Delta Capricorni

étoile la plus brillante de la constellation du Capricorne
δ Capricorni
Données d'observation
(époque J2000.0)
Ascension droite 21h 47m 02,444s[1]
Déclinaison −16° 07′ 38,23″[1]
Constellation Capricorne
Magnitude apparente 2,83

Localisation dans la constellation : Capricorne

(Voir situation dans la constellation : Capricorne)
Caractéristiques
Type spectral A7III
Indice U-B 0,08
Indice B-V 0,30
Variabilité δ Sct/Binaire à éclipses
Astrométrie
Vitesse radiale −0,2 km/s
Mouvement propre μα = +261,70 mas/a[1]
μδ = −296,70 mas/a[1]
Parallaxe 84,27 ± 0,19 mas[1]
Distance 38,70 ± 0,09 al
(11,87 ± 0,03 pc)
Magnitude absolue 2,49
Caractéristiques physiques
Masse 0,61-1,25 M
Rayon 1,64 R
Luminosité 8,5 L
Température 7 700 K
Rotation 87 km/s

Désignations

Deneb Algedi, Scheddi, Sheddi, δ Cap, 49 Cap, GJ 837, HR 8322, HD 207098, BD-16°5943, HIP 107556, GCTP 5258.00, SAO 164644, FK5 819, ADS 15134, CCDM 21470 -1607, GC 30491[2]

Delta Capricorni (δ Cap / δ Capricorni), également nommée Deneb Algedi, est une étoile binaire située à 38,7 années-lumière dans la constellation du Capricorne. C'est l'étoile la plus brillante de la constellation avec une magnitude apparente combinée de +2,83.

Nomenclature modifier

δ Capricorni, latinisé en Delta Capricorni, est la désignation de Bayer de l'étoile. Elle porte également la désignation de Flamsteed de 49 Capricorni[2]. Deneb Algedi est le nom propre aujourd’hui approuvé de l'étoile par l’Union astronomique internationale (UAI)[3]. Ce nom vient de l’arabe ذنب الجدي Ḏanab al-Ğady, « la Queue du Chevreau », donné à cette étoile dans le cadre du ciel gréco-arabe, c’est-à-dire le ciel formaté par les Grecs dont ont hérité les astronomes arabes au IXe siècle. Du fait qu’il figure sur l’astrolabe pour δ Cap[4], il est passé dès l’an mil dans les traités latins notamment sous la forme Denebaliedi.

Transféré au Moyen Âge sur γ Cap dans les Tables alphonsines[5], ce que l’on retrouve dans l’Uranometria de Johann Bayer (1603)[6], il est revenu sur l’étoile δ Cap grâce à sa traduction du یجِ سلطانی Zīğ-i Sulṭānī ou « Tables sultaniennes » d’Uluġ Bēg (1437), où Thomas Hyde (1665) transcrit Danab AlGiedi dans sa [7]. Johann Elert Bode (1801)s’en saisit sous la forme Dsanab el-djscheddi[8], qui reprend exactement la transcription du philologue Friedrich Wilhelm Lach (1796)[9]. Relevé sous la forme Deneb Algedi par Richard Allen (1899)[10], le nom s’est communiqué sous cette forme au détriment de l’autre nom de cette étoile, Nashira.

Richard Allen (1899) relève dans certains catalogues du XIXe siècle la forme Sheddi [11], forme à laquelle on peut en ajouter une autre au XXe, Scheddi, relevée par Paul Kunitzsch[12].

Nashira est un second nom de Delta Carpricorni / δ Cap. Il vient de l’arabe سعد ناشرة Saᶜd Nāšira, « la Propice de Nashira », nom qui s’applique, dans le ciel arabe traditionnel, au couple γδ Cap, qui fait partie de la série des dix السعود « les Propices » qui marquent l’époque des pluies revivifiantes pour la nature, sachant qu’il peut être mis en rapport avec l’expression أرص ناشرة arḍ nāšira, qui se dit d’une « terre qui a bonne pâture » grâce à la pluie qui l’arrose. Le terme ناشرة Nāšira est lui-même porté comme nom d’homme apparaissant dans les inscriptions nord-arabiques et signifiant « celui qui revivifie, ressuscite », est, au départ, un nom théophore[13].

Les étoiles du couple γδ Cap étant individualisées dans les catalogues tardifs, coexistent أوّل سعد ناشرة Awwal Saᶜd Nāšira, soit « la Première de Saᶜd Nāšira pour γ Cap et تالي سعد ناشرة Tālī Saᶜd Nāšira, soit « la Suivante de Saᶜd Nāšira » pour δ Cap, dans le catalogue d’al-Tīzīnī ‘l-Muwaqqit (1533)[14]. Thomas Hyde (1665) transcrit la Prima de Nâshira pour la 1re étoile et Sequens τῶ Nâshira pour la 2de dans le Supplément à son édition du یجِ سلطانی Zīğ-i Sulṭānī ou « Tables sultaniennes » d’Uluġ Bēg (1437)[15]. Giuseppe Piazzi s’en saisit pour affecter le nom Nashira Prima à γ Cap et Nashira Posterior à δ Cap[16]. Richard Hinckley Allen (1899) réserve Deneb Algedi à δ Cap et ne conserve que Nashira pour γ Cap et [17], suivi en cela par l’UAI.

Dans le ciel traditionnel arabe est المحبّان al-Muḥibbān, « les Deux amis »[18]. Dans son édition du traité d'al-Qazwīnī (XIIIe s.), Christian Ludwig Ideler (1806) transcrit ce nom El-muḥibbain (cas objet / accusatif)[19], transcription El-Schâ, reprise par Richard Allen (1899)[20]. Mais ce nom n'est pas passé dans les catalogues internationaux.

NB: Comme elle représente la queue "en forme de queue de poisson" d'une chèvre céleste, Deneb Algedi est astrologiquement flexible, associée à la fois avec la bonne et la mauvaise fortune[21].

Propriétés modifier

Delta Capricorni est un système binaire spectroscopique et à éclipses[22],[23]. Ses deux composantes sont de magnitudes +3,2 et +5,2, et sont séparées l'une de l'autre de 0,0018 seconde d'arc. La primaire est une géante blanche de type A ainsi qu'une étoile Am. Son compagnon non résolu orbite avec δ Capricorni autour de leur centre de masse commun en 1,022768 jours, faisant décroître la luminosité de 0,2 magnitudes durant les éclipses[24].

Deux compagnons optiques ont également été détectés à proximité de δ Capricorni. L'étoile de 15e magnitude désignée δ Capricorni B est à une minute d'arc et l'étoile de 13e magnitude désignée δ Capricorni C est à deux minutes d'arc de la primaire. La distance entre la binaire δ Capricorni A et δ Capricorni C s'est fortement accrue entre 1826 et 1999[25].

Comme elle est proche de l'écliptique, δ Capricorni peut être occultée par la Lune, et également (mais rarement) par les planètes.

Références modifier

  1. a b c d et e (en) F. van Leeuwen, « Validation of the new Hipparcos reduction », Astronomy & Astrophysics, vol. 474, no 2,‎ , p. 653–664 (DOI 10.1051/0004-6361:20078357, Bibcode 2007A&A...474..653V, arXiv 0708.1752)
  2. a et b (en) * del Cap -- Eclipsing binary of Algol type sur la base de données Simbad du Centre de données astronomiques de Strasbourg.
  3. (en) IAU, « Star Names », Site « IAU », List of January 1st, 2021. »
  4. Roland Laffitte, « Les étoiles de l’astrolabe » in Le ciel des Arabes. Apport de l'uranographie arabe, Paris : Geuthner, 2012, pp. 198-203.
  5. (la) Alfonsus Rex, « Tabule astronomice Venise : Johannis Hamman de landoia dictus Hertzog, 1492, [p] 106. »
  6. (la)Johann Bayer, Uranometria, omnium asterismorum continens schemata, nova methodo delineata…, Augusta Vindelicorum : C. Mangus, 1603, fol. 31r.
  7. (la) Thomas Hyde, « Tabulae Long. ac Lat. Stellarum Fixarum ex Observatione Ulugh Beighi, Tamerlanis Magni Nepotis, Oxonii : Henry Hall, 1665, Catalogue Uluġ Bēg, pp. 96-97. »
  8. (la) Johann Elert Bode, Uranographia, sive astrorum descriptio viginti tabulis aeneis incisa ex recentissimis et absolutissimis astronomorum observationibus, Berlin : apud autorem, 1801, pl. XVI.
  9. (de) Friedrich Wilhelm Lach, « « Beitrag zur orientalischen Sternkunde », in Algemeine Bibliotek der biblischen Litteratur, Bd. VII, Stück 4, 577-651, Leipzig : Weidmann, 1796, p. 587. »
  10. Richard Hinckley Allen, Star-names and their meaning, New York & al., G. E. Stechert, 1899, réed. st. Star Names, Their Lore an Meaning, New-York: Dover Publications, 1963, p. 141.
  11. (en) Richard Hinkley Allen, Star-names... op. cit. , p. 141.
  12. (en) Paul Kunitzsch, Arabische Sternnamen in Europa', Wiesbaden : Harrassowitz, 1959, p. 155.
  13. Roland Laffitte, « Des étoiles et des dieux », in Le ciel des Arabes. Apport de l’uranographie arabe, Paris : Geuthner, 2012, pp. 35-43.
  14. (fr) Muḥammad al-Tīzīnī ‘l-Muwaqqit, « Ğadwal al-kawākib al-ṯābita ou Table des étoiles fixes », in Roland Laffitte, Des noms arabes pour les étoiles. Apport de l’uranographie arabe, Paris : Geuthner, 2012, p. 179.
  15. (la) Thomas Hyde, « Tabulae Long. ac Lat. Stellarum Fixarum ex Observatione Ulugh Beighi, Tamerlanis Magni Nepotis, Oxonii : Henry Hall, 1665, « Commentarii », p. 75. »
  16. (la) Giuseppe Piazzi, ‘’Præcipuarum stellarum inerrantium positiones mediæ ineunte sæculo XIX : ex observationibus habitis in specola Panormitana ab anno 1792 ad annum 1813, éd. Panermi : ex regia typ. militari, 1814, p. 158.
  17. Richard Hinckley Allen, Star-names and their meaning, New York & al., G. E. Stechert, 1899, réed. st. Star Names, Their Lore an Meaning, New-York: Dover Publications, 1963, pp. 140-141.
  18. (de) Paul Kunitzsch, Untersuchungen zur Sternnomenklatur des Araber, Wiesbaden : Harrassowitz, 1961, p. 81.
  19. (ar/de) Ludwig Ideler, Historische Untersuchungen über die astronomischen Beobachtungen der Alten, Berlin : C. Quien, 1806, p. 193.
  20. (en) Richard Hinkley Allen, Star-names and their meaning, New York & al., G. E. Stechert, 1899, réed. st. Star Names, Their Lore an Meaning, New-York: Dover Publications, 1963, p. 142.
  21. Wright, Anne (2003). "The Fixed Stars: Deneb Algedi". Consulté le 23 septembre 2007.
  22. (en) P. P. Eggleton et A. A. Tokovinin, « A catalogue of multiplicity among bright stellar systems », Monthly Notices of the Royal Astronomical Society, vol. 389, no 2,‎ , p. 869–879 (DOI 10.1111/j.1365-2966.2008.13596.x, Bibcode 2008MNRAS.389..869E, arXiv 0806.2878, lire en ligne)
  23. (en) K. Fuhrmann et al., « Multiplicity among Solar-type Stars », The Astrophysical Journal, vol. 836, no 1,‎ , p. 23, article no 139 (DOI 10.3847/1538-4357/836/1/139, Bibcode 2017ApJ...836..139F)
  24. Batten, A. H., 1961, "The spectroscopic orbit of delta Capricorni (HD 207098)", Publ. Dominion Astrophys. Obs., 11, 395-403.
  25. (en) Brian D. Mason et al., « The 2001 US Naval Observatory Double Star CD-ROM. I. The Washington Double Star Catalog », The Astronomical Journal, vol. 122, no 6,‎ , p. 3466 (DOI 10.1086/323920, Bibcode 2001AJ....122.3466M, lire en ligne)

Bibliographie modifier

  • Malasan, H. L. et al, 1989, "Delta Capricorni - an evolved binary or a main-sequence binary?", Astronomical Journal, vol. 97, p. 499-504.

Liens externes modifier