Château de Colombières

château fort français

Château de Colombières
« la vigie des marais »
Image illustrative de l’article Château de Colombières
Période ou style Motte castrale ~ XIe siècle
Château fort ~ XIVe siècle
Propriétaire initial Guillaume de Colombières
Propriétaire actuel Famille de Maupeou
Protection Logo monument historique Inscrit MH (1927, 2006)
Logo monument historique Classé MH (1968)
Coordonnées 49° 18′ 11″ nord, 0° 58′ 32″ ouest[1]
Pays Drapeau de la France France
Anc. province Drapeau du Duché de Normandie Duché de Normandie
Région Normandie
Département Calvados
Commune Colombières
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(Voir situation sur carte : France)
Château de Colombières « la vigie des marais »
Géolocalisation sur la carte : Calvados
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Château de Colombières « la vigie des marais »
Site web chateau-colombieres.fr

Le château de Colombières est un château fort du XIVe siècle, qui se dresse sur la commune de Colombières dans le département du Calvados, en région Normandie. Il s'agit d'une maison forte ayant évolué vers la demeure de plaisance.

Le château, propriété privée, est totalement protégé aux monuments historiques.

Localisation modifier

Surnommé « la vigie des marais », le château est construit au bord des marais du Bessin, un emplacement stratégique du dispositif de contrôle de la Basse-Normandie, sur la commune de Colombières, dans le département français du Calvados.

Historique modifier

Les premières mentions du château datent du début du XIe siècle. À l'époque la bâtisse était probablement une motte castrale occupée par la famille de Colombières : Guillaume[2], Raoul et Baudoin, compagnons de Guillaume le Conquérant lors de l'l'invasion de l’Angleterre en 1066 à Hastings[3]. Selon le Domesday Book, Raoul se serait ensuite installé dans le comté de Kent, où il possédait plusieurs terres[4].

En 1147, le nom de Philippe de Colombières, membre de la puissante famille Bacon du Molay, frère de Roger III Bacon est mentionné comme seigneur châtelain du fief de Colombières.

Les parties les plus anciennes du château actuel datent de la fin du XIVe siècle. Alors en pleine guerre de Cent Ans, le roi de France Charles V demanda à ses vassaux du Bessin et du Cotentin, l'érection ou la rénovation des places-fortes pour contrer une éventuelle attaque de l'armée anglaise en Normandie. C'est ainsi qu'en 1371, lors du recensement des forteresses ordonnées par le roi, Régnier Le Coutellier trouva à Colombières un « ostel bien ordonné, vitaillé et garny »[5]. En 1372, Henri de Colombières, châtelain du lieu, en fait aveu au roi[6]. À cette époque, le complexe a une forme de quadrilatère entouré de douves et composé d'un mur d'enceinte de 3 mètres d'épaisseur flanqué de quatre tours rondes et d'une porte fortifiée précédée d'un pont-levis. Les bâtiments sont disposés autour d'une cour unique et adossés à la courtine[7].

La conquête des places fortes normandes par Henri V d'Angleterre entraîne vengeances et expropriations : des lettres patentes du roi d'Angleterre datées du , dépouille Olivier de Colombières, chambellan de Charles VI[5], de ses biens et de sa forteresse en la faveur de Richard Drayton parce qu'il était resté fidèle à son suzerain : « Qui adhuc contra nos se tenet rebellem… »[6].

Ruinée par la guerre de Cent Ans, la forteresse ne retourna que peu de temps entre les mains de Jean de Colombières qui la vend à Roger de Briqueville, son oncle, le . Son petit-fils, Guillaume VI, construit le corps des bâtiments actuels qui datent de la fin du XVe siècle.

C'est à la famille de Bricqueville que l'on doit l'ajout des deux tours Renaissance.

Lors des guerres de Religion, le seigneur François de Bricqueville (1535-1574), né au château[8], un des chefs protestants les plus redoutables de Basse-Normandie profana la chapelle Notre-Dame de Rougebrèque située dans son château, y installant en lieu et place des appartements. Dans un bâtiment d'une des fermes proche du château, il établit un lieu de culte protestant.

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, la forteresse subit diverses transformations architecturales destinées à rendre le logis plus confortable et moins sévère : le mur d’enceinte est démoli sur le côté sud, une des tours partiellement détruite est reconstruite sous forme de donjon carré, les fenêtres sont agrandies, et la chapelle profanée par François de Bricqueville, est rétablie à l’emplacement de la caserne par son arrière-petit-fils, Cyrus-Antoine, converti au catholicisme en 1678. Celui-ci y apposa au-dessus de l'entrée, le linteau de la porte d'entrée de l'ancien lieu protestant. Ce linteau comporte des passages des versets 6 et 7 du chapitre 55 d'Isaïe encore visible de nos jours.

« Cherchez l'Éternel pendant qu'il se trouve ; Invoquez-le, tandis qu'il est près. Que le méchant abandonne sa voie, Et l'homme d'iniquité ses pensées ; Qu'il retourne à l'Éternel, qui aura pitié de lui, A notre Dieu, qui ne se lasse pas de pardonner. »

En 1755, René Hatte, fermier général du roi, achète les seigneuries de Bricqueville, Bernesq et Colombières. Le château restera dès lors, propriété de ses descendants. Progressivement, la forteresse se transforme en un logis à l’ordonnance plus classique. Au XIXe siècle, l’aile abritant les communs est aménagée pour accueillir famille et amis, et des jardins viennent agrémenter le pourtour intérieur des douves médiévales.

Durant la Seconde Guerre mondiale, bien que situé à proximité d'Omaha Beach en plein cœur des opérations militaires du débarquement de Normandie, le château de Colombières fut épargné. Au matin du , la 2e compagnie du bataillon antichar de la 352e division allemande, composée de 10 Sturmgeschütz III camouflés depuis mars sous les ormes de l’avenue du Château, part subitement pour se diriger vers Ryes, au sud d'Arromanches[9]. Les américains décidèrent de traverser à pied le marais que les Allemands maintenaient inondé — par la destruction des portes-à-flots d'Isigny-sur-Mer — pour le rendre infranchissable. C’est ainsi que Colombières vit le passage, dans la soirée du , du Lieutenant Kermit Miller du 115e régiment d’Infanterie de la 29e division U.S. et le , le village fut libéré.

Description modifier

Le château de Colombières, du XIVe siècle et remanié à la Renaissance, présente un plan quadrangulaire flanqué de tours d'angle cylindriques couronnées de mâchicoulis, l'ensemble ceint de douves[10]. Le corps de bâtiment actuel a été reconstruit à la fin du XVe siècle et présente une tour octogonale.

Protection aux monuments historiques modifier

Au titre des monuments historiques[11] :

  • le château sauf les parties classées fait l'objet d'une inscription par arrêté du  ;
  • les façades et toitures ; la cheminée du XVe siècle située au deuxième étage de la tour font l'objet d'un classement par arrêté du  ;
  • le système hydraulique comprenant les douves et les canaux d'irrigation ; le potager avec ses murs de clôture font l'objet d'une inscription par arrêté du .

Armorial modifier

Cet armorial présente les armoiries des familles ayant possédé la seigneurie puis le château de Colombières.

 
Famille de Colombières

Guillaume, seigneur de Colombières, est inscrit au nombre des héros qui accompagnèrent Guillaume le Conquérant à la conquête de l'Angleterre. Premier détenteur connu de la seigneurie (orthographiée à l'époque « Coulombières »), son blason s'énonce :

  • de gueules, au chef d'argent[12].
 
Famille Bacon du Molay

En 1147, Philippe de Colombières, membre de la puissante famille Bacon, est mentionné comme seigneur châtelain du fief de Colombières. À la fin du XIVe siècle, les Bacon du Molay font bâtir la forteresse selon l’architecture de défense typique des constructions féodales. Le blason de cette famille s'énonce :

  • de gueules, à 6 quintefeuilles d’argent.
 
Famille de Bricqueville, branche de Colombières

Au début du XVIe siècle, la seigneurie passe à Jean de Briqueville et restera dans la famille pendant six générations. Cette branche des barons puis marquis de Colombières porte :

  • palé d'or et de gueules de six pièces[13].
 
Famille Hatte

René Hatte, Fermier-Général du roi en 1726, achète et devient définitivement propriétaire des seigneuries de Bricqueville, Bernesq et Colombières par adjudication finale en 1755. Tous les propriétaires qui se succéderont après lui sont de ses descendants. Son blason est :

  • d'azur à la fasce d'argent, accompagnée de 3 croix ancrées d'or en chef et d'un lion d'argent en pointe, armé et lampassé d'or[14].
 
Famille de Girardin, branche de Vauvré

Anne-Catherine, fille de René Hatte, hérite de la seigneurie et épouse un Girardin de Vauvré. Leur fils René de Girardin en héritera à son tour. Leur blason s'énonce :

  • d'argent, à trois têtes de gérardine de sable arrachées de gueules, allumées et becquées du même, à la filière denchée de gueules[15].
 
Famille Berthelot de Baye

Sophie de Girardin hérite du château en 1808. Elle le léguera à son beau-fils Auguste Berthelot de Baye. Le château passe au fils de celui-ci, puis à son petit fils Jean Berthelot de Baye. Leurs armes sont présentes dans une des cheminées du château :

  • d'azur, au chevron d'or, accompagné de trois besants de même.
 
Famille de Briey

Jean de Baye, n'ayant pas d'enfant, décide de léguer le château à sa cousine éloignée Marie de Briey, descendante de René de Girardin. Ses armes sont :

  • d'or, à trois pals aiguisés de gueules.
 
Famille de Ludre

Marie de Briey, également sans enfant, léguera le château à sa petite cousine Jeanne de Ludre. Les armes de cette famille d'ancienne chevalerie lorraine sont présentes dans la cour du château et sont soutenues par deux lions en pierre. Elles s'énoncent :

  • bandé d’or et d’azur de six pièces, à la bordure engrêlée de gueules.
 
Famille de Cossé-Brissac

Thérèse, fille de Jeanne et Marcel de Cossé-Brissac hérite du château. Voici les armes de sa famille :

  • de sable, à trois fasces d’or dentelées par le bas.
 
Famille de Maupeou, branche d'Ableiges

Par son alliance avec Thérèse de Cossé-Brissac, Étienne de Maupeou acquiert le château. Les armes de sa famille sont :

  • d'argent, au porc-épic de sable.

Notes et références modifier

  1. Coordonnées vérifiées sur Géoportail
  2. C. Deméautis, « Les compagnons de Guillaume le Conquérant », .
  3. A. de la Pinsonnais, « Conquérants du camp normand à Hastings », .
  4. « Ranulf of Colombières », sur opendomesday.org.
  5. a et b Philippe Seydoux (photogr. Serge Chirol), La Normandie des châteaux et des manoirs, Strasbourg, Éditions du Chêne, coll. « Châteaux & Manoirs », , 232 p. (ISBN 978-2851087737), p. 197.
  6. a et b Arcisse de Caumont, Statistique monumentale du Calvados, t. 3 : Arrondissements de Vire et de Bayeux, Caen, Hardel, (lire en ligne), p. 722.
  7. Marie Casset, Les évêques aux champs. Châteaux et manoirs des évêques normands au Moyen Âge, Bibliothèque du pôle universitaire Normand, p. 396.
  8. Michel Hébert et André Gervaise, Châteaux et Manoirs de la Manche, Condé-sur-Noireau, Éditions Charles Corlet, (ISBN 978-2-847-06143-7), p. 77.
  9. « Le panzerjager abteilung des infanterie divisionen en Normandie », .
  10. Guy Le Hallé (préf. Hervé Morin, photogr. Yves Buffetaut), Châteaux forts de Basse-Normandie, t. II, Louviers, Ysec Éditions, , 160 p. (ISBN 978-284673-215-4), p. 58 (Colombières).
  11. « Château de Colombières », notice no PA00111234, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  12. François-Alexandre Aubert de La Chenaye des Bois, Dictionnaire de la noblesse, t. V, , 2e éd. (lire en ligne), p. 205.
  13. Lionel Bonnetot, La chastellenie de Colombières, et les paroisses de Colombières, Bernescq et Bricqueville, , p. 11.
  14. Henri Jougla de Morenas, Grand Armorial de France, t. IV, (lire en ligne), p. 279.
  15. « Base héraldique », sur euraldic.com.

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier