Dégazage (industrie pétrochimique)

dégagement dans l'atmosphère des gaz d'hydrocarbures de l'industrie pétrolière et charbonnière

Dans l'industrie pétrolière, le dégazage, plus spécifiquement appelé dégazage de gaz naturel ou dégazage de méthane, est le rejet intentionnel et contrôlé de gaz contenant des alcanes, principalement du méthane, dans l'atmosphère terrestre. Il s'agit d'une méthode largement utilisée pour l'élimination des gaz indésirables produits lors de l'extraction du charbon et du pétrole brut.

Installation industrielle de ventilation posée dans un site minier.
Un ventilateur chargé d'extraire le grisou d'une mine de charbon située en Virginie en 1974, et dégazant de ce fait le méthane à l'air libre.

Le terme de « dégazage » est employé par opposition au terme de torchage, qui désigne la combustion de ces mêmes gaz libérés.

L'introduction de méthane dans l'atmosphère contribue fortement au réchauffement climatique ; en effet, bien que relâché dans des proportions plus faibles que le dioxyde de carbone, le méthane est responsable d'un effet de serre proportionnellement beaucoup plus important.

Définition modifier

Dans l'extraction du charbon, le méthane est connu depuis le XIXe siècle sous le nom de « grisou » et craint pour les explosions meurtrières qu'il est susceptible de provoquer. Aussi les exploitants de mine ventilent leurs installations souterraines, ce qui relâche le gaz directement dans l'atmosphère. À partir des années 2000, toutefois, ce méthane est peu à peu considéré comme une énergie complémentaire au charbon extrait[1],[2].

De même, dans l'industrie pétrolière, environ 140 milliards de mètres cubes de méthane sont directement relâchés dans l'atmosphère, soit une quantité équivalente à celle qui est torchée[3].

Contribution à l'effet de serre modifier

Le cinquième rapport d'évaluation du GIEC, en 2014, rappelle que le méthane est un gaz contribuant environ vingt fois plus fortement à l'effet de serre, et donc au réchauffement climatique, que le dioxyde de carbone, mais que sa durée de vie dans l'atmosphère est en revanche moindre, d'environ douze années. Cela signifie notamment qu'une action de réduction des émissions directes de méthane peuvent avoir des effets plus directement mesurables que la réduction des émissions de dioxyde de carbone. Ce même rapport estime que les émissions de méthane directement liées à des activités humaines dans le domaine des hydrocarbures représentent entre 30 et 45 % des émissions totales, le reste provenant de l'agriculture et des zones humides[1],[4]. Une étude de février 2020 montre que ces estimations de la part anthropique des émissions de méthane sont sous-évaluées de 25 à 40 %[5].

Les émissions méthanières directes dues à l'exploitation du pétrolière représentent un effet de serre seize fois plus important que les émissions de dioxyde de carbone résultant du torchage[3].

Notes et références modifier

  1. a et b « Méthane issu des mines de charbon : réduction des émissions, avancement des techniques de récupération et valorisation », Global Methane Initiative, (consulté le ).
  2. Lev Alexandrovitch Poutchkov (ru), « État actualisé de la situation et des activités de l’équipe spéciale des avantages économiques découlant de l’amélioration de la sécurité dans les mines de charbon grâce à l’extraction et à l’exploitation du méthane de ces mines », Conseil économique et social des Nations unies,‎ (consulté le ).
  3. a et b (en) Raphael Calel et Paasha Mahdavi, « Opinion: The unintended consequences of antiflaring policies—and measures for mitigation », Proceedings of the National Academy of Sciences, vol. 117, no 23,‎ , p. 12503–12507 (ISSN 0027-8424 et 1091-6490, PMID 32434912, DOI 10.1073/pnas.2006774117, lire en ligne, consulté le ).
  4. (en) Adam Vaughan, « Fossil fuel industry's methane emissions far higher than thought », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne).
  5. (en) Benjamin Hmiel et al., « Preindustrial 14CH4 indicates greater anthropogenic fossil CH4 emissions », Nature, no 578,‎ , p. 409-412 (ISSN 1476-4687, DOI 10.1038/s41586-020-1991-8, lire en ligne).

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

Bibliographie modifier

  • [Uchupi, Swift & Ross 1996] (en) Elazar Uchupi, S.A. Swift et D.A. Ross, « Gas venting and late Quaternary sedimentation in the Persian (Arabian) Gulf », Marine Geology, vol. 129, nos 3-4,‎ , p. 237-269 (ISSN 0025-3227, DOI 10.1016/0025-3227(96)83347-0, lire en ligne)
  • [Tomaru, Lu, Snyder & Fehn 2007] (en) Hitoshi Tomaru, Zunli Lu, G. T. Snyder et U. Fehn, « Origin and age of pore waters in an actively venting gas hydrate field near Sado Island, Japan Sea: Interpretation of halogen and 129I distributions », Chemical Geology (en), vol. 236, no 3,‎ (ISSN 0009-2541, DOI 10.1016/j.chemgeo.2006.10.008, lire en ligne)
  • [Riedel et alii 2018] (en) Michael Riedel, Martin Scherwath, Miriam Römer, Maria das Dores Magalhães Veloso, M. Heesemann et G. D. Spence, « Preindustrial 14CH4 indicates greater anthropogenic fossil CH4 emissions », Nature Communications,‎ (ISSN 2041-1723, DOI 10.1038/s41467-018-05736-x, lire en ligne)
  • [Mary Barrett 2018] (en) Mary L. Barrett, « A History of Louisiana Casinghead Gas Venting and Flaring: Patching together Incomplete Regulatory Records, 1930s–1970s », Journal, Gulf Coast Association of Geological Societies, vol. 68,‎ , p. 659 (présentation en ligne)
  • [Mary Barrett 2020] (en) Mary L. Barrett, « U.S. Natural Gas Flaring & Venting, Late 1800s and Onward: Determining a Magnitude of Historic Losses », Oil-Industry History, vol. 21, no 1,‎ , p. 33-56 (lire en ligne)