COINTELPRO

programme de contre-espionnage du FBI

COINTELPRO (1956-1971) (Counter Intelligence Program) est un programme de contre-espionnage du Federal Bureau of Investigation (FBI) sous la direction de son directeur J. Edgar Hoover qui avait pour objectif d'enquêter sur les organisations politiques dissidentes aux États-Unis et de perturber leurs activités. Le FBI et le Gouvernement américain ont longtemps nié son existence, faisant passer les allégations pour une théorie du complot.

Document COINTELPRO décrivant les plans du FBI pour "neutraliser" Jean Seberg en raison de son soutien au Black Panther Party.

Ce programme illégal fut révélé par la Commission d'enquête sénatoriale Church ou Commission Church durant ses travaux de 1975 à 1976 provoquant l'instauration de nombreux garde-fous démocratiques par la suite.

Histoire modifier

Les cibles du Counter Intelligence Program étaient les organisations politiquement radicales, allant de groupes de l'extrême gauche révolutionnaire (Weather Underground, Black Panther Party, Parti communiste des États-Unis d'Amérique) aux militants du Mouvement afro-américain des droits civiques (mouvement Black Power, Conférence du leadership chrétien du Sud, Leonard Peltier, Jean Seberg, et Martin Luther King), des Amérindiens de l'American Indian Movement, sans oublier les groupes de l'extrême droite conservatrice, réactionnaire et nationaliste, comme le Ku Klux Klan ou le Parti nazi américain[1],[2],[3],[4],[5].

Le document fondateur de COINTELPRO ordonne aux agents du FBI d’exposer, perturber, discréditer, ou sinon neutraliser les activités des mouvements dissidents et leurs chefs[6].

Révélé par la Citizens' Commission to Investigate the FBI (en)[7], un groupe de citoyens, vite classés comme gauchistes, qui avait cambriolé des bâtiments du FBI pour récupérer des dossiers confidentiels[8],[9], le programme COINTELPRO a été sévèrement critiqué par la Commission Church de 1975[10].

Selon l'historien controversé Ward Churchill (en), 27 membres du Black Panther Party furent ainsi assassinés entre 1968 et 1976[11],[12],[13] ainsi que 69 membres de l'American Indian Movement (AIM)[11],[14],[15],[16].

Le rôle de COINTELPRO dans les procès concernant Geronimo Pratt ont défrayé la chronique[17],[18].

Références modifier

  1. (en) « COINTELPRO », sur vault.fbi.gov (consulté le )
  2. (en) Hannah Foster, « COINTELPRO [Counterintelligence Program] (1956-1976) », (consulté le )
  3. (en) Pedro Caban, « Cointelpro », Latin American, Caribbean, and U.S. Latino Studies Faculty Scholarship,‎ (lire en ligne)
  4. (en) « Cointelpro », sur www.encyclopedia.com (consulté le )
  5. (en) « COINTELPRO | United States government program », sur britannica.com (consulté le )
  6. (en) Jeffrey O. G. Ogbar, « The FBI’s War on Civil Rights Leaders », Daily Beast,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. (en) Mark Mazzetti, « Burglars Who Took On F.B.I. Abandon Shadows », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  8. (en) « Characters of 1971 | Citizens’ Commission to Investigate the FBI », sur pbs.org (consulté le )
  9. (en) Ed Pilkington, « Burglars in 1971 FBI office break-in come forward after 43 years », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  10. (en) « U.S. Senate: Senate Select Committee to Study Governmental Operations with Respect to Intelligence Activities », sur senate.gov (consulté le )
  11. a et b Dan Berger, Weather Underground. Histoire explosive du plus célèbre groupe radical américain, L'Echappée, , p. 107
  12. (en) G. Flint Taylor, « How the FBI Conspired to Destroy the Black Panther Party », In These Times,‎ (ISSN 0160-5992, lire en ligne, consulté le )
  13. (en) « COINTELPRO », sur alannabirminghamhiddenhistories.weebly.com (consulté le )
  14. (en) « COINTELPRO », sur freedomarchives.org
  15. (en) « The FBI war on Indian radicals », sur socialistworker.org (consulté le )
  16. (en) « The FBI’s Secret War », sur jacobinmag.com (consulté le )
  17. (en-US) Eric Greve, « Geronimo Pratt (1947-2011) • », (consulté le )
  18. (en-GB) « Geronimo Pratt: Black Panther leader who spent 27 years in jail for a », sur The Independent, (consulté le )

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • (en) Dhoruba Moore, « STRATEGIES OF REPRESSION AGAINST THE BLACK MOVEMENT », The Black Scholar, vol. 12, no 3,‎ , p. 10-16 (lire en ligne)
  • COINTELPRO: The Untold American Story par Paul Wolf avec des contributions de Robert Boyle, Bob Brown, Tom Burghardt, Noam Chomsky, Ward Churchill, Kathleen Cleaver, Bruce Ellison, Cynthia McKinney, Nkechi Taifa, Laura Whitehorn, Nicholas Wilson, et Howard Zinn, rapport présenté à Mary Robinson du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme à la Conférence de Durban le 1er septembre 2001 [lire en ligne]
  • (en) David Cunningham, « The Patterning of Repression: FBI Counterintelligence and the New Left », Social Forces, vol. 82, no 1,‎ , p. 209-240 (lire en ligne)
  • (en) John Drabble, « To Ensure Domestic Tranquility: The FBI, Cointelpro-White Hate and Political Discourse, 1964-1971 », Journal of American Studies, vol. 38, no 2,‎ , p. 297-328 (lire en ligne)
  • (en) Jared Leighton, « “Character Assassins”: How the FBI Used the Issue of Homosexuality against the Black Freedom Struggle », Journal of Civil and Human Rights, vol. 2, no 2,‎ , p. 151-185 (lire en ligne)

Articles connexes modifier

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