Dixmude (porte-avions)

navire de guerre

Dixmude
illustration de Dixmude (porte-avions)
Le Dixmude alors HMS Biter dans la Royal Navy (vers 1943)

Autres noms HMS Biter (D97)
Type porte-avions d'escorte (CVE)
Classe Classe Avenger
Histoire
A servi dans Pavillon de l'United States Navy United States Navy
 Royal Navy
 Marine nationale
Chantier naval Sun Shipbuilding & Drydock Co.
Lancement
Commission
Statut Retiré du service. Il est restitué à l’US Navy le 10 juin 1966
Équipage
Équipage 800 officiers, officiers mariniers, quartiers-maîtres et matelots
Caractéristiques techniques
Longueur 150 m
Maître-bau 21,2 m
Tirant d'eau 7,6 m
Déplacement 8 332 t
Port en lourd 9 144 t
Propulsion 2 moteurs diesel 2 temps à pistons opposés Sun Doxford, 1 ligne d'arbre
Puissance 8 500 ch
Vitesse 16 nœuds
Caractéristiques militaires
Armement 3 canons de 102 mm
8 canons antiaérien de 20 mm
4 mitrailleuses
Rayon d'action 4 605 milles
Carrière
Port d'attache Toulon
Indicatif A609

Le Dixmude, anciennement HMS Biter (D97), est un ancien porte-avions d'escorte de la Royal Navy transféré à la Marine française, qui l'a utilisé d'abord comme porte-avions léger puis comme navire de transport et enfin comme navire auxiliaire de 1945 à 1964. Au cours de sa carrière française, il a surtout servi de transport d'aviation mais son arrivée a permis la renaissance de l'aviation embarquée dans la Marine nationale.

C'est l'un des quatre porte-avions d'escorte (CVE) de la classe Avenger que les États-Unis ont produits pendant la Seconde Guerre mondiale à partir de coques de cargos (le Rio Parana), pour servir comme porte-avions d'escorte dans la Royal Navy (HMS Biter)[1].

Le Dixmude est nommé en hommage à la ville belge du même nom, siège de la bataille du Front de l'Yser en 1914.

Historique modifier

Sous pavillon américain puis britannique modifier

 
Le HMS Biter en 1943-1944 (au fond)

À l'origine, le HMS Biter est le cargo américain de type C 3 Rio Parana, mis sur cale le par Sun Shipbuilding & Drydock Co. à Chester (Pennsylvanie) sous contrat de la Maritime Commission (coque MC no 60) et lancé le . Livré incomplet à l'US Navy le pour transformation en porte-avions d'escorte (CVE) au New York Navy Yard à Brooklyn, le bâtiment, classé BAVG 3, est transféré le à la Maritime Commission pour nouveau transfert au Royaume-Uni sous accord Lend-Lease. Pris en charge par la Royal Navy quatre jours plus tard, il est commissionné comme HMS Biter (D97) le . Il devient alors le premier porte-avions affecté à la protection des convois dans l'Atlantique Nord, rôle qu'il tient brillamment jusqu'en 1944. Il a aussi participé, en novembre 1942, à l'opération Torch, le débarquement anglo-américain en Afrique française du Nord[2].

Sous pavillon français modifier

Dans l'immédiat après-guerre, l'aéronautique navale française dispose de deux flottilles équipées de chasseurs Seafire Mk.III (flottille 1F), de bombardiers Douglas SBD Dauntless (flottilles 3F et 4F)[3],[4]. La Marine nationale française, elle-même, arme 306 bâtiments jaugeant 365 360 tonnes, dont une partie provient de l’aide alliée (203 navires reçus dans le cadre des accords Lend-Lease et Mutual Aid, soit 71 944 tonnes) et cherche un porte-avions. En 1931 sont étudiés les projets PA-16 de 18 000 tonnes de classe Joffre[5]. Par ailleurs, des études avaient été conduites à Vichy durant la Seconde Guerre mondiale (projet PA5B de porte-avions moyen, projet PA1 P2C de porte-avions lourd de (47 000 tonnes) mais les conditions industrielles et financières mais surtout politiques, rendent pratiquement impossible la construction d’un porte-avions neuf : en désespoir de cause, le Conseil supérieur étudie des solutions de rechange[6] qui seront toutes abandonnées : la transformation du transport d'hydravions Commandant Teste en porte-avions d'escorte n’est évoquée en octobre 1945 que pour être abandonnée en février suivant, Une nouvelle modernisation du Béarn n’est pas une solution, la transformation du cuirassé inachevé Jean Bart en porte-avions coûterait presque aussi cher qu’un porte-avions neuf : 4 milliards de francs contre 5[7] et est vite écartée[8]. Pourtant, il faut que la Marine ait un porte-avions si elle veut retrouver son rang, et la France avec elle : la délégation française à l’ONU ne parle-t-elle pas en 1946 « d’une contribution navale de l’ordre de six porte-avions, trois cuirassés, douze croiseurs et quarante destroyers 113 »[9]? Le , le Conseil supérieur émet l’avis de mettre en chantier deux porte-avions légers, mais l’ampleur des destructions et le délabrement des finances rappellent très vite le commandement à la réalité : en février 1946, les coupes budgétaires entraînent l’arrêt presque complet des constructions. Il faut donc se tourner vers les Alliés[10]. Désarmé après la bataille de l'Atlantique, le Biter est dans un triste état[11] lorsque les Français demandent qu'il leur soit cédé pour être utilisé avec les SBD fournis par les États-Unis. Après avoir été remis en état par la France, il est incorporé dans la Marine nationale le sous le nom de Dixmude (A609).

Carrière en Indochine modifier

Le , le Dixmude, remis à niveau, appareille de Toulon et atteint Saïgon le 3 mars avec la flottille 4F composée de 9 bombardiers en piqué SBD[12] qui attaquent à partir du 13 mars des objectifs sur la cote d'Annam puis effectuent des missions d’appui aérien rapproché à partir du golfe du Tonkin au profit de troupes au nord de l'Indochine française, les premières sorties au combat effectuées par un porte-avions français. En effet, les SBD de la flottille 4F sont crédités du bombardement de la place-forte du Viet Minh à Tuyen Quang, le . À la suite de problèmes de catapulte, le Dixmude rentre en France métropolitaine en avril. En raison de sa grande lenteur et de son seul ascenseur, le bâtiment est relégué au rôle de transport : il appareille de nouveau en septembre 1947, accoste à Saïgon le 21 octobre avec des SBD, 12 Ju-52 et 12 Spitfire qui opèrent au sol depuis Saïgon, Hanoï et Haïphong pour les opérations Léa et Catherine, au cours desquelles la flottille 4F accomplit 200 sorties et largue 75 tonnes de bombes. Il regagne Toulon en mai 1948, après avoir participé à des missions de combat au large de la Cochinchine avec des bombardements sur la Plaine des joncs (Gao Giong) et sur la péninsule de Camau. Le Dixmude effectue deux autres transports d'aviation en Indochine française, l'un à l'été 1948 avec deux escadrons de chasseurs Bell P-63A Kingcobra, le second à l'été et l'automne 1950 afin de livrer au profit de l'Arromanches des avions F6F-5 Hellcat et SB2C Helldiver récupérés aux États-Unis. Les derniers appontages et décollages sont faits par deux Seafire Mk.III le 28 novembre 1949.

Classement en transport d'aviation et désarmement modifier

Le 17 août 1950 il quitte Toulon pour y revenir le 21 décembre 1950 après avoir effectué le tour du monde en 121 jours dont 75 de mer et 46 d'escale ; il a parcouru 24080 miles à la vitesse moyenne de 13,7 nœuds, sous le commandement du Capitaine de Vaisseau Suquet. En 1952, il est classé transport d'aviation. Il continue ses rotations entre les États-Unis, l'Indochine française, l'Inde, l'Afrique du Nord, le Sénégal, etc. Par la même occasion, il livre à l'Inde 32 puis 35 Ouragan et Mystère IV. Enfin, le Dixmude prend part au retour en France depuis le Tonkin, en 1954, des Flottilles 3.F et 11.F de l'Aéronavale. Entre 1956 et 1959 il transporte pour l'Armée française des hélicoptères entre les États-Unis et l'Algérie. Désarmé en 1960 à Saint-Mandrier-sur-Mer, il sert de base au Commando de fusiliers marins nageurs de Combat (le Commando Hubert) jusqu'au , où il est placé en réserve spéciale. Il est ensuite rendu aux États-Unis le . Il quitte la France le 14 juin pour servir de navire-cible à la Sixième flotte américaine en Méditerranée le 17 juin.

Personnalités ayant servi à bord du bâtiment modifier

Postérité modifier

Un demi-siècle après son désarmement, son nom est repris par le Dixmude (L9015), un porte-hélicoptères amphibie (PHA) de la classe Mistral, admis au service actif en 2012.

Annexes modifier

Bibliographie modifier

  • Jean Moulin, Les Porte-avions Dixmude et Arromanches, Marines Éditions, Nantes, 1998 (ISBN 2-909675-39-4)
    Ouvrage de référence.

Notes et références modifier

  1. 37 autres porte-avions d'escorte de plusieurs classes ont été prêtés aux Britanniques
  2. Son groupe aérien est crédité d'une vingtaine de destructions au sol d'avions français et de six victoires aériennes
  3. Peter C. Smith, Douglas SBD Dauntless, Ramsbury, Marlborough, 1997 (ISBN 1-86126-096-2)
  4. Étude sur la reconstitution organique et technique des forces aéro-navales françaises (mai 1945)
  5. Le PA-16 posséderait une longueur de 228 m, une largeur de 35 m, soit un pont d'envol de (2 800 m2, filerait 33 nœuds et embarquerait 40 aéronefs dans deux hangars superposés selon Jean Labayle-Couhat, « Cinquante ans d’histoire de l’aviation embarquée à travers le monde. 14 novembre 1910-1960 », dans Revue maritime (ISSN 0335-380X)(octobre 1961)
  6. Étude d’un plan d’armement pour les premières années d’après-guerre du 11 janvier 1946
  7. Soit, respectivement 450 et 560 millions d'euros au cours 2006
  8. « Note sur l’activité du Conseil Supérieur de la Marine au cours des années 1945-1946 », Service historique de la Marine (22 janvier 1947)
  9. Philippe Masson, « La Marine française en 1946 », dans Revue d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale (ISSN 0035-2314) no 110 (avril 1978), p.86
  10. Hervé Coutau-Bégarie, Le problème du porte-avions, Économica, Lasay-les-Rideaux, 1990 (ISBN 2-7178-1949-5) [lire en ligne]
  11. Sa coque est endommagée par une torpille de l'un de ses propres avions le et le bâtiment est ravagé par un incendie le et laissé en l'état
  12. plus 29 avions convoyés pour l'Armée de l'air.

Pour aller plus loin modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier