Darracq

ancien constructeur automobile français racheté en 1913 par sa filiale britannique A.Darracq & Co Ltd

Perpère-Darracq
logo de Darracq
illustration de Darracq
Stand Darracq au salon de l'automobile 1906 au Grand Palais.

Création 1897
Disparition 1935
Fondateurs Raoul Perpère et Alexandre Darracq
Forme juridique Société par actionsVoir et modifier les données sur Wikidata
Siège social Suresnes
Drapeau de la France France
Activité Construction de véhicules automobiles, de remorques et semi-remorquesVoir et modifier les données sur Wikidata
Produits Automobiles
Sociétés sœurs Talbot

Les automobiles Perpère-Darracq S.A. sont créées en 1897 à Suresnes par Raoul Perpère et Alexandre Darracq. L’appellation devient Talbot-Darracq en 1920 puis Talbot à partir de 1922[1].

Darracq 6,5 HP de 1901.

Histoire modifier

 
Demoiselle no 21 de Santos-Dumont à moteur Darracq flat-twin de 30 ch refroidi par eau (1909) au musée de l'Air et de l'Espace du Bourget.

Après avoir fabriqué des bicyclettes sous la marque Gladiator, le financier français Alexandre Darracq se tourne vers la construction automobile.

Lui et Raoul Perpère fondent une marque à leurs noms en 1897, les automobiles Perpère-Darracq, à Suresnes. En effet, au tournant du XXe siècle, dans un contexte d'industrialisation, de nombreuses usines sont érigées le long des berges de la Seine de la banlieue ouest-parisienne[2], jouant de la proximité avec la capitale et d'aménités géographiques particulières (transport par voie fluviale).

En 1901, Perpère-Darracq présentent une automobile entièrement conçue et construite par son entreprise, un runabout[3] qui, grâce à l'utilisation de tôle d'acier emboutie, peut être vendue à un prix compétitif : la « Darracq 6,5 HP » (HorsePower).

En 1903, l'entreprise acquiert la licence de fabrication du moteur « Léon Bollée 5 Ch » avec changement de vitesses à colonne, qui équipera toutes les automobiles de la société jusqu'à fin 1910.

Dès 1904, la société Perpère-Darracq produit 10 % de la production automobile française et, en 1910, elle devient la troisième productrice nationale après Renault et Peugeot.

En 1906, une filiale est créée à Naples (Italie), sous le nom de Società Italiana Automobili Darracq et ce afin de contourner les droits de douane.

Trois Darracq 8,5 HP participent aux éliminatoires français de la Coupe automobile Gordon Bennett sur le circuit d'Auvergne en juin 1905 (pilotées par Victor Hémery, Louis Wagner et De la Touloubre). Ces voitures sont les plus légères de la compétition, grâce à l'absence de différentiel[4].

La participation à des compétitions et tentatives de record à but publicitaire parmi lesquels deux records absolus de vitesse réussis en 1904 et 1905 ainsi que la double victoire lors de la coupe Vanderbilt aux États-Unis en 1905 et 1906, apporteront une grande renommée à l'entreprise (également victorieuse du Melbourne-Sydney en 1905) qui, peu après, connaîtra une forte expansion en s'associant à des constructeurs tels Talbot au Royaume-Uni, Opel en Allemagne, Alfa Romeo en Italie, ou la société Vitoria au pays basque espagnol.

La crise de 1909 met un frein à la production et la société « Automobiles Darracq S.A. » est vendue en 1913 à la filiale anglaise A.Darracq & Co Ltd, qui poursuivra son développement en rachetant les sociétés Talbot et Sunbeam, pour devenir le Groupe « Sunbeam-Talbot-Darracq » en 1920.

 
Fabrication d'obus à l'usine Darracq de Suresnes.

Durant la Première Guerre mondiale, l'usine Darracq de Suresnes, sise quai Gallieni, est mobilisée pour fabriquer des armes, des moteurs et des avions[5].

En 1935, Sunbeam-Talbot-Darracq est rachetée par le groupe Rootes ; la branche française de Talbot est vendue séparément à Anthony Lago, devenant Talbot-Lago. Darracq cesse d'être une marque distincte, devenant une déclinaison de Sunbeam.

Darracq Italie modifier

En 1906 est créée la Société Italienne des Automobiles Darracq et son siège est basé à Naples, afin de contourner les droits de douane. Les travaux pour la construction des ateliers débutent immédiatement pour monter des automobiles avec des composants en provenance de France. On y produit des petites bi-cylindres 8-10 HP.

En 1907, Naples étant finalement jugée trop éloignée de la France, Darracq déplace l'usine au Nord dans la zone de Portello à la périphérie de Milan pour ne pas pénaliser le projet. Dans cette toute nouvelle usine, il produit des 4 cylindres 14-16 HP de 15 ch.

Les ventes sont très réduites et la production avance péniblement. En 1909, la société est mise en liquidation. Elle est vendue à un groupe industriel lombard, qui change la raison sociale en société Anonyma Lombarda de Fabbrica di Automobili, autrement dit ALFA, qui deviendra Alfa Romeo en 1918, après que Nicola Romeo soit entré dans le capital comme gestionnaire de la société.

Anecdotes modifier

 
La Darracq du film Geneviève est exposée au Musée Louwman, de La Haye.
 
Geneviève lors du London-to-Brighton, en 2010.
 
La Darracq type V14 16 HP torpédo de 1914.

L'entreprise remporte la première course organisée à Cuba, en 1903.

Darracq fut la première marque automobile à développer un système de pièces de rechange pour ses voitures. Ces pièces n'avaient pas la précision de fabrication d'aujourd'hui et il était souvent nécessaire d'utiliser un marteau. D'où le terme darracq pour le désigner[6].

En 1953, le film Geneviève met en scène une Darracq 1904, lors d'une course de Londres à Brighton.

En 2013, pour leur 100e épisode, les animateurs de l'émission britannique Wheeler Dealers : Occasions à saisir restaurent une Darracq de 1903 et participent à la Course de voitures anciennes Londres-Brighton organisée par le Royal Automobile Club (RAC)[7].

En 1907, 65 Darracq furent exportées aux États-Unis et figurèrent ainsi parmi les premiers taxis new-yorkais.

Galerie modifier

Palmarès sportif modifier

 
Algernon Lee Guinness, vainqueur sur Darracq de la côte de Gaillon 1906.
  • Course de côte d'Exelberg 1900 (Louis Gasté, à Vienne)[9];
  • Course de côte de Laffrey 1902 (Armand) ;
  • Course de côte de Königstuhl 1902 (Fritz von Opel, à Heidelberg) ;
  • Course de côte de Vigo 1903 (H. O. Hall, à Wrotham-Gravesend) ;
  • USA 1903 avec Jules Sincholle en tournée de fin juillet à début septembre sur 40 hp:
    10 miles de Yonkers, Empire City, NY., 10 miles handicap de Glenville Driving Track, Cleveland, OH.,
    ainsi qu'un 15 miles et un 5 miles organisés à Grosse Point, MI. cette dernière course devant Barney Oldfield[10];
  • Course de côte d'Houllens 1904 (Henri Béconnais) ;
  • Course de côte de Gaillon 1904 (Paul Baras) ;
  • Course de côte de Detling Hill 1904 (H. O. Hall) ;
  • Course de côte de Kirkfield Bank 1904 (J. R. Richmond, à Lanark) ;
  • Course de côte de Hedley Wood Bank 1904 (F. Turvey, à Weldon Bridge) ;
  • Course de Bahrenfeld 1904 (Victor Hémery sur Opel-Darracq) ;
  • Course de côte de Norton Summit 1904 (E. Rymill, Australie) ;
  • Course de côte de Doullens 1905 (Louis Wagner, ou Coupe de Caters) ;
  • Course de côte de Chenée 1905 (Hémery) ;
  • Course de côte de Thiers des Crichtons -"Crickions"- 1905 (Wagner, Liège)
  • Course de côte de Kirkfield Bank 1905 (Hugh Kennedy, à Lanark) ;
  • Kilomètre de Dourdan 1904 (Baras, le 3 octobre) ;
  • Record de vitesse terrestre 1904 (Baras, le 13 novembre) ;
  • Record du kilomètre lancé 1905 (13 novembre, Baras) ;
  • Sydney-Melbourne 1905 (H.L. Stevens) ;
  • Circuit des Ardennes 1905 (Hémery) ;
  • Coupe Vanderbilt 1905 (Hémery) ;
  • Course de côte de Norton Summit 1905 (E. Rymill, Australie) ;
  • Course de côte du Mont Lombert 1906 (Franchomme, à Boulogne-sur-Mer - 2 épreuves) ;
  • Course de côte du Mont Lombert 1906 (Wagner, à Boulogne - 1 épreuve) ;
  • Kilomètre de Dourdan 1906 (Algernon Lee Guinness) ;
  • Course de côte de Gaillon 1906 (Algernon Lee Guinness, et Demogeot victoire de classe) ;
  • Course de côte d'Origny-Sainte Benoîte 1906 (Guinness, à Saint-Quentin) ;
  • Course de côte de Dead Horse Hill 1906 (A.L. Campbell, à Worcester (Massachusetts)) ;
  • Course de côte de Worcester 1906 (A.L. Campbell, État de New York) ;
  • Couronne d'Or de vitesse 1906 (Victor Demogeot, au Florida Speed Carnival) ;
  • Course cubaine 1906 (Demogeot) ;
  • Coupe Vanderbilt 1906 (Wagner) ;
  • Course de côte de Norton Summit 1906 (E. Rymill, Australie) ;
  • Course de côte du Calvaire 1908 (Rawlinson, à Trouville-sur-Mer) ;
  • Course de côte de Médéa 1909 (Métrot, à Alger) ;
  • Course de côte de Preiner Gscheid 1913 (Eduard Schlosser, près de Vienne) ;
  • Course de côte de Prebichl 1913 (Eduard Schlosser, près de Vienne).

Notes et références modifier

  1. Alain Spitz, Talbot. Des Talbot-Darracq aux Talbot-Lago, éditions E.P.A.
  2. Cécile Maillard, « Suresnes célèbre le passé industriel et social de la banlieue parisienne », L'Usine nouvelle, 8 juin 2016.
  3. Runabout : à l'origine, à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, un runabout était simplement un type de véhicule destiné à la promenade (run about = courir autour) mu par un cheval ou un moteur. Vers les années 1930, sous l'influence américaine, ce terme s'est appliqué aux canots automobiles de course ou de plaisance à moteur intérieur fixe (par opposition à hors-bord).
  4. Le Figaro, 15 juin 1905
  5. Jean Fondin, Hauts-de-Seine berceau de l’automobile, ETAI, Colline de l’automobile, 1992, p. 173.
  6. Langue française, « darracq », sur languefrancaise.net (consulté le ).
  7. (en) Velocity, « Meet the 100th Car: The 1903 Darracq », sur velocity.com (consulté le ).
  8. (Champion de France de demi-fond 1890, et vice-champion de France de vitesse 1892 (3e 1891) de cyclisme sur piste professionnel)
  9. Hill Climb Winners 1897-1914 (Kolombus, par Hans Hetzrodt).
  10. ... Oldfield qui venait de la battre peu avant au 5 miles de Glenville -1903 Events in the United States (Team DAN)-

Bibliographie modifier

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