Dobromir Chrysos (en bulgare : Добромир Хриз, en grec byzantin : Δοβρομηρός Χρύσος) est un seigneur valaque actif en Macédoine orientale sous le règne d'Alexis III Ange (1195-1203), menant notamment un soulèvement infructueux.

Biographie modifier

 
Plan de la forteresse de Prosek.

Selon l'historien byzantin Nicétas Choniatès, Dobromir Chrysos est bien un Valaque en dépit d'un patronyme slave. Selon l'historien bulgare Dimitar Bechev, il aurait une ascendance slavo-bulgare[1].

Quand il apparaît dans les sources, il est à la tête d'un groupe de valaques et de Bulgares[2]. Choniatès rapporte qu'avec cinq cents hommes, il est un allié de l'empereur Alexis III Ange, dans le contexte de conflits récurrents entre l'Empire byzantin et le deuxième empire bulgare récemment créé. Toutefois, il attire rapidement les soupçons, notamment sur des velléités d'indépendance et il est emprisonné[3]. Après sa libération en 1196, il devient le gouverneur de Strumica et, avant la fin de l'année, dirige une révolte en lançant des raids contre les terres situées entre le Strymon et le Vardar[1]. Il étend rapidement son emprise sur Prosek, une forteresse locale qu'il renforce[4]. L'empereur Alexis III lance une campagne contre lui au printemps 1197 en assiégeant deux mois durant la forteresse. Finalement, l'empereur rentre à Constantinople non sans permettre à Dobromir de consolider sa seigneurie. Il obtient une forme de trêve en lui reconnaissant ses droits sur la région entre le Strymon et le Vardar. Dans le cadre de cet accord et alors même que Dobromir semble déjà marier, une union est prévue entre lui et une fille du général byzantin Manuel Kamytzès. Celle-ci doit divorcer de son premier mari afin d'honorer cette union en 1198[5].

Peu après, une autre révolte intervient à l'initiative d'un bulgare, Ivanko, passé au service des Byzantins. A cette occasion, il capture Manuel Kamytzès qui n'est libéré que sur l'intervention de Dobromir Chrysos, qui paie sa rançon à la place d'Alexis III[6]. Mécontent, Kamytzès se soulève à son tour avec Dobromir Chrysos en Thessalie en 1201, lançant des raids sur la Macédoine et jusqu'au Péloponnèse. De nouveau, Alexis III tente d'obtenir la paix par la diplomatie et promet à Dobromir la main de Théodora Angelina, petite-fille de l'empereur précédemment promis à Ivanko qui a été exécuté[7]. Dobromir Chrysos accepte l'accord qui confine son domaine autour de Prosek[3]. Après 1201, il disparaît des sources, tandis que sa forteresse est prise par les Bulgares de Kaloyan en 1202[8].

Jean-Claude Cheynet a vu dans la révolte de Chrysos, de même que dans celle d'Ivanko, des mouvements menés par des personnalités qui profitent de la frontière et des tensions entre l'Empire bulgare et l'Empire byzantin pour se constituer des sortes de principautés, tout en étant réduits à la soumission par le même procédé : la promesse d'unions de prestige avec des princesses byzantins, qui permettent souvent aux Byzantins de s'emparer d'eux voire de les exécuter, comme dans le cas d'Ivanko[CH 1].

Notes et références modifier

  • Jean-Claude Cheynet, Pouvoir et contestations à Byzance (963-1210), Paris, Publications de la Sorbonne, (lire en ligne)
  1.   « Le schéma des troubles […] aux mains de l’empereur »
  • Autre références
  1. a et b Stephenson 2000, p. 307.
  2. Fine 1994, p. 29.
  3. a et b Sophoulis 2020, p. 81-82.
  4. Curta 2019, p. 681.
  5. Choniatès 1984, p. 279-280.
  6. Simpson 2013, p. 72-73.
  7. Choniatès 1984, p. 293-294.
  8. Kazhdan 1991, p. 641, 1738.

Sources modifier