Cofinalité

notion mathématique

Considérons un ensemble A muni d'une relation binaire ≤. Un sous-ensemble B de A est dit cofinal si :

pour tout élément a de A, il existe un élément b de B tel que ab ;
a ∈ A, ∃ b ∈ B \ ab.

La cofinalité de l'ensemble A est le cardinal du plus petit sous-ensemble cofinal de A.

La cofinalité d'un ordinal limite est le plus petit ordinal tel qu'il existe une fonction non majorée. Cet ordinal est usuellement noté ou [1].

Intuitivement, est le plus petit nombre de pas à faire pour arriver au bout de .

Par exemple, on peut aller au bout de en pas, avec la fonction identité, mais on ne peut pas aller au bout de en un nombre fini de pas. On a donc .

Un cardinal qui est égal à sa cofinalité, comme ici, , est appelé cardinal régulier.

De même, on peut aller au bout de en pas mais on ne peut pas le faire en un nombre dénombrable de pas. On a donc  ; qui est donc aussi un cardinal régulier.

En revanche, on peut aller au bout de en pas, avec la fonction définie par , donc .

Un cardinal qui n'est pas régulier, c'est-à-dire qui n'est pas égal à sa cofinalité, comme ici est appelé cardinal singulier.

Propriétés modifier

Pour tout ordinal limite  , on a les propriétés suivantes :

  •   existe ;
  •   est un cardinal ;
  •   est régulier, autrement dit   ;
  • Si   et   alors   est borné ;
  • si   est un ordinal limite, alors   ; par exemple,  .

Pour tout cardinal infini  , on a les propriétés suivantes :

  •  , c'est une conséquence du théorème de König ;
  • pour tout cardinal  ,   ; pour   et  , on obtient  , on a donc en particulier   ; ceci est également une conséquence du théorème de König.

La cofinalité des cardinaux permet de mettre en évidence certaines différences de comportements. Par exemple, vis-à-vis de l'exponentiation cardinale, William B. Easton (en) a essentiellement prouvé que, pour les cardinaux réguliers, les seules contraintes prouvables dans   sur la fonction   sont   et  [2]. Pour les cardinaux singuliers, la situation est différente. Notamment, Jack Silver (en) a démontré que si   est singulier et de cofinalité non dénombrable, et si pour tout  ,   alors  [3].

Généralisations modifier

On peut généraliser la notion de cofinalité à n'importe quel ensemble préordonné : si   est un ensemble préordonné, la cofinalité de   est le plus petit cardinal d'une partie   cofinale dans  , c'est-à-dire telle que pour tout   il existe   tel que  .

Par exemple, si   est l'ensemble des fonctions de   dans lui-même muni du préordre   défini par   si et seulement si   pour tout entier   à partir d'un certain rang, alors la cofinalité de ce préordre, noté généralement   et appelé le nombre dominant (anglais : dominating number), est un cardinal compris entre   et  , mais sa valeur exacte ne peut pas être déterminée dans l'axiomatique usuelle de la théorie des ensembles, ZFC.

La théorie PCF (en), introduite par Saharon Shelah, étudie les cofinalités possibles des ultraproduits de certains ensembles ordonnés. Cela lui a permis de démontrer de nouvelles inégalités sur l'exponentiation cardinale, comme par exemple,  [4].

Références modifier

  1. MyiLibrary (Service en ligne), Set theory, Springer (ISBN 978-3-540-44085-7 et 3-540-44085-2, OCLC 757105116, lire en ligne)
  2. (en) William Bigelow Easton, « Powers of regular cardinals », Annals Of Mathematical Logic, vol. 1, no 2,‎ , p. 139-178 (lire en ligne)
  3. (en) Jack Silver, « On the singular cardinals problem », Proceedings of the International Congress of Mathematicians, vol. 1,‎ (265-268)
  4. Shelah Saharon, Cardinal arithmetic, Clarendon Press, , 481 p. (ISBN 978-0-19-853785-4, OCLC 909512480, lire en ligne)