Advens 2, de son nom de baptême — For People de son nom de course —, est un voilier monocoque de 60 pieds conçu pour la course au large, répondant aux normes de la classe Imoca, mis à l'eau en mars 2023. Il est barré par Thomas Ruyant. À son bord, Thomas Ruyant et Morgan Lagravière remportent la Bermudes 1000 Race 2023 et la Transat Jacques-Vabre 2023.

For People
illustration de For People
For People à Lorient en mars 2023

Autres noms Advens 2 (nom de baptême)
Type voilier monocoque
Classe Imoca
Fonction course au large
Gréement sloop
Histoire
Architecte Koch, Finot-Conq
Chantier naval CDK Lorient
Fabrication carbone
Design prototype
Lancement 2023
Équipage
Équipage 1 ou 2 marins
Caractéristiques techniques
Longueur de coque 18,28 m
Maître-bau 5,50 m
Tirant d'eau 4,50 m
Tirant d'air 29 m
Hauteur de mât 27,30 m
Carrière
Propriétaire Alexandre Fayeulle
Armateur TR Racing
Pavillon Pavillon national français France
Port d'attache Lorient

Historique modifier

Conception modifier

 
Thomas Ruyant.

Le skipper Thomas Ruyant, soutenu par Advens, société de cybersécurité, court sur Linked Out, un Imoca mis à l'eau en 2019. En avril 2021, son équipe, le TR Racing (Thomas Ruyant Racing), toujours avec le soutien d'Advens, lance un projet de nouvel Imoca, Advens 2. L'objectif est la victoire dans le Vendée Globe 2024-2025[1]. Le dessin est confié à Antoine Koch et au cabinet Finot-Conq, en concertation avec le bureau d'étude de TR Racing[2].

Même carène pour Paprec Arkéa modifier

De leur côté, les sociétés Arkéa et Paprec souhaitent construire un nouvel Imoca. Elles choisissent Yoann Richomme comme skipper, et leur projet vient se greffer sur celui d'Advens[3]. La carène de Paprec Arkéa va être la même que celle d'Advens 2 et les foils seront très proches[4]. Mais, pour ce qui concerne le plan de pont et l'ergonomie, les deux équipes vont avoir des vues différentes[3]. Ainsi, le cockpit de Paprec Arkéa va être entièrement fermé, tandis que celui d'Advens 2 sera un peu ouvert, derrière[4].

Construction modifier

La construction du moule de coque d'Advens 2 débute en septembre 2021 chez SNE SMM, à Lanester[5]. Il est livré en décembre chez CDK Lorient, où se font l'assemblage et la construction proprement dite, en commençant par les premiers drapages de tissu de carbone préimprégné[6].

Durant la construction d'Advens 2, Thomas Ruyant continue de courir sur Linked Out. À sa barre, il remporte la Transat Jacques-Vabre 2021 — en duo avec Morgan Lagravière — et la Route du Rhum 2022[6].

Leyton entre dans le projet modifier

En février 2023, tandis que la construction d'Advens 2 touche à sa fin, le cabinet de conseil Leyton, jusque-là sponsor de l'Ocean Fifty Leyton de Sam Goodchild, réoriente son partenariat voile vers l'Imoca. Il rejoint Advens dans un projet de Vendée Globe à deux bateaux : Linked Out et Advens 2. Les deux Imoca restent la propriété à titre personnel d'Alexandre Fayeulle, le président d'Advens. Mais les deux sociétés sont co-partenaires de ce double projet pour une durée de trois ans, et se partagent les frais de fonctionnement[2].

Le Leyton Sailing Team rejoint alors le TR Racing[7], qui devient une équipe forte de 30 personnes[8]. Pour réduire les coûts, on mutualise « le bureau d’études, l’outillage, les bureaux, la logistique, les compétences techniques[8] » Ce qui permet de baisser les frais de fonctionnement à six millions d'euros par an pour les deux bateaux, soit une économie de l'ordre de 10 à 15 %[2]. Le skipper Sam Goodchild passe de l'Ocean Fifty à l'Imoca. Il prend la barre de Linked Out, qui devient For The Planet[9].

Mise à l'eau modifier

Advens 2 est mis à l'eau à Lorient, son port d'attache, le [2]. Son nom de course va être For People, pour continuer à attirer l'attention sur le dispositif Linked Out mis en place par l'association Entourage, qui lutte contre la précarité et l'exclusion[6], mais aussi pour accompagner d'autres initiatives[2].

Caractéristiques modifier

Un bateau étroit modifier

Les concepteurs d'Advens 2 s'attachent à gommer les petits défauts de Linked Out[5], bateau très performant, « mais avec un niveau d'exigence pas facile à gérer[3] ». Comme les autres foilers de la génération 2018-2020, il est très inconfortable, et épuisant à mener sur la durée d'un tour du monde. Au portant, par mer formée, un Imoca de cette génération pique du nez dans la vague et passe en permanence de 30 à 15 nœuds et de 15 à 30 nœuds. Ces à-coups sont éprouvants pour le skipper, et réduisent la vitesse moyenne[3]. « L'axiome de recherche au départ, dit Antoine Koch, était d'offrir à Thomas des vitesses moyennes élevées dans la durée[6]. »

On choisit tout d'abord de faire un bateau plus étroit que ceux de la génération 2018-2020[3], pour générer moins de traînée[10]. Le bouchain est très marqué, « véritable réserve de puissance[10] », très tendu vers l'arrière, d'aspect « très agressif[10] ».

Arrière modifier

Un bon passage dans les vagues est déterminé par l'étrave, mais il l'est beaucoup aussi par l'arrière[4]. Advens 2 se distingue des autres Imoca par son arrière, qui est très étroit, tout en ayant des formes très tendues[4]. L'objectif est de « diminuer la traînée et de permettre au bateau de davantage se cabrer au portant quand on en a besoin, mais aussi de bien passer dans les vagues au près[3] ». On recherche une faible surface mouillée « pour pouvoir naviguer plus à plat et typer le bateau pour le portant[3] ».

Avant modifier

 
Le jour de la mise à l'eau.

L'étrave, sans être véritablement celle d'un scow, est très bananée[1], pour une meilleure sortie des vagues[6]. Mais, comme un Imoca est instable en vol, un petit volume sous le bouchain permet à Advens 2 de faire des touchettes sans mouiller une trop grande partie de la coque[4]. Ce qui, dit Pascal Conq, « diminue significativement les chocs dans le passage des vagues[4] ».

Pont modifier

Il faut aussi résoudre le problème de linéarité : sur un Imoca 2018-2020, au portant, si on abat pour se reposer, on descend à 15 nœuds, ce qui n'est pas assez ; et, si on lofe, on passe tout de suite à 25 ou 30 nœuds, ce qui est difficile à gérer. Il n'y a pas d'intermédiaire. En transportant moins d'eau, le comportement devrait être plus linéaire[3]. Le pont d'Advens 2 est donc à l'inverse de celui de Linked Out : moins « en baignoire[1] », pour que l'eau s'évacue plus facilement[6]. Ce qui résout en même temps un problème d'humidité[1].

Foils modifier

L'expérience emmagasinée avec les foils de Linked Out a permis de travailler à améliorer la portance[1]. Les foils d'Advens 2, dit Antoine Koch, sont « plus proches du bateau pour améliorer la verticalité, et participer à une navigation plus à plat du voilier[6] ».

Cockpit modifier

 
Rouf plus long, cockpit mieux protégé que sur Linked Out.

Le cockpit d'Advens 2 est plus fermé, mieux protégé que celui de Linked Out, avec plus de vision sur l'avant. On a cherché à limiter les mouvements du skipper. Ainsi, il est facile d'accéder aux winchs et au moulin depuis la table à cartes. L'ergonomie de Linked Out est reprise, avec un winch supplémentaire et un rouf un peu plus long[10].

Attentes des concepteurs modifier

La vitesse instable des Imoca de la génération précédente vient d'un pic de traînée très fort. En simulation, au portant, avec du vent fort et de la mer, les nouvelles carènes engendrent moins de traînée que les anciennes sur un cycle de vague de quatre secondes. Au pic de la traînée, ce gain monte jusqu'à 50 % pendant une demi-seconde, mais une demi-seconde qui suffit à ralentir les anciens bateaux, dont il faut ensuite gérer la relance[3].

Il n'est pas impossible que les Imoca de la génération précédente aillent plus vite que les nouveaux par mer plate et dans 15 nœuds de vent. Mais, au portant, avec du vent fort et de la mer, comme cela arrive souvent sur un tour du monde, les nouveaux devraient aller plus vite. Et les vitesses moyennes devraient être supérieures[3].

Advens 2 est conçu pour être plus marin que Linked Out, mieux passer la mer, se montrer plus tolérant pour son skipper au niveau de l'assiette. Peut-être moins rapide en vitesse pure[10], il devrait offrir en revanche de meilleures moyennes[6].

Courses modifier

2023 modifier

En mai 2023, barré par Thomas Ruyant et Morgan Lagravière, For People remporte la Bermudes 1000 Race[11],[12].

En juillet, Ruyant et Lagravière sont en tête de la Fastnet Race. Dans des conditions dures, le bateau va plus vite que les autres Imoca, au-delà des espérances de Ruyant[8]. Au près, dans 30 nœuds de vent et quatre mètres de houle, il réalise 18 nœuds de moyenne, « un truc, dit Ruyant, qui n'a jamais été fait en monocoque[8] ». Mais, après douze heures de course, une casse de la structure à l'avant contraint les deux hommes à l'abandon[8]. For People regagne Lorient pour être réparé et consolidé[13]. De la structure est ajoutée dans la zone avant[8].

En septembre, For People est toujours en chantier et ne peut disputer le Défi Azimut. Le , il est remis à l'eau[14]. Le , le duo Ruyant-Lagravière, qui avait gagné à bord de Linked Out la Transat Jacques-Vabre 2021, gagne à bord de For People l'édition 2023[15].

Le , Ruyant prend le départ du Retour à la Base, course en solitaire Fort-de-France-Lorient. Le , il établit un record de distance parcourue en 24 heures : 539,94 milles[16]. Ce record n'est pas homologué par le WSSR, car il faut pour cela une différence de plus d'un mille avec le record officiel. Lequel, établi par Alex Thomson en juillet 2018 lors d'un convoyage en solo, est de 539,71 milles[17]. Peu après, Ruyant doit faire face à une avarie de son système de montée-descente du safran tribord. Il ralentit et, tandis qu'il répare, vent arrière, il est victime de deux empannages, et la grand-voile se déchire en deux. Il continue la course avec les seules voiles d'avant[18]. Il termine 17e[19].

Palmarès modifier

For People, barré par Thomas Ruyant modifier

2023

Notes et références modifier

  1. a b c d et e Chloé Torterat, « Le nouvel Imoca For People de Thomas Ruyant révélé au public », sur bateaux.com, 16 mars 2023 (consulté le 29 février 2024).
  2. a b c d et e « Comment le projet For People à deux bateaux s’est monté », sur tipandshaft.com, 20 mars 2023 (consulté le 20 mars 2023).
  3. a b c d e f g h i et j « Antoine Koch décrypte Paprec Arkéa », sur tipandshaft.com, 20 février 2023 (consulté le 24 décembre 2023).
  4. a b c d e et f Loïc Madeline, Laurène Coroller, « Vidéo. En quoi se distingue l'Imoca For People de Thomas Ruyant ? Entretien avec les architectes », sur voilesetvoiliers.ouest-france.fr, 28 mars 2023 (consulté le 29 février 2024).
  5. a et b « Vendée Globe 2024, Route du Rhum 2022 : Thomas Ruyant sur deux fronts, avec deux bateaux », sur voilesetvoiliers.ouest-france.fr, 6 février 2022 (consulté le 26 février 2024).
  6. a b c d e f g et h « For People , le nouvel Imoca de Thomas Ruyant », sur voileetmoteur.com, 17 mars 2023 (consulté le 24 décembre 2023).
  7. « Sam Goodchild et Leyton concrétisent chez TR Racing et Advens » sur ultimboat.com, 16 février 2023 (consulté le 3 mars 2024).
  8. a b c d e et f « Thomas Ruyant : « On est exactement où on voulait être », sur tipandshaft.com, 11 septembre 2023 (consulté le 26 février 2024).
  9. « Vendée Globe. Sam Goodchild prend la barre de l’Imoca Linked Out et rejoint l’écurie de Thomas Ruyant », sur voilesetvoiliers.ouest-france.fr, 16 février 2023 (consulté le 15 avril 2023).
  10. a b c d et e « For People », sur imoca.org (consulté le 29 février 2024).
  11. a et b « Thomas Ruyant et Morgan Lagravière remportent la Bermudes 1000 Race », sur lequipe.fr, 11 mai 2023 (consulté le 17 novembre 2023).
  12. Mustapha Nezzari, « Première sortie, première victoire pour le nouveau bateau du skipper dunkerquois Thomas Ruyant », sur france3-regions.francetvinfo.fr, 12 mai 2023 (consulté le 29 février 2024).
  13. « Rolex Fastnet Race. Les raisons de l’abandon de Thomas Ruyant », sur voilesetvoiliers.ouest-france.fr, 25 juillet 2023 (consulté le 18 novembre 2023).
  14. a b et c « F19 Advens 2, FRA 59 », sur histoiredeshalfs.com, 2023 (consulté le 2 mars 2024).
  15. a et b Théophile Pedrola, « Thomas Ruyant et Morgan Lagravière signent un doublé en Imoca », sur francebleu.fr, 19 novembre 2023 (consulté le 19 novembre 2023).
  16. Briag Merlet, « 550 milles en 24 heures. Le record de vitesse en solitaire en monocoque déjà battu ? » sur bateaux.com, 4 décembre 2023 (consulté le 3 mars 2024).
  17. En décembre 2023, à l'occasion du record de Ruyant, les médias ont évoqué par erreur un record dépassé d'Alex Thomson, celui de 2017 (536,81 milles), établi pendant le Vendée Globe. Thomson l'a amélioré l'année suivante. (en) John Reed, « WSSR Newsletter No 307. Hugo Boss. 60 ft Monohull 24 hour record. 24/10/18 », sur sailspeedrecords.com, 2022 (consulté le 29 février 2024).
  18. « Retour à la Base. Un record et une avarie pour Thomas Ruyant », sur ouest-france.fr, 5 décembre 2023 (consulté le 3 mars 2024).
  19. a et b Léa Fournier, « Retour à la base. Le skipper de Dunkerque Thomas Ruyant (For People) est arrivé à Lorient ce matin », sur france3-regions.francetvinfo.fr, 12 décembre 2023 (consulté le 3 mars 2024).

Voir aussi modifier

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