leur influence, s'estompent les perspectives de Teika. Celui-ci exprime sa déception par la poésie, comme dans cet exemple, écrit quand il a été « écarté de la promotion dans la liste de printemps » en 1187 (il finira par être promu en 1190 mais comme son bon et encourageant ami Saigyō décède cette année-là, c'est une maigre consolation) :

Rōmaji Français
toshi furedo
kokoro no haru wa
yoso nagara
nagamenarenuru
akebono no sora
Une autre année écoulée
Et toujours aucun printemps ne réchauffe mon cœur,
Ce n'est rien pour moi
Mais maintenant je suis habitué
À regarder le ciel à l'aube[15].

De fait, Teika n'est d'abord pas invité, à l'instigation de Suetsune, chef du clan rival des Rokujō[17] et de connivence avec Michichika[18]. Suetsune et Teika sont ennemis jurés : juste quelques mois auparavant, Teika a humilié Suetsune en parlant de lui comme de « ce faux poète » et en refusant publiquement de participer à une compétition de poésie avec lui[19]. Sa revanche est bien menée ; Teika, furieux, écrit dans son Meigetsuki : :« Je n'ai jamais entendu chose pareille que de choisir uniquement des poètes anciens » [écrit Teika à propos du prétexte employé pour l'exclure]. Je ne vois que Suetsune à l'origine de cela, s'ingénier par quelque concussion à ce que je sois écarté. Ce ne peut être que Suetsune, Tsuneie, toute cette famille. Eh bien je n'ai pas de regrets car il n'y a à présent plus d'espoir possible pour moi. Mais j'ai écrit en toute confiance à Kintsune aussi tout cela peut-il finir par se savoir. Il a répondu qu'il y a encore place pour l'espoir »[20].

Je pense que ce n'est probablement pas l'empereur qui a décidé des règles pour le concours des cent poèmes. Cela est dû uniquement aux machinations de Michichika. On souhaite s'en éloigner avec dégoût[21].

Les appels de Teika auprès de l'inflexible Michichika échouent[11] aussi Shunzei intervient-il avec une éloquente lettre (la bien connue Waji sojo (« Appel en japonais ») – écrire en japonais par opposition au chinois officiel est considéré comme une marque de sincérité[11] - adressée à Go-Toba, faisant valoir qu'une telle exclusion était sans précédent et motivé par la médiocre jalousie de la part de leur adversaire :

« Ces derniers temps les gens qui se disent poètes ont tous été des médiocres. Les poèmes qu'ils composent sont désagréables à entendre, verbeux et manquent de finesse »[19].

Comme l'écrit Keene, « Il dénonce nommément Suetsune comme l'ennemi de Teika, l'appelant un ignorant et exhorte Go-Toba à ne pas être trompé par ses machinations »[19]. Go-Toba cède à cet appel d'un homme qu'il respecte beaucoup (c'est la deuxième fois que Shunzei intercède en faveur de Teika ; la première fois était en 1185 quand Teika ayant perdu son sang-froid a frappé un supérieur - le général de second rang Masayuki - avec une lanterne)[22],[23]. Il a autorisé Teika, avec deux autres « jeunes » poètes, Fujiwara no Ietaka (1159–1237; 1158–1237, selon Brower[24]), fils adopté de Jakuren et élève de Shunzei[25] et Takafusa (1148–1209)[24] à participer au concours. Teika est ravi de la tournure des événements :

« Tôt ce matin est arrivé un message du seigneur Kintsune m'informant qu'hier soir l'ex-empereur a ordonné mon inclusion parmi les participants aux « séquences de cent poèmes » ..... D'avoir été ajouté à la liste pour cette occasion me remplit d'une joie inexprimable. Bien qu'ils ne peuvent plus me gêner, je suis toujours convaincu que le problème était dû à des machinations de ces méchants. Et que la situation s'est dénouée de cette façon est un accomplissement de tous mes espoirs et de mes prières pour cette vie et la prochaine »[26].

Teika travaille avec acharnement pendant plus de deux semaines[27] pour achever la séquence complète et quand il donne finalement son Shoji hyakushu avec un jour de retard, Go-Toba est si impatient qu'il lit immédiatement les poèmes. Minamoto Ienaga, secrétaire personnel de Go-Toba, tient un journal (le Minamoto Ienaga nikki) consacré élogieusement aux activités poétiques de Go-Toba[28] et il rapporte que c'est la centième séquence de poèmes de Teika, et plus précisément le poème 93, qui vaut à Teika de se voir accorder l'autorisation spéciale nécessaire pour être admis à la cour de l'empereur retiré (distincte de la cour de l'empereur régnant. Cette admission spéciale était déterminante pour toute patronage à venir). Cela est peu surprenant car les séquences de 100 poèmes présentés étaient de qualité uniformément élevée (plus de poèmes issus des séquences commandées par Go-Toba sont inclus dans le Shin Kokinshū que de toute autre source, sauf l'énorme « Concours de poésie en 1500 tours »)[29].

Rōmaji Français
Kimi ga yo ni
Kasumi o wakeshi
Ashitazu no
Sara ni sawabe no
Ne o ya nakubeki.
Dans le gracieux règne de notre Seigneur,
Aurai-je encore motif de crier
Comme pleure la grue
Qui maintenant avance désolée dans les roselières
Loin de ses anciens éthers de brume printanière[30] ?

De façon intéressante, ce poème est à la fois un bon exemple du genre jukkai (« griefs personnels »[24]) et comme Minamoto no Ienaga l'a souligné pour la première fois[31], également une allusion au poème (conservé, avec la réponse de Go-Shirakawa, dans l'anthologie impériale Senzai Wakashū[32]) que Shunzei avait envoyé quatorze ans auparavant à l'empereur retiré Go-Shirakawa, l'implorant de pardonner Teika d'avoir frappé un supérieur avec un chandelier ; « l'allusion exprime l'espoir que, tout comme le poème de Shunzei a obtenu la restauration du rang et de la fonction de son fils égaré sous Go-Shirakawa, le propre poème de Teika lui gagnera maintenant son admission à la cour de Go-Toba malgré sa relation avec la faction « déshonorée » de Kujō »[27].

Rōmaji Français
Ashitazu no
Kumoji mayoishi
Toshi kurete
Kasumi o sae ya
Hedatehatsubeki
Maintenant que l'année
S'est terminée au cours de laquelle elle s'est perdue
Sur le chemin de la terre des nuages
Les grues doivent-elles être tenues à l'écart
Même de la brume d'un nouveau printemps[32] ?

Teika et Go-Toba auront une étroite et productive relation[33] ; Teika sera favorisé en étant nommé par Go-Toba comme l'un des six compilateurs (et de facto chef compilateur en raison de son engagement et de la force de sa personnalité, en plus de sa réputation déjà établie comme poète) de la huitième anthologie impériale de poésie waka, la très respectée Shin Kokinshū (c. 1205, « Nouvelle Collection de poésie japonaise, ancienne et moderne ») dont Go-Toba a ordonné la composition après le succès de ses « séquences de cent poèmes » (qui ont fourni une base pour la collection). Afin de la compiler, Go-Toba a ressuscité l'institution défunte, le « Bureau de Poésie » le septième mois de 1201, avec quinze yoryudo, ou « membres contributeurs » et trois ajoutés ultérieurement)[34] qui ont participé à de nombreux concours de poésie et activités similaires qui bientôt commencent à prendre place dans le Bureau. Six d'entre eux (Minamoto Michitomo, Fujiwara Ariie, Teika, Fujiwara Ietaka, Fujiwara Masatsune et Jakuren, qui ne vivra pas assez longtemps pour achever la tâche et ne sera pas remplacé - Minamoto Ienaga a apparemment été détaché du secrétariat personnel de Go-Toba pour servir à la place en tant que secrétaire du comité de compilation; son journal et celui de Teika ont survécu, offrant une bonne vue sans précédent du fonctionnement interne de la façon dont une anthologie impériale a été créée)[34] - ont été choisis pour compiler le Shin Kokinshū au cours du onzième mois de 1201[31].

Comme si l'honneur de contribuer à la compilation du Shin Kokinshū et d'avoir un nombre remarquable de 46[35] de ses poèmes (dont trois issus du Shoji hyakushu) inclus dans l'anthologie n'étaient pas assez, Teika sera nommé en 1232 par l'empereur retiré Go-Horikawa pour compiler – seul – la neuvième anthologie impériale, la Shinchokusen Wakashū (c. 1235; « Nouvelle Collection impériale »). Teika est la première personne à avoir jamais été compilateur de deux anthologies impériales.

 
Un tableau de Teika, peut-être par son fils, Tameie

Dispute entre Teika et Go-Toba modifier

Ce patronage favorable et cette collaboration finalement s'enveniment - même si la relation de Teika avec l'empereur Juntoku et Minamoto no Sanetomo s'intensifie - à propos de beaucoup de choses telles que les différences dans la façon dont on devrait utiliser « association et progression » (comme l'énonce Brower) dans les séquences poétiques. Dans les « séquences de 100 poèmes » et similaires, les poèmes figurent généralement dans l'un parmi plusieurs groupes (le thème des quatre saisons est un groupe habituel, comme l'amour). Les poèmes forment généralement une séquence intégrée dans laquelle ils traitent le même sujet, procédant d'étape en étape (par exemple, une séquence sur l'amour peut procéder de la solitude, du devenir amoureux, à une relation mature et au chagrin quand elle se termine) ou qui se réfèrent à des éléments de poèmes précédents (technique plus tard au centre des séquences renga). Go-Toba utilise ces techniques régulièrement et souvent tandis que Teika les emploie de façon plus erratique. Durant la compilation du Shin Kokinshū, d'autres différences se font jour, apparemment sur la valeur d'un sujet pour proposer des poèmes :

« Dans une situation comme la présente, où il [Go-Toba] a inclus des poèmes d'un grand nombre de gens dont on n'a jamais entendu parler, dont les noms sont restés dans l'obscurité presque totale depuis des générations et de personnes qui ont récemment commencé à attirer l'attention et ont chacun jusqu'à dix poèmes inclus - dans une telle situation, il n'y a aucune distinction particulière pour moi d'avoir une quarantaine [46] de poèmes choisis ou pour Ietaka d'en avoir une vingtaine ou plus. Les décisions récentes de l'ancien souverain font apparaître qu'il choisit des hommes plutôt que des poèmes - singulière procédure »[36].

Le mécontentement de Teika se manifeste de plusieurs mesquines façons, comme le refus d'assister à un banquet en 1205 (300 ans après l'achèvement du Kokinshū) destiné à célébrer l'achèvement officiel du Shin Kokinshū parce qu'il n'y avait pas de précédent pour un tel banquet (apparemment, il n'a pas été convaincu par le précédent du banquet célébrant la conclusion du Nihon Shoki)[37]. Go-Toba réplique en excluant Teika du processus de révision permanente du Shin Kokinshū[38] (alors qu'il était officiellement terminé à la date du banquet, il était de facto incomplet parce que la préface japonaise n'existait que sous forme de grossier brouillon[37] et parce que Go-Toba continuera la révision de la sélection de poèmes pendant encore un certain temps par la suite, ne libérant l'édition finale qu'environ 6 ans plus tard, peu de temps après le neuvième mois de 1210[39],[40]. En fait, Go-Toba poursuivra la révision jusqu'à sa mort, bien que ces dernières révisions ne nous sont par parvenues)[41].

Par ailleurs, il y avait apparemment de graves conflits de personnalité qui conduisent Go-Toba à écrire une fois, après avoir loué la poésie de Teika, que :

« La façon dont se comporte Teika, comme s'il savait tout à propos de poésie, est vraiment extraordinaire. Surtout quand il défend sa propre opinion, il agit comme l'homme qui insiste pour qu'un cerf passe pour un cheval. Il est tout à fait inconscient des autres et dépasse toute raison, refusant d'écouter quoi que ce soit que d'autres personnes ont à dire »[42].

(L'anecdote du cerf et du cheval fait référence au Chinois de l'antiquité Zhao Gao (d. 207 BCE), qui s'est révolté après un incident au cours duquel il a apporté un cerf à la cour impériale en affirmant qu'il s'agissait en fait d'un cheval et a vu que plusieurs des fonctionnaires en convenaient servilement avec lui, mais pas l'empereur qui a fait remarquer que le cheval était en fait un cerf.)

Donald Keene croit qu'au fur et à mesure que Teika prenait de l'importance, il lui en voulait de la façon péremptoire dont Go-Toba en usait avec lui[9],[43],[44],[45]. Dans ses dernières années, Go-Toba conteste non seulement la personnalité de Teika mais aussi sa poésie, se plaignant de style plus libéral de Teika, que Teika (entre autres choses)[46]) « en revanche, ne prête pas attention à quelque sujet que ce soit. Pour cette raison, ces derniers temps, même les débutants ont tous appris à être comme ça. C'est scandaleux. C'est seulement quand on se concentre très fort sur un sujet composé et que l'on compose un poème qui se concentre sur le sujet que le résultat peut présenter un certain intérêt. Ce style moderne est de la pure négligence. Il est absolument essentiel de s'appliquer à la pratique de composition de poèmes sur des thèmes composés de la façon correcte »[47],[48].

En tout état de cause, les événements déclencheurs sont deux incidents, l'un en 1207 et l'autre en 1220. En 1207, Go-Toba décide d'organiser la création de 46 écrans paysagers pour le Saishō Shitennō, temple qu'il a fait construire en 1205 (et ce point est intéressant, apparemment « afin d'enrôler l'aide divine dans le renversement du gouvernement féodal »[49]). Chacun de ces écrans portera également un waka sur le fameux paysage représenté, composé par un poète de premier plan, qui composera les 46 poèmes requis, avec les meilleurs poèmes pour chaque paysage choisi. Bien sûr, Teika a été invité à contribuer mais un poème (sur le « Bois d'Ikuta », zone boisée célèbre et pittoresque attachée à l'Ikuta-jinja de la province de Settsu, moderne Kobe. Cette forêt est connue pour avoir servi de champs de bataille entre les clans Minamoto et Taira ainsi que pour sa beauté pittoresque[50]) est refusé par Go-Toba, non parce c'était un mauvais poème mais parce que c'était un « mauvais modèle » comme le dit Keene[51]. Teika, déjà ennuyé par le préavis minimal pour le concours et le manque de temps pour composer ses poèmes (il a dû le faire en deux jours après qu'il a été informé de la tenue du concours), a commencé à se plaindre de Go-Toba et à attaquer son jugement poétique, à la fois en ce qui concerne le Shin Kokinshū et les poèmes choisis pour les écrans[52]. Cet incident n'a pas eu de conséquences mais néanmoins le mal était fait[38].

Le deuxième incident qui a lieu au cours du deuxième mois de 1220 est décrit dans une préface aux deux poèmes concernés tel que rapporté dans l'anthologie personnelle de Teika, le Shū gusō. Au cours de la période de six ans couvrant des événements tels que le bannissement de Teika de la cour de Go-Toba et la participation de ce dernier à la révolte de Jōkyū de 1221, le journal de Teika est silencieux[53]. Teika, invité à participer à un concours de poème le 13 du deuxième mois refuse, citant comme raison l'anniversaire de la mort 26 ans auparavant de sa mère, en 1194. Go-Toba et ses fonctionnaires lui envoient plusieurs lettres, lui demandant fermement de venir et Teika finit par céder, arrivant avec seulement deux waka. Le sommaire des deux poèmes se lit comme suit :

« Ayant été convoqué au palais pour une réunion de poésie le treizième jour du second mois de la seconde année de l'ère Jōkyū (1220), Je l'ai supplié d'être excusé en raison d'une souillure rituelle car c'était l'anniversaire de la mort de ma mère. Je ne pensais plus à ce sujet mais de façon tout à fait inattendue dans la soirée du jour fixé, l'archiviste Iemitsu est arrivé avec une lettre de l'ancien empereur, disant que je ne n’étais pas retenu en raison de la souillure mais que je devais venir dans tous les cas. Je continuais à refuser mais après que l'ancien empereur a envoyé deux autres lettres en insistant sur ma présence, j'ai écrit en hâte écrit les deux poèmes suivants et les ai pris avec moi »[53].

Le premier waka, critique vis-à-vis de Go-Toba est sinon assez inoffensif mais le second est relativement acéré, attaquant Go-Toba de façon oblique, cette fois pour avoir contraint Teika à assister au concours de Go-Toba quand Teika était absorbé dans la commémoration de sa mère et aussi pour avoir insuffisamment promu Teika (le dernier vers est une variation sur une phrase traitant des « chagrins doubles ») :

Rōmaji Français
Michinobe no
Nohara no yanagi
Shitamoenu
Aware nageki no
Keburikurabe.
Sous les saules
Dans le champ le long de la route
Les jeunes pousses bourgeonnent
En compétition pour savoir qui,
Hélas, a le plus à se lamenter[54].

Go-Toba considère cette attaque à la fois comme de l'ingratitude de la pire espèce et le point culminant d'une série d'affronts, ce dernier étant un ressentiment mesquin de ce que Go-Toba a estimé être un prétexte pour tenter de ne pas participer à la compétition de poésie. En conséquence, il bannit Teika de sa cour, bannissement qui va durer plus d'un an. Cette querelle afflige les passionnés de poésie[55].

L'ascension de Teika modifier

La politique est eut-être un autre facteur de cet éloignement - Teika a eu la chance d'être choisi en 1209 comme professeur de poésie du jeune et nouveau shogun, Minamoto no Sanetomo. Le shogunat était une autorité rivale et supérieure à celle des empereurs et de la cour impériale. C'est probablement au malheureux Sanetomo que Teika adresse l'essai préliminaire à sa collection didactique, Kindai shūka (« Poèmes supérieurs de notre temps »), et son traité sur la poésie Maigetsusho (« Notes mensuelles »). Go-Toba est sur le point de devenir un ennemi de Teika alors alité. Heureusement pour Teika, Go-Toba est exilé par le shogunat de Kamakura en 1221 pour le reste de sa vie aux îles Oki après que Go-Toba a mené une rébellion manquée contre le shogunat (la révolte de Jōkyū) que Go-Toba détestait de longue date[56].

La fortune politique de Teika s'améliore au cours de cette période car c'est après l'exil de Go-Toba que Teika a été nommé compilateur de la neuvième anthologie impériale, la Shinchokusen Wakashū (« Nouvelle collection impériale » achevée c. 1234). Alors qu'il s'agit là d'un grand honneur, il est mal reçu, sauf par les conservateurs. Selon Donald Keene, la fille de Shunzei déclare que « si elle n'avait pas été compilée par Teika, elle aurait même refusé de la prendre dans ses mains » (dans une lettre envoyée à Fujiwara no Tameie, le fils de Teika)[57]. Elle et d'autres la critiquent aussi pour avoir apparemment délibérément exclu tous les poèmes objectivement excellents composés par les trois empereurs retirés exilés à la suite de la révolte de Jōkyū[57]. Cette absence a été diversement attribuée à un esprit de vengeance de la part de Teika ou simplement à un désir de ne pas offenser potentiellement le shogunat de Kamakura[58].

En 1232, à l'âge de 70 ans, Teika est promu au rang de cours Gon Chūnagon (« Conseiller du milieu actif »[59]).

Mais même la fortune améliorée de Teika ne peut l'isoler entièrement des diverses famines et catastrophes qui affectent le pays dans cette période et qui aggravent sérieusement son état de santé :

« Aujourd'hui, j'ai fait préparer par les serviteurs le jardin (celui du nord) et y planter du blé. Même si nous n'en cultivons qu'un peu, cela apaisera notre faim dans une mauvaise année. Ne te moque pas de moi! De quel autre stratagème dispose un pauvre vieillard ? » (Meigetsuki, 13e jour du 10e mois, 1230)[60].
« Des personnes affamées s'effondrent et leurs cadavres remplissent les rues. Chaque jour, leur nombre augmente.... La puanteur a progressivement atteint ma maison. De même, jour et nuit, les gens passent en portant des morts dans leurs bras, trop nombreux pour être comptés ». (Meigetsuki, 2e jour du 8e mois, 1231)[60].

Dans la dernière partie de sa vie, Teika s'essaie à peaufiner son style ushin, l'enseigne et l'écrit ; en plus de ses travaux critiques et des manuscrits qu'il étudie et recopie, il expérimente la forme alors naissante et immature des renga – « Ils sont un amusement pour moi dans ma sénilité »[61]. Mort à Kyoto en 1241, il est enterré dans un temple bouddhiste appelé Shokoku-ji.

Descendants rivaux modifier

L'un de ses 27 enfants de différentes femmes[62] (et l'un de ses deux fils légitimes), Fujiwara no Tameie (1198–1275, connu comme un héritier réticent, enclin dans sa jeunesse au kemari (jeu de balle frappée) encouragé par Go-Toba[52] plutôt qu'à la poésie), poursuit la postérité poétique de Teika. Les descendants de Tameie se divisent en trois branches : l'aîné et conservatrice branche Nijō (fondée par Nijō Tameuji (1222–1286) fils ainé de Tameie ; la branche Kyōgoku du milieu fondée par Fujiwara no Tamenori (1226–1279), qui, avant de s'éteindre en 1332 à la mort de Fujiwara no Tamekane, fusionne avec la Reizei à l'instigation de la nonne Abutsu et la plus jeune et plus libérale branche Reizei fondée par Fujiwara no Tamesuke (né en 1263) fils cadet de Tameie par Abutsu (décédée circa 1283), poétesse et grande diariste, surtout connue pour son journal Isayoi Nikki (« Journal de la lune descendante ») qui retrace ses batailles juridiques pour obtenir du shogunat de Kamakura qu'il empêche Tameuji de déshériter Tamesuke de la propriété Hosokawa située près de la capitale que Tameie avait léguée à Tamesuke[63].

C'est un témoignage de l'importance de Teika que l'histoire poétique des siècles qui ont suivi est en grande partie l'histoire des batailles entre les branches rivales. C'est en effet cette rivalité qui est principalement responsable du grand nombre de faux attribués à Teika. Lorsque les Reizei ont perdu une affaire judiciaire concernant la possession de la succession Hosokawa que Tameie avait léguée à Tamesuke, ils ont reçu l'ordre de remettre les précieux manuscrits et documents hérités de Teika et Tameie aux Nijō. Extérieurement ils se sont conformés à cet ordre mais aux quelques documents authentiques dont les Nijō connaissaient l'existence, ils ont inclus pour l'essentiel des faux que les Nijō n'ont eu d'autre choix que d'accepter. En représailles, les Nijō ont fabriqué un certain nombre de faux à leur façon pour mieux étayer leurs revendications[64],[65].

Après une période d'ascendance des Reizei du temps de Rezei no Tamehide (petit-fils de Teika) (1302 ? - 1372), ils ont connu un déclin et une hausse conséquente de la fortune des Nijō, tandis que Iametuni, fils de Tamehide, se faisait moine bouddhique. Cependant, les Nijō ont bientôt subi des revers à l'époque du bon à rien Nijō no Tameshige (b. 1325, d. 1385), dont le fils prometteur, Nijō no Tametō (b. 1341, d. 1381), est mort relativement jeune, tué par un brigand.

Lors d'une catastrophe supplémentaire pour les Nijō, Nijō no Tamemigi, le fils de Tametō, est également tué par un brigand en 1399 (?), éliminant de fait les Nijō en tant que force organisée. Sous Tanemasa (1361 - 1417), petit-fils de Tamehide, les Rezei obtiennent une victoire temporaire du temps de Shōtetsu[66]. De façon ironique, les Reizei autrefois libéraux deviendront associés pendant et après l'ère Meiji avec les ultra-conservateurs de l'« école du Palais ».

 
Site de la tombe de Teika.

Accomplissements poétiques modifier

« Dans cet art de la poésie, ceux qui parlent mal de Teika devrait se voir refuser la protection des dieux et des bouddhas et condamnés aux peines de l'enfer » -Shōtetsu[66].

Teika a choisi les pièces pour l'Ogura Hyakunin Isshu, anthologie de cent poèmes par cent poètes. Son Ogura Hyakunin Isshu est plus tard passé pour un livre de théorie waka dans lequel tous les types de waka idéal et toutes les techniques ont été présentés. Les différends relatifs à tel style spécifique et sur la possibilité d'être conservateur ou libéral ont divisé ses descendants en un certain nombre d'écoles/clans ennemis comme les Reizei, les Kyōgoku et les Nijō.

Teika est l'auteur de nombreuses copies manuscrites[67] de classiques japonais, dont les monuments de la littérature japonaise que sont Le Dit du Genji, Le conte d'Ise et l'anthologie Kokinshū[68]. À son époque, les anciennes prononciations japonaises étaient perdues ou difficiles à comprendre, ce qui rend l'orthographe des kana confuse et incertaine. Teika a recherché des documents anciens et récupéré l'ancien système de choix entre diverses interprétations de kana et a développé une orthographe systématique utilisée jusqu'à l'ère Meiji moderne. Il a appliqué son système de kana à ses manuscrits, connus pour leur précision et de haute qualité générale et appelés Teika bon (« texte Teika »). En utilisant sa méthode, il a pu documenter la prononciation exacte des anciens waka comme ceux du Kokin Wakashū. Ses manuscrits sont également appréciés pour son style éponyme distinct et audacieux de calligraphie. La fonte de caractères Adobe Systems "Kazuraki SPN" sortie en 2009, est basée sur le style calligraphique de Fujiwara no Teika.

 
Manuscrit de « Poèmes supérieurs de notre temps » de la main de Teika, montrant son style calligraphique.

On se souvient aussi de Teika, au même titre que son père, comme étant un innovateur – selon l'Encyclopædia Britannica :

« Teika a employé la langue traditionnelle de nouvelles façons surprenantes, montrant que l'idéal normatif de « ancienne diction, nouveau traitement »[kotoba furuku, kokoro atarashi] » hérité de Shunzei pouvait accueillir l'innovation et l'expérimentation ainsi qu'assurer la préservation de la langue et des styles du passé classique ».
 
Sōgi et ses amis honorent la tombe de Teika avec une réunion poétique.

Ici, l'« ancienne diction » sont des phrases et des mots issus des « Trois Collections » : la Kokinshū, la Gosen Wakashū et la Shūi Wakashū mais pas beaucoup plus anciens que cela (par exemple, la diction du Man'yōshū était considérée trop ancienne)[69]. Teika écrit dans son Maigetsusho que les meilleurs poèmes sont spontanés et originaux mais néanmoins traditionnels :

« Mais une telle notion est tout à fait erronée. Car si nous devions appeler supérieurs tels vers, alors n'importe quel poème que nous pourrions écrire pourrait être tenu pour bon. Non, d'abord les pouvoirs d'invention doivent être libérés en récitant incessamment pour soi-même les possibilités infinies. Puis, soudainement et spontanément, parmi tous les vers que l'on est en train de composer, peut émerger un poème dont le traitement du sujet est différent du commun, un vers qui est en quelque sorte supérieur au reste. Il est plein de sentiment poétique, haute en cadence, habile, avec des résonances au-dessus et au-delà des mots eux-mêmes. Il est digne en effet, son phrasé original mais lisse et doux. Il est intéressant, imprégné d'une atmosphère subtile et pourtant claire. Il est richement évocateur, son émotion n'est ni tendue ni nerveuse mais sensée de la pertinence de l'imagerie. Un tel poème ne doit pas être composé par un effort conscient mais si un homme persiste dans la pratique incessante, il peut en produire un spontanément »[70].

Ce qui suit est un exemple de la façon dont Teika utilise l'imagerie ancienne et classique comme Takasago et Onoe, ainsi que les pins et les cerisiers, de manière renouvelée :

Japonais Rōmaji Français
高砂の 
松とみやこに
ことづてよ
をのへのさくら
いまさかり也
Takasago no
Matsu to miyako ni
Kotozute yo
Onoe no sakura
Ima sakari nari.
Dites-le dans la capitale :
Que, comme les pins inébranlables
Sur les sables de Takasago,
À Onoe, les cerisiers sur les collines
attendent encore dans la pléniture de leur floraison[71].

Ses poèmes sont décrits comme remarquables par leur élégance et exemplaires des idéaux de Teika dans ses premières années et plus tard (respectivement, Teika a considérablement modifié ses convictions personnelles au cours de sa quarantaine, après la mort de Shunzei, et a simplifié son style de composition), du style yōen (妖艶) - l'un des dix styles orthodoxes que Teika a définis et défendus dans sa critique poétique, quelques-uns des autres étant le style onihishigitei (« vigueur de répression de démon »), le style sabi ou « solitude » (étroitement associé au mono no aware), le style yūgen ou « mystère et profondeur ». Le style yōen s'intéressait à la « beauté éthérée » et au ushin (« profond sentiment » ou « conviction de sentiment ». Ce passage du style yōen au ushin visait à atteindre un certain genre de makoto, ou intégrité[72]. Teika désigne parfois son objectif du nom ushin (« sentiment profond »), terme qui prête à confusion puisque c'est aussi le nom de l'un des dix styles. Le style yōen était l'un des plus populaires à son époque dû en grande partie à l'usage qu'en faisait Teika lui-même (le yōen a été décrit pour la première fois par Fujiwara no Mototoshi dans les années 1150 mais n'a connu la réussite seulement que de façon marginale). Des années plus tard, les symbolistes admireront et imiteront (jusqu'à un certain point) son utilisation du langage pour évoquer une atmosphère dans ses brefs poèmes de style yōen. Un excellent exemple (et un plus tardif choisi pour une anthologie impériale) est le premier poème ci-dessous :

Japonais Rōmaji Français
駒とめて
袖うちはらふ
かげもなし
佐野のわたりの
雪の夕暮
Koma tomete
Sode uchiharau
Kage mo nashi
Sano no watari no
Yuki no yūgere[73].
Il n'y a pas d'abri
où je peux reposer mon cheval fatigué,
et brosser mes manches chargées :
le gué de Sano et ses champs
a débordé au crépuscule dans la neige[74].

こぬ人を
まつほの浦の
夕なぎに
焼くやもしほの
身もこがれつつ
Konu hito o
Matsuho no ura no
Yunagi ni
Yaku ya moshio no
Mi mo kogare tsutsu.
Comme les algues salées,
Qui brûlent dans le calme du soir.
Sur la rive de Matsuo,
Tout mon être est en feu,
Attendant celle qui ne vient pas.

しかばかり
契りし中も
かはりける
此世に人を
たのみけるかな
Shika bakari
Chigirishi naka mo
Kawarikeru
Kono yo ni hito o
Tanomikeru kana.
Si forts étaient
Nos engagements, mais entre nous
Tout a changé;
Dans ce monde, dans le sien
Ai-je mis ma confiance...

Bibliographie partielle modifier

  • Shūi gusō (拾遺愚草) ; Anthologie personnelle de Teika qui comprend plus de 3 500 poèmes choisis par lui-même. Les deux poèmes qui offensaient tellement l'empereur retiré Go-Toba et ont causé la rupture entre lui et Teika ne sont conservés qu'ici[52].
  • Meigetsuki (明月記) (« Le document de la claire Lune », parfois appelé le « Journal de la claire Lune »[75] ou peut-être « Chronique de la Lune brillante »[76]). Comme le suggère la seconde traduction, il s'agit d'un journal que Teika a tenu en chinois classique entre les âges d'environ 18 ans (en 1180) juste avant sa mort, autour de 1241 ; les entrées pour 1180 et 1181 peuvent avoir été écrites lorsque Teika était un vieil homme[77] mais la majeure partie de l'agenda couvre les 47 années entre 1188 et 1235. Comme son exhaustivité peut le suggérer, c'est une ressource extrêmement précieuse pour la compréhension de la cour et la place de Teika à la cour impériale, même en dépit de l'incomplétude des versions existantes disponibles. Elle se compose de 56 parchemins (la famille Reizei possède dans la bibliothèque familiale des holographes des 56 et des copies de deux autres encore) tandis que les chercheurs estiment que l'original est composé de plus de 180 rouleaux.) Parmi ses nombreux passages intéressants (certaines cités précédemment) au sujet de la carrière et la vie de Teika est un passage célèbre du neuvième mois de 1180 à propos de l'indifférence de Teika à l'avancement politique ou militaire, dans lequel il fait aristocratiquement remarquer que « les rapports des perturbations et des expéditions punitives remplissent les oreilles mais je n'y fais aucune attention. les bannières rouges et les expéditions contre les traîtres ne sont pas de mes préoccupations » (ici, « bannières rouges » se réfère probablement à l'étendard impérial ; la dernière ligne est peut-être une référence à un poème de Bai Juyi dans lequel il raconte comment il a été effectivement en exil et passé son temps à jouer au jeu de go).
  • Hyakunin isshu (百人一首) (c. 1235 « Poèmes uniques de cent poètes » ; cette collection est devenue le fondement du moderne jeu de Nouvel An japonais, le karuta.)
  • Hyakunin Shūka (百人秀歌) (1229–1236?; Anthologie de cent poèmes arrangés à la demande d'Utsunomiya Yoritsuna pour être copiés sur 101 bandes de papier et collés sur les murs de sa villa. Elle compte 97 poèmes en commun avec le Hyakunin isshu, ce qui suggère qu'il peut s'agir d'une version mal identifiée et variante de l'anthologie Isshu.)
  • Shoji hyakushu (正治百首) (1200; « Séquence de cent-poèmes de l'ère Shōji »)
  • Gotoba-in Kumano Gokō Ki (熊野御幸記) (1201; « Visite de l'empereur cloîtré au Kumano-jinja »). Partie du Meigetsuki que Teika a écrite à propos d'une visite à Kumano qu'il a faite avec Go-Toba et Michichika. Comme son autre journal, il est écrit en chinois classique, sauf pour les waka le long du chemin vers les sanctuaires auxquels Go-Toba était si dévoué que ce voyage était l'un des plus de trente qu'il y a effectué. Teika ne semble pas avoir apprécié le voyage : son journal note souvent des préoccupations relatives à son état de santé et à des questions de décorum telles que les vêtements appropriés à porter[78].
  • Eiga taigai[79] ou Eika no taigai (詠歌大概) (c. 1216[79], 1222?. « Essentiel de la composition poétique »). Outre les conseils habituels et la critique de la poésie telles que les règles pédantesque sur les honkadori - les poèmes utilisés comme honkadori devraient toujours être anciens et extraits du Kokinshū, du Shūi Wakashū ou du Gosen Wakashū avec pas plus de deux vers et demi empruntés à l'original. De même, les éléments empruntés doivent être déplacés au sein du nouveau poème et celui-ci doit avoir un thème différent), De façon révélatrice, Teika recommande également certaines œuvres classiques que doivent étudier les aspirants poètes : L'Ise monogatari, le Sanjurokkasen (ou Poèmes des trente-six immortels) et les deux premières parties des Œuvres complètes de Po Chü-i. Des parties de l'Eiga taigai ont été traduites en anglais[80].
  • Kindai shūka (近代秀歌) (c. 1209, Poèmes supérieurs de notre temps). Collection de poèmes que Teika considérait comme d'excellent modèles, avec une préface traitant de sa philosophie critique, envoyée à Sanetomo pour l'instruire de la façon dont ses poèmes devraient imiter les grands poètes japonais anciens - enseignement par l'exemple. Cette séquence a été construite quand il avait 47 ans, après la mort de Shunzei qui a déprimé Teika comme en témoigne son texte dans le Kindai Shuka selon lequel il a « oublié la couleur des partisans des mots; les sources de l'inspiration sont à sec ».)[81].
  • Maigetsusho (毎月抄) (c. 1219; « Notes mensuelles ») ; lettre de corrections de cent poèmes, envoyée à un étudiant de Teika. Outre les corrections, il porte une préface qui est une source importante d'informations concernant le point de vue de Teika sur l'esthétique de la poésie. Shōtetsu indique qu'elle a été envoyée à Minamoto no Sanetomo. Ton'a tient plutôt qu'elle a été envoyée au « Grand ministre de l'intérieur Kinugasa » ou Fujiwara no Ieyoshi.)[80]. À part la traduction en anglais de Brower, le Maigetsusho a également été traduit en français[82], italien[83] et hongrois[84].
  • Matsuranomiya monogatari (松浦宮物語) (« Le Conte de Matsura »; roman expérimental censé avoir été écrit par Teika bien que le manuscrit de Teika affirme qu'il ne faisait que copier.)
  • Teika hachidai sho (定家八代抄) (Anthologie de 1811 poèmes issus des huit premières anthologies impériales.)
  • Shuka no daitai (秀歌大体) (« Canon de base des poèmes supérieurs »)
  • Teika Jittai (定家十体) (1207–1213; anthologie de 286 poèmes, principalement extraits du Shin Kokinshū; longtemps passée pour un faux mais certains spécialistes modernes soutiennent qu'il s'agit d'une œuvre originale.)

Voir aussi modifier

Références modifier

Notes modifier

  1. « Sadaie » est une lecture sémantique alternative du kanji 定家 ; « [...] il y a un autre problème : la restitution du nom sous forme romanisée. Teika probablement se désignait du nom de Sadaie et son père sans doute s'appelait lui-même Toshinari, mais les versions sino-japonaises de leurs noms ont été utilisées par leurs contemporains et cette pratique est encore observée ». p. 681-692, note 2 de Seeds in the Heart : Japanese Literature from Earliest Times to the Late Sixteenth Century, Donald Keene. 1999, Columbia University Press, (ISBN 0-231-11441-9)
  2. p. 147 de Woman poets of Japan, 1977, Kenneth Rexroth, Ikuko Atsumi, (ISBN 0-8112-0820-6); précédemment publié sous The Burning Heart par The Seabury Press.
  3. « La haute qualité de la théorie poétique (karon) dans cet âge dépend surtout des écrits poétiques de Fujiwara Shunzei et de son fils Teika. Les autres théoriciens de l'écriture tanka, stimulés par le père et le fils -que ce soit pour s'accorder ou non - ont également contribué vers le haut niveau à la théorie poétique, mais nous pouvons dire que Shunzei et Teika étaient les plus représentatifs de l'âge ». Cette citation est d'Odagiri Hideo, p. 10 dans son Nihon ni okeru bungei hyōron no seiritsu (The Rise of Art Criticism in Japan), publié par Geijutsuron-shū ("Collection of Discussions of Art"), Tokyo 1962 ; voir la revue de Shun'ichi H. Takayanagi de Japanese Court Poetry par Robert H. Brower et Earl Miner dans Monumenta Nipponica, vol. 18, No. 1/4. (1963), p. 352-364. [1]
  4. La paternité des Matsura monogatari lui est attribuée
  5. « Au cours de ses dernières années Teika semble avoir composé peu de poésie, mais il était par ailleurs engagé dans la copie de manuscrits, en particulier des grandes œuvres de la littérature Heian. Il n'y a pas beaucoup d'une exagération à dire que ce que nous savons de la littérature du temps de Teika et plus tôt est essentiellement ce qu'il pensait était digne de conservation ». p. 673-674 de Seeds in the Heart.
  6. « Personnalité la plus influente dans l'histoire de la poésie classique japonaise, Fujiwara Teika (ou Sadaie) 1162-1241, était l'arbitre suprême de la poésie de son époque et pendant des siècles après sa mort a été l'objet d'une vénération religieuse par les poètes waka et renga tout à la fois ». Robert H. Brower. Monumenta Nipponica, vol. 40, no 4. (Winter, 1985), p. 399-425. [2].
    • Charles Murray, dans son Human Accomplishment (en), donne à Teika la 17e position parmi les personnalités les plus influentes de la littérature japonaise, selon son analyse de la recherche académique dans ce domaine. « Fujiwara no Teika.... est l'un des quatre plus grands poètes japonais. Fils de Shunzei, Teika a vécu jusqu'à un âge avancé constamment en proie à la fois à une maladie récurrente et aux revers et progrès de la fortune de sa famille. De même, sa poésie et ses critiques écrits ont également subi une série de changements dans le cours de sa vie, laissant derrière lui l'héritage poétique le plus important et intense par un seul poète dans l'histoire japonaise »[3].
    • « La réputation unique de Teika reposait en partie sur son accomplissement comme figure de premier plan parmi les nombreux bons poètes de la shinkokin jidai, période d'une cinquantaine d'années à la fin des XIIe et début du XIIIe siècle lorsque le renouveau et l'innovation dans la poésie native ont été exemplifiés dans le Shin Kokinshū, c. 1204, la huitième, et à bien des égards la plus grande des anthologies de poésie classique commandées par la cour impériale. En tant que l'un des six compilateurs de l'anthologie, et avec quarante-six de ses poèmes inclus, Teika se situait à l'avant-garde des poètes les plus jeunes et les plus novateurs de son temps, et ses diverses expériences avec la diction, la rhétorique et le langage figuratif ainsi que de nouveaux styles, modes et des effets esthétiques, ont été largement imités par ses contemporains. Après sa mort, ses querelleurs descendants ont été reconnus comme les autorités ultimes sur toutes les questions poétiques, et à travers eux l'influence de Teika a imprégné six cents ans d'histoire poétique japonaise ». Extrait de Fujiwara Teika's Maigetsusho par Robert H. Brower, Monumenta Nipponica, Vol. 40, no 4 (hiver 1985), p. 399-425.
    • Donald Keene écrit : « ... est le journal de Fujiwara Teika (1162-1241), un homme tout aussi célébré comme poète, critique et éditeur ». p. 95, Keene 1989
  7. page 410, Keene 1989
  8. p. 27 et 47 de Brower 1972
  9. a et b « C'était un lourd fardeau pour Teika, dont la bronchite chronique et les rhumatismes font de lui un semi-invalide, d'être pris dans la vie trépidante de l'ex-empereur ». p. 19 de Brower 1972
  10. « La décision était vitale pour la position et le statut futurs de Teika en particulier, offrant une occasion d'établir des contacts et de se concilier avec le puissant ex-souverain et de démontrer ses prouesses poétique au grand dam de ses ennemis. On hésite à faire une telle déclaration aussi généralisatrice que le cours de la poésie classique japonaise aurait été changé pour toujours si Teika avait été mis de côté à ce stade afin de passer le reste de ses jours dans une misérable obscurité... [mais] on peut être excusable de penser que son inclusion dans des séquences du Shoji hyakushu est plus qu'une simple ondulation à la surface de l'histoire littéraire ». p. 10 de Fujiwara Teika's Superior Poems of Our Time, trans. Robert H. Brower, Earl Miner. 1967, Stanford University Press, L.C. 67-17300, (ISBN 0-8047-0171-7)
  11. a b c et d page 16 de Brower 1972
  12. Minamoto Ienaga écrit également :
    « Laissant l'éclat de sa puissance et de sa majesté briller sans entrave, il se plaisait en même temps à toute sorte d'arts et d'activités. Dans tous ces cas, il était de premier ordre, de sorte que les gens se demandaient quand et comment il avait acquis une telle maîtrise.... Pour sa part, l'ex-souverain montrait de l'intérêt en chaque chose, même celles qui semblaient du genre le plus trivial et insignifiant, de sorte que beaucoup de personnes qui avaient quelque prétention de connaissance de ces questions étaient convoquées en sa présence, où, paraît-il, elles pouvaient demander librement sa faveur ».
    • page 9 de Brower 1972
    • Voir aussi page 14 : « Go-Toba, d'un autre côté, tout en étant conscient de la nécessité de la discipline et de la pratique, est toute sa vie resté un grand dilettante – un homme qui - à sa façon - aimait et appréciait la poésie mais qui n'a jamais cessé de la considérer comme un élégant passe-temps. Une telle attitude est implicite dans l'habitude de l'ancien empereur de passer d'un passe-temps à l'autre et, comme l'atteste son traité poétique, se trouve au cœur de ses différences essentielles avec Teika »
  13. pages 15 et 69 de Brower 1972
  14. page 667 de Keene 1999
  15. a et b page 663 de Keene 1999
  16. page 60 de Brower 1972
  17. 1131–1221, plus jeune frère d'Akisuke no Rokujō, lui succède c. 1200; page 53 de Brower 1972
  18. page 97, Keene 1989
  19. a b et c page 654 de Keene 1999
  20. page 14 de Brower 1978
  21. page 98, Keene 1989
  22. Miner 1968; Miner rapporte l'incident avec la lanterne page 113, comparant la nature volatile de Teika à l'attitude pacifique plus tranquille de son père
  23. Keen entre plus dans le détail que Brower, donnant la date, le nom et la source : le journal appelé Gyokuyo (« Feuille ornée de joyaux »), tenu par Kujō Kanezane (1149 - 1207) dont la fille, Ninshi, deviendra plus tard la kōgō de Go-Toba. il écrit : « Il a été rapporté que dans la nuit de la répétition des danses Gosechi en présence de Sa Majesté, une querelle a eu lieu entre le général Masayuki et le chambellan Teika. Après quelques remarques moqueuses, Masayuki est devenu assez désordonné. Teika, incapable de contrôler son indignation et son dégoût, a frappé Masayuki avec une lanterne. Certaines personnes disent qu'il l'a frappé au visage. En raison de cet incident, le nom de Teika a été radié du registre du palais ». page 662 de Keene 1999
  24. a b et c page 13 de Brower 1972
  25. page 27 de Brower 1972
  26. page 15 de Brower 1978
  27. a et b page 17 de Brower 1972
  28. page 44 de Brower 1972
  29. page 655 de Keene 1999
  30. page 97 de Brower 1978
  31. a et b page 18 de Brower 1972
  32. a et b page 46 de Brower 1972
  33. « Moi [Teika] ai été requis pour inspecter les poèmes composés pour l'occasion par l'ex-empereur. Vraiment, une voix poétique est ce que sont l'or et des pierres précieuses! Cette fois, l'ensemble de ses compositions étaient magnifique au-delà du pouvoir des mots pour l'exprimer. À l'époque actuelle il n'y en a pas un, grand ou petit, qui peut lui correspondre. Chaque poème était merveilleux. Je pouvais à peine me garder de verser des larmes d'admiration ». pages 18–19 de Brower 1972
  34. a et b page 656 et note 56 de la page 687 de Keene 1999
  35. page 47 de Brower 1972
  36. Extrait du Meigetsuki, troisième mois de 1205. page 21 de Brower 1972
  37. a et b extrait de la page 659 : « Quelle est l'utilité d'organiser une telle cérémonie? Cela n'est pas conforme aux précédents. Elle a été soudainement arrangée et tout était à contre-courant. Les poètes ne sont même pas poètes. Le choix était des plus singuliers ». Traduction par Keene du journal de Teika. Voir aussi page 658 de Keene 1999
  38. a et b « Ainsi, bien que Teika et Go-Toba continuent d'éprouver respect et appréciation sincères pour leurs réalisations poétiques respectives, une certaine fraîcheur s'est ensuite installée entre eux. Peut-être comme une conséquence, Teika a trouvé que ses idées étaient largement ignorées par rapport à la révision du Shin Kokinshū, sur quoi l'ancien empereur a embarqué dès que l'anthologie a été « complète » » page 21 de Brower 1972
  39. page 45 de Brower 1972
  40. page 659 de Keene 1999
  41. pages 21 et 45 de Brower 1972
  42. Le texte dont ce fragment est extrait et traduit est le Go-Toba no in Gokuden (« Les enseignements secrets de l'ancien empereur Go-Toba ») de Go-Toba. Extrait de la page 108 de Brower 1978
  43. « Teika améliore considérablement sa position à la cour en gagnant le respect de Go-Toba avec sa poésie mais les relations entre les deux hommes se détériorent à la longue tandis que Teika devient de plus en plus conscient de sa propre importance dans le monde de la poésie ». Page 99, Keene 1989
    • Voir aussi page 18 de Brower 1972 : « Il est désormais constamment demandé au palais de Go-Toba afin de participer à des parties impromptues de poésie, de juger des concours et de donner son avis sur d'autres questions poétiques. Sa réputation et son prestige sont grandement améliorés par ces marques de faveur impériale et ses « droits » à succéder à Shunzei comme arbitre suprême de la poésie à la cour sont devenus beaucoup plus établis... Go-Toba organise même et juge un petit concours composé de six de ses poèmes et de ceux de Teika, accordant à ce dernier trois victoires, deux nuls et une seule défaite »
  44. « Bien que moi [Teika] travaille intensément, cela ne m'est d'aucun profit : bien qu'étant au service des grands, je suis pauvre et malade, vieux et boiteux. Pourtant, il n'y a rien que je puisse faire pour lutter contre mon malheur. Forcé d'abandonner femme et enfants, je couche misérablement dans une cabane délabrée où la pluie traverse le toit et mouille mon lit. De toute la nuit, je ne trouve pas de repos. Combien de temps cette vie de dérive peut-elle continuer?  » page 20 de Brower 1972
  45. « Teika est donc souvent obligé de passer la nuit dans la zone de Minase, de trouver un logement de fortune du mieux qu'il le peut... Parfois Go-Toba reste à Toba ou Minase pendant des jours, voire des semaines et Teika est supposé être instantanément disponible. Il doit résider dans le quartier et ne rend qu'occasionnellement des visites à sa famille à Kyoto. Les dépenses ainsi que l'inconvénient des excursions de l'ex-empereur sont supportés par les courtisans de service et pour celui qui subsiste dans l'état de misère dorée de Teika , cela est une cause supplémentaire d'inquiétude et de mécontentement - surtout comme l'appréciation de l'ancien souverain et sa faveur sont rarement exprimées en termes matériels. Les longues séparations de sa famille sont difficiles ; Teika s'inquiète de ses enfants, en particulier son jeune héritier Mitsuna [Tameie], sujets aux différentes maladies et fièvres infantiles contre lesquelles les incantations religieuses sont les seuls remèdes connus ». Pages 20–21 de Brower 1972
  46. « deux choses en particulier suscitent la colère de l'ancien empereur : l'allure fière et arrogante de Teika, son empressement trop désireux à critiquer et son refus obstiné d'accepter une norme souple pour juger de la qualité poétique, un « double standard » que Go-Toba prétend à juste titre représenter l'attitude courtoise traditionnelle (et dilettante) dans les contextes très sociaux et occasionnels de la poésie japonaise ». Page 30 de Brower 1972
  47. page 263 de Miner and Brower 1961
  48. pages 28, 35–36 de Brower 1972
  49. page 69 de Brower 1972
  50. page 71 de Brower 1972
  51. « Des années plus tard, alors qu'il est en exil, Gotoba explique pourquoi il avait rejeté le poème. Il admirait la diction et le charme unique de Teika dans la forme mais fait valoir que ce waka ferait un mauvais modèle à imiter pour les poètes inexpérimentés parce qu'il lui manquait une structure ferme ». Page 100 de Keene 1989.
    • Pour citer Go-Toba lui-même :
    « De nouveau, parce que son propre poème sur « le bosquet d'Ikuta » n'a pas été inclus parmi les poèmes lauréats pour les cloisons coulissantes avec des peintures de célèbres endroits de beauté à ma chapelle des quatre rois Deva [dans le Saishō Shitennō], il s'est allé à donner libre cours à son dédain et à son mépris dans divers quartiers, faisant de nombreuses remarques immodérées - comportement qui a servi plutôt à démontrer sa propre obstination et son manque de retenue que le mauvais goût des juges... Bien que la manière poétique du seigneur Teika a été employée par lui avec de splendides résultats, elle ne devrait pas, en règle générale, être considérée comme un modèle par d'autres... Et après tout, il me semble supérieur au poème de Jien sur « le bois d'Ikuta » qui a été choisi pour la peinture. En même temps, de telles défaillances du goût et du jugement sont susceptibles de se produire encore et encore, non seulement de ma part, mais avec d'autres aussi. Une erreur sûrement ne devrait pas être retenue pour toujours contre une personne ». Page 42 de Brower 1972
  52. a b et c page 21 de Brower 1972
  53. a et b page 22 de Brower 1972
  54. page 100, Keene 1989
  55. Le 22e jour du 2e mois de 1221, l'empereur Juntoku écrit dans son journal : « La nuit, il y a eu une fête de la poésie... mais ce soir-là le seigneur Teika n'a pas été invité. Il a été interdit de palais à cause de ce poème qu'il composa l'année dernière et demeure depuis maintenu chez lui en disgrâce. L'ancien empereur a été très offensé, commandant qu'il soit exclu de toutes les parties de poésie jusqu'à nouvel ordre... Peut-il être vrai qu'il a été exclu si cruellement? D'autre part, ne pas inclure le seigneur Teika à des activités ayant à voir avec la poésie est certainement une question très grave ». page 48 de Brower 1972
  56. « En tant que souverain et ancien souverain, il était déterminé à exercer un pouvoir actif ; il a obtenu une mesure considérable de succès en établissant un fort « gouvernement caméral » (insei) et en contrôlant fermement les deux empereurs régnants qui lui ont succédé, ses fils Tsuchimikado (1195–1231; r. 1198–1210) et Juntoku (1197–1242; r. 1210–1221). L'obsession politique de Go-Toba était de renverser l'« illégitime » régime militaire Minamoto-Hōjō à Kamakura et de « restaurer » l'autorité de la cour de Kyoto... Mais la longue période de vigilance et de préparation militaire, commencée à la mort du premier shogun Minamoto, Yoritomo (1147–1199), se termine par une défaite rapide et ignominieuse à l'issue de la brève guerre de Jōkyū en 1221. Les forces militaires de Go-Toba sont battues à plate couture... » page 8 de Brower 1972
  57. a et b page 706 de Keene 1999
  58. Brower 1972
  59. Nussbaum, Louis-Frédéric. (2005). Fujiwara no Sadaie sur Japan Encyclopedia, p. 208 sur Google Livres
  60. a et b page 102, Keene 1989
  61. Entrée du 14 avril 1225, page 65 de Brower 1972
  62. page 829 de Keene 1999
  63. page 124 de Miner 1968
  64. Miner et Brower donnent deux extraits page 351 qui référencent leurs revendications sur les origines des nombreuses contrefaçons médiévales attribuées à Teika. La première provient du Kokinshūjo Chū (« Commentaire sur la préface du Kokinshū ») de Kitabatake Chikafusa tel que reproduit dans (NKGT, IV, xlix) (où NKGT désigne le Nihon Kagaku Taikei) :
    « Lorsque le seigneur Tameie est mort, son épouse, dame Abutsu la nonne, a emporté les documents poétiques à Kamakura. Plus tard, le seigneur Tameuji, héritier de Tameie, a intenté une action et en conséquence, à l'époque de l'ancien empereur Kameyama, ordre a été émis par la cour de l'ancien empereur aux autorités de Kamakura ordonnant la restitution des documents. À cette époque, ils ont rendu tous les écrits qui avaient été catalogués longtemps auparavant et étaient bien connus de diverses personnes, mais apparemment parce que pas même le seigneur Tameuji n'avait une idée claire du contenu des boîtes Cormoran et Héron, ils ont conservé les écrits secrets et rempli les boîtes avec des faux qu'ils ont restitués à la place ».
    Une seconde version provient d'un prêtre nommé Genshō (actif c. 1300), frère cadet de Tameuji et donc partisan des Nijō, dans son Waka Kuden ou Gukanshō (« Traditions orales de poésie » dans NKGT, IV, 46) :
    « La bhikkhuni Abutsu et le grand conseiller [Tameuji] se sont querellés à propos de documents poétiques... Abutsu a caché le catalogue des écrits poétiques de la propre main de l'ancien conseiller du milieu [Tameie] et conservé un nombre important de documents qu'elle s'est mise à montrer à tout le monde. Elle a reçu deux avertissements en rêve puis elle et ses deux sœurs sont mortes en succession rapide ». Japanese Court Poetry, Earl Miner, Robert H. Brower. 1961
  65. page 25 de Brower 1972
  66. a et b Unforgotten dreams: poems by the Zen monk Shōtetsu, 1997. Steven D. Carter, Columbia University Press. (ISBN 0-231-10576-2)
  67. « ... il a écrit que, malgré les infirmités de la vieillesse, il avait l'intention de copier les manuscrits pour le bien des générations futures ». Page 693 de Keene 1999
  68. « Les différences entre les premières de celles-ci ne sont pas tout à fait négligeables mais les lecteurs intéressés par le Kokinshu tel qu'il était connu de presque tout le monde qui lisait ou le citait après a recanonization à la fin du XIIe siècle peuvent se voir conseiller de commencer avec l'une des quelque 18 versions qui passent pour avoir été transcrites et éditées par Fujiwara Teika de 1209 jusqu'à 1237, quatre ans avant sa mort ». De l'article What is Kokin Wakashu? disponible via l'University of Virginia Japanese Text Initiative
  69. Miner et Brower traduisent p. 248 une partie du Maigetsusho : « Maintenant, comme je te l'ai écrit à plusieurs reprises, tu dois parcourir à loisir les divers anthologies impériales, depuis le Man'yōshū jusqu'aux contemporaines et atteindre une compréhension de la manière dont les différents styles ont changé avec le passage du temps..... Quant au Man'yōshū , il représente un âge très ancien où les cœurs des hommes étaient peu sophistiqués de sorte que même si nous essayons de l'imiter, nous ne pouvons pas réussir dans cette génération actuelle. Il est particulièrement important pour un novice qu'il ne s'autorise pas à tomber amoureux du style archaïque ». Japanese Court Poetry, Earl Miner, Robert H. Brower. 1961
  70. Extrait de Fujiwara Teika's Maigetsusho par Robert H. Brower, Monumenta Nipponica, vol. 40, no 4 (hiver 1985), pp. 399–425.
  71. page 47 de Brower 1978
  72. page 41 : « Même des poètes sophistiqués aussi incontestablement accomplis que Ki no Tsurayuki et Fujiwara no Teika se sont tournés en fin de vie vers des modes poétiques plus simples et déclaratifs afin de parvenir à une intégrité simple (makoto) qui leur semblait manquer dans leur poésie antérieure ». Japanese Court Poetry, Earl Miner, Robert H. Brower. 1961
  73. Donald Keene en donne exactement le même rōmaji page 99 de son Travelers of a Hundred Ages (en): The Japanese as Revealed Through 1,000 Years of Diaries, de Donald Keene, 1re édition. Publié par Henry Holt and Company, 1989, (ISBN 0-8050-1655-4)
  74. page 81 de Brower 1978
  75. « À l'abbaye de Saint-Gall en Suisse, où l'étoile pouvait à peine être vue au-dessus de l'horizon sud des Alpes, les chroniqueurs décrivent néanmoins comme l'événement le plus important de l'année : « une étoile de magnitude inhabituelle, chatoyante de couleurs vives dans l'... extrême sud, au-delà de toutes les constellations ». Et le poète japonais Fujiwara Teika deux siècles plus tard célèbre la gloire de la « grande étoile invitée » dans son « Journal de la claire Lune » ». Extrait de Stardust Memories de Frank Winkler, page A25 du 5 mai 2005 New York Times
  76. page 95, Keene 1989
  77. « Le professeur Tsuji Hikosaburō, auteur d'une importante étude de la « Chronique de la Lune brillante », démontre que Teika a écrit ce passage (et le reste des entrées pour 1180 et 1181) de nombreuses années plus tard alors qu'il avait environ soixante-dix ans. Les sentiments exprimés dans ce passage ne donc pas ceux d'un jeune homme qui dédaigne de participer aux passions vulgaires du monde mais d'un vieil homme qui a tiré cette conclusion en regardant en arrière sur sa vie ». page 96, Keene 1989
  78. page 113, Keene 1989
  79. a et b page 683 de Keene 1999
  80. a et b Fujiwara Teika's Superior Poems of Our Time, trad. Robert H. Brower, Earl Miner. 1967, Stanford University Press, L.C. 67-17300, (ISBN 0-8047-0171-7)
  81. page 270; Brower et Miner le référencent NKGT, III, 327. Miner, Brower. 1961
  82. Vieillard-Baron, M. (2001)« Fujiwara no Teika (1162–1242) et la notion d’excellence en poésie – Théorie et pratique de la composition dans le Japon classique ». Paris : Institut des Hautes études Japonaises
  83. Tollini. A. (2006) : La concezione poetica di Fujiwara no Teika. Venezia: Cafoscarina Editrice
  84. Tóth, J. (2014) : Vertikális intertextualitás és stílushierarchia Fujiwara no Teika Havi feljegyzések című művében. Keletkutatás 2014 (automne) 53-90.

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