Daphnis

fils d'Hermès et d'une nymphe, dans les mythologies grecque et romaine

Dans la mythologie grecque et surtout romaine, Daphnis (en grec ancien Δάφνις / Dáphnis, de δάφνη / dáphnê, « laurier »), fils d'Hermès et d'une nymphe, est un berger de Sicile qui fut divinisé. Selon la légende, il aurait vu le jour dans les campagnes aux alentours du village d'Assoro, dans la province d'Enna.

Statuette du dieu Pan et son éromène, Daphnis, Ier siècle av. J.-C., Musée archéologique national de Naples.

Mythe modifier

Il apprit de Pan à chanter et à jouer de la flûte, et il est parfois présenté comme son amant. Il fut protégé des Muses qui lui inspirèrent l'amour de la poésie. Il fut le premier, dit-on, qui excella dans la poésie pastorale. Avant lui, les bergers menaient une vie sauvage ; il sut les civiliser, leur apprit à respecter et à honorer les dieux ; il propagea parmi eux le culte de Dionysos qu'il célébrait solennellement. Remarquable par sa beauté et sa sagesse, il était à la fois chéri des dieux et des hommes.

Il promet fidélité à la nymphe Nomia (Bergère) qui, face à son infidélité, l'aveugle ou le transforme en rocher[1],[2].

À sa mort, les nymphes le pleurèrent, Pan et Apollon, qui suivaient ses pas, désertèrent les campagnes, la terre elle-même devint stérile ou se couvrit de ronces et d'épines.

Mais Daphnis fut admis dans l'Olympe, et, une fois reçu parmi les dieux, il prit sous sa protection les pâtres et les troupeaux. La campagne changea d'aspect, elle se couvrit de verdure, de fleurs et de moissons. Dans les montagnes, on n'entendit plus que des cris d'allégresse et des chants joyeux. C'était le retour de l'âge d'ornul ne tue ou mange autrui, comme l'écrit Virgile :

« Le loup ne songe plus à tendre des pièges aux troupeaux, le chasseur à surprendre les cerfs dans ses traîtres lacs; le bon Daphnis aime la paix. Les monts incultes eux-mêmes en poussent jusqu'aux astres des cris de joie; les rochers même et les buissons prennent une voix pour dire: "C'est un dieu, Ménalque, c'est un dieu!" »

— Virgile, Les Bucoliques, V.

Compagnon d’Artémis[2], on dit que, non content de garder ses beaux troupeaux, il allait aussi à la chasse ; et tel était le charme que ce chasseur divin répandait autour de lui que, lorsqu'il mourut, ses chiens se laissèrent aussi mourir de douleur.

Ce dieu champêtre avait ses temples, ses autels ; on lui faisait des libations comme à Dionysos et à Déméter, et, pour les habitants des campagnes, c'était presque un autre Apollon. Il faut y voir l'appropriation grecque du culte d'un dieu pastoral sicane, parèdre d’une Grande Mère[2].

Virgile lui a consacré la cinquième églogue des Bucoliques. Théocrite l'évoque dans plusieurs œuvres[2].

Références modifier

  1. Un rocher portait le nom du dieu près de Cefalù.
  2. a b c et d Pierre Lévêque, « Les colonies chalcidiennes de la côte septentrionale », La Sicile, Presses Universitaires de France, 1989, p. 279-290. [lire en ligne]

Voir aussi modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie modifier

Liens externes modifier