Un boson esclave est, en physique quantique, un boson fictif qui a été introduit dans le contexte de la théorie des fermions fortement corrélés[1],[2] pour prendre en compte les contraintes de non-double occupation.

Formalisation modifier

Si on considère un modèle (par exemple le modèle t-J) dans lequel il existe une contrainte :

 ,

ni, σ = 0,1 est un nombre d'occupation fermionique, σ =  , la contrainte interdit d'avoir dans l'état i un fermion de spin   et un fermion de spin   simultanément, d'où son nom de contrainte de non-double occupation. Pour prendre en compte cette contrainte de façon approchée dans le formalisme de seconde quantification, il est commode d'élargir l'espace de Hilbert en introduisant des opérateurs de création et d'annihilation pour des bosons et fermions fictifs.

Si les opérateurs de création des fermions initiaux sont ci, σ, on introduit les opérateurs de création des bosons et des fermions fictifs par :

 

et :

 

 annihile un boson sur le site   et  annihile un fermion de spin   sur le site  .

L'espace des états physiques est défini par la nouvelle contrainte :

 

Les opérateurs de bosons  sont invariants par rotation de spin   tandis que les fermions  portent le spin-1/2. Il est possible d'associer entièrement la charge aux bosons qui représentent alors des holons tandis que les fermions représentent des spinons.

Le hamiltonien exprimé en fonction des nouveaux opérateurs est traité par une approximation du champ moyen, en remplaçant  , et  . La contrainte permet de fixer   en fonction de la densité moyenne des fermions.

Critique et généralisation modifier

Cette approximation de champ moyen est critiquable dans la mesure où elle brise une symétrie de jauge continue, en contradiction avec le théorème d'Elitzur. Cependant, appliquée à la transition métal-isolant, elle donne le même résultat que l'approximation de Gutzwiller.

Cette méthode a été généralisée au modèle de Hubbard en introduisant quatre types différents de bosons esclaves par Kotliar et Ruckenstein[3]. D'autre part, il existe aussi une méthode de fermions esclaves.

Références modifier

  1. N Read et D M Newns, « A new functional integral formalism for the degenerate Anderson model », Journal of Physics C: Solid State Physics, vol. 16, no 29,‎ , L1055–L1060 (ISSN 0022-3719, DOI 10.1088/0022-3719/16/29/007, lire en ligne, consulté le )
  2. (en) Piers Coleman, « New approach to the mixed-valence problem », Physical Review B, vol. 29, no 6,‎ , p. 3035–3044 (ISSN 0163-1829, DOI 10.1103/PhysRevB.29.3035, lire en ligne, consulté le )
  3. (en) Gabriel Kotliar et Andrei E. Ruckenstein, « New Functional Integral Approach to Strongly Correlated Fermi Systems: The Gutzwiller Approximation as a Saddle Point », Physical Review Letters, vol. 57, no 11,‎ , p. 1362–1365 (ISSN 0031-9007, DOI 10.1103/PhysRevLett.57.1362, lire en ligne, consulté le )