Cuesmes

localité de Belgique

Cuesmes (en Wallonie, [kwɛm][3]; en picard [kɥɛm]) est une section de la ville belge de Mons, située en Wallonie dans la province de Hainaut.

Cuesmes
Cuesmes
Monument aux morts de Cuesmes
Blason de Cuesmes
Héraldique
Administration
Pays Drapeau de la Belgique Belgique
Région Drapeau de la Région wallonne Région wallonne
Communauté Drapeau de la Communauté française de Belgique Communauté française
Province Drapeau de la province de Hainaut Province de Hainaut
Arrondissement Mons
Commune Mons
Code postal 7033
Zone téléphonique 065
Démographie
Gentilé Cuesmois(e)[1]
Population 9 964 hab. (1/1/2020[2])
Densité 1 056 hab./km2
Géographie
Coordonnées 50° 26′ 10″ nord, 3° 55′ 14″ est
Superficie 944 ha = 9,44 km2
Localisation
Localisation de Cuesmes
Localisation de Cuesmes au sein Mons
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Cuesmes
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Cuesmes
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Cuesmes

C'était une commune à part entière avant qu'elle ne fusionne le avec Mons[4].

Le village vu du Mont Héribus.
Le Mont Héribus.

Évolution démographique modifier

  • Sources : INS, Rem. : 1831 jusqu'en 1970 = recensements, 1976 = nombre d'habitants au 31 décembre.

Géographie modifier

Cuesmes est située au sud-est de Mons, dont elle est contiguë, et s’étend sur 944 hectares. Au nord se situe Jemappes. Au sud se situent Frameries, dont l’altitude s’élève à 40 m, et la Malogne, site géologique, dont les hauteurs crayeuses s’élèvent à 81 m. À l’est se situent Mons, Hyon et Ciply, dont les altitudes varient de 40 à 60 m. On y trouve également le Terril de l'Héribus, s'élevant à une altitude de 107 mètres. À l’ouest, le sol s’élève vers Flénu et le sommet du terril sur le site du charbonnage du Levant.

Cuesmes fait partie, et forme la limite, du pays du Borinage, elle limite également le Vieux Borinage, qui est constitué des anciennes agglomérations industrielles de Wasmuel, Quaregnon, Jemappes, Flénu, Hornu, Wasmes, Pâturages, La Bouverie et Frameries.


Michel Gaupin, Projet de plan d’animation sociale pour une commune fusionnée : Cuesmes, p.15, 1972 Michel Gaupin, Projet de plan d’animation sociale pour une commune fusionnée : Cuesmes, p.15, 1972

Toponymie modifier

Le nom de l’entité « Cuesmes » tient son origine de plusieurs orthographes : Coesmes, Kuesmes, Quesmes, Quemmes, Quesnes, Quennie, Comis. Quesnes signifie chêne : la ville de Cuesmes est donc nommée ainsi en référence au grandes forêts qui occupaient la ville durant la période de l'Antiquité et du Moyen Âge.

Histoire modifier

Les hommes s’établissent le long de la Trouille (Dechelette de Meaux), qui est différente de la rivière actuelle. La faune, très riche, procure à la population une large subsistance, et les terres voisines lui apportent de petits gisements de silex avec lequel elle façonne ses premières armes et ses premiers outils.

Cuesmes est un des plus anciens villages de la région[5]. Des outils de l'Âge de pierre y ont été découverts.

Période belgo-romaine modifier

Les Celtes ont fait souche, et la population s'est développée si rapidement que, d'après César, elle a atteint un million d'habitants disséminés sur un vaste territoire couvert de halliers.

Dans des tombes celtiques, sur les pentes de l’Héribus, on a retrouvé des bijoux, des monnaies et des armes[6].

En 1856, une tombe romaine du Bas-Empire a été mise au jour à la limite de Cuesmes et de Jemappes[6]. D'autres vestiges gallo-romains sont attestés à Cuesmes[6].

La domination franque modifier

C’est pendant la période franque que, pour la première fois, par les chroniqueurs du temps, Cuesmes est cité sous le nom de « Cömoe »[réf. nécessaire].

Au VIIe siècle, la commune était une dépendance de Sainte-Waudru de Mons. Elle s’étendait même jusqu’à Cantimpret.

En 650, sainte Ave (dans les vieux textes : sainte Aye ou Aya) a fait élever, sur le versant Nord du mont Genestroit, un couvent autour duquel devait s'établir un grand nombre de familles qui vivaient, jusque-là, cachées au creux des marais ou de la profondeur des bois couvrant Cuesmes.

Un cimetière mérovingien a en outre été découvert au "Tir à Pigeon", où plus de 150 tombes ont été fouillées de 1958 à 1966 par Dominique de Gennaro, Charles Leblois, Yves Leblois et Claude Meunier[6].

La période féodale modifier

Le 25 août 1295, Jean d’Avesnes, comte de Hainaut, a promis d’acheter le Cantimpret pour l’incorporer à la cité de Mons et le mettre sous le jugement des échevins de cette ville. Ce projet n'a pas abouti. Cuesmes jouit de franchises communales, accordées par une charte du 28 décembre 1297.

Période espagnole (1555 - 1714) modifier

En 1572, Mons connait un long siège livré par Ferdinand Alvare de Tolède, duc d'Albe. La ville, occupée par l'armée des Gueux, sous le commandement de Louis de Nassau, manque un jour de vivres. Le commandant de la place décide de faire une sortie, afin d'aller couper du froment et du seigle dans les campagnes environnantes. Ses hommes se font attaquer par les Espagnols. Contraint à battre en retraite, ils sont poursuivis jusqu'aux remparts de Mons.

En 1615, Mons est touché par une épidémie de peste se répandant dans la région. 500 habitants y meurent. Les autorités de la ville font déverser dans les eaux de la Trouille des cadavres de chiens et de chevaux, sans prendre la précaution préalable d'ouvrir la grille de la porte à eau. Les chairs pourrissent et forment bientôt un amas pestilentiel. Peu après, des inondations surviennent et les eaux chargées de microbes mortels se répandent à travers la campagne cuesmoise, propageant ainsi la terrible maladie.

À l'avènement du XVIIe siècle, le pays, qui ne cesse d'être ravagé par les guerres de Religion, est toujours sous la domination espagnole. Une prospérité relative naît sous la conduite des Archiducs Albert et Isabelle qui encouragent le développement du commerce et des arts.

En 1672 est fondée la première société sportive du village : Les Archers St-Sébastien, dont le siège se situe dans l'actuelle rue Neuve (rue des Berceaux).

 
Le Quinquet (lampe de mineur).

En 1691, Louis XIV assiège la ville de Mons, en y installant de l'artillerie et deux bataillons du Poitou sur les hauteurs de l'Héribus. À la suite de la capitulation, les Français occupent la ville pendant une courte période.

XIXe siècle modifier

Charles Le Hardy découvre la présence de roche phosphatée à Cuesmes en 1858. L'exploitation démarre en 1873, elle sert à la production d'engrais. L'exploitation souterraine, les carrières de la Malogne, s'étend sur environ 67 hectares de chambres et piliers (3 kilomètres de long pour un maximum de 450 mètres de large). L'exploitation prend fin entre 1921 et 1925, avec une faible reprise en 1934. Le site est sous la protection de l'ASBL Projet Malogne.

Le 2 novembre 1966, Valentina Terechkova, la première femme cosmonaute, est l’invitée des Amitiés belgo-soviétiques, trois ans après son exploit. Elle prend un bain de foule à Bruxelles et à Cuesmes où elle est accueillie par René Noël.

Personnalités modifier

 
La maison Van Gogh.
  • Vincent van Gogh. Ce peintre néerlandais né le 30 mars 1853 à Groot-Zundert (Pays-Bas), s'installe à Cuesmes (rue du Pavillon n°3) afin d'y suivre sa vocation de peintre. Il y vit dans cette maison de décembre 1878 à octobre 1880. Il y vécut d'août 1878 à octobre 1880. C'est de cette époque que datent ses premiers dessins et ses lettres envoyées à son frère Théo. À partir de ce moment-là, il lui écrit régulièrement. Sa traversée du Borinage commence à Pâturages (Colfontaine), en 1878. Le jeune homme, âgé de 25 ans, est accueilli par un pasteur qui l'installe chez un colporteur au 39, rue de l'Église. Il part ensuite pour Wasmes(Colfontaine), dans une maison que très vite, il jugera trop luxueuse et qu'il ne tarde pas de quitter pour une cabane. Il occupe à cette époque, un poste d'évangéliste. Il consacre tout aux mineurs et leurs familles. Il va même jusqu'à descendre à 700 mètres dans les fosses. Lors d'un coup de grisou, il sauve un mineur. Mais son occupation ne tarde pas à être désapprouvée, on n'accepte pas sa fonction de pasteur ouvrier et cela le choque. Et de là lui viendra l'idée de s'installer à Cuesmes.
 
Plaque de la rue du Commandant Lemaire.
  • Charles Lemaire (1863-1926) : militaire et explorateur dans l'État indépendant du Congo (EIC).
  • Félicien Cattier (1869-1946) : financier et professeur de droit né à Cuesmes. Il fut président de l'Union Minière et vice-gouverneur de la Société générale de Belgique.
  • Gustave Fauconnier dit « Le Moucheu ». Ce curieux personnage vivait à la rue de Ciply au numéro 205. En 1930 et 1934, à la suite de défis, il fit à pied le trajet de Cuesmes-Paris et retour en poussant une brouette en bois de modèle ancien. Lors de son second voyage, à son retour au village, « Le Moucheu » fut reçu en grande pompe par la population cuesmoise, ses derniers pas furent guidés au son de la fanfare locale, saluant ainsi son exploit.
  • René Noël (1907 - † 1987) : dernier bourgmestre de Cuesmes, de 1965 à 1971, avant la première fusion avec le Grand-Mons en 1972.
  • Xavier Gaie : né à Cuesmes le 18 octobre 1868. Pour ses 100 ans, une grande fête fut organisée par l'administration communale le 20 octobre 1968 en présence de la famille de René Noël, bourgmestre de l'époque.
  • MC* Bestial : rappeur belge mort sur scène (à Bercy en 1983) au côté de NTM et de 2Pac. Né à Cuesmes en 1960.
  • Pierre-Joseph Delsaut[7] : ancien membre actif et tribun du parti ouvrier de Cuesmes. En 1901, il fonde la société coopérative La Persévérance et deux ans après, la boulangerie socialiste installée à la rue du Peuple. En 1915, il fut arrêté par les Prussiens avec Jules Legay et fusillé la même année au Tir national de Bruxelles pour espionnage. Neuf ans plus tard, en 1924, le parti socialiste lui éleva, un joli monument au Square Joseph Delsaut.
  • Samain Jean-Pol : écrivain, auteur de trois ouvrages : Des Sumériens à Jésus, Les Papyrus oubliés et Grül, son dernier roman de science-fiction.
  • Paul Canart (1927 - 2017) : prêtre, scriptor graecus de la Bibliothèque apostolique vaticane, paléographe et codicologue.

Économie modifier

 
Le quartier de l'arsenal de la SNCB vu du Mont Héribus

Lieux de loisir modifier

Cuesmes est le point de départ d'un Ravel (rue de Ciply) à destination d'Hornu, en passant par Flénu, Quaregnon et Colfontaine.

Il reste, comme derniers lieux de loisirs, le bois de "La Malogne" (qui constitue également un lieu historique), où un sentier tracé permet de s'y promener, ainsi que le "Terril", symbole historique du village.

La nouvelle église Saint-Rémy (construite en 1996), abrite le musée Saint-Rémy.

Notes et références modifier

  1. Jean Germain, Guide des gentilés : les noms des habitants en Communauté française de Belgique, Bruxelles, Ministère de la Communauté française, (lire en ligne), p. 40.
  2. https://statbel.fgov.be/fr/open-data/population-par-secteur-statistique-10
  3. Jean-Marie Pierret, Phonétique historique du français et notions de phonétique générale, Louvain-la-Neuve, Peeters, (lire en ligne), p. 105.
  4. Arrêté royal du 18 février 1971 portant fusion des communes de Mons, Cuesmes, Ghlin, Hyon, Nimy et Obourg.
  5. « mons.be/decouvrir/mons/village… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  6. a b c et d Leblois et Pacyna 1994.
  7. Alain Jouret, Delsaut Joseph, dans 1000 personnalités de Mons et de la région. Dictionnaire biographique, Waterloo, 2015, p. 235.

Bibliographie modifier

Éric Leblois et Daniel Pacyna, « Cuesmes, notes d'archéologie préhistorique, protohistorique, gallo-romaine et mérovingienne », Annales du Cercle archéologique de Mons, no 76,‎ , p. 3-72.

Voir aussi modifier

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Liens externes modifier