Duport (Stradivarius)

violoncelle construit en 1711 par Antonio Stradivari

Le Stradivarius Duport est un violoncelle fabriqué en 1711 par le luthier Antonio Stradivari à Crémone. Cet instrument, typique de l'âge d'or de Stradivari, est considéré comme l'un des violoncelles Stradivarius les plus précieux. L'instrument est nommé en mémoire du violoncelliste Jean-Louis Duport, l'un de ses propriétaires. Le Duport a notamment été possédé et joué par le virtuose russe Mstislav Rostropovitch.

Duport (Stradivarius)

Facteur Antonio Stradivari
Instrument violoncelle
Année de construction
Propriétaire actuel Inconnu (vraisemblablement la famille de Mstislav Rostropovitch)
Propriétaires

Origine du nom modifier

Le violoncelle est nommé Duport en référence à l'un de ses premiers propriétaires, le célèbre violoncelliste Jean-Louis Duport[1].

Description modifier

Le Stradivarius Duport est fabriqué en par le luthier crémonais Antonio Stradivari[2]. Cette date de réalisation correspond à l'âge d'or de la production de Stradivari.

Dans sa conception, l'instrument est de type Stradivarius forme B[2]. À l'époque, il s'agit d'une nouvelle direction de fabrication consistant à réduire la taille de l'instrument pour permettre une meilleure expression de la virtuosité des interprètes[Note 1]. Le Duport respecte un modèle typique d'Antonio Stradivari entre et [Note 2]. Les violoncelles Mara et Parke, également de ce modèle, sont d'une facture très proche.

Le fond de l’instrument est constitué de 2 pièces et sa longueur est de 75,5 cm[Cozio 1]. Les largeurs maximales du violoncelle au tiers supérieur, milieu et tiers inférieur sont respectivement de 34 cm, 22,8 cm et 43,6 cm. La distance entre le point le plus haut de la table d'harmonie et le chevalet est de 40 cm[2].

Le bois du fond est régulier et fortement flammé (avec quelques entrelacements)[2]. L'orientation des flammes est descendante à partir du milieu de l'instrument. Le bois des éclisses correspond à celui du fond. En revanche, le bois de la volute est moins flammé[Note 3].

Le vernis est typique d'Antonio Stradivari et présente un dichroïsme (dans le rouge)[2].

Certaines sources rapportent que des griffures (marques d'éperons) sont visibles sur les éclisses (côté) de l'instrument[Cozio 1].

Histoire modifier

 
Mstislav Rostropovich jouant à la Maison-Blanche le 17 septembre 1978 sur le Stradivarius Duport.

Le violoncelle Duport est fabriqué à Crémone en [2]. Son premier propriétaire est vraisemblablement un médecin de Lyon, le docteur François Chicoyneau, qui l'acquiert cette année là. À la mort de celui-ci, le Stradivarius est envoyé à Paris chez un marchand d'instruments italiens[Note 4]. Celui-ci ne parvenant pas à trouver d'acheteur, le Duport est mis aux enchères publiques à une date inconnue (avant et la Révolution française). Désireux d'acquérir l'instrument, le jeune violoncelliste Jean-Louis Duport ne parvient pas à rassembler la somme. Le Duport est alors confié à un luthier parisien[Note 5] qui conserve le Stradivarius jusqu'à ce que le violoncelliste dispose des moyens de l'acheter[Note 6].

Certaines sources évoquent que durant un concert pour l'empereur Napoléon Ier, ce dernier aurait demandé à Jean-Louis Duport à pouvoir jouer de son instrument[Cozio 1]. Le musicien ayant accepté, l'empereur aurait légèrement abîmé les éclisses du Stradivarius avec les éperons de ses bottes.

Au décès de Jean-Louis Duport, son fils Louis Duport récupère l'instrument[2]. Aux alentours des années , le Stradivarius est récupéré par le luthier Jean-Baptiste Vuillaume. Celui-ci organise alors la vente du Duport à Auguste-Joseph Franchomme en [Note 7],[Note 8],[2],[3],[Cozio 1].

En , la famille d'Auguste-Joseph Franchomme se sépare du Stradivarius Duport après la mort du musicien[2]. L’instrument est vendu à la firme spécialisée en instruments à cordes W.E. Hill and Sons (Londres). L'entreprise arrange alors la vente du violoncelle au baron Johan Knoop. En , le Duport change une nouvelle fois de propriétaire au profit de John S. Phipps. Puis c'est au tour d'Horace Havemeyer d'acquérir le Stradivarius en .

En , le Duport passe dans les mains du violoncelliste américain Gerald M. Warburg[2],[4]. Amateur et collectionneur de beaux instruments, l'américain a d'ailleurs fondé avec son père le Stradivarius Quartet, un regroupement de Stradivarius[Note 9], celui-ci ne conserve toutefois l'instrument que peu de temps. En effet, il souhaite que le violoncelle puisse entrer en possession du violoncelliste renommé Mstislav Rostropovitch[Note 10]. La vente a lieu en et le célèbre virtuose joue jusqu'à sa mort en sur le Duport, instrument qui retient sa préférence au sein de sa collection personnelle[5].

Selon toute vraisemblance, le Stradivarius est aujourd'hui en possession de famille de Mstislav Rostropovitch[2]. Toutefois, certaines sources affirment que la Fondation japonaise pour la musique (Nippon music foundation) aurait acquis l'instrument en sans que cela ne soit confirmé[Note 11],[6].

Propriétaires et interprètes célèbres modifier

Les différents propriétaires du Stradivarius Duport sont les suivants[2],[Cozio 1],[7] :

Année d'acquisition Année de cession Propriétaire Détails concernant les échanges ou transactions Musiciens célèbres ayant joué sur le Duport
probablement François Chicoyneau
Jean-Louis Duport Jean-Louis Duport acquiert le Duport pour environ 2 500 francs. Jean-Louis Duport Jean-Pierre Duport
Louis Duport
Auguste-Joseph Franchomme (et sa fille) La vente est organisée par Jean-Baptiste Vuillaume pour 22 000 francs. Auguste-Joseph Franchomme
Baron Johan Knoop Le Duport est vendu par W. E. Hill & Sons.
John S. Phipps Le Duport est vendu par W. E. Hill & Sons.
Horace Havemeyer
Gerald M. Warburg
Mstislav Rostropovitch Mstislav Rostropovitch
Famille de Mstislav Rostropovitch La famille semble avoir conservé le Duport après la mort du violoncelliste russe. Sans que cela ne soit confirmé, certaines rumeurs font état d'un achat du Duport par la Fondation japonaise pour la musique en pour un montant de 20 millions de dollars.

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. La conception classique de l'époque est la forme vénitienne. Les instruments de type vénitien étaient plus grands et plus larges. Les deux formes coexistent pendant un peu moins d'un siècle avant que le type Stradivarius forme B ne s'impose.
  2. Le modèle de l'instrument le classe dans la catégorie du classique romanesque.
  3. Un bois moins flammé présente une densité supérieur. Cette qualité lui confère une plus grande résistance pour supporter la tension dans le cheviller.
  4. Le marchand est Jean-Baptiste Dehaye (Salomon).
  5. Le luthier est George Cousineau.
  6. La transaction se fait pour 24 000 francs.
  7. Une source rapporte que la transaction s'est déroulée en [3].
  8. Les sources rapportent que le prix de d'achat était compris entre 22 000 et 24 000 francs.
  9. Gerald Warburg joue sur le violoncelle Stradivarius La Belle Blonde.
  10. Gerald Warburg fait part au luthier Étienne Vatelot de son souhait de confier le Duport à Mstislav Rostropovitch quelques années avant la vente.
  11. Les sources rapportent une vente pour un montant de 20 millions de dollars.

Archives Cozio modifier

  1. a b c d et e (en) « Antonio Stradivari, Cremona, 1711, the 'Duport' »  , Cozio Archive, sur tarisio.com.

Références modifier

  1. Isabelle Perrin, « Mstislav Rostropovitch et le violoncelle « Duport » : objets inanimés avez-vous donc une âme ? », ResMusica,‎ (lire en ligne  )
  2. a b c d e f g h i j k et l (en) Andrew Dipper, « Rostropovich’s ‘Duport’ Strad Was the Beneficiary of New Ideas, Clients, and Materials », Strings Magazine,‎ (lire en ligne  )
  3. a et b (en) « From the archive: the 'Duport' Stradivarius cello played by Rostropovich », sur thestrad.com, .
  4. (en) « Gerald F. Warburg, 69, Is Dead; Cellist and a Patron of the Arts », New-York Times,‎ (lire en ligne  )
  5. (en) Tully Potter, « Mstislav Rostropovich », The Guardian,‎ (lire en ligne  )
  6. (en) « The most expensive cello in the world »  , sur youthorchestrasfresno.org, .
  7. Sylvette Milliot, Le violoncelle en France au XVIIIe siècle (Thèse soutenue à l'Université Sorbonne Paris IV en 1981), Editions Slatkine,

Annexes modifier

Articles connexes modifier