Escherichia est un genre de bacilles Gram négatifs de la famille des Enterobacteriaceae. Son nom fait référence au bactériologiste et pédiatre Theodor Escherich qui fut le premier à décrire l'espèce type du genre, Escherichia coli[1].

Taxonomie modifier

Jusqu'en 2016 ce genre était rattaché par des critères phénotypiques à la famille des Enterobacteriaceae. Malgré la refonte de l'ordre des Enterobacterales par Adeolu et al. en 2016 à l'aide des techniques de phylogénétique moléculaire, Escherichia reste dans la famille des Enterobacteriaceae dont le périmètre redéfini compte néanmoins beaucoup moins de genres qu'auparavant[2].

Description modifier

Le genre Escherichia, qui fait partie des Enterobacteriaceae[3], rassemble des bacilles droits, à Gram négatif, non sporulés, parfois capsulés, immobiles ou mobiles grâce à une ciliature péritriche, aéro-anaérobies, à métabolisme respiratoire et fermentaire, fermentant le glucose avec production de gaz (quelques souches de Escherichia coli, autrefois qualifiées de Alkalescens-Dispar, ne produisent pas de gaz), oxydase négative, catalase positive et nitrate réductase positive[4].

Escherichia est un genre de bactérie qui parasite de très nombreux organismes vivants, par exemple :

  • Escherichia blattae, que l'on retrouve dans l'intestin de blatte ;
  • Escherichia fergusonii, retrouvé dans l'intestin du poulet mais aussi chez les rapaces qui ont été élevés en captivité ;
  • Escherichia hermannii : bactérie qui a été retrouvée dans l'environnement comme la plupart des Escherichia donc au niveau des plantes, du sol et de l'eau.

Des bactéries du genre Escherichia peuvent être à l'origine d'infections intestinales pouvant provoquer des diarrhées, mais elles peuvent aussi dans certaines circonstances infecter d'autres organes comme la peau, les voies respiratoires, le sang, le liquide céphalo-rachidien.

Morphologie modifier

Les colonies sont de forme circulaire, de taille irrégulière, de couleur blanc-opaque ; l'élévation est bossue surface brillante ; la consistance est gluante.

Résistance modifier

Le genre Escherichia est sensible aux antibiotiques tels que les pénicillines du groupe A, mais peut développer une résistance à cet antibiotique s'il y a une longue exposition ou une exposition répétée à une pénicilline A. Ces bactéries sont détruites à partir de 70 °C mais résistent parfaitement à la congélation.

Les traitements par bactériophagiques sont généralement efficaces, en conjonction ou non avec des antibiotiques[5].

Historique modifier

Jusqu'en 1962, le genre Escherichia, du nom de Theodor Escherich, était décrit comme une espèce de bactéries Bacterium coli commune, car en 1919 ces bactéries étaient nommées sous le nom de Bacillus coli ou de Bacterium coli.

Mais en 1983, de nouvelles espèces sont découvertes comme Escherichia hermannii et Escherichia vulneris, puis en 1985 Escherichia fergusonii. En 2003 une nouvelle souche est découverte, Escherichia albertii. Ces différentes souches ont toutes différentes origines, elles sont dans la plupart des cas commensales de l'intestin comme Escherichia coli chez l'Homme ou Escherichia blattae chez la blatte. Elles peuvent être aussi saprophytes de l'environnement comme le genre Escherichia hermannii ; ainsi que l'espèce Escherichia vulneris, décelée dans les urines, le pus, le sang, les selles, etc.

Pathologie modifier

Escherichia est un genre bactérien qui a fait beaucoup parler dans les médias comme le cas en où des steaks hachés contaminés avaient intoxiqué beaucoup d'enfants.

Escherichia coli sérotype 0157:H7, du groupe entéro-hémorragique (EHEC), est une souche très virulente, et il suffit d'un faible nombre pour entraîner des troubles sur le plan de la santé, se définissant surtout par des diarrhées pouvant devenir sanglantes[6]. Chez la personne âgée et le jeune enfant, elle peut provoquer un syndrome hémolytique-urémique, c'est-à-dire une défaillance rénale aiguë nécessitant des dialyses, une anémie hémolytique et une thrombopénie. Elle peut entraîner la mort ou laisser des séquelles rénales chroniques.

Utilisation modifier

En médécine modifier

Le sérogroupage est une technique immunologique consistant à la mise en évidence d'antigènes structuraux bactériens ou viraux permettant le diagnostic de sérovars. Cette expérience va faire réagir les antigènes O de E. coli avec le sérum utilisé pour détecter une agglutination ; s'il y a agglutination, alors la matière observée (viande ou autre) est contaminée à Escherichia coli.

Environnementale modifier

Certaines espèces du genre Escherichia pourraient être utilisées pour aider à nettoyer l'environnement car nous avons remarqué qu'une souche de Escherichia hermannii s'est avérée capable de dégrader les chlorobenzènes et elle pourrait être utilisée pour la dépollution de l'environnement.

Liste d'espèces modifier

Selon la LPSN (1er novembre 2022)[7] :

Certaines espèces ont été reclassées dans d'autres genres :

Notes et références modifier

  1. Castellani A & Chalmers AJ (1919) Family Bacillaceæ Fischer, 1894. In: Baillière, Tindall & Cox (eds) Manual of tropical medicine. 3rd edition. William Wood & cie. New York. Accès libre.
  2. Adeolu M et al. « Genome-based phylogeny and taxonomy of the ‘Enterobacteriales’: proposal for Enterobacterales ord. nov. divided into the families Enterobacteriaceae, Erwiniaceae fam. nov., Pectobacteriaceae fam. nov., Yersiniaceae fam. nov., Hafniaceae fam. nov., Morganellaceae fam. nov., and Budviciaceae fam. nov. » Int J Syst Evol Microbiol. 2016;66(12):5575-5599. Accès libre.
  3. « Escherichia » [archive du ], sur Larousse (consulté le ).
  4. Charlotte Balière, 2016. Les Escherichia coli potentiellement pathogènes dans l'environnement littoral : cas des STEC et des EPEC. Microbiologie et Parasitologie. Université de Bretagne occidentale - Brest, 178p.
  5. Sandra Chibani-Chennoufi, Josette Sidoti, Anne Bruttin et Elizabeth Kutter, « In vitro and in vivo bacteriolytic activities of Escherichia coli phages: implications for phage therapy », Antimicrobial Agents and Chemotherapy, vol. 48, no 7,‎ , p. 2558–2569 (ISSN 0066-4804, PMID 15215109, PMCID PMC434175, DOI 10.1128/AAC.48.7.2558-2569.2004, lire en ligne, consulté le )
  6. « Institut national de la santé publique du Québec - Fiches synthèses sur l'eau potable et la santé humaine - Escherichia coli. », sur inspq.qc.ca (consulté le ).
  7. List of Prokaryotic names with Standing in Nomenclature (LPSN), consulté le 1er novembre 2022

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier