Charles Bricogne

militaire français

Charles Bricogne
Charles Bricogne
Charles Bricogne entre 1936 et 1940.

Naissance
Quincy-le-Vicomte (Côte-d'Or, France)
Décès (à 28 ans)
Bir Hakeim (Libye)
Origine Drapeau de la France France
Arme Artillerie
Grade commandant. Nommé au grade de commandant (chef d'escadron) le 1er juin 1942 par le général Catroux, commandant les forces françaises libres au Levant
Années de service 19341942
Conflits Seconde Guerre mondiale
Faits d'armes Col d'Halfaya
Bataille de Bir Hakeim
Distinctions Chevalier de la Légion d'honneur
Compagnon de la Libération
Croix de guerre 1939-1945
Médaille de la Résistance
Famille Famille d'Athanase Bricogne et de Charles-Urbain Bricogne

Emblème
Liste des Compagnons de la Libération

Charles Bricogne, né le , mort au combat à Bir-Hakeim le , est un officier français des Forces françaises libres qui s'est illustré à Halfaya et à la bataille de Bir Hakeim. Il est compagnon de la Libération.

Biographie modifier

 
Armes des Bricogne.

Charles Adolphe Marie Bricogne naît le à Quincy-le-Vicomte en Côte-d'Or. Il est le fils aîné des dix enfants du colonel Alfred Emmanuel Bricogne et d'Édith Marie Edmée Labouré[1], elle-même petite-fille, par sa mère Louise Royer, d'Édith Royer.

Son oncle Joseph Labouré (né en 1898)[2], aspirant au 7e régiment d'artillerie de campagne, est tué au deuxième jour de l'offensive finale des alliés, le , à Villers-Hélon (Aisne)[3].

Son frère cadet Michel Bricogne (né en 1914), officier de carrière, lieutenant au 11e régiment de dragons portés[4], meurt au combat le à Berneville[5], lors de la bataille d'Arras.

Scolarité modifier

Après le collège jésuite Saint-Clément à Metz, Charles Bricogne entre en classe préparatoire au lycée Sainte-Geneviève de Versailles.

École polytechnique puis officier d'artillerie modifier

Charles Bricogne entre à l'École polytechnique et fait partie de la promotion 1932. En 1934, il sort de l'X à la 40e place[1]. Il choisit d'être militaire d'active et sort major de l'École d'application de l'artillerie de Fontainebleau. Il choisit alors le 73e régiment d'artillerie à Lunéville[6].

Début de la Seconde Guerre mondiale modifier

En mai 1940, il est capitaine. Son régiment d'artillerie résiste à une importante colonne de blindés allemands dans la région de Sedan. Puis son régiment recule de Sedan jusqu'à la côte de Haute Normandie. Pendant cette retraite, la batterie d'artillerie que commande Charles Bricogne participe à de nombreuses contre-attaques au cours desquelles elle détruit plusieurs chars allemands, ce qui vaut au capitaine Bricogne d'être cité à l'ordre de l'armée.

Son régiment, d'autres unités de l'armée française ainsi que la 51st Highland Division ne parviennent pas à rejoindre les ports de Fécamp et du Havre. Ils se replient vers le petit port de Saint Valery en Caux pour tenter, comme à Dunkerque, d'embarquer vers l'Angleterre. Ils sont alors encerclés par la 7e Panzer Division commandée par le général Erwin Rommel.

Le port de Saint Valery en Caux est assiégé et bombardé pendant plusieurs jours. L'embarquement devient impossible, les unités françaises et britanniques n'ont plus de munitions. Charles Bricogne et 4 autres officiers parviennent, dans la nuit du 11 au 12 juin 1940, à s'extraire de la poche de Saint-Valery-en-Caux[6]. Puis ils décident de se séparer pour être moins visibles.

Le capitaine Bricogne endosse des vêtements civils et rejoint Paris à pied, en évitant les grandes routes et les agglomérations. Puis, à bicyclette, il gagne la Bourgogne et Clermont-Ferrand.

Charles Bricogne intègre alors l'Armée d'armistice, dans laquelle il demande et obtient son affectation en Syrie[6],[7]. Il y sert auprès du colonel Philibert Collet et commande un des escadrons de Tcherkesses[6].

Officier de la France libre modifier

En mai 1941, les Allemands veulent soutenir Rachid Ali al-Gillani qui s'est révolté contre la mainmise britannique en Irak. Le 6 mai 1941, ils obtiennent de l'amiral Darlan, chef du gouvernement de Vichy, que la France mette à la disposition de la Luftwaffe l'aérodrome militaire d'Alep en Syrie, de manière que des avions militaires allemands Messerschmitt Bf 110 et Heinkel 111 puissent aider l'insurrection de Rachid Ali al-Gillani en Irak.

Dans ce contexte, Charles Bricogne décide de rejoindre les troupes de la France libre dans la nuit du 21 au 22 mai 1941[6]. Il explique clairement ses motivations dans une lettre à sa famille : « Je suis dans l’armée du général de Gaulle depuis la nuit du 21 au 22 mai. Nous avons passé la frontière cette nuit-là avec beaucoup de camarades, jugeant que l’armée de Syrie ne servirait jamais plus à rien d’utile, puisque le commandement accepte de prêter la Syrie aux Allemands, contre l’Angleterre. (…)

Je suis de plus en plus convaincu que le général de Gaulle a raison ; les abandons successifs du gouvernement français font croire qu’il ne ruse plus, mais qu’il est convaincu de la collaboration.

C’est du suicide et en plus c’est déshonorant. Enfin c’est absurde puisque nous allons gagner la guerre et que cette politique retardera la fin et mettra la France ce jour-là dans la plus mauvaise situation possible.»

Dans les troupes de la France Libre au Moyen-Orient, le commandant Jean-Claude Laurent-Champrosay charge alors Charles Bricogne de former et d'entraîner le 2e groupe du 1er régiment d'artillerie des Forces françaises libres (1er RAFFL)[6]. Le régiment part pour le désert de Libye en décembre 1941, au sein de la 1re brigade française libre commandée par le général Kœnig[6].

Le capitaine Bricogne combat à la tête de son groupe contre l'Afrikakorps et des divisions italiennes. Il s'illustre notamment à Halfaya où ses obus pilonnent l'adversaire[6]. Il participe à des sorties de Jock Columns, unités mixtes qui comprennent une section d'infanterie, une section de canons de 75, des automitrailleuses et des éléments du génie. Les Jock Columns harcèlent et attaquent en force les convois ennemis dans le désert de Libye[8].

À Bir Hakeim, au printemps 1942, Charles Bricogne fait fonction de commandant en second[6] du 1er régiment d'artillerie de la France Libre[9], qui repousse avec succès plusieurs attaques blindées de l'ennemi et contribue largement à préserver l'intégrité de la position tout au long de la bataille.

Dans la nuit du 10 au 11 juin 1942, lors de la sortie de vive force du camp retranché, Charles Bricogne est en tête des véhicules qui remorquent les 8 canons restés intacts sur 24[6]. D'après le témoignage de Bernard Saint-Hillier : « Le capitaine Bricogne part, avec un fusil et deux grenades, attaquer une mitrailleuse allemande ... On ne le reverra jamais »[10]. Léon Rouillon le décrit dans Les Compagnons du Premier Jour[11] : « Muets d'horreur et d'admiration, nous suivions, fiers d'avoir reconnu, à cette suprême minute, dans la silhouette qui semait les grenades, celle du capitaine Bricogne, disparu à jamais ».

Blessé à la tête, au thorax, aux poumons et aux jambes, Charles Bricogne est récupéré au petit matin par une ambulance allemande. Il meurt quelques heures plus tard, le 11 juin 1942. Enterré dans le désert, sa sépulture n'a jamais été retrouvée. La Croix-Rouge confirme sa mort à sa famille en France en novembre 1942.

Témoignages modifier

Charles de Gaulle, dans ses Mémoires de guerre, cite le commandant Bricogne parmi les trois officiers supérieurs morts au combat à Bir Hakeim[12].

Le général Pierre Kœnig, dans son livre sur Bir Hakeim, évoque le commandant Bricogne. Il vante son agressivité contre l'ennemi et son charisme vis-à-vis de ses subordonnés[13].

Distinctions modifier

Notes et références modifier

  1. a et b Site de la bibliothèque de l'École polytechnique, fiche matricule sous la rubrique Catalogues, famille polytechnicienne.
  2. « Édith Labouré », sur Geneanet (consulté le )
  3. « Joseph Marie Labouré », sur Mémoire des hommes (consulté le )
  4. « 11e RDP », sur MemorialGenWeb.org (consulté le )
  5. « Michel Joseph Bricogne », sur Mémoire des hommes (consulté le )
  6. a b c d e f g h i j et k Trouplin 2010.
  7. « Charles Bricogne (1913-1942) », sur france-libre.net (consulté le )
  8. Jean-Mathieu Boris, Combattant de la France Libre, Paris, Perrin, , 219 p. (ISBN 978-2-262-04002-4), p. 76.
  9. Colonel Paul MORLON, Souvenirs d'un officier d'artillerie coloniale, 1938/1976, Bookpole, , 266 p., p. 84
  10. Bernard Saint-Hillier, « Bir-Hakeim », Historia magazine,‎
  11. Léon Rouillon, Les Compagnons du premier jour, Editions du XXe siècle, 1952.
  12. Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, tome 2, Plon, 1962, p. 86.
  13. Pierre Kœnig, Bir-Hakeim, 10 juin 1942, Éditions du jour, 1971, p. 77.
  14. « Base des médaillés de la résistance »

Bibliographie modifier

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier