Chartreuse de Val-di-Pesio

église italienne

Chartreuse de l'Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie
Cartusia Assumptionis Beatæ Mariæ
Chartreuse de Pesio
Chartreuse de Pesio
Existence et aspect du monastère
Nom local Certosa di Santa Maria in Valle Pesio
Site web https://www.certosadipesio.org/
Identité ecclésiale
Culte Catholique
Diocèse Mondovi
Type Chartreuse d'hommes
Armoiries ou sceau du monastère
Image illustrative de l’article Chartreuse de Val-di-Pesio
Présentation monastique
Province cartusienne Lombardie
Patronage Notre-Dame
Saint Jean-Baptiste
Historique
Date(s) de la fondation 1173
Fermeture 1802
Architecture
Localisation
Pays Drapeau de l'Italie Italie
Région Drapeau du Piémont Piémont
Ville métropolitaine Province de Coni
Commune Chiusa di Pesio
Coordonnées 44° 14′ 27″ nord, 7° 39′ 43″ est
Géolocalisation sur la carte : Piémont
(Voir situation sur carte : Piémont)
Chartreuse de l'Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie Cartusia Assumptionis Beatæ Mariæ
Géolocalisation sur la carte : Italie
(Voir situation sur carte : Italie)
Chartreuse de l'Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie Cartusia Assumptionis Beatæ Mariæ

La chartreuse de l'Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie (en latin : Cartusia Assumptionis Beatæ Mariæ) ou chartreuse du Val-de-Pez (en italien : Val-di-Pesio), est un ancien monastère chartreux, situé à 859 mètres d'altitude, au pied du massif de Marguareis, au lieu-dit Ardua, à environ 10 kilomètres du centre de Chiusa di Pesio, dans le Piémont en Italie.

Histoire modifier

La chartreuse de de Val-di-Pesio est une fondation des seigneurs de Morozzo[note 1], en l'honneur de la Vierge Marie et saint Jean-Baptiste selon la charte de fondation datée du mois d'octobre 1173[1]. Ulderico, le premier prieur, organise la maison-basse ou correrie, à gauche de la Pesio, commence le bâtiment définitif sur la rive droite, et crée également les granges de San Michele[note 2] et Rumiana[2].

Elle trouve de nombreux bienfaiteurs aux siècles suivants.

En 1218, Pesio est visité par deux prieurs des maisons savoyardes de Saint-Hugon et Aillon, qui, accompagnés de Guglielmo, inspectent ses terres et la haute vallée pour vérifier dans quelle mesure ils peuvent répondre aux besoins du monastère et réparer, puis fixent des conditions d'expansion plus larges ; enfin, en 1233, une alliance de prière est conclue avec le monastère des chartreux de Durbon[3].

Tout au long du XIIIe siècle des querelles de bornage l’opposent à la commune de Chiusa qui ont conduit à de véritables assauts contre la chartreuse, provoquant la destruction de certaines parties du monastère et le vol de biens accumulés par les religieux. Pour ces raisons, l'ordre des Chartreux décrète son abandon en 1350. La chartreuse reste déserte jusqu'au retour des moines, au début du XVe siècle, qui effectuent une restauration du monastère[2].

À la fin de l'année 1446, Louis XI, vient incognito à la chartreuse durant son exil chez son beau-père, le duc de Savoie, Louis Ier, Antoine Cocq, moine de la chartreuse, lui prédit sa rentrée en grâce auprès de son père, Charles VII. La prédiction s'étant accomplie, le dauphin fait de riches présents à la chartreuse.

En 1509, la révolte populaire des habitants de Chuisa se rallume contre la chartreuse pour un différend sur les possessions de l'actuel hameau de San Bartolomeo, à l'époque inhabité, à la limite entre la propriété de la chartreuse et celle de la municipalité de Chiusa. Sur le chemin du monastère, chaque propriété du monastère est dévastée et incendiée par les habitants, ce à quoi s'ajoutent des menaces, des mauvais traitements et des blessures contre les moines. Pour réprimer la révolte, des troupes de soldats et de commissaires sont envoyées par le duc de Savoie, Charles II, qui ramènent le calme au village et le retour des biens volés à la chartreuse[2].

L'église est consacrée en 1599.

En 1634, Le monastère accueille les princes de Piémont, Victor-Amédée Ier et Christine de France.

Elle souffre de sévices au XVIIe siècle. En 1655, une soi-disant fanfare nommée « banda del Carnevale », par haine personnelle contre les moines, assiège et ravage l'intérieur du couvent. Au XVIIe siècle, elle est complètement reconstruite.

Le 16 août 1802, la suppression des ordres religieux et des congrégations est décrétée par le gouvernement de la République française. À partir du 31 août 1802, la procédure d'abolition effective des instituts religieux commence et à partir de décembre 1802, la vie monastique dans la chartreuse de Santa Maria est terminée. Le 3 mars 1803, après l'expulsion des vingt-trois religieux et des quarante-trois autres domestiques ou salariés, tous les biens sont mis aux enchères.

Le monastère tombe dans un lent abandon qui est rapidement suivi de dévastations et de dommages au bâtiment par des tiers. Les meubles sacrés restant sont vendus aux églises voisines de la vallée : Coni , Limone Piemonte, Lurisia, Peveragno, les livres anciens à la bibliothèque municipale de Coni et les cloches d'argent au Louvre.

La chartreuse connait un bref renouveau avec l'achat, en 1840, par Giuseppe Avena qui restaure et convertit l'ancien monastère en un établissement d'hydrothérapie bien connu et apprécié ; Camillo Cavour, Massimo d'Azeglio et Marie-Clotilde de Savoie sont parmi ses fréquents visiteurs. Cependant, l'établissement connait un déclin au début du XXe siècle avec la naissance et l'avènement de nouveaux centres en Italie, ce qui conduit rapidement à un nouveau désinvestissement et à l'abandon du bâtiment.

C'est à partir de 1934, avec l'arrivée des Missionnaires de la Consolata de Turin, que la chartreuse connait une relance religieuse avec des interventions ciblées de restauration et de conservation. Aujourd'hui encore, les pères missionnaires gèrent le site de Pesio.

Moines notables modifier

Prieurs modifier

Le prieur est le supérieur d'une chartreuse, élu par ses comprofès ou désigné par les supérieurs majeurs.
Liste des prieurs d'après Carlo Tosca[4] :

  • 1173 : Ulderico, né à Casale Monferrato, venant de la Grande Chartreuse, premier prieur.
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  • 1185: Catberto, venant de la chartreuse de Durbon[3].
  • ...
  • ? : Guglielmo, plus tard à la tête de Casotto[3].
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  • 1318-1328 : Raimondo
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  • 1331-1332 : Raimondo
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  • 1442 : Vénérable Emanuele dei Conti Lascaris de Vintimille, ami de Bernardin de Sienne
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  • 1458-1465 :Stefano di Crivolo (Étienne de Crivolo) (†1494), originaire de la région de Verceil, profès de Val-di-Pesio, procureur de la chartreuse de Rome, puis prieur de Casotto, de Val-di-Pesio, visiteur de la province de Lombardie.
  • ...
  • 1529 : Carlo de ’Merli di Frabosa
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  • 1557-1559 : Giovanni Maria Mezoto
  • 1563 : Côme Festini (†1580), profès de Pavie, procureur général en 1557, déposé en 1565.
  • ...
  • 1632-1639 : Lorenzo Bergia d’Entracque
  • 1639-1644 : Urbano Boetto
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  • 1606-1613 : Angelo Parentano
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  • 1680 : Giovanni Abbiati
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  • 1757 : Paolo Donadio
  • 1798 : Pietro Giacomo Carroccio, dernier prieur

Écrivains modifier

Apothicaires modifier

Autres modifier

  • Bienheureux Ambrogio de Feis da Benevagienna (†1540), probablement originaire de Bene Vagienna, appartient à la famille noble De Feis des comtes de Piossasco, profès, puis procureur du monastère[2].

Architecture modifier

Le monastère se compose de plusieurs bâtiments articulés autour du grand-cloître, parmi les parties les plus intéressantes du monastère, remodelées aux XVIe, XVIIe et XIXe siècles. Ouverte d'un côté vers les bois et la montagne au-dessus, elle possède un portail de 250 mètres de long orné de colonnes romanes, sous lequel s'ouvrent les cellules des moines et des logements pour les groupes, les cellules sont composées d'une chambre modeste, une petite cave et un potager avec un puits. Depuis le cloître, on accède à la chapelle du prieur, une petite salle aux décors ornés de scènes religieuses et de fausses perspectives du XVIIIe siècle. À l'extrémité nord du monastère, il y a l'église de l'Assomption du XVIe siècle dans laquelle se trouvent des fresques des peintres Giovanni Claret (it), (scènes de la vie de Jésus et de la Vierge) et Antonino Parentani, dans la voûte du presbytère et du stuc décoratif du XVIIe – XVIIIe siècles. A l'intérieur de la chartreuse, il est possible d'admirer une riche collection taxi-dermique, avec des animaux locaux et exotiques, mais pas toujours en bon état.

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. « Arnaldo di Morozzo, fils de feu Anselmo, et Amedeo di Rusaporcello, fils d'un certain Guido, et son frère Anselmo, Amedeo Pulisellus fils d'un certain Robaldo, Uberto di Breolo fils d'un certain Adalrico, Nicolas de Bredulo et ses frères Raimondo, Guglielmo et Amedeo fils d'un certain Uberto, et aussi Giovanni, prieur de l'église de San Biagio (Mondovì), autorisé par l'abbé de Fruttuaria et par tout son chapitre, tous ces seigneurs de Morozzo ont fait des dons entre les mains d'Uldrico, prieur de l'ordre des Chartreux , de la terre située dans les montagnes de la ville appelée Chiusa, située au lieu-dit Ardua, du Rio di Alma et du Rio Corveri jusqu'au sommet des Alpes de part et d'autre du fleuve appelé Pesio, de terres à la fois cultivées et non cultivées, à la fois bois. En fait, ces messieurs, avec tous les habitants de Chiusa, ont expressément donné les Alpes Vaccarile et Serpentera et la prairie de Bruno pour construire une église en l'honneur de Dieu, de la Sainte Vierge Marie et de Saint Jean-Baptiste. »
  2. Au-dessus de la vallée de San Bruno, construite vers 1180.

Références modifier

  1. Lefebvre 1883, p. 237.
  2. a b c et d Giorgis 1952.
  3. a b et c Guglielmotti 1998, p. 159.
  4. Tosca 2012.
  5. Recherches de science religieuse, Paris, janvier 1984 sur Gallica
  6. De origine et veritate perfecte religionis sur Google Livres
  7. (it) Somà, Vittorio, « Certosino, botanico e micologo della fine del ‘700 », Valdôtaine Hist. Nat, vol. 57,‎ , p. 107-114 (lire en ligne, consulté le ). [PDF]

Bibliographie modifier

  • Lefebvre, F.A., Saint Bruno et l’Ordre des chartreux, t. 2, Paris, Librairie catholique internationale, , 682 p. (lire en ligne), p. 237.
  • (it) Giorgis, Domenico, La Certosa in Val Pesio : Memorie storiche, Borgo San Dalmazzo, Istituto Grafico Bertello, , 56 p..
  • (it) Beltrutti, G « Le Certose d'Italia : II Piemonte », Die Kartàuser in Osterreich, t. II, Salzbourg, 1981 (Analecta Cartusiana, 83/2), p. 159.
  • (it) Guglielmotti, Paola, « Certosini in Piemonte: una innovazione circoscritta », Il monachesimo italiano nell’età comunale,‎ , p. 139-161 (lire en ligne, consulté le ).
  • (it) Guglielmotti, Paola, « Le origini delle certose di Pesio, Casotto e Losa - Monte Benedetto », Certosini e Cistercensi in Italia (secoli XII-XV), vol. XXVI,‎ .
  • (it) Guglielmotti, Paola, « La costruzione della memoria di S. Maria di Pesio. Vicende proprietarie e coscienza certosina nella Chronica quattrocentesca di Stefano Crivolo », Bollettino Storico-Bibliografico Subalpino, n°199, 2001, pp.21-59, Torino, Palazzo Carignano, Deputazione Subalpina di Storia Patria.
  • (it) Guglielmotti, Paola, « La costruzione della memoria di S. Maria di Pesio : vicende proprietarie e coscienza certosina nella cronica quattrocentesca del priore Stefano di Crivolo », Chiaberto, Silvio, directeur, VIII° Centenario della certosa di Monte Benedetto.- Certose di Montagna, Certose di Pianura.- Ed. Melli, Borgone Susa (Italie), 2002, pp.311-328.
  • Devaux, Augustin et Van Dijck, Gabriel, Nouvelle Bibliographie Cartusienne : Cartusiana, Grande Chartreuse, 2005, Maisons de l'Ordre, , 785 p..
  • (it) Tosca, Carlo, La certosa di Santa Maria di Pesio, Savillan, L’Artistica Editrice, coll. « Architettura dei monasteri in Piemonte », , 84 p. (ISBN 978-88-7320-289-9 et 88-7320-289-6).

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

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