La forêt des Mikea[1] est une région forestière du sud-ouest de Madagascar, entre Manombo et Morombe[2]. Elle s'étend le long de la route nationale 9 jusqu'à la côte ouest et depuis Mangoky au sud jusqu'à la rivière Manombo[3]. Elle se situe dans une zone de transition entre les forêts décidues sèches du nord et les fourrés épineux qui dominent dans le sud-ouest de Madagascar[2]. Le sous-sol est constitué de sable mou[4] et la région abrite plusieurs lacs d'eau douce[5]. La forêt des Mikea est l'une des plus grandes forêts continues qui restent à l'ouest et au sud de l'île, mais elle n'est pas protégée de la menace anthropique[6].

Forêt des Mikea
Image illustrative de l’article Forêt des Mikea
Situation de la forêt.
Localisation
Coordonnées 22° 36′ sud, 43° 24′ est
Pays Madagascar
Province Province de Toliara
Géographie
Superficie 370 600 ha
Compléments
Protection parc national (pour partie)
Géolocalisation sur la carte : Madagascar
(Voir situation sur carte : Madagascar)
Forêt des Mikea

Cette zone de transition est l'un des derniers habitats préservés de Madagascar[4]. La composition de son sol lui permet d'abriter une collection de plantes distincte de celle de la végétation environnante qui pousse sur sol calcaire[7]. Parmi les petits mammifères terrestres qu'elle abrite, on trouve les rongeurs Macrotarsomys bastardi et Macrotarsomys petteri (endémiques de l'île), et le rat noir (Rattus rattus), une espèce introduite ; on y trouve aussi des tenrecs : Tenrec ecaudatus, Setifer setosus, Echinops telfairi, Geogale aurita et les musaraignes Microgale jenkinsae et Suncus madagascariensis[8]. Macrotarsomys petteri et Microgale jenkinsae n'ont été découverts que dans le courant des années 2000[6]. Le célèbre lémur à queue annelée (Lémur catta) est aussi présent dans la forêt quoique à très faible densité. Dans la mesure où cet habitat commence à régresser, les populations restantes tendent à devenir isolées[9].

En 2000, sur vingt-sept espèces menacées d'oiseaux, seules deux, Monias benschi et Uratelornis chimaera, ne se trouvaient pas dans des zones protégées ; on les trouvait en revanche dans la forêt des Mikea[10]. Monias benschi avait une population estimée à 115 000 individus, tandis que la population d'Uratelornis chimaera était estimée à moins de 15 000[11]. Un recensement, publié en 2005, révèle que cinquante-neuf espèces de reptiles ont été identifiées près de la rive est du lac Ranobe dans la forêt des Mikea, cinq d'entre elles étant des espèces vulnérables[12]. On a ainsi trouvé des spécimens de Matoatoa brevipes, d'Oplurus fierinensis, de Furcifer antimena, de Furcifer belalandaensis, de Phelsuma standingi et de Pyxis arachnoides. La flore comprend les baobabs Adansonia za et A. rubrostipa[5].

Entre les années 1960 et 2000, le couvert forestier s'est réduit de 16 % et la déforestation s'est accélérée, doublant dans les cinq dernières années de cette période. Les causes principales sont l'agriculture sur brûlis pour la culture du maïs dans le nord de la région forestière et la production de charbon de bois dans la partie sud. En 2000, une recommandation de créer une vaste zone protégée a été émise, afin d'aider à développer l'agriculture et d'établir un réseau communautaire de zones de conservation[13]. En 2001, Madagascar National Parks, l'organisme chargé de la gestion des parcs nationaux, envisageait la création d'un parc national[14]. En 2008, un parc national de 184 630 hectares, en deux parties, a été proposé au « Conseil supérieur de protection de la nature », un organisme d'État chargé des ressources naturelles, et le parc a été créé[15] en 2011[16].

La forêt abrite une communauté humaine, les Mikea, ayant adopté un mode de vie spécifique[17],[18].

Elle est inscrite en sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, au titre des forêts sèches de l'Andrefana[19].

Références modifier

  1. Seddon et alii 2000.
  2. a et b Goodman et Soarimalala 2005, p. 451–452.
  3. Nicoll 2003, p. 1436.
  4. a et b Du Puy et Moat 2003, p. 66–67.
  5. a et b Fenn 2003, p. 1526.
  6. a et b Goodman et Soarimalala 2005, p. 462.
  7. Du Puy et Moat 2003, p. 57.
  8. Goodman et Soarimalala 2005, p. 459.
  9. Gould 2006, p. 258.
  10. Hawkins et Goodman 2003, p. 1043.
  11. Hawkins et Seddon 2003, p. 1098.
  12. D'Cruze et Sable 2005, p. 6–7.
  13. Hawkins et Seddon 2003.
  14. Nicoll 2003, p. 1437.
  15. « Parc national Mikea », Madagascar National Parks (consulté le )
  16. « Situation de la création des sites du système des aires protégées de Madagascar (SAPM). I – Les aires protégées du réseau de Madagascar National Parks (MNP) », Convention sur la Diversité Biologique. Centre d'échange d'information de Madagascar
  17. « Les Mikea de Madagascar ce peuple qui sait vivre sans eau », sur marielecoze.wixsite.com
  18. (en) « Ethnics groups », dans Hilary Bradt, Madagascar, coll. « The Bradt Travel Guide », (lire en ligne), p. 27
  19. « Les forêts sèches de l'Andrefana », UNESCO (consulté le )

Bibliographie modifier

  • (en) C. Blanc-Pamard, « The Mikea Forest Under Threat (southwest Madagascar): How public policy leads to conflicting territories », Field Actions Science Report, Institut Veolia Environnement, vol. 3,‎ , p. 1–12 (lire en ligne [PDF])
  • (en) N.C. D'Cruze et J.A. Sable, « The Reptiles of Southern Mikea Forest, Madagascar », Herpetological Bulletin, no 3,‎ , p. 2–8 (lire en ligne)
  • (en) S. M. Goodman et V. Soarimalala, « A new species of Macrotarsomys (Rodentia: Muridae: Nesomyinae) from southwestern Madagascar », Proceedings of the Biological Society of Washington, vol. 118,‎ , p. 450 (DOI 10.2988/0006-324X(2005)118[450:ANSOMR]2.0.CO;2)
  • (en) N. Seddon, S. Butchart, J. Tobias, J. W. Yount, J. Remi Ramanampamonjy et H. Randrianizahana, « Conservation issues and priorities in the Mikea Forest of south-west Madagascar », Oryx, vol. 34,‎ , p. 287 (DOI 10.1046/j.1365-3008.2000.00134.x)
  • (en) S.M. Goodman et J.P. Benstead, The Natural History of Madagascar, Chicago (Ill.), University of Chicago Press, , 1709 p. (ISBN 0-226-30306-3)
  • (en) D.J. Du Puy et J. Moat, Using Geological Substrate to Identify and Map Primary Vegetation Types in Madagascar and the Implications for Planning Biodiversity Conservation, , p. 51–74
  • (en) A.F.A. Hawkins et S.M. Goodman, Introduction to the Birds, , p. 1019–1044
  • (en) A.F.A. Hawkins et N. Seddon, Mesitornithidae, Mesites, , p. 1095–1098
  • (en) M.E. Nicoll, Forests outside Protected Areas, , p. 1432–1437
  • (en) M.D. Fenn, The Spiny Forest Ecoregion, , p. 1525–1530
  • (en) L. Gould et M.L. Sauther, Lemurs : Ecology and Adaptation, New York, Springer, , 450 p. (ISBN 978-0-387-34585-7, lire en ligne)
  • (en) L. Gould, Chapter 12 : Lemur catta Ecology : What We Know and What We Need to Know, , p. 255–274

Liens externes modifier