Ekranoplan

engins maritimes volant
Aéronef à effet de sol

L'ekranoplane ou ekranoplan, transcription du russe экранопла́н, est un type d'engins à effet de sol conçu par les bureaux d’études (OKB) Alekseïev de Nijni Novgorod. Un avion à effet de sol est un aérodyne conçu pour voler à faible hauteur au-dessus de l’eau ou de n’importe quelle surface plane.

Un A-90 Orlyonok au Musée de la marine de Moscou.
Ekranoplane léger russe Aquaglide-2.

Terminologie modifier

La plupart des pays (de langue anglaise et pays du nord) ont repris la transcription du nom russe ; des pays latins ont modifié ce nom : ekranoplane ou ékranoplane (France, Belgique, Suisse) ou ekranoplano (Espagne, Italie, Portugal).

Histoire modifier

Les ekranoplans apparaissent pendant la guerre froide. Durant cette période, les deux super-puissances, États-Unis et Union soviétique, essaient toutes sortes de technologies. Au début des années 1950, l’ingénieur soviétique Rostislav Alekseïev imagine un nouveau type d’appareil : un hydravion spécialement conçu pour voler au ras de l’eau à grande vitesse. Il demande alors des crédits, qui lui sont accordés par Nikita Khrouchtchev. Pour concevoir la meilleure forme, l’ingénieur réalise des centaines de modèles réduits d’un mètre pour les tester de manière expérimentale. Il les lance (à l’aide d’un toboggan) juste au-dessus de l’eau ; le plus stable d'entre eux est développé.

Après la construction et les essais de divers prototypes à partir de 1961, le modèle KM (каспийский монстр) est construit en 1966. Il est surnommé le « Monstre de la Caspienne » par les services secrets américains ayant repéré l'engin sur des photos satellites. L’avion fait 100 mètres de long pour 550 tonnes et est propulsé par dix moteurs à trois mètres au-dessus de l’eau. Il s’écrasera en 1980.

 
Le Lun à Kaspijsk, 2010.

En 1972, un nouvel avion est créé, l’Alekseïev A-90 Orlyonok (Орлёнок « l'Aiglon » en russe)[1]. Il fait 58 m de long et sa masse est plus faible que celle du « Monstre de la Caspienne » (125 tonnes). Il est destiné à des missions d’assaut. Il est construit à cinq exemplaires dont seulement quatre volent, le dernier en 1993. L'A-90 immatriculé S26 est conservé à Moscou, au Musée de la Marine.

En 1980, le Lun (Лунь signifie « le busard ») apparaît. Sa mission est de transporter et de lancer des missiles antinavires. Un seul exemplaire de cet appareil de 74 mètres est construit, les restrictions budgétaires subies par l’armée soviétique ayant mis un coup d’arrêt au programme.

À la suite de l’accident du sous-marin Komsomolets qui fait 42 morts, l’URSS commence à construire en 1989 le Spasatel (Спасатель, « le sauveur »). D'une capacité de 500 personnes, il est conçu comme un hôpital volant pour les équipages de sous-marins ou de navires. Il n'est jamais terminé et sa carcasse est encore conservée au fond d’un hangar.

Programme américain modifier

En 2023, sous le nom Liberty Lifter, le Pentagone veut relancer le programme de réalisation d'un ekranoplane militaire. « Deux concepts différents s'affrontent pour décrocher ce marché : General Atomics mise sur un appareil à double fuselage et aile droite, alors qu'Aurora Flight Sciences (groupe Boeing) propose un seul habitacle. Dans les deux cas, la propulsion sera assurée par de petits moteurs à hélices répartis sur toute l'aile, un système nommé propulsion distribuée »[2].

Aérodynamique modifier

Les ekranoplans sont des hydravions à effet de sol dont la portance est augmentée par le soufflage de la voilure (PAR : power augmented ram).

Ekranoplan de première génération modifier

La première génération comprend les modèles développés par Rostislav Alekseïev, généralement caractérisés par un fuselage d'hydravion, une aile de faible allongement en position basse et un empennage en position haute. Les moteurs d'appoint utilisés au décollage (PAR) sont placés en amont de l'aile, sur des pods (KM, Lun) ou bien intégrés au fuselage (Orlyonok).

Ekranoplan de seconde génération modifier

 
Tungus.

Le concept suivant présente une aile « composite » : une aile centrale de grande surface optimisée pour la portance à basse vitesse (coussin d'air soufflé pour le décollage) et des extensions d'ailes visant à obtenir une meilleure finesse en croisière[3]. Le modèle russe à dix places Ivolga étudié en 1999 présente cette configuration, des ailes repliables et des hélices avancées soufflant sous la coque (configuration catamaran). Les projets russes Kulik cinq places, Baklan dix places ou Bekas pour douze à seize passagers présentent également des extensions d'ailes.

La Chine travaille également sur ce concept PARWIG à ailes, avec le modèle six places Nanjing Angel AD606, ou les projets de MARIC comme le Swan de cent passagers[réf. nécessaire].

La société de construction navale Aeroghod (sise à Nijni-Novgorod, en Russie) expérimente depuis 2014 un modèle unique d'ekranoplane, Tungus. Si les tests sont concluants, il est envisagé de développer et de construire des véhicules de tourisme d'une capacité de 4 à 70 personnes[réf. nécessaire].

Culture populaire modifier

Un ekranoplan russe imaginaire (mais proche de l'aspect de l'A-90 Orlyonok) surnommé "Monstre Rouge", apparait largement dans l'album n°45 des Aventures de Buck Danny, Les secrets de la mer noire, paru en 1994.

Notes et références modifier

  1. L’Alekseïev A-90 Orlyonok, sur Krasnaya Zvezda (« Étoile Rouge »).
  2. Guerric Poncet, « 500 kilomètres par heure à 5 mètres d’altitude : qu’est-ce qu’un ekranoplane ? », Le Point,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. (en) State of the Art and Perspectives of Development of Ekranoplans in Russia, New aerodynamic configurations, second generation of ekranoplans, Rozhdestvensky et Synitsin, Fast'93.

Annexes modifier

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Articles connexes modifier

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