Ellen Johnson Sirleaf

femme politique libérienne

Ellen Johnson Sirleaf
Illustration.
Ellen Johnson Sirleaf en 2015.
Fonctions
Présidente de la république du Liberia

(12 ans et 6 jours)
Élection 8 novembre 2005
Réélection 8 novembre 2011
Vice-président Joseph Boakai
Prédécesseur Gyude Bryant
(président du gouvernement de transition)
Successeur George Weah
Ministre libérienne des Finances

(1 an)
Secrétaire d'État libérienne aux Finances

(6 ans)
Biographie
Nom de naissance Ellen Eugenia Johnson
Date de naissance (85 ans)
Lieu de naissance Monrovia (Liberia)
Nationalité Libérienne
Parti politique Parti de l'unité (jusqu'en 2018)
Conjoint James Sirleaf (divorcés)
Diplômée de Université du Colorado à Boulder
Université Harvard
Religion Méthodisme

Signature de Ellen Johnson Sirleaf

Ellen Johnson Sirleaf
Présidents de la république du Liberia
Prix Nobel de la paix 2011

Ellen Johnson Sirleaf, née le à Monrovia (Liberia), est une femme d'État libérienne, présidente de la République du au .

Économiste formée aux États-Unis, elle est la première femme élue au suffrage universel à la tête d'un État africain.

Elle est corécipiendaire du prix Nobel de la paix en 2011.

Biographie modifier

Origines et études modifier

Deux de ses grands-parents sont nés au Liberia. Son père, Jahmale Carney Johnson, adopté par une famille américano-libérienne, est diplômé du College of West Africa (Monrovia), une université méthodiste ; il exerçait la profession d'avocat[1]. Elle a également pour ascendant Hilary R. W. Johnson, le premier président libérien né sur le sol de son pays[1]. Elle doit son teint clair à un grand-père allemand du côté de sa mère[1]. Elle grandit dans une famille aisée[1]. À 17 ans, elle se marie avec James Sirleaf, alors plus âgé qu'elle, qui est fonctionnaire au ministère de l'Agriculture et qui lui permet de poursuivre ses études aux États-Unis. James Sirleaf est alcoolique et la menace, ainsi que ses enfants. Il va même jusqu'à venir la gifler au ministère des Finances où elle travaille, parce qu'elle rentre selon lui trop tard[1]. Après six ans de mariage, elle divorce en 1961, après que son mari a pointé un pistolet sur elle en présence de son fils[2].

Elle effectue ses études en Amérique et reçoit un baccalauréat ès sciences en comptabilité au Madison Business College, à Madison (Wisconsin) en 1964, un diplôme d'économie de l'université du Colorado en 1970, et un master en administration publique de l'université Harvard en 1971[1]. Elle est membre de la sororité afro-américaine Alpha Kappa Alpha, la première sororité créée en 1908.

Elle est membre de l'Église méthodiste unie[3],[4].

Débuts en politique : l'opposition modifier

Elle est secrétaire d'État aux Finances entre 1972 et 1978, puis ministre des Finances entre 1979 et 1980. Cette même année, Samuel Doe effectue un coup d'État et fait assassiner le président en exercice William Richard Tolbert à son domicile puis treize de ses ministres sur une plage, lors d'une exécution publique et filmée. Ellen Johnson Sirleaf y survit car elle est une femme et parce que le nouveau président ne peut pas totalement décapiter l'appareil bureaucratique. Elle parvient néanmoins à s'exiler puis revient plus tard, déclarant vouloir faire campagne contre le président, ce qui l'amène à être à nouveau menacée de mort. À partir de 1985, elle est condamnée à une peine de dix ans de prison pour s'être opposée au régime militaire de Samuel Doe, mais est autorisée à quitter le pays peu de temps après[5]. Son opposition politique lui vaut le surnom de « Dame de fer »[5].

Carrière d'économiste modifier

Elle repart aux États-Unis, poursuit sa carrière dans le domaine financier en travaillant comme économiste pour la Banque mondiale et la Citibank[5]. Elle dirige par exemple le PNUD africain (Programme des Nations unies pour le développement)[1].

En 1997, elle finance la campagne présidentielle de Charles Ghankay Taylor, chose qu'elle reconnaîtra être une erreur[1]. La commission « Vérité et réconciliation », à cause de son implication dans le financement de factions armées, exigera que Jonhson Sirleaf soit interdite d'occuper pendant trente ans des responsabilités officielles[1],[6],[7].

Élection présidentielle de 2005 et premier mandat présidentiel modifier

 
Ellen Johnson Sirleaf et le président américain George W. Bush (2008).
 
Ellen Johnson Sirleaf et la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton (2010).

Candidate à la présidence de la république du Liberia pour le Parti de l'unité, elle franchit le premier tour en et se retrouve au second opposée à George Weah le 8 novembre. Selon les résultats définitifs publiés le 23 novembre, l'ancienne ministre des Finances recueille 59,4 % des voix lors du second tour du 8 novembre contre l'ex-vedette internationale du football, qui a obtenu 40,6 % des suffrages.

Ellen Johnson Sirleaf est investie présidente de la République, le . Elle est la première femme élue à la présidence d'un pays africain[1]. Le , elle prête serment devant le président de la Cour suprême Henry Reed Cooper, lors d'une cérémonie de prise de fonctions à laquelle ont assisté des milliers de civils ainsi que de nombreux dirigeants africains et diplomates étrangers. Son vice-président est Joseph Boakai.

Le , lors d’une séance publique du Conseil de sécurité des Nations unies, Ellen Johnson Sirleaf demande la levée des sanctions sur les exportations de diamants et le maintien d’une présence de l’ONU dans le pays, indiquant que la stratégie du gouvernement en matière de maintien de la paix « repose sur quatre piliers : sécurité, primauté du droit et gouvernance, relance économique et reconstruction des infrastructures ». Durant son premier mandat, la moitié des routes autour de Monrovia sont refaites, ville où l'eau courante et l'électricité sont redevenues monnaie courante, mais le chômage (80 %) et la pauvreté sont toujours aussi forts[6]. Le Liberia fait toujours partie des quinze pays les moins développés du monde selon les Nations unies[5]. Elle place la lutte contre la corruption comme l'une de ses priorités et bénéficie de ses contacts dans la finance internationale pour débloquer des prêts pour son pays[5].

Le , le président des États-Unis George W. Bush lui remet la médaille présidentielle de la Liberté. Le , elle est récompensée du prix Nobel de la paix qu'elle partage avec sa compatriote Leymah Gbowee et la Yéménite Tawakkul Karman. Cette distinction provoque un relent de désaccord au sein de l'opposition politique du pays[2] et certains[Qui ?] y voient un coup de pouce de la part d'Hillary Clinton en vue de l'approche des élections présidentielles de 2011[5].

Élection présidentielle de 2011 et second mandat modifier

Elle remporte l’élection présidentielle de 2011, alors que son opposant, Winston Tubman, a appelé au boycott (dénonçant notamment des fraudes[8]), ce qui induit un faible taux de participation aux votes de 37,4 %[9].

Ellen Johnson Sirleaf est investie le lundi pour un second mandat à la tête de son pays. La secrétaire d’État américaine Hillary Clinton et plusieurs présidents de la région sont présents à la cérémonie.

Le , elle défend les lois criminalisant l'homosexualité au Liberia[10].

En 2014, elle est interpellée sur le fait que les femmes n'ont toujours pas accès à la propriété foncière dans son pays, malgré des promesses exprimées via Reuters un an plus tôt[11].

En octobre 2014, elle lance un appel à l'aide internationale pour lutter contre la propagation du virus Ebola[12]. Deux mois plus tôt, elle avait limogé les ministres de son gouvernement qui n'étaient pas revenus dans le pays pour aider à combattre le virus[13].

En 2017, elle est citée dans le scandale des Paradise Papers.

Son mandat prend fin le 22 janvier 2018, lorsque George Weah, élu le 26 décembre 2017 face au vice-président sortant Joseph Boakai, prend ses fonctions[14].

Fonctions gouvernementales modifier

Autres responsabilités non-gouvernementales modifier

 
Le Premier ministre britannique David Cameron, Ellen Johnson-Sirleaf, Bill Gates et Andrew Mitchell (2011).
  • Membre fondateur de l'institut International pour les dirigeantes femmes en politique ;
  • Membre du conseil d'investissement pour la croissance de l'Afrique moderne ;
  • Membre du comité de Moderne Africa Fund Managers ;
  • Présidente de la banque du Liberia pour le Développement et d'investissement ;
  • Présidente de la Kormah Development and Investment Corporation ;
  • Senior Responsable des prêts de la Banque mondiale ;
  • Présidente de la Commission de vérité et de réconciliation libérienne ;
  • Vice-présidente de la Citibank.

En 2006, elle est classée comme la 51e femme la plus puissante au monde par le magazine Forbes. En 2007, elle est classée 100e et en 2008, 66e.

Distinctions modifier

Prix modifier

Honneurs modifier

Décorations modifier

Vie privée modifier

Ellen Johnson Sirleaf est mère de quatre enfants, elle a placé deux d'entre eux à des postes publics d'importance[19]. Parmi ses enfants se trouvent Robert Sirleaf, ancien président du conseil d'administration de la compagnie nationale de pétrole du Liberia et conseiller spécial de sa mère[20], qui perd en 2014 les sénatoriales face à George Weah pour le siège du comté de Montserrado[21] ; un autre fils assure la direction des services de renseignement du pays[22] : un troisième enfin était vice-gouverneur de la banque centrale[2].

Publications modifier

Notes et références modifier

  1. a b c d e f g h i et j Pierre Prier, « Mama Ellen, Nobel combattante », Le Figaro, samedi 8 / dimanche 9 octobre 2011, page 18 (article complet)
  2. a b et c Lala Ndiaye, « Ellen Johnson Sirleaf, un prix Nobel controversé », sur Slate.fr,
  3. (en) Journalchretien.net, « Le Prix Nobel de la Paix pour les chrétiennes Ellen Johnson Sirleaf et Leymah Roberta Gbowee », Camfaith.org, (consulté le ).
  4. « Le Prix Nobel de la Paix pour les chrétiennes Ellen Johnson Sirleaf et Leymah Roberta Gbowee », sur Camfaith.org
  5. a b c d e et f Laurène Rimondi, « Ellen Johnson Sirleaf, l'icône entrée dans la légende des pouvoirs africains de son vivant », sur Lepoint.fr, .
  6. a et b « Ellen Johnson Sirleaf, la «Dame de fer» libérienne », sur Liberation.fr,
  7. (en) Truth and reconciliation Commission of Liberia, Consolidated Final Report, Monrovia, , 496 p. (lire en ligne), p. 361
  8. Tanguy Berthemet, « George Weah, tout près du but », Le Figaro Magazine, semaine du 20 octobre 2017, page 28.
  9. « Ellen Johnson-Sirleaf réélue présidente du Liberia », sur Lemonde.fr,
  10. (en) Tamasin Ford, Bonnie Allen, « Nobel peace prize winner defends law criminalising homosexuality in Liberia », sur Theguardian.com,
  11. « Ellen Johnson Sirleaf interpeléée à propos de l'accès des femmes à la propriété foncière », sur Agenceecofin.com,
  12. (en) « Liberia's Ellen Johnson Sirleaf urges world help on Ebola », sur Bbc.com,
  13. Fouad Harit, « Ebola au Liberia : Ellen Johnson Sirleaf limoge des hauts responsables », sur Afrik.com,
  14. « Avec l’élection de George Weah, le Liberia amorce sa transition démocratique », sur Le Monde, (consulté le )
  15. Liberia – George Weah : « Les caisses sont vides ! », Jeune Afrique, 12 mars 2018
  16. (en) « Honorary Degrees », sur Université Harvard (consulté le ).
  17. « Liberia : le pape reçoit la présidente Ellen Johnson Sirleaf », sur Zenit.org, .
  18. (en) Hannah Silverstein, « Nobel Laureate Leymah Gbowee to Speak at Commencement », sur Dartmouth College, (consulté le ).
  19. Le Liberia vote pour consolider la paix, lefigaro.fr, 10 octobre 2017
  20. « Liberia: Robert Sirleaf démissionne du NOCAL », sur Agenceecofin.com,
  21. « Liberia: George Weah bat Robert Sirleaf et devient sénateur », sur Koaci.com,
  22. « Liberia: l'ex-star du football George Weah largement élu sénateur », sur Rfi.fr,

Annexes modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie modifier

  • Ellen Cooper, Madame la Présidente : Une biographie d'Ellen Johnson Sirleaf, trad. de l'anglais par Mathilde Fontanet, 2018, éditions Zoé, coll. Écrits d'ailleurs, 448 p.

Articles connexes modifier

Liens externes modifier