Décret-loi tunisien du 13 septembre 2022

loi tunisienne sur la liberté de la presse

Le décret-loi tunisien du 13 septembre 2022 ou décret-loi 54, signé par le président tunisien Kaïs Saïed le [1], est un décret vise à lutter contre les « fausses informations et rumeurs » sur Internet en Tunisie. L'article 24 du décret prévoit une peine pouvant aller jusqu'à cinq ans de prison et une amende pouvant aller jusqu'à 50 000 dinars pour quiconque diffuserait de telles informations[2]. Ce montant est doublé si la déclaration offensante concerne un représentant de l'État[3].

Contexte modifier

Depuis la révolution tunisienne de 2011, la Tunisie jouit de la plus importante liberté de la presse de tous les pays arabes. Cependant, à la suite des attentats terroristes de 2015, la liberté de la presse est de plus en plus réprimée[4].

Contenu modifier

Critiques modifier

Le nouveau texte, rédigé et approuvé à la suite de la crise politique en cours depuis 2021, est critiqué. Le président du Syndicat national des journalistes tunisiens (en), Mahdi Jelassi, qualifie le décret-loi de « nouveau revers pour les droits et libertés »[5]. Il ajoute que « les sanctions imposées aux personnes publiant sur quelque réseau que ce soit constituent un coup dur porté aux valeurs révolutionnaires qui accordaient la liberté à tous les journalistes et à tous les Tunisiens », et compare cette législation aux lois dictatoriales utilisées par l'ancien président Zine el-Abidine Ben Ali pour faire taire les dissidents[6]. La Commission internationale de juristes basée à Genève, en Suisse, affirme que la loi autorise le président à censurer toute communication Internet qu'il n'approuve pas, notant que l'article 24 ne précise pas ce qu'est un mensonge ou une rumeur. En , cinq rapporteurs spéciaux des Nations unies expriment leurs « profondes inquiétudes » concernant le décret et sa compatibilité avec le droit international, Amnesty International le qualifiant de « draconienne »[réf. nécessaire].

En , au moins 14 personnes ont fait l'objet d'une enquête en vertu de la loi, certaines ayant été arrêtées et emprisonnées, selon la Tunisie. Parmi eux, Mehdi Zagrouba, un avocat, a écrit un message sur Facebook accusant le ministre de la Justice d'avoir fabriqué des preuves dans une affaire contre 57 juges accusés de corruption et de retards présumés dans les poursuites dans des affaires de terrorisme présumées ; Zagrouba purge actuellement[Quand ?] une peine de 11 mois de prison et est interdit d'exercer son métier pendant cinq ans[réf. nécessaire].

Références modifier

  1. « Décret-loi n°2022-54 du 13 septembre 2022, relatif à la lutte contre les infractions se rapportant aux systèmes d'information et de communication », Journal officiel de la République tunisienne, no 103,‎ , p. 2655-2660 (ISSN 0330-7921, lire en ligne [PDF]).
  2. Samir Dridi, « Décret-loi 54 : l'épée de Damoclès », La Presse de Tunisie,‎ (ISSN 0330-9991, lire en ligne, consulté le ).
  3. « En Tunisie, le décret 54 veut faire taire les voix de l'opposition », sur inkyfada.com, (consulté le ).
  4. (ar) « رئيس تونس يصدر مرسوما يقر السجن لمن ينشر أخبارا كاذبة », sur arabic.euronews.com,‎ (consulté le ).
  5. (en) Simon Speakman Cordall, « Media rights retreat in Tunisia as gov't tightens freedoms », sur aljazeera.com, (consulté le ).
  6. (ar) « اعتبر اعتداء على الحريات.. مرسوم رئاسي تونسي بفرض عقوبات بالسجن وغرامات على نشر "الأخبار الكاذبة" », sur aljazeera.net,‎ (consulté le ).