Diego de Bernuy Orense

Diego de Bernuy de Orense est un marchand et pastelier castillan, né vers 1503 à Burgos et mort fin 1563 dans la même ville, appartenant à la célèbre famille de marchands des de Bernuy. Il est le fils de Diego de Bernuy Dávila, et le neveu du capitoul toulousain Jean de Bernuy[1].

Diego de Bernuy de Orense
Biographie
Naissance
Vers 1503
Burgos
Décès

Burgos
Nationalité
Activité
Négoce de pastel
Famille
Père
Diego de Bernuy Dávila
Mère
Isabel de Orense de la Mota
Fratrie
Hernando de Bernuy
Juan Alonso de Bernuy
Conjoint
Guiomar Barba de Campos
Enfants légitimes
Diego de Bernuy Barba
Francisca de Bernuy
Isabel de Bernuy
Antonia de Bernuy

Biographie modifier

Jeunesse modifier

Diego de Bernuy de Orense naît vers 1503 à Burgos. Il est le deuxième enfant d'un mariage prospère entre Diego de Bernuy Dávila, richissime pastelier, et Isabel Orense de la Mota, issue d'une des familles de la noblesse les plus respectés de Burgos, dont le père, Juan Alonso de la Mota, est commandeur de l'ordre de Santiago et maire de Burgos, et le frère, Pedro Ruiz de la Mota (es), devient un évêque influent sous le règne de Charles Quint[2].

À la mort de son père en 1519, Diego n'a que seize ans. Des disputes éclatent entre les trois frères sur le partage de l'héritage et les relations se dégradent rapidement, allant même jusqu'à l'affrontement direct entre eux[3], en effet, grâce à son négoce et ses investissements, l'héritage de leur père de près de 31 850 293 maravédis[2]. C'est finalement leur mère, Isabel de Orense, qui résout les querelles en reprenant elle-même le contrôle affaires familiales.

Âge adulte modifier

Après sa majorité, Diego prend progressivement la direction de la compagnie, d'abord avec l'aide de sa mère puis avec son oncle Jean de Bernuy[4]. Ce seront les années les plus prospères de la famille, avant le déclin du commerce du pastel, dû à l'introduction de l'indigo, nouvelle plante teinturière cultivée en Amérique. Il s'appuie d'abord sur le soutien de sa famille maternelle, très influente à la cour d'Espagne, qui lui permet ainsi des relations privilégiées avec la Couronne, comme l'indique son apparition sous la dénomination de "serviteur de l'empereur" dans le livre d'armoiries de la confrérie des chevaliers de Santiago de Burgos, où il est orné d'un bouclier comportant un blason[5], preuve de plus de sa volonté d'imiter la noblesse[6]. Cependant, la mort de son oncle Pedro Ruiz de la Mota en 1522 romps ce lien et l'oblige à changer de stratégie.

D'autres associés sont aussi présents dans l'entreprise, comme Alvaro de Cuevas ou Pedro de San Estebàn, fournissant du capital. Les autres membres de la famille servent d'agents dans les points importants de commerce, comme les ports ou les marchés européens[7], avec par exemple les frères de Jean présents à Londres et à Anvers. Ainsi, le capital de la compagnie était d'au moins 200 000 000 maravédis, mais très probablement bien supérieur, en faisant une des compagnies les plus riches de Castille et d'Europe, au niveau des grandes entreprises d'Italie et d'Allemagne[8].

La mort de sa mère exacerbe encore les tensions avec ses frères, qui se disputent pour son héritage (de presque 40 000 000 maravédis) devant la justice royale[9].

En plus de l'enrichissement monétaire procuré par ses activités, Diego, dans la lignée de son père et de ses oncles, cherche aussi à adopter une vie et un comportement proche de celui de la haute noblesse de l'époque. Son succès dans les affaires commerciales en font une figure de proue du patriciado urbano, un groupe social qui malgré ses origines bourgeoises adoptait le comportement et les habitudes des nobles et de l'aristocratie[10].

Fin de vie modifier

Comme un bon nombre de membres de la famille, Diego n'échappera pas à la fièvre religieuse de la fin du XVIe siècle. A la fin de sa vie, il sera condamné par l'Inquisition castillane en raison de ses origines juives. En effet, il était considéré comme un judaïsant, autrement dit comme un catholique pratiquant secrètement la religion juive[2]. Quelques années avant sa mort, il fit la paix avec ses frères, Diego les mentionnant dans son testament, effaçant leurs dettes qu'ils avaient contractés envers lui et les recommandant à ses enfants[3]. Il meurt en 1563, en ayant fait fructifier très largement les héritages de ses parents et, à sa mort, sa fortune est évaluée à plus de 270 000 000 maravédis[11].

Notes et références modifier

  1. « Généalogie de Diego de Bernuy (3) », sur Geneanet (consulté le )
  2. a b et c (es) CVC Centro Virtual Cervantes, « CVC. Carolus. Diego Bernuy: un hombre de negocios en la España de Carlos V. Jesús Suárez Arévalo. », sur cvc.cervantes.es (consulté le )
  3. a et b Testament fermé de Diego de Bernuy Orense. Archives diocésaines de Burgos (ADB), Confrérie « Hôpital de la Conception », boîte, 1, n. 4, f. 16v.
  4. (es) Hilario Casado Alonso, Finance et commerce international au milieu du XVIe siècle : la compagnie des Bernuy, p. 325
  5. Feuillet 80, livre d'armoiries de la confrérie des Chevaliers de Santiago de Burgos
  6. (es) Yarza Luaces, 1995, p. 31
  7. Carte représentant l'espace commercial des Bernuy.
  8. (es) Hilario Casado Alonso, Finance et commerce international au milieu du XVIe siècle : la compagnie des Bernuy, p. 329.
  9. Pleito entre D. Juan Alonso de la Mota y D. Diego de Bernuy, hermanos, sobre la hacienda, herencia y mandas de Dª Isabel Orense de la Mota, su madre. 19 septembre 1560, APFB, 1040
  10. (es) Guerrero Navarrete, 2009-2010, p. 78-79
  11. (es) Hilario Casado Alonso, Finance et commerce international au milieu du XVIe siècle : la compagnie des Bernuy, p. 326

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • (es) Hilario Casado Alonso, Finance et commerce international au milieu du XVIe siècle : la compagnie des Bernuy

Articles connexes modifier