Conquête de la Mecque

La conquête de la Mecque est une bataille qui s'est déroulée en décembre 629 ou janvier 630[1]. Elle voit la victoire des partisans de Mahomet (Musulmans) sur les Qoreychites, et la prise de la Mecque, ville sacrée dans l'Arabie préislamique.

Conquête de La Mecque
Description de cette image, également commentée ci-après
Mahomet (visage voilé) avançant à la Mecque, avec les anges Gabriel, Michel, Israfil et Azrael
Informations générales
Date décembre 629 ou janvier 630
Lieu La Mecque (aujourd'hui en Arabie saoudite)
Issue Victoire des musulmans
Belligérants
Musulmans Qoreychites
Commandants
Mahomet
Khalid
Zubayr ibn al-Awwam
Abu Ubayda
Sa'd ibn Ubadah
Qu'ais ibn Said
Suhayl Ibn Amr
Safwan Ibn Ummaya
Ikrimah
Abu Sufyan
Forces en présence
10000 hommes 2000 à 4000
Pertes
2 hommes 12 hommes

Batailles de Mahomet

Coordonnées 21° 25′ 21″ nord, 39° 49′ 24″ est

Contexte modifier

En 628, la tribu mecquois de Quraych et la communauté musulmane de Médine signé une trêve de dix ans, connue sous le nom de traité d'Houdaybiya.

En 630, cette trêve a été rompue par le conflit entre la tribu de Banu Khuza'a alliée à Mahomet, et la tribu de Banu Bakr alliée à Quraych.

Après l'incident, Quraych a envoyé une délégation à Mahomet, demandant le maintien du traité avec les Musulmans et offrant une compensation matérielle. Les forces musulmanes s'étaient rassemblées combattre Quraych et pour l'attaque finale et la prise de La Mecque[2],[3].

La bataille modifier

L'armée musulmane s'est dirigée vers la Mecque le mercredi 29 décembre 629 (Ramadan 6, 8 hijra). 5 des volontaires et des contingents des tribus alliées ont rejoint l'armée musulmane en cours de route, augmentant sa taille à près de 10 000 hommes. C'était la plus grande force musulmane jamais réunie. L'armée est restée à Marr-uz-Zahran, située à dix kilomètres au nord-ouest de La Mecque.

Abu Sufyan, un des dirigeants de la tribu Quraych tenta de rétablir la paix. Selon des sources,[Lesquelles ?] il a rencontré Muhammad 'Abd al-Muttalib ou l'oncle d'al-'Abbâs, que certains chercheurs considèrent comme l'ancêtre de la dynastie abbasside[Information douteuse].

Leur tactique était d'avancer simultanément de tous les côtés vers un objectif central unique. Cela entraînerait la dispersion des forces ennemies et empêcherait leur concentration sur un seul front.

L'armée musulmane est entrée à La Mecque, défendue par un groupe de combattants Quraych et qui a affronté la colonne de Khalid ibn al-Walid. Après une brève escarmouche, Quraych a cédé, après avoir perdu douze hommes. Deux musulmans sont morts[4].

Dans la tradition coranique modifier

Selon la tradition musulmane, La Mecque fut conquise par Mahomet et ses partisans le 1er ou le 11 janvier 630 (le 10 de Ramadan, en l'an 8 après l'hégire), après la rupture du traité, brisée par la trahison des Quraych, lorsque la tribu des Banu Bakr, attaqua les Banu Khuza'a. Le traité stipulait que « Toute agression contre une tribu se joignant à l'une ou à l'autre partie serait considérée comme visant cette dernière[5]. ». À la suite de cette violation du traité, Mahomet rassembla une armée d'environ 10 000 hommes et marcha vers La Mecque[5]. Cet événement est également appelé Fatah al-`Adhim (la grande victoire). Les 10 000 hommes marchèrent sur la ville, et aux portes de la Mecque, ils allumèrent des milliers de flambeaux.[réf. nécessaire][6]. Le négociateur Abu Sufyan, envoyé par La Mecque auprès des Musulmans, fut contraint de se convertir à l'Islam pour conserver la vie[7]. Le biographe Ibn Hichâm relate ainsi le dialogue entre Abu Sufyan, Mahomet, ainsi que ses compagnons[7] :

  • « Malheureux, n'est-il pas temps pour toi, Abu Sufyan, de reconnaître que je suis l'envoyé de Dieu ?
  • Je donnerais ma vie pour toi ! Quant à reconnaître ce second point, j'en conçois encore au fond de moi-même quelque doute ». Abbas poursuivait : « Malheureux, convertis-toi et témoigne qu'il n'y a qu'un seul Dieu, et que Muhammad est son envoyé, avant que ta tête ne roule à terre ». Il se convertit et prononça le témoignage de la vérité »[7].

Abu Sufyan revint annoncer les conditions du prophète : la cité de La Mecque ne risque rien si elle accueille les vainqueurs sans résistances. Les musulmans investissent donc la ville sans qu'aucune goutte de sang ne tombe[8].

La religion du prophète a reconduit les cérémonies du hadj pré-islamique en supprimant toutes pratiques païennes. Et afin de se démarquer du pèlerinage païen du passé, le prophète le libère de tout lien avec le mouvement des saisons en entérinant définitivement le comput lunaire. (Coran : 9; 36sqq.)[9].

Conséquence modifier

Plusieurs personnes Qoreychites furent condamnées à mort à la suite de la prise de la ville. Abd Allâh ibn Saad ibn Sarh obtient néanmoins la protection de Othmân ibn Affân, et Ikrimah ibn Abi Jahl fut gracié à la suite de sa conversion à l'islam. Des deux chanteuses interdites par Mahomet furent également condamnées, l'une fut exécutée et l'autre graciée, également à la suite de sa conversion[10].

La Kaaba, lieu de culte pré-islamique, fut à partir de la prise de la ville, dédié uniquement à l'Islam et un lieu de culte majeur vers lequel se tournent les fidèles pour prier.

Quelques mois plus tard se déroula la bataille de Hunayn, qui vit la victoire des Musulmans sur la tribu Hawazin.

Ces batailles constituent les dernières permettant l'unification des tribus arabes du Nord, menées par Mahomet qui décède en 632. Ces successeurs, les Rachidounes, vont conduire la politique d'expansion de l'islam, et dès 633 à la guerre contre la Perse puis contre celles contre l'Empire byzantin.

Bibliographie modifier

  • Saifiyyu ar-Rahman al-Mubarakfuri. ar-Rahiq al-Makhtum (Le Nectar Cacheté), Université Islamique de Médine, Éditions Darussalam (en) (ISBN 1-59144-071-8)
  • La biographie du Prophète Mahomet, Sîra d'Ibn Hichâm. Texte traduit et annoté par Wahib Atallah. Éditions Fayard - (ISBN 2213617538).
  • Tabari (trad. Hermann Zotenberg), Chronique de Tabari - Histoire des prophètes des rois, vol. II, Actes-Sud/Sinbad, coll. « Thésaurus », 2001 (ISBN 978-2-7427-3318-7), « Mohammed, sceau des prophètes »
  • Le Prophète de l'islam, sa vie, son œuvre (en 2 tomes), Éditions Association des Étudiants Islamiques en France, ASIN 2711681017
  • Muhammad Hamidullah, Les champs de batailles au temps du Prophète édité en 1939[11].

Filmographie modifier

Voir aussi modifier

Références modifier

  1. Richard A. Gabriel, Muhammad: Islam’s First Great General, 167, 176 (lire en ligne).
  2. Peters, Muhammad and the origins of Islam, , 334 p. (ISBN 978-0-7914-1875-8, lire en ligne).
  3. Lewis, The Arabs in history, , 200 p. (ISBN 978-0-06-131029-4, lire en ligne).
  4. Lt.Gen. A.I.Akram, The Sword of Allah - Khalid bin Al-Waleed (lire en ligne [archive du ]).
  5. a et b Saifi ar-Rahman al-Mubarakfuri, Muhammad l’ultime joyau de la prophétie Éditions Maison d’Ennour (2002) (en) (ISBN 2-910891-44-5). Titre original : ar-Rahiq al-Makhtum (Le Nectar Cacheté), page 561.
  6. (ar) « قصة الإسلام | فتح مكة.. الفتح المبين », sur islamstory.com (consulté le ).
  7. a b et c Ibn Hichâm (trad. de l'arabe), La biographie du Prophète Mahomet, texte traduit et annoté par Wahib Atallah, Paris, Fayard, , 480 p. (ISBN 2-213-61753-8), Page 336, lignes 17-20.
  8. La vie quotidienne à la Mecque de Mahomet à nos jours - Slimane Zhegidour - Éd. Hachette - (ISBN 2-01-013947-X) - pages 113-114.
  9. La vie quotidienne à la Mecque de Mahomet à nos jours - Slimane Zhegidour - Éd. Hachette - (ISBN 2-01-013947-X) - page 121.
  10. [1] Abu Dawood 8:2678 at International Islamic University Malaysia (en).
  11. (en) Maulana Wahid Khan, Muhammad : a prophet for all humanity, Goodword, (lire en ligne), p. 327–333.