"En 1950, Hélène Adhémar a proposé de reconnaître dans ce portrait Françoise Marie de Bourbon, dite « la seconde Mademoiselle de Blois » (1677-1749), et son frère Louis Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse (1678-1737), en Vertumne et Pomone et d’identifier la composition du Louvre avec un tableau exposé au Salon de 1704 (cf. Adhémar, 1950a). Réfutant cette hypothèse en 1997, Dominique Brême a proposé d’identifier les deux personnages comme Louis Auguste de Bourbon, duc du Maine (1670-1753), et sa soeur Louise Françoise de Bourbon, dite Mademoiselle de Nantes (1673-1743), en Pâris et Vénus (cf. Brême, 1997a ; voir aussi Penent, 1987, pour l’identification de Pâris et Vénus au lieu de Vertumne et Pomone). S’il s’agit bien de portraits mythologiques dont la vogue s’affirme dans le dernier quart du xviie siècle, l’identification des deux modèles demeure très incertaine. En revanche, il s’agit bien de Pâris et de Vénus : on discerne à droite le char de la déesse avec deux colombes, tandis que celle-ci est accompagnée par l’Amour qui tient la pomme d’or pour prix du jugement de Pâris. Ses deux rivales, Junon et Minerve, sont visibles à l’arrière-plan à gauche. François de Troy a donc représenté le moment qui suit le jugement de Pâris, lorsque le berger et la déesse demeurent ensemble. Celle-ci est vêtue de soie et a les cheveux relevés sur la tête, coiffure « à la Fontange » qui était à la mode autour de 1690. L’artiste a varié les attitudes : Pâris propose à Vénus de la suivre, celle-ci regarde le spectateur, le prenant à témoin de sa beauté et de sa sensualité, tandis que le jeune Amour désigne la pomme d’or. Un dernier détail relève encore le portrait : le chien de Pâris qui aboie après l’Amour. Le tableau est peint sur une double préparation : couche profonde rouge surmontée d’une couche beige rosé comprenant de gros grains de blanc de plomb. L’oeuvre a été refixée à la cire-résine par Henri Linard en 1968. Elle a été restaurée en couche picturale par Florence Gillet et Geneviève Lepavec en 1987-1989." [1]