Françoise Demulder

photographe française
Françoise Demulder
Françoise Demulder lors de la remise du prix World Press Photo of the Year en 1977.
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Françoise Annie DemulderVoir et modifier les données sur Wikidata
Surnom
FifiVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Période d'activité
Autres informations
Distinction

Françoise Demulder, née le à Paris et morte le à Levallois-Perret[1], est une photojournaliste de guerre française, première lauréate féminine du World Press Photo.

Biographie modifier

Née en 1947 à Paris[2], Françoise Demulder, dite « Fifi », est la fille d'un ingénieur électronicien. Elle est d'abord mannequin, avant de suivre un photographe au Viêt Nam, au début des années 1970[2].

C'est cette aventure amoureuse qui est à l'origine de sa carrière de photographe de guerre. Après avoir débuté lors de la Guerre du Viêt Nam, qu'elle couvre durant trois ans, la baroudeuse autodidacte parcourt en reportage les différents lieux de crise de la planète que ce soit en Angola, au Liban, au Cambodge, au Salvador, en Éthiopie, au Pakistan ou à Cuba. Elle séjourne beaucoup au Proche-Orient, où elle réalise à plusieurs reprises des reportages sur Yasser Arafat avec lequel elle avait lié des liens amicaux. Elle suit aussi la guerre Iran-Irak. Lors de la guerre du Golfe en 1991, elle est l'un des rares journalistes présents à Bagdad sous les bombardements. Françoise Demulder a notamment travaillé pour les agences de presse Gamma et Sipa, et pour les célèbres périodiques américains Time Magazine, Life et Newsweek. Parenthèse animalière dans une œuvre essentiellement consacrée à la violence du monde, elle a également réalisé une campagne de photographies consacrée aux manchots de l'Antarctique.

Elle doit une notoriété particulière à la force de ses photographies[3] et en particulier à deux photographies célèbres dont elle est l'autrice.

La première fixe l'instant symbolique où un char nord-vietnamien défonce la grille d'entrée du palais présidentiel de Saïgon, lors de la prise de cette ville le [2],[4].

La seconde fait d'elle, en 1977, la première lauréate féminine du World Press Photo, le prix le plus prestigieux du photojournalisme. Ainsi désignée comme le meilleur cliché de l'année, cette image en noir et blanc prise à Beyrouth le représente une Palestinienne implorant un milicien armé devant une maison en flammes, lors du massacre du quartier de la Quarantaine[2],[4],[3],[5].

Mais elle apprend qu'elle est atteinte d'une leucémie : « Elle s'est retrouvée subitement, en 2001, avec un cancer, sans un rond, sans jamais avoir cotisé », explique Christian Poveda[4]. Le , une vente de solidarité réunissant plus de 300 tirages offerts à cet effet par des photographes internationaux[4], organisée à la galerie Vu à Paris en 2003[6], rapporte la somme de 171 000 euros, destinée à venir en aide à la photojournaliste française gravement malade. Lors des enchères, la photographie qui avait valu le World Press Photo à Françoise Demulder est adjugée pour 11 000 euros à Yann Arthus-Bertrand.

Restée lourdement handicapée par une paraplégie à la suite des séquelles de cette maladie en 2003 et d'une erreur médicale[4],[3], sans jamais perdre son humour selon Jean-François Leroy, directeur du festival du photojournalisme[3], elle meurt à l'âge de 61 ans le à Levallois-Perret[2],[3].

Récompenses modifier

 
Françoise Demulder recevant le prix World Press Photo.

Collections publiques modifier

Expositions modifier

Prix Françoise-Demulder modifier

En 2022, les deux bourses de production destinées à permettre à des femmes photojournalistes de réaliser un projet, allouées depuis 2020 par le ministère de la Culture et le festival de photojournalisme Visa pour l'image deviennent le prix Françoise-Demulder, nommé ainsi en l'honneur de la première lauréate féminine du World Press Photo of the Year en 1977, avec sa photographie prise à Beyrouth-Est dans le quartier de La Quarantaine le , lors du massacre de Karantina, au début de la guerre civile libanaise. Ce prix est attribué à des femmes photographes « en reconnaissance de leur contribution au photojournalisme[9],[10]. » Dotées initialement de 5 000 euros chacune, ces bourses voient leur dotation augmentée de 3 000 euros, passant à 8 000 euros par bourse.

Notes et références modifier

  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. a b c d et e Marion Paoli, « Demulder,Françoise (dite Fifi) [Paris 1947 - Levallois-Perret 2008] », dans Béatrice Didier, Antoinette Fouque et Mireille Calle-Gruber (dir.), Dictionnaire universel des créatrices, Éditions Des femmes, , p. 1207-1208
  3. a b c d et e Michel Guerrin et Claire Guillot, « Françoise Demulder, photographe », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  4. a b c d et e Jean-Pierre Perrin, « Prises de vie », Libération,‎ (lire en ligne)
  5. Jean-Pierre Filiu, « Un massacre pouvait en cacher un autre au Liban en 1976 », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  6. Michel Guerrin, « Une vente au profit de Françoise Demulder », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  7. (en) « Françoise Demulder », sur worldpressphoto.org, .
  8. « Exposition / Femmes photographes de guerre », sur museeliberation-leclerc-moulin.paris.fr, (consulté le ).
  9. Prix Françoise Demulder Visa pour l’image
  10. Communiqué de presse - Nanna Heitmann et Adrienne Surprenant lauréates du Prix Françoise Demulder 2022 pour les femmes photojournalistes ministère de la Culture

Voir aussi modifier

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Articles connexes modifier

Liens externes modifier