Compagnie générale aéropostale

compagnie aérienne fondée par Didier Daurat

Compagnie générale aéropostale
illustration de Compagnie générale aéropostale

Création 1927
Disparition 1933
Siège social Drapeau de la France France
Activité Compagnie aérienne

La Compagnie générale aéropostale (généralement connue comme simplement « l'Aéropostale ») est une compagnie aérienne française basée à Toulouse (aéroport de Montaudran). D'abord sous le nom de Société des lignes Latécoère en 1918, l'idée d'une ligne aérienne transatlantique consacrée au service postal mais aussi au transport de passagers, rêvée par Pierre-Georges Latécoère, se réalise au fil des années 1920 sous l'impulsion de Marcel Bouilloux-Lafont, repreneur de « la Ligne » sous le nom de Compagnie générale aéropostale en 1927. À la suite de difficultés financières, la compagnie est mise en liquidation judiciaire en 1931 et ses actifs sont repris par l'État français en 1933 au sein d'un nouvel ensemble, la SCELA (Société centrale pour l'exploitation des lignes aériennes) qui sera renommé Air France quelques jours plus tard.

Son Histoire modifier

 
Lignes Aériennes Latécoère
 
Bon de la Compagnie Générale Aéropostale en date du 5 novembre 1928
 
Monument commémoratif à Tarfaya, escale de l'Aéropostale.

La fondation et l'expansion modifier

Développée au lendemain de la Première Guerre mondiale, l'aviation postale doit beaucoup au courage de ses premiers pilotes, véritables pionniers de l'aviation, que certains considèrent comme des héros. En effet, dans les années 1920, chaque vol est une aventure risquée, qui peut être fatale. Le quotidien et les exploits de ces pilotes sont notamment rapportés par l'écrivain Antoine de Saint-Exupéry — pilote de l'Aéropostale lui-même — dans son roman Vol de nuit (qui décrit un vol postal en Amérique du Sud), ainsi que dans d'autres œuvres.

Dès 1918, Pierre-Georges Latécoère imagine une ligne aérienne reliant la France au Sénégal en passant par l'Espagne et le Maroc. C'est le vol du entre Toulouse et Barcelone, piloté par René Cornemont, avec un Salmson 2A2 qui est considéré comme le vol inaugural[1]. Il fonde alors la Compagnie Générale d'Entreprises Aéronautiques qui crée puis exploite les lignes Toulouse-Casablanca, Casablanca-Dakar (par Agadir, Cap Juby, Villa Cisneros, Port-Étienne, Saint-Louis) et Recife - Rio au Brésil. Il s'entoure notamment de Beppo di Massimi qui est désigné comme administrateur des lignes aériennes Latécoère à Madrid, de Didier Daurat qui devient directeur d'exploitation et est chargé du recrutement des pilotes qui doivent d'abord effectuer « le royal cambouis », c’est-à-dire rester au sol pour effectuer la maintenance des avions. C'est chez Latécoère que Mermoz, Saint-Exupéry et Guillaumet ont fait leurs premières armes, non sans difficultés : les tribus maures capturent les aviateurs contraints à un atterrissage forcé sur leurs territoires et ne les rendent que contre de fortes rançons, Saint-Exupéry négociant souvent avec ces tribus insoumises. Très vite les avions volent à deux au cas où l'un tombe en panne[2].

En avril 1927, Marcel Bouilloux-Lafont, maire d'Étampes de 1912 à 1929 et conseiller général de Seine-et-Oise de 1919 à 1932, crée la Compagnie Générale Aéropostale, plus connue sous le nom d'« Aéropostale » en achetant 93 % de la C.G.E.A (Compagnie Générale d'Entreprises Aéronautiques) de Pierre Georges Latécoère. Faute de moyens financiers et d'appui politique, ce dernier avait de fait renoncé à son projet, ainsi qu'à son désir de relier la France à l'Argentine.

La possession et le contrôle des lignes aériennes représentent à l'époque un enjeu important et la lutte est engagée entre l'aviation française et l'aviation allemande. Ce sont les premiers qui l'emporte, lorsque la liaison Europe-France-Amérique du Sud voit le jour dès le avec le tronçon Natal-Buenos-Aires. La jonction entre les tronçons France-Afrique (création en 1927 d'un aérodrome à Cap Juby (Tarfaya), au Sahara espagnol) et le tronçon de l'Amérique du Sud se fait le [3]. Le personnel affecté à ce service comprend outre les chefs de bases, 72 pilotes, 200 mécaniciens, 50 radios, 400 manœuvres, 40 officiers de marine, 300 marins. Le matériel se compose de 200 avions, 10 hydravions, 500 moteurs, 6 avisos rapides, 4 dépanneurs, 6 vedettes, 3 citernes à mazout, 2 citernes à eau.

À la fin de l'année 1928, il rassemble 81 pilotes, 250 mécaniciens, 53 radios, 260 marins, 318 avions, 21 hydravions, 1351 moteurs, 6 avisos, 10 vedettes et 4 dépanneurs[4].

Malgré la traversée de l'Atlantique Sud par Mermoz en 1930, la compagnie continue pendant des années, les liaisons océaniques par avisos, l'état français imposant pour le survol de l'Atlantique des hydravions multimoteurs. En attendant, l'Aéropostale développe et multiplie de nombreuses lignes sur le continent sud-américain[5], vers l'Uruguay, l'Argentine, la Patagonie et le Chili, par-dessus la cordillère des Andes.

Si la compagnie croit, dès le début, effectuer toutes les dépenses nécessaires à l'organisation complète de sa ligne, c'est que, face à des concurrents puissants et fortement soutenus par leurs gouvernements (telle la Lufthansa ou la Pan Am), elle veut gagner de vitesse ses adversaires. Grâce à cette organisation, coûteuse mais complète et efficace, la Compagnie a obtenu des résultats qui ont rencontré partout, et spécialement à l'étranger, de nombreux éloges[réf. nécessaire].

 
Le réseau de lignes de l'Aéropostale en 1930. En pointillé les lignes projetées.

À la veille du , l'Aéropostale obtient les résultats suivants[réf. nécessaire] :

  • 3 millions et demi de kilomètres parcourus chaque année, plus de 300 voyages complets sont effectués de bout en bout entre la France et l'Argentine ;
  • 27 millions de francs de recettes commerciales en 1930, contre 17 millions en 1929 ;
  • 98 % des recettes postales aériennes françaises ;
  • 25 États européens, africains ou sud-américains utilisant ses services ;
  • 32 millions de lettres transportées en 1930, contre 22 millions en 1929.

Le déclin et la postérité modifier

Pourtant le , la compagnie est mise en liquidation, en partie à cause de la crise mondiale du 21 octobre 1929, mais aussi en raison du refus de la classe politique française d'aider l'Aéropostale. « En quelques jours, l'essor de l'Aéropostale, s'est trouvé brisé, et le fruit d'un travail aride de plusieurs années est fortement compromis[6]. » Marcel Bouilloux-Lafont, tentant de sauver l'œuvre entreprise, met toutes ses ressources dans la balance, y compris sa fortune personnelle. La période de liquidation dure deux ans. Elle s'accompagne de scandales financiers[7].


En 1933, le gouvernement impose un regroupement aux compagnies françaises d'aviation. Les quatre plus importantes, Air Orient, Air Union, la CIDNA et la SGTA-Farman forment la SCELA qui prend le nom d'Air France et rachète les actifs de la Compagnie générale aéropostale. Marcel Bouilloux-Lafont meurt ruiné en février 1944, à Rio de Janeiro.

La règle de l'Aéropostale était de « toujours aller voir », donc de toujours décoller. Le fil rouge, « toujours aller voir », entre la C.G.E.A (1919-1927, France-Sénégal), Aéropostale (1927-1933, France-AMS), Airbleu (1935-1939, France) et Postale de Nuit (1945-2000, France) a été le tandem Daurat-Vanier.

En 1991, les groupes Air France et La Poste sont toujours propriétaires de L'Aéropostale, SEA (Société d'exploitation aéropostale) jusqu'en 2000. Les appareils de la compagnie (Boeing 737 Quick Change) transportent des passagers le jour sous numéro de vol Air France, Air Inter, Air Charter ou à de rares occasions Corsair. De nuit, les sièges sont ôtés et les avions en version cargo sont exploités par La Poste, Chronopost ou Le Figaro[réf. nécessaire]. Enfin, Europe Airpost est créée en avril 2001. Il s'agit d'une filiale à 100 % de La Poste, compagnie spécialisée dans le fret postal mais aussi dans l'exploitation charter de vols passagers.

En 2003, La Poste vend Europe Airpost à la compagnie irlandaise Air Contractors. Depuis 2008, Europe Airpost fait partie du groupe irlandais ASL aviation, filiale de la Compagnie maritime belge (CMB) et de Petercam, groupe financier belge.

Personnalités modifier

 
Jean Mermoz, pilote célèbre de l'Aéropostale, et son ami Victor Etienne, lui aussi pilote de la compagnie.

Dirigeants modifier

Pilotes célèbres modifier

Industriels modifier

Histoire modifier

Aéropostale et littérature modifier

L'Aéropostale et la poste aérienne au cinéma modifier

L'Aéropostale en bande-dessinée modifier

  • Mermoz de Jean-Michel Charlier et Victor Hubinon, Dupuis 1956, réédition : Musée Air France, 2001.
  • Xibalba de Simon Roussin, Éditions 2024 octobre 2018.
  • Sarane de Lax, Air Libre 1994, fiction relatant la captivité de Mermoz dans le désert.
  • Saint-Exupéry. Le Dernier vol de Hugo Pratt, Casteram 1995.
  • Biggles raconte Saint-Exupéry de Philippe Durant et Claude Laverdure, Le Lombard 2003.
  • Au-delà des nuages de Romain Hugault et Régis Hautière, Paquet 2006, fiction relatant l'accident de Guillaumet dans les Andes.
  • Le vent des cimes de Eric Buche et Christian Perrissin, Glénat 2003, fiction inspirée de l'accident de Guillaumet dans les Andes.
  • Max et Zoé dans le plus gros avion du monde de Etienne Davodeau et Joub, Delcourt 2011, fiction "jeunesse", mettant en scène l'hydravion géant hexamoteur, Latécoère 521 Lieutenant de Vaisseau Paris.
  • L'Aéropostale, des pilotes de légende, Tome 1 ; Guillaumet de Christophe Bec, Patrick A.Dumas et Diogo Saïto, Éditions Soleil, 2013.
  • L'Aéropostale, des pilotes de légende, Tome 2 ; Mermoz de Christophe Bec, Patrick A.Dumas et Diogo Saïto, Éditions Soleil, 2014.
  • L'Aéropostale, des pilotes de légende, Tome 3 ; Vachet de Christophe Bec, Patrick A.Dumas et Diogo Saïto, Éditions Soleil, 2014.
  • L'Aéropostale, des pilotes de légende, Tome 4 ; Saint-Exupéry de Christophe Bec, Patrick A.Dumas et Digikore Studios, Éditions Soleil, 2016.
  • L'Aéropostale, des pilotes de légende, Tome 5 ; Mermoz - Livre II de Christophe Bec et Bernard Khattou, Éditions Soleil, 2017.
  • L'Aéropostale, des pilotes de légende, Tome 6 ; Henri Rozès de Christophe Bec, Fabrizio Faina et Mauro Salvatori, Éditions Soleil, 2018.
  • L'Aéropostale, des pilotes de légende, Tome 7 ; Cap Juby de Christophe Bec et Michel Suro, Éditions Soleil, 2019.
  • Saint-Exupéry, le seigneur des sables de Pierre-Roland Saint Dizier, Cédric Fernandez et Franck Perrot, Éditions Glénat, 2014.
  • Saint-Exupéry, le royaume des étoiles de Pierre-Roland Saint Dizier, Cédric Fernandez et Franck Perrot, Éditions Glénat, 2016.

L'Aéropostale au théâtre modifier

Aéropostale et philatélie modifier

Les plis délivrés par l'Aéropostale pendant l'entre-deux-guerres sont recherchés des collectionneurs en raison de l'imaginaire entourant ces vols. Un pli ainsi délivré a souvent la particularité d'être tamponné plusieurs fois à chacune des étapes du voyage. Le collectionneur peut ainsi reconstituer le parcours et, parfois, les péripéties d'un voyage.

Les entreprises issues de l'Aéropostale, ainsi que les associations de collectionneurs, ont pris l'habitude progressivement de confectionner des enveloppes spéciales pour commémorer l'ouverture d'une ligne de transport aérien du courrier.

Depuis les dernières décennies du XXe siècle, les administrations postales émettent régulièrement des timbres célébrant l'anniversaire de la première liaison aérienne (souvent postale) de leur territoire avec un autre pays.

Souvenir modifier

Notes et références modifier

  1. Laurent Albaret, « Ce jour-là... 25 décembre 1918 ouverture du premier tronçon de la ligne. L'aéropostale se lance dans l'aventure », Le Fana de l'Aviation, no 589,‎ , p. 68-78.
  2. Benoît Heimermann et Olivier Margot, L'aéropostale. La fabuleuse épopée de Mermoz, Saint-Exupéry, Guillaumet, Arthaud, (ISBN 978-2-7003-9598-3), p. 146
  3. Frantz-Reichel 1928
  4. Le Rêve d'un Vol, Bernard Mark, p. 161
  5. Mary 2012, p. ??[réf. incomplète]
  6. Gardons à la France l'Aéropostale : Lettre ouverte au docteur Eckener - Marcel Bouilloux-Lafont, Le Figaro, 26 mai 1931
  7. Neiertz, Nicolas, « Argent, politique et aviation. L'affaire de l'aéropostale (1931-1932) », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, Persée, vol. 24, no 1,‎ , p. 29–40 (DOI 10.3406/xxs.1989.2183, lire en ligne, consulté le ).

Bibliographie modifier

Annexes modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier