En mathématiques, la constante de Brun est la somme de la série des inverses des nombres premiers jumeaux, c’est-à-dire des couples de nombres premiers distants de 2.

Cette constante tire son nom du mathématicien Viggo Brun, qui démontra en 1919 que cette série est convergente : voir l'article « Théorème de Brun ».

Définition modifier

Soit   la suite des couples de nombres premiers jumeaux. Les trois premiers termes de cette suite sont (3, 5), (5, 7) et (11, 13).

Soit   la suite des sommes partielles des inverses des n premiers termes de la suite précédente :  . La série correspondante converge vers la constante de Brun, notée   :

 .

À la différence de la série des inverses de tous les nombres premiers qui, elle, diverge, cette série est convergente. Une divergence de la série aurait permis de prouver la conjecture des nombres premiers jumeaux ; dans la mesure où elle est convergente, cette conjecture n'est toujours pas prouvée.

Estimation modifier

Une première estimation de la constante de Brun a été effectuée par Shanks et Wrench en 1974 à l'aide des premiers jumeaux jusqu'à 2 millions[1]. R. P. Brent a calculé en 1976 tous les nombres premiers jumeaux jusqu'à 1011 et améliora le résultat[2].

Une meilleure estimation de la constante de Brun a été réalisée par Thomas Nicely en 1994 par une méthode heuristique en calculant les nombres premiers jumeaux[3] jusqu'à 1014 (T. Nicely a mis en évidence à cette occasion le bug de la division du Pentium). Il a par la suite amélioré cette approximation en utilisant les jumeaux jusqu'à[4] 1,6 × 1015. En , il donnait l'estimation suivante[5] :

B2 = 1,90216 05825 38 ± 0,00000 00014 00 puis[6] B2 = 1,90216 05832 09 ± 0,00000 00007 81.

La meilleure estimation jusqu'à 2018 de l'écriture décimale de la constante de Brun a été réalisée en 2002 par Pascal Sebah et Patrick Demichel en utilisant tous les nombres premiers jumeaux jusqu'à[7] 1016 :

B2 = 1,90216 05831 0472 ± 0,00000 00000 0031 soit B2 ≈ 1,90216 05831 04.

La suite des décimales de la constante de Brun est la suite A065421 de l'OEIS.

Prolongements modifier

L’irrationalité de la constante de Brun démontrerait la conjecture des nombres premiers jumeaux. En effet, s'il y a un nombre fini de nombres premiers jumeaux alors la constante de Brun est rationnelle en tant que somme finie de rationnels ; donc si elle est irrationnelle, alors par contraposée c'est qu'il y a un nombre infini de nombres premiers jumeaux.

Généralisation modifier

Il existe aussi une constante de Brun pour les quadruplets de nombres premiers. Un quadruplet de premiers est constitué de deux couples de premiers jumeaux, séparés d'une distance de 4 (la plus courte distance possible), soit  . Les premiers quadruplets de premiers sont (5, 7, 11, 13), (11, 13, 17, 19), (101, 103, 107, 109), (191, 193, 197, 199), (821, 823, 827, 829). À l'exception du premier, ils commencent tous par un nombre de la forme[8] 30n + 11. La conjecture des nombres premiers jumeaux est strictement plus faible que son analogue pour les quadruplets. La constante de Brun pour les quadruplets de premiers, notée B4, est la somme des inverses de tous les nombres premiers des quadruplets :

 

avec la valeur :

B4 = 0,87058 83800 ± 0,00000 00005[8].

Références modifier

  1. (en) D. Shanks et J. W. Wrench, « Brun's constant », Math. Comp., no 28,‎ , p. 293-299.
  2. (en) R. P. Brent, « Tables Concerning Irregularities in the Distribution of Primes and Twin Primes Up to 10^(11) », Math. Comp., no 30,‎ , p. 379.
  3. (en) Thomas R. Nicely, « Enumeration to 1e14 of the twin primes and Brun's constant », Virginia Journal of Science, vol. 46, no 3,‎ , p. 195-204 (lire en ligne).
  4. (en) Thomas R. Nicely, « Enumeration to 1.6e15 of the twin primes and Brun's constant », sur trnicely.net, 1999, 2011.
  5. (en) Thomas R. Nicely, « Prime Constellations Research Project », sur trnicely.net.
  6. (en) § EXAMPLE sur la suite A065421 de l'OEIS.
  7. (en) Pascal Sebah, « Counting Twin Primes and estimation of Brun's Constant up to 1016 », qui précise également : « The numbers of twin primes less than 10^16 is Pi2(10^16) = 10 304 195 697 298. »
  8. a et b (en) Thomas R. Nicely, « Enumeration to 1.6 10^15 of the prime quadruplets », sur trnicely.net, 1999, 2010.

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

Bibliographie modifier

(en) Thomas Koshy, Elementary Number Theory with Applications, Elsevier, , 771 p. (ISBN 978-0-12-372487-8, lire en ligne), p. 118-119