Château de Ham

château fort français

Château de Ham
Image illustrative de l’article Château de Ham
Entrée du château de Ham.
Période ou style Médiéval
Type Château fort
Début construction XIe siècle
Fin construction XVIe siècle
Destination actuelle Vestiges
Protection Logo monument historique Inscrit MH (1965)
Coordonnées 49° 44′ 35″ nord, 3° 04′ 26″ est[1]
Pays Drapeau de la France France
Anciennes provinces de France Picardie Picardie
Région Hauts-de-France
Département Somme
Commune Ham
Géolocalisation sur la carte : Somme
(Voir situation sur carte : Somme)
Château de Ham
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Château de Ham

Le château, ou fort, ou forteresse de Ham est un château fort situé à Ham, à l'extrême sud-est du département de la Somme, dans la région des Hauts-de-France.

Histoire modifier

Une construction médiévale modifier

Si on ignore la date de création du château primitif, les historiens s'accordent sur le fait qu'il a été érigé par les premiers comtes de Vermandois vers 1052.

Il est restauré par Odon IV au XIIIe siècle[2]. Enguerrand VII de Coucy l'achète en 1374, à la suite du décès de Jean de Ham (Maison de Ham), mort sans héritier mâle, et le lègue à sa fille Marie Ire de Coucy, épouse de Henri de Marle, de la famille des comtes de Bar. Vendu en 1400 à Louis Ier d'Orléans, il est récupéré par Robert de Marle, fils et héritier de Marie, en 1409. Jeanne de Béthune, veuve de Robert, le donne à son second mari Jean II de Luxembourg-Ligny[3].

Jean II de Luxembourg-Ligny restaure le château. Le neveu et héritier de ce dernier, Louis de Luxembourg-Saint-Pol, plus connu sous le nom de connétable de Saint-Pol, comte de Saint-Pol et connétable de Louis XI en 1465, fait construire en 1441 un donjon monumental, la grosse tour ou « tour du connétable ». Jacques de Savoie, premier mari de sa petite-fille Marie de Luxembourg décède au château le 30 janvier 1486. Marie amène, par son second mariage avec François de Bourbon-Vendôme, le château dans la maison de Bourbon-Vendôme, dont est issu le roi Henri IV[4].

Le château de Ham a été assiégé, à plusieurs reprises, en particulier par Philippe II d'Espagne en 1557.

Rattaché à la couronne de France sous le règne d'Henri IV, il a été l'objet de transformations à la fin du XVIIe siècle par Vauban.

Une prison d’État modifier

Il est ensuite transformé en prison d'État. Lors de la répression « thermidorienne » une dizaine de montagnards dont Chasles y furent incarcérés (avril 1795)[5]. Il accueille de célèbres prisonniers dont le prince Louis-Napoléon Bonaparte (futur Napoléon III) qui y a séjourné six ans (1840–1846)[6], et qui a fini par s'en échapper le 25 mai, déguisé en maçon, sous l'identité de Badinguet[7].

En décembre 1870, la deuxième armée du Nord encercle la ville occupée par les Prussiens et les oblige à signer une capitulation.

Destruction du château et sauvegarde des vestiges modifier

Comme le château de Coucy, le fort fut dynamité par les Allemands, pendant la Grande Guerre, le [Note 1]. Il n'en reste que des ruines dominant le cours du canal de la Somme. Ces ruines laissées à l'abandon servirent de carrière de pierre, de dépôt d'ordures jusqu'à ce qu'on se décide à les sauvegarder.

Les vestiges du château de Ham sont inscrits à l'inventaire des monuments historiques depuis 1965[8].

En 1977, une association « Les Amis du Château de Ham » fut créée pour sauvegarder et mettre en valeur les vestiges du fort. Elle s'efforce, depuis lors, de redonner vie au site par des travaux, des expositions, des spectacles…

Le , l'association Les amis de Napoléon III fit apposer une plaque sur la tour d'entrée du château sur laquelle est gravée cette inscription :

« En ces lieux, Louis-Napoléon Bonaparte emprisonné de 1840 à 1846 conçut sa politique de progrès économique et social. »

Le château aujourd'hui modifier

L'association « Les Amis du château de Ham » qui œuvre à la sauvegarde et à l'animation du château organise, pendant les vacances scolaires, des chantiers de jeunes bénévoles pour entretenir les vestiges, les mettre en valeur et préparer « La Médiévale ».

« La Médiévale » est un événement organisé depuis 2018 pour valoriser l'histoire de Ham et de sa région. L'édition 2020, qui eut lieu du 19 au 20 septembre, a accueilli un atelier de frappe de monnaie, d’herboristerie, de tir à l’arc, des jeux anciens, des pièces de théâtre, ainsi qu'un spectacle de fauconnerie. Les visiteurs pouvaient se promener entre les échoppes de plusieurs compagnies et observer des reconstitutions présentées par des passionnés.

Pendant l'été, des visites au flambeau du château sont organisées pour faire découvrir le château aux visiteurs.

Architecture modifier

La forteresse modifier

 

Le château de Ham avait une forme rectangulaire de 120 m de long sur 80 m de large reprenant le « schéma philippien ».

À chaque coin, une tour ronde complétait le système de défense. Les courtines étaient protégées par deux tours carrées. La tour nord-est était l'ancienne entrée obstruée au XVe siècle. Un fossé profond à cunette rempli par les eaux de la Beine, affluent de la Somme, venait renforcer la défense du château. Le creusement du canal de la Somme en 1821 avait vidé l'eau des fossés.

La porte d'entrée était protégée par une demi-lune construite au XVIe siècle et par un pont-levis. Le côté sud-est était lui aussi défendu par une demi-lune avant le creusement du canal.

Le mur d'enceinte avait une hauteur de 16 m. Le soubassement était en grès et les moellons en pierre calcaire blonde. Mâchicoulis et créneaux complétaient le dispositif.

À l'intérieur de l'enceinte, se trouvait un grand corps de logis dans lequel vécut Marie de Luxembourg et où naquirent ses enfants François Ier de Saint-Pol, Louis de Bourbon-Vendôme, Antoinette de Bourbon.

La tour du Connétable modifier

La tour du Connétable ou « grosse tour » atteignait des proportions exceptionnelles : 33 mètres de diamètre, 33 mètres de hauteur avec des murs de 11 mètres d'épaisseur[9]. Bâtie en 1470[10] par Louis de Luxembourg, connétable de Saint-Pol, elle défendait l'angle nord-est de l'édifice. Le connétable fit modifier l'architecture du château pour qu'il puisse résister aux tirs d'artillerie. Les accès à la tour maîtresse à deux entrées, située au coin de l'enceinte, sont isolés par un fossé intérieur. Ici l'isolement n'est pas complet car les courtines rejoignent, sans communication directe, la tour[11].

Arbre remarquable modifier

Un tilleul se dresse encore, bien que mutilé, sur le site du château. Cet arbre appelé — sans doute à tort — arbre de la liberté aurait été planté, soit en 1793 par André Dumont, représentant en mission de la Convention[12], soit par le conventionnel Léonard Bourdon, alors prisonnier au fort de Ham[13]. Le , l'empereur Napoléon III, l'impératrice Eugénie et leur suite, de passage à Ham, prirent une collation sous le vieux tilleul de la cour du château[14]. Celui-ci a été victime de la destruction du château en 1917. Bien que son tronc fut calciné, ses racines encore vivantes ont permis à un rejet de le faire repartir.

Photos modifier

Prisonniers célèbres incarcérés au fort de Ham modifier

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • E. Bocquet, Ham, une visite en 1912, Inval-Boiron, La Vague verte, 2010.
  • Cercle cartophile de Ham, Balade dans le Pays hamois, C.C.H., Ham, 1992.
  • Camille Enlart, Philippe des Forts et Roger Rodière, « Ham (Le Château) » in La Picardie historique et monumentale, tome VI, arrondissement de Péronne, Amiens, Yvert et Compagnie, Paris, Auguste Picard, 1923-1931 p. 132 à 139 - Lire en ligne sur Gallica
  • Charles Gomart, Ham, son château et ses prisonniers, 1864 – rééd. : La Vague verte, 2000 [lire en ligne].
  • Élie Fleury et Ernest Danicourt, Histoire populaire de la ville de Ham, Ham, 1881 lire en ligne sur Gallica.
  • Philippe Seydoux, Forteresses médiévales du nord de la France, Éditions de la Morande, 1979 (ISBN 2-902091-05-2) ;
  • Philippe Seydoux, Gentilhommières en Picardie, tome 1, Amiénois et Santerre, 2002, Paris, Editions de La Morande, pages 202-208.

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Liens externes modifier

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Au moment de leur repli sur la Ligne Hindenburg.

Références modifier

  1. Coordonnées vérifiées sur Géoportail et Google Maps.
  2. En 1216, à son retour de croisade, selon J.-J. Carlier, « Henri d'Oisy, fragment d'études historiques », dans Mémoire de la Société dunkerquoise pour l'encouragement des sciences, des lettres et des arts, 1857 publié en 1858, Dunkerque, p. 237, lire en ligne.
  3. J.J. Carlier, op. cit., p. 238.
  4. J.J. Carlier, op. cit., p. 239.
  5. Marc Belissa et Yannick Bosc, Le Directoire,La République sans la démocratie, La Fabrique, Page 34
  6. G. Le Notre, « La prison de Louis-Napoléon Bonaparte », Le Temps,‎ (lire en ligne)
  7. Alain Carteret, Napoléon III, Table Ronde, , p. 13.
  8. Notice no PA00116172, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  9. Philippe Seydoux, Gentilhommières en Picardie, tome 1, Amiénois et Santerre, Paris, Editions de La Morande, (ISBN 2-902 091-32-X), p. 205
  10. Nicolas Faucherre, « La fin du château fort », Dossiers d'archéologie, no 404,‎ , p. 68 (ISSN 1141-7137).
  11. Châteaux et enceintes de la France médiévale : de la défense à la résidence, tome 1, « Les organes de la défense », p. 45.
  12. « Ham, son château et ses prisonniers », .
  13. Élie Fleury et Ernest Danicourt, Histoire populaire de la ville de Ham, Ham, 1881, p. 145.
  14. « Ham, son château et ses prisonniers », , p. 201.
  15. Jeannine Bavay (photogr. Michel Baptiste), « Le fort de l'Île Pelée édifié au XVIIIe siècle », Vikland, la revue du Cotentin, no 4,‎ janvier-février-mars 2013, p. 28 à 30 (ISSN 0224-7992).
  16. J.J. Carlier, op. cit., p. 240.