Le clavioline est un synthétiseur monophonique (un seul oscillateur) inventé par Constant Martin en 1947.

Schéma électronique du clavioline.

Le clavioline fut l'un des premiers instruments de musique électroniques largement diffusés commercialement et connut un grand succès dans les années 1950[1],[2]. Il comportait un clavier monophonique de trois octaves produisant, à l'aide d’un oscillateur unique, des sons imitant les timbres des instruments acoustiques (trompette, violon, hautbois, etc.).

Ces sons étaient sélectionnés par la combinaison de divers commutateurs placés en façade de l'instrument ; d'autres boutons permettaient de régler le vibrato, les timbres et l'attaque cependant que le volume sonore était commandé par une tige métallique actionnée par le genou. L'instrument, portable, était composé de deux valises : l'une comprenant un amplificateur à lampes et le diffuseur sonore ; l'autre, le clavier et l'appareillage électronique.

Pensé au départ comme un complément au piano (récit « instrumental » joué au clavioline par la main droite ; accompagnement de piano à la main gauche), il fut aussi utilisé seul pour émettre des sons « électroniques », ou en petit ensemble, tel le Septuor de Claviolines dirigé par Michel Magne qui proposait un répertoire allant de « l'orgue classique » au « jazz mélodique », en passant par toutes sortes de « bruitages musicaux ». Le clavioline fut mis au point, à la suite de nombreuses années de recherche, par le facteur d’instruments électroniques Constant Martin en 1947 à Versailles. Il devint rapidement très populaire et fut fabriqué par cinq firmes à travers le monde (notamment Le Clavioline, Paris ; Selmer, Londres ; Gibson, Kalamazoo ; Jörgensen, Düsseldorf) ; rien qu’au Royaume-Uni, il s’en vendit plus de 30 000.

Vers 1949, Constant Martin construisit un prototype de clavioline « duophone », pouvant faire sonner deux notes en même temps, mais il ne fut jamais commercialisé.

Le clavioline a été utilisé par de nombreux artistes et groupes de musique « pop », de musique légère, de variété ou de jazz, le plus souvent pour donner une couleur originale à leurs enregistrements. On peut l'entendre, entre autres, sur des disques des Frank Chacksfield's Tunesmith (Little Red Monkey), des Beatles (Baby You're a Rich Man), des The Tornadoes (Telstar), de Del Shannon (Runaway) et de Sun Ra (Magic City, The Heliocentric Worlds of Sun Ra Volume II). On peut le voir et l'entendre dans le clip Summer Kisses Winter Tears, reprise d'Elvis Presley par l'actrice Lou Gala

De facture relativement simple, le clavioline pouvait être, et fut constamment, adapté, amélioré, « bidouillé ». Ainsi Max Crook, l'organiste de Del Shannon, le modifia-t-il jusqu’à le transformer en un autre instrument qu'il baptisa Musitron. Dans la chanson Runaway de Del Shannon, le solo a été joué sur un clavioline.

En 1955, le clavioliniste et orchestrateur Guy Dejardin, va lui aussi adapter l'instrument en intervenant, non pas sur les touches, mais sur un potentiomètre graphité de son cru permettant de jouer sur deux claviolines en même temps, il arrive ainsi à créer une sorte de vibrato donnant, selon les cas et les réglages, des sonorités comparables à s'y méprendre à celles du violon tzigane, du trombone à coulisse, de la clarinette de jazz, de la guitare, de la harpe, mais aussi du clavecin et de son ancêtre, le clavicorde[3].

Utilisé au commencement comme un instrument de substitution permettant à un pianiste de « jouer avec » un instrument mélodique traditionnel, son succès dans les années 1960 dériva, paradoxalement, de sa capacité à produire des sons « inouïs ». Il préfigura ainsi les synthétiseurs à la fois en tant que moyen de produire électroniquement des sons musicalement utilisables et comme instrument capable de suggérer des atmosphères inusitées et surprenantes dans toutes sortes de créations musicales.

Musique utilisant le clavioline modifier

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Bibliographie modifier

Notes et références modifier

  1. Constant Martin, « L'apport de l'électronique à l'expression musicale », Science et vie, vol. ixxviii,‎ , p. 161.
  2. A.Douglas, The Electronic Musical Instrument Manual, (London/5/1968), p. 152.
  3. article de H.R.Germain, journal La Montagne, le 15 septembre 1955.
  4. a b et c Gordon Reid, « The Story of the Clavioline », Sound on Sound,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. Brend 2005, p. 47.
  6. « Vox Electronic Organs », Music Soul (reinout.nl).
  7. Brend 2005, p. 39–40.
  8. Holmes 2012, p. 403–04.
  9. MacDonald 2005, p. 257–58.
  10. (en) Paul Tingen, « Secrets Of The Mix Engineers : Joe Chiccarelli », Sound on Sound,‎ (lire en ligne, consulté le )

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