Elaine Sturtevant

artiste américaine
Elaine Sturtevant
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Naissance
Décès
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Elaine Frances HoranVoir et modifier les données sur Wikidata
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Elaine Sturtevant est une artiste américaine, née le à Lakewood (Ohio) et morte le 7 mai 2014 à Paris[1], où elle vivait et travaillait depuis 1992. Elle est considérée comme l'inspiratrice du mouvement appropriationniste[2], une étiquette qu'elle n'a pas accepté.

Biographie modifier

Née à Lakewood dans l'Ohio, Sturtevant fait ses études à l'Art Institute de Chicago et à l'Arts students League et à l'université Columbia de New York[3],[4].

Elle s'installe à Paris en 1992. Elle meurt le 7 mai 2014 à Paris[5].

Œuvre modifier

Sturtevant commence sa carrière à New York en 1965, où elle reproduit les œuvres de jeunes artistes de l'époque. Bien qu'il soit difficile de distinguer ses œuvres des originaux, elle ne les considère pas comme des copies mais comme des « répétitions »[6]. À travers cette pratique, Sturtevant révolutionne complètement le concept d'originalité. Toutes ses œuvres sont des reproductions de celles d'autres artistes, aucune ne part d'une image originale, mais ce ne sont pas de simples copies puisque l'artiste opère de mémoire.

Elle travaille d'abord à partir d’œuvres d'artistes américains comme Jasper Johns, Roy Lichtenstein, Claes Oldenburg et Andy Warhol. Warhol donne l'un de ses écrans de sérigraphie à Sturtevant afin qu'elle produise ses propres versions des « Flowers », et à une occasion, lorsqu'il est interrogé sur sa technique, il répond : « Je ne sais pas. Demandez à Elaine. »[7]

Sa technique de répétition d'œuvres d'artistes notoires lui vaut des déboires notamment en 1971 et 1974 quand elle reproduit des œuvres de Joseph Beuys à New-York. Elle questionne par sa provocation l'idée de l'originalité des œuvres et la notion de propriété, provoquant l'ire des artistes et des galéristes[8]. Elle est toutefois défendue entre autres par Marcel Duchamp, dont elle a aussi reproduit les œuvres. Marcel Duchamp représente une exception dans le corpus des artistes qui l'inspirent, puisqu'elle s'attache en général à des artistes au début de leur carrière, tandis que Duchamp est déjà confirmé à cette époque. Dans une photographie datée de 1967, Sturtevant et Robert Rauschenberg posent en Adam et Ève, dans une répétition d'une photographie originale de 1924 de Man Ray dans laquelle apparaissent Marcel Duchamp et Brogna Perlmutter[9].

Le courant appropriationniste commence alors à émerger, incluant des artistes comme Richard Prince, Sherie Levine ou Mike Bidlo qui revisitent les œuvres de Marcel Duchamp, Andy Warhol, Barbara Pollock, Matisse et d'autres… Son œuvre est toutefois antérieure, et ne se confond pas avec ce mouvement. Elle est souvent considérée comme une précurseure du mouvement appropriationniste, mais récuse l'étiquette[10],[8].

Entre 1974 et 1985, Sturtevant cesse totalement de produire et d'exposer des œuvres[9].

Dans les années 1980, elle s'intéresse à une nouvelle génération d'artistes, dont Robert Gober, Anselm Kiefer, Paul McCarthy, et Felix Gonzalez-Torres. Elle maîtrise aussi bien la peinture, la sculpture, la photographie, la vidéo et le cinéma afin d'effectuer une gamme complète de copies des travaux des artistes qu'elle a choisis. La plupart du temps, elle les copie avant même que ceux-ci n'obtiennent une large reconnaissance.

Presque tous les artistes qu'elle a choisi de copier sont aujourd'hui considérés comme des incontournables de leur temps ou de leur style. Les critiques d'art se demandent comment elle parvenait à déceler à un stade aussi précoce des artistes aujourd'hui célèbres.

À partir de 2004, à la suite de son exposition rétrospective au Museum für Moderne Kunst de Francfort, son travail se concentre sur la question de la répétition à l'ère cybernétique.

En 2011, elle obtient le Lion d'or de la Biennale de Venise[11].

Son œuvre est considérée comme partie prenante du mouvement appropriationniste, mais les différences entre l'œuvre des appropriationnistes et l'œuvre de Sturtevant sont grandes. D'abord, les appropriationnistes changent le format de l'œuvre qu'ils copient, tandis que Sturtevant respecte les dimensions de l'œuvre qu'elle répète. De plus, elle trouve ses sources d'inspiration parmi les œuvres de ses contemporains et non pas dans les figures iconiques de l'art moderne, comme le font les appropriationnistes.

Quelques expositions modifier

Prix et distinctions modifier

  • 2013 : College Art Association, artist award for a distinguished body of work[16].
  • 2011 : Lion d'Or, Biennale de Venise[17].
  • 2008 : Greenburger Award, New Museum (New York)[18].

Bibliographie modifier

  • (en) Elaine Sturtevant, Sturtevant: Push And Shove, Milan, Italie, Edizioni Charta Srl, 2005, 120 p. (ISBN 978-88-8158-544-1)
  • (en) Mario Kramer, Udo Kittelmann, Lena Maculan: Sturtevant. Catalogue raisonné., Stuttgart, Allemagne, Hatje Cantz, 2005, 191 p. (ISBN 978-3-7757-1485-3)
  • (en) Elaine Sturtevant, Udo Kittelmann (dir.), Sturtevant: Author of the Quixote, Köln, Allemagne, Buchhandlung Walther Konig GmbH & Co.KG, 2009, 48 p. (ISBN 978-3-86560-472-9)
  • (en) Bice Curiger (dir.), Elaine Sturtevant et Andro Wekua, Parkett: Sturtevant, Andro Wekua, Paul Chan, Kerstin Bratsch, Köln, Allemagne, Parkett Publishers, 2011, 300 p. (ISBN 978-3-907582-48-0)
  • (en + fr) Anne Dressen (Ed.), Bruce Hainley, Fabrice Hergott, Sturtevant : The Razzle Dazzle of Thinking, Suisse, Zürich, JRP Ringier, 2010, 304 p. (ISBN 978-3-03764-090-6)[13].
  • Stéphanie Moisdon, Elaine Sturtevant, in Dictionnaire universel des créatrices[10].

Notes et références modifier

  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. Stéphanie Moisdon, « Sturtevant, la vérité, brutale. », sur blogs.mediapart.fr, (consulté le ).
  3. « Sturtevant, Uncompromising Progenitor of Appropriation Art, Has Died ».
  4. (en) Benjamin Sutton, « Appropriation Artist Sturtevant Has Died (1926–2014) », sur artnet.com, artnet News, (consulté le ).
  5. (en) « Sturtevant, Uncompromising Progenitor of Appropriation Art, Has Died », sur Observer, (consulté le ).
  6. (en) Michael Lobel, « Inappropriate Appropriation », Parkett, no 75,‎
  7. (en) Bruce Hainley, « Erase and rewind », Frieze,‎ (lire en ligne)
  8. a et b Philippe Dagen, « Sturtevant, l'inspiratrice du mouvement « appropriationniste » », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. a et b (en) Holland Cotter, « Taking Copycat to a Higher Level », The New York Times,‎ (lire en ligne)
  10. a et b « Elaine STURTEVANT - Dictionnaire créatrices », sur dictionnaire-creatrices.com (consulté le ).
  11. a et b Lucie Agache, « Franz West et Elaine Sturtevant, Lions d’or de la Biennale de Venise 2011 », sur connaissancedesarts.com, (consulté le ).
  12. Sturtevant, 1924-2014., Deichtorhallen Hamburg. et Villa Arson (France), Sturtevant., Oktagon, (ISBN 3927789240 et 9783927789241, OCLC 27735515, lire en ligne)
  13. a et b « Sturtevant : The Razzle Dazzle of Thinking », sur mam.paris.fr (consulté le ).
  14. (en) « Sturtevant Image over Image », sur kunsthallezurich.ch (consulté le ).
  15. Sturtevant, 1924-2014., Liew, Fredrik., Moderna Museet (Stockholm, Sweden) et Kunsthalle Zürich., Bild over bild : image over image, JRP/Ringier, (ISBN 9783037642825 et 3037642823, OCLC 794137221, lire en ligne)
  16. « Liste des lauréats du College Art Award ».
  17. « Principaux artistes récompensés »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  18. (en) « Past award winners ».

Liens externes modifier