Le mot Ciompi (mot d'origine toscane, au pluriel, non traduit : i Ciompi, « les Ciompi ») désigne au Moyen Âge la catégorie la plus pauvre des travailleurs de l'industrie textile de la république de Florence.

La statue de Michele di Lando, conçue par Ippazio Antonio Bortone (en) en 1895, comme outil de propagande
Loggia del Mercato Nuovo, Florence.

Ces travailleurs pauvres, généralement sans emploi (en toscan, scopierati), qui ne sont pas organisés dans une guilde, sont à l'origine d'une des grandes révoltes du XIVe siècle : la révolte des Ciompi (il tumulto dei Ciompi), de juin à août 1378.

Dirigés par Michele di Lando (1343-après 1384), ils réussissent à obtenir en juillet la création de guildes spécifiques et Michele di Lando, simple ouvrier cardeur, est promu gonfalonnier de justice de la république de Florence. Mais l'exercice du pouvoir n'est pas sans problèmes et le mois d'août voit le retour à l'ordre antérieur.

Cette révolte fait l'objet de développements dans l'Histoire de Florence de Machiavel, qui la présente du point de vue des classes supérieures.

Contexte socio-économique modifier

La république de Florence modifier

La république de Florence résulte du recul de l'emprise du Saint-Empire en Italie, permettant aux villes d'Italie centrale, notamment de Toscane, de se constituer en communes, en ce qui concerne Florence à partir de 1115.

La commune de Florence (1115-1434) a un système de gouvernement, dont l'organe essentiel est la Seigneurie (Signoria di Firenze), formée à partir de 1282 de neuf membres, dont six issus des guildes majeures (artie maggiori dits arti di Calimala) et deux des guildes mineures (arti minori). Le neuvième membre, le gonfalonnier de justice, est issu d'une des principales familles de la ville.

Une puissance économique à l'échelle européenne modifier

  • commerce, banque, industrie textile
  • familles Alberti, Médicis, etc.
  • ces entreprises ont des agents voire des agences à Paris, à Bruges, à Avignon, à Cologne, etc.

L'activité textile à Florence modifier

La manufacture textile est une des activités qui fondent la prospérité de Florence au Moyen Âge, aux côtés du commerce et de la banque.

  • Arti di Firenze : ce sont les organisations de métier (qu'on appelle souvent « corporations », terme est anachronique au Moyen Âge), en France : les « métiers », « jurandes », etc.

Dans le domaine de l'artisanat textile, il y a les cardeurs, les tisserands, les teinturiers, les marchands-drapiers (dont l'activité peut s'étendre à toute l'Europe).

L'industrie lainière est organisée par un organisme appelé l’Arte della Lana (« Métier de la laine »).

La société florentine modifier

  • popolo minuto et popolo grasso
  • ciompi

Contexte historique modifier

À moyen terme (les problèmes du XIVe siècle) modifier

À court terme (les années 1370) modifier

  • Conflit entre le pape Grégoire XI et les Visconti, seigneurs de Milan (1371-1375) : cette guerre touche indirectement la république de Florence, alors alliée au pape ;
  • Conflit entre la république de Florence et le pape Grégoire XI : la guerre des Huit Saints (1375-1378). La guerre prend fin avec la mort de Grégoire XI (mars 1378) et la paix est rétablie par le traité de Tivoli (juillet 1378). La république a dépensé beaucoup d'argent, et malgré la taxation du clergé (otto dei preti), toutes les catégories sociales ont été touchées.

La révolte de 1378 modifier

En 1378, au moment où la république retrouve la paix extérieure, a lieu la « révolte des Ciompi », une brève insurrection de la classe populaire laissée pour compte, qui resta un souvenir traumatisant pour les membres des métiers (et grâce auquel on peut expliquer le soutien apporté aux Médicis longtemps plus tard, représentants la stabilisation de l’ordre florentin).[pas clair]

La révolte porta brièvement au pouvoir un niveau de démocratie sans précédent européen dans la Florence du XIVe siècle.[pas clair]

Origines et début de la révolte modifier

Ce sont des tensions entre grassi qui déclenchent le soulèvement. Des membres des classes populaires, appelées à prendre part au mouvement de la fin du mois de juin de 1378, prirent plus d’importance à partir de juillet.

Ils présentent plusieurs pétitions à la Seigneurie de Florence, organe exécutif du gouvernement de la république, réclamant une politique fiscale plus équitable et le droit de constituer des arts pour ces groupes qui n’en ont pas encore.

La révolution florentine du 22 juillet 1378 modifier

Le , la couche la plus défavorisée impose au gouvernement de désigner le cardeur de laine Michele di Lando comme gonfalonier de justice.

Ils exhibent leur bannière (symbole de leur existence politique) au palais de la Seigneurie.

Ils sont soutenus soutenus par certains membres des arti minori, les arts traditionnellement sans pouvoir.

Pour la première fois, un gouvernement européen représente toutes les classes de la société[pas clair].

L'échec du gouvernement des Ciompi modifier

Mais au bout de quelques semaines, les Ciompi sont déçus, car le nouveau gouvernement échoue à satisfaire leurs demandes.

Les conflits entre les arts mineurs et les Ciompi apparaissent.

Le retour à l'ordre antérieur (31 août) modifier

Le gouvernement populaire est renversé lorsque les arts majeurs et mineurs s’unissent pour rétablir l’ordre antérieur. Le chevalier Salvestro de' Medicis joue un rôle essentiel dans ce processus.

Le , un groupe important de Ciompi s’étant réuni sur la Piazza della Signoria est dispersé par les arts majeurs et mineurs redevenus alliés.

Les arts des Ciompi sont abolis et la domination des arts les plus puissants est rétablie pour quatre ans.

Suites modifier

La période 1378-1382 de gouvernement anti-Ciompi modifier

Alliance des Ciompi et des Albizzi (1382-1434) modifier

Après l'annulation de la mesure contre l'art des Ciompi en 1382, ils s'allient avec les Albizzi qui dominent la vie politique florentine jusqu'en 1434, date du retour des Médicis, qui entraîne le départ des Albizzi et de leurs alliés, les familles Perussi, Barbadori et Strozzi[1].

Machiavel et la révolte des Ciompi modifier

L'Histoire de Florence de Nicolas Machiavel représente la révolte avec une série de débats imaginés et des discours rapportant les positions des protagonistes, selon le point de vue de ce champion de la stabilité de l’État. Ces événements furent vus par l’Église et les classes dominantes comme un phénomène de retour à l’ordre naturel de Dieu.

Notes et références modifier

  1. Cette phrase semble signifier que l'année 1382 marque un retournement politique avec la défaite et l'exil des Médicis face à d'autres familles, ce qui permet une politique plus favorable aux Ciompi. Mais les Médicis reprennent le pouvoir en 1434. A vérifier !

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Florence au Moyen Âge modifier

Révoltes du XIVe siècle au XVIe siècle modifier

Affranchissements par rapport aux seigneurs féodaux modifier

Bibliographie modifier

Le texte de Machiavel modifier

  • Nicolas Machiavel et Simone Weil, La Révolte des Ciompi - Un soulèvement prolétarien à Florence au XIVe siècle, Livre III des Histoires florentines de Machiavel, traduction de Guiraudet, revue par Laura Brignon, précédé d'une introduction de Simone Weil (La Critique Sociale, no 11, ), postface d'Emmanuel Barot : « 1378 ou l'émergence de la question moderne du sujet révolutionnaire », Toulouse, CMDE - Smolny, 2013.
  • « Un soulèvement prolétarien à Florence au XIVe siècle », introduction de Simone Weil à un texte de Machiavel, dans ses Écrits historiques et politiques, Paris, Gallimard, 1960.
  • Nicolas Machiavel, Florence insurgée - La révolte des Ciompi, Éditions L'Esprit frappeur, 1998 (ISBN 2-84405-057-3).

Autres modifier

  • Michel Mollat et Philippe Wolff, Ongles bleus, jacques et ciompi Les révolutions populaires en Europe aux XIVe et XVe siècles, Paris, Calmann-Lévy, 1970, 223 pages.
  • Alessandro Stella, La Révolte des Ciompi. Les hommes, les lieux, le travail, Paris, EHESS, 1993.
  • (en) Samuel Kline Cohn, Lust for Liberty: The Politics of Social Revolt in Medieval Europe, 1200-1425 ; Italy, France and Flanders, Cambridge (Massachusetts), Harvard University Press, 2006.

Liens externes modifier