Canton de Villers-Bocage (Somme)

canton français dans la Somme

Canton de Villers-Bocage
Canton de Villers-Bocage (Somme)
Situation du canton de Villers-Bocage dans le département de Somme.
Administration
Pays Drapeau de la France France
Région Picardie
Département Somme
Arrondissement(s) Amiens
Chef-lieu Villers-Bocage
Conseiller général
Mandat
Christian Manable
2011-2015
Code canton 80 41
Démographie
Population 12 386 hab. (1999)
Densité 65 hab./km2
Géographie
Coordonnées 49° 58′ 54″ nord, 2° 22′ 33″ est
Superficie 190,28 km2
Subdivisions
Communes 24

Le canton de Villers-Bocage est un ancien canton français situé dans le département de la Somme et la région Picardie.

Géographie modifier

Ce canton était organisé autour de Villers-Bocage dans l'arrondissement d'Amiens. Son altitude variait de 20 m (Saint-Vaast-en-Chaussée) à 154 m (Talmas) pour une altitude moyenne de 92 m.

Histoire modifier

Villers-Bocage est élevé au rang de chef-lieu de canton en 1790, lors de la division du département de la Somme en districts et en cantons.

Le canton ne compte alors que dix communes : Bertangles, Coisy, Flesselles, Molliens-au-bois, Montonvillers, Poulainville, Rainneville, Saint-Vaast-en-chaussée, Vaux-en-Amiénois et Villers-Bocage.

L'arrêté consulaire du 17 brumaire de l'an X (), remodèle les divisions cantonales en supprimant les cantons de Querrieux et de Contay, et en ajoutant quatorze communes au canton de Villers-Bocage : Bavelincourt, Beaucourt, Béhencourt, Cardonnette, Contay, Fréchencourt, Mirvaux, Montigny, Pierregot, Pont-Noyelles, Querrieu, Rubempré, Saint-Gratien et Vadencourt. La commune de Poulainville est retranchée et rattachée à un canton d'Amiens.

La commune de Talmas est intégrée au canton de Villers-Bocage en 1949[1].

Traditions modifier

Mais et mariages[2] modifier

À la fin du XXe siècle, le taux de nuptialité déclinait régulièrement et les communes rurales n’ont pas été épargnées. Les coutumes locales associées à chaque étape de la vie ont disparu peu à peu et tout est devenu standardisé. Dans le canton de Villers-Bocage, les mais et les traditions liées au mariage ont subsisté jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale avant de mourir définitivement dans les années 50.

Les mais

Cette tradition consiste à honorer les filles à marier par le biais de branches d’arbres ou de fleurs. Dans la nuit du 30 avril au 1er mai, les jeunes gens de chaque village coupent des branches (quelquefois des arbres entiers !) ou des fleurs qu’ils accrochent au-dessus de la « grand-porte » ou des volets de la maison des jeunes filles. Il peut arriver qu’un bouquet soit fixé à la cheminée. Le matin du 1er mai, les demoiselles trouvent le bouquet, s’il n’a pas été décroché par une bande adverse, et le laissent jusqu’à la fin du mois. Chaque essence d’arbre, chaque fleur a une signification particulière qui renseigne la jeune fille sur ce que pensent d’elle les jeunes hommes du village :

  • Le cerisier : la jeune fille va se marier dans l’année
  • Le charme : tu me charmes
  • L’épène (l’aubépine) : je t’aime
  • L’épène fleurie : je t’aime à la folie
  • Le sycomore : je t’aime jusqu’à la mort
  • Le lilas : je t’laisse là (je te laisse tomber)
  • La ronce : j’y renonce
  • Le séu (le sureau) : tu pues
  • Le pommier : j’te tire par tin pied! (cela signifie que la jeune fille n’est pas sérieuse)
  • Le sapin : t’es une p...

Si le mai s’avère flatteur et si la jeune fille se montre aimable et accueillante, les jeunes gens se font offrir une collation (l’après midi ou le lendemain selon les villages) : elle leur offre gâteaux ou tartes, préparés pour l’occasion, accompagnés de cidre ou de café.

Les fiançailles

Le mai peut être, entre autres, une manière de déclarer ses sentiments à la jeune fille convoitée. Lorsque ceux-ci sont partagés par l’intéressée, cela peut déboucher sur des fiançailles.

Dans notre région, quand les fiançailles sont officielles, le jeune homme a «  l’entrée » de la maison de la jeune fille. Le père ou l’oncle du prétendant doit demander la main de l’élue à son responsable. Cela se déroule en général le dimanche et s’il y a accord, on parle de la dot et de l’organisation du mariage devant un verre de cidre. Dans certains villages, la demande se fait la veille de Noël : dans la soirée, le jeune homme se rend au domicile de la jeune fille avec ses parents et se pratique alors la coutume du « cuignet ». Le cuignet est un grand gâteau dans lequel une aiguille à tricoter est cachée. Le prétendant doit entamer le gâteau sans toucher l’aiguille. S’il la touche, c’est qu’il n’est pas mûr pour le mariage : l’aide discrète de la jeune fille qui le guide lui permet de réussir dans la plupart des cas.

Jusqu’au XIXe siècle, les fiancées sont presque toujours originaires du même village. Une étude menée à Rainneville par Christian Manable permet de constater, qu’au XVIIIe siècle, plus de 90 % des mariés sont de la commune ou des villages limitrophes. À la fin du XIXe siècle, il devient plus courant d’aller chercher sa fiancée dans les communes des alentours : « L’étranger » attiré par une fille du village doit alors respecter un certain nombre d’obligations. En règle générale, il doit offrir à boire à tous les jeunes ou s’acquitter d’une somme d’argent. Cet argent est utilisé pour offrir un cadeau aux époux et pour régaler la jeunesse. Si la somme est suffisamment importante, une autre part va à l’église et aux jeunes sous les drapeaux. Il s’agit en fait de dédommager les jeunes du village pour la perte d’une épouse éventuelle. Le fiancé étranger refusant cette coutume se voit exclu du village et la nuit de noces fait l’objet d’un grand charivari. Dans certains villages, on n’hésite pas à entraver la présence du prétendant extérieur en gênant l’entrée de la maison de la jeune fille et en lui envoyant des projectiles divers : c’est le pelotage à cailloux, à boues... Des rivalités anciennes règnent entre les villages : entre Hérissart et Rubempré notamment, où les boutons de culottes des jeunes gens sont coupés s’ils s’aventurent chez les voisins, où les vaches au piquet sont détachées... Cette coutume s’applique également à la jeune fille étrangère. À Querrieu, par exemple, celle-ci doit régaler les habitantes avant être retenue prisonnière d’un « combe » (longue corde en picard) tendu dans la rue. Elle doit verser une obole avant d’entendre des compliments et de recevoir un cadeau.

Le mariage

L’Église a longtemps légiféré seule en matière de mariage et a rendu la présence d’un prêtre obligatoire à partir du XVIIIe siècle. Il est facile d’imaginer les problèmes posés par la présence de certaines confessions non catholiques dont subsistent des traces dans quelques communes (protestante à Contay, juive à Pierregot...). Au XVIe siècle, le pouvoir civil se redresse mais l’ordonnance de Blois de 1579 exige la célébration devant le curé. Malgré cette obligation le mariage à la Gamine (devant notaire) existe toujours. Les protestants persécutés après la révocation de l’Édit de Nantes (1685) fuient la France ou se convertissent. À Contay et Vadencourt, une activité protestante clandestine se maintient durablement et il n’est pas rare de constater que certains marient leurs enfants à l’église tout en étant protestants. En 1787, une ordonnance leur permet de faire constater le mariage par les officiers de justice (édit de tolérance de Louis XVI sur le mariage des protestants). Malgré cette possibilité, ceux de Contay continuent de se marier à l’église. Après la Révolution française, le mariage est considéré uniquement comme un contrat civil célébré par un curé ayant prêté serment. En 1792, l’État civil est institué et la loi retire aux prêtres la tenue des registres qui est confié, après hésitation entre notaires, juges de paix et municipalités, à ces dernières. Malgré cette loi, les curés persistent à signer l’enregistrement des actes jusqu’à la fin décembre 1792 à Flesselles, Vaux en Amiénois et Villers-Bocage. À partir de 1793, la charge de l’État civil incombe complètement aux municipalités (maire ou membre du conseil). En 1802 est votée une loi obligeant le mariage civil avant le mariage religieux, loi qui est toujours en application.

Les noces

Jusqu’au XVIIIe siècle de nombreux interdits religieux et contraintes économiques laissent peu de choix quant à la date des noces. Pendant la période de l’Avent et du Carême, il est interdit de se marier sans l’autorisation de l’évêque. À Rainneville, 9 % des mariés ont recours à cette autorisation entre 1737 et 1792. Pendant les travaux des champs qui nécessitent la présence de tous, il est impossible d’envisager le mariage. Avec l’apparition de nouveaux textes légiférant sur l’État civil et le mariage après la Révolution, les périodes prohibées disparaissent. Seul le mois de mai consacré à la Vierge est évité, car réputé de mauvais augure.

Le mariage a lieu le matin. Il y a d’abord le passage à la mairie où l’on se retrouve en petit comité (parents proches). Le maire ou son adjoint procède à la lecture des articles du Code civil consacrés au mariage et pose les questions rituelles. Une quête est effectuée au bénéfice d’une œuvre choisie par les mariés. À Pierregot il est courant d’offrir un verre de liqueur au maire, au secrétaire de mairie et aux témoins pour les remercier. À la sortie de la mairie un cortège s’organise et déambule jusqu’à l’église où le curé va bénir l’union. À Querrieu, un suisse guide le cortège entraîné par un violoneux qui racle à tour de bras la rengaine : « Viens, viens, viens, malheureuse viens, des coups d’bâton, tu n’in manqu’ros point » (Monographie d’Alfred Gosselin). Un mariage est un événement au village et les habitants sortent de chez eux pour voir passer le défilé bruyamment signalé par des coups de fusil et pétarades diverses. En 1901, des fillettes de l’école catholique de Molliens-au-Bois sont punies par la religieuse pour avoir contemplé le passage d’un grand mariage dont la mariée est parée d’une robe de satin à traîne. « À l’époque les jeunes filles se mariaient encore en robe de communiante » nous précise Marie-Louise Héren dans un article (Distractions, jeux et mots jadis interdits à Molliens-au-Bois).

Après la messe, les convives grignotent pain beurré, viande et flan. Dans de nombreux villages l’événement est fêté par la tournée des cafés avant que ne commence le repas de noces vers vingt heures. Histoires et chansons accompagnent les mets et les festivités se terminent par un bal dans les rues (peu de villages disposent d’une salle des fêtes). À Beauquesne, au nord du canton, les pauvres peuvent venir s’attabler et manger les restes quand les invités ont terminé le repas. Pendant le déroulement du bal, les mariés s’éclipsent pour se retrouver enfin seuls...

À Molliens-au-Bois, après la nuit de noces, les draps sont rangés et ne serviront plus que comme linceul.

Bien des choses ont évolué, la plupart des rites ont disparu mais le mariage constitue, aujourd’hui encore, une bonne raison de se retrouver autour d’un verre et de faire la fête au village comme à la ville.

Administration modifier

Conseillers généraux de 1833 à 2015 modifier

(Les conseillers généraux n'ont été élus (au suffrage censitaire) qu'à partir de 1833).

Liste des conseillers généraux successifs
Période Identité Étiquette Qualité
Conseillers désignés        
1792 1793 François Rémi Gamain Girondin Laboureur, conseiller municipal de Flesselles
1806 1826
(décès)
Jean-Baptiste "Robert"
Jourdain de Thieulloy
  Propriétaire à Saint-Gratien
1826 1833 François Picard   Propriétaire - Maire de Villers-Bocage
Conseillers élus        
1833 1834
(décès)
François Picard   Propriétaire - Maire de Villers-Bocage
1834 1855 Amédée-Marie
Comte puis marquis de Clermont-Tonnerre
conservateur propriétaire, ancien colonel d'infanterie
Maire de Bertangles, conseiller d'arrondissement
1855 1874 Amédée-Charles
Marquis de Clermont-Tonnerre
conservateur propriétaire
Maire de Bertangles
1874 1880 Joseph Vaysse de Rainneville conservateur propriétaire à Allonville
Sénateur (1876-1882)
1880 1892 Louis Gourdin républicain cultivateur
Maire de Montigny-sur-l'Hallue
1892 1898 Arsène Debeauvais républicain cultivateur à Septenville, commune de Rubempré
1898 1904 Gaston Trancart républicain
progressiste
cultivateur à Olincourt, commune de Flesselles
1904 1919 Paul Casimir Dubois républicain
puis Rad.
médecin
Député (1919-1928)
1919 1928 Albert Ménil progressiste
de droite
vétérinaire
Maire de Villers-Bocage (1935-1944), conseiller d'arrondissement
Député (1928-1932)
1928 1940 Georges Sanier RG
puis Rad.
cultivateur
Maire de Molliens-au-Bois (1912-1945), conseiller d'arrondissement
         
1945 1964
(décès)
Richard Vilbert Radical cultivateur
Maire de Rubempré (1947-1964), ancien conseiller d'arrondissement
1964 1992 Pierre Claisse CD puis UDF-CDS vétérinaire
Député (1986-1988)
Vice-président du conseil général
Adjoint au maire de Villers-Bocage
1992 2015 Christian Manable PS Professeur d'histoire-géo
Président du conseil général (2008-2015)
Conseiller municipal de Rainneville

Conseillers d'arrondissement (de 1833 à 1940) modifier

Liste des conseillers d'arrondissement successifs
Période Identité Étiquette Qualité
1833 1834 Marquis Amédée Marie
de Clermont-Tonnerre
(1779-1865)
  Ancien colonel d'infanterie, propriétaire à Bertangles
1834 1848 Eustache René Bénézy
(1796-1867)
  Notaire, cultivateur, ancien maire de Villers-Bocage
         
1913 1919 Albert Ménil URD Vétérinaire à Villers-Bocage
1919 1928 Georges Sanier
(1869-1953)
RG Agriculteur, maire de Molliens-au-Bois (1912-1945)
1928 1937 Marcel Ducros
(1881-1938)
RG Médecin à Rubempré
1937 1940 Richard Vilbert Rad. Cultivateur à Rubempré
1940       Les conseils d'arrondissement ont été suspendus par la loi du 12 octobre 1940
et n'ont jamais été réactivés
Les données manquantes sont à compléter.

Composition modifier

Le canton de Villers-Bocage regroupait 24 communes et comptait 12 529 habitants (recensement de 2006 sans doubles comptes).

Communes Population
(2012)
Code
postal
Code
Insee
Bavelincourt 85 80260 80056
Beaucourt-sur-l'Hallue 226 80260 80066
Béhencourt 353 80260 80077
Bertangles 654 80260 80092
Cardonnette 417 80260 80173
Coisy 246 80260 80202
Contay 353 80560 80207
Flesselles 2 143 80260 80316
Fréchencourt 227 80260 80351
Mirvaux 144 80260 80550
Molliens-au-Bois 326 80260 80553
Montigny-sur-l'Hallue 197 80260 80562
Montonvillers 71 80260 80565
Pierregot 243 80260 80624
Pont-Noyelles 789 80115 80634
Querrieu 687 80115 80650
Rainneville 761 80260 80661
Rubempré 675 80260 80686
Saint-Gratien 371 80260 80704
Saint-Vaast-en-Chaussée 563 80310 80722
Talmas 1 053 80260 80746
Vadencourt 104 80560 80773
Vaux-en-Amiénois 389 80260 80782
Villers-Bocage 1 309 80260 80798

Démographie modifier

Évolution de la population
1793 1800 1806 1821 1831 1836 1841 1846 1851
13 37913 77215 41316 42517 35918 21218 29118 54419 444
1856 1861 1866 1872 1876 1881 1886 1891 1896
17 73117 01516 21214 83314 16513 10012 24911 35010 748
1901 1906 1911 1921 1926 1931 1936 1946 1954
9 7299 2848 5747 4297 0636 7296 6496 2436 537
1962 1968 1975 1982 1990 1999 2006 - -
6 1396 7427 8899 94211 97312 38612 529--
(Sources : CASSINI[3], INSEE[4])
 
Population du canton de Villers-Bocage de 1793 à 2006

Bibliographie modifier

  • Bertrand Cuvelier. Mais et mariages dans le canton de Villers-Bocage, Histoire et traditions du Pays des Coudriers n°16, mai 1998

Notes et références modifier

  1. Du château à la ferme, par Christian Manable, bibliothèque municipale Louis Aragon, d'Amiens : Pic 5340
  2. Bertrand Cuvelier, « Mais et mariages dans le canton de Villers-Bocage », Histoire et traditions du Pays des Coudriers,
  3. Ensemble des notices communales Cassini du canton
  4. INSEE : population depuis le recensement de 1962

Voir aussi modifier

Liens externes modifier