Bolet à pied rouge

espèce de champignons

Neoboletus praestigiator, Neoboletus erythropus, Neoboletus luridiformis

Neoboletus erythropus le Bolet à pied rouge, est une espèce de champignons basidiomycètes, appartenant à la famille des Boletaceae. Commun dans l'hémisphère nord, il pousse dans les bois de feuillus ou de conifères, en été et en automne. Il est caractérisé par son pied ponctué et sa chair fortement bleuissante. C'est un bon comestible à condition d'être bien cuit, il est toxique cru[2].

Taxonomie modifier

Le nom scientifique valide de cette espèce, autrefois Neoboletus luridiformis (Rostk.) Gelardi, Simonini & Vizzini (2014)[3], désormais invalide, fluctue aujourd'hui entre Neoboletus erythropus (Persoon) C. Hahn (2015)[4] et Neoboletus praestigiator (R. Schulz) Svetash., Gelardi, Simonini & Vizzini (2016)[5], un consensus entre les deux taxons concernant l'interprétation de l'auteur devant encore se faire. Les auteurs français privilégient Neoboletus erythropus[6].

Le basionyme est Boletus erythropus Pers. (1796)[7].

 
Bolet à pied rouge

Synonymes modifier

Neoboletus erythropus a pour synonymes:

  • Boletus erythropus (Fr. ex Fr.) Krombh.[8]
  • Boletus erythropus Krombh.[8]
  • Boletus erythropus Pers.[8]
  • Boletus luridus var. erythropus (Pers.) Fr.[8]
  • Boletus luridus var. erythropus Fr.[8]
  • Boletus miniatoporus Secr.[8]
  • Boletus queletii Schulzer 1885[9]
  • Tubiporus erythropus (Fr.) Maire[8]
  • Tubiporus erythropus Kallenb.[8]
  • Boletus praestigiator R. Schulz[10]

Phylogénie modifier

Ce champignon est connu jusqu'en 2006 sous le nom de Boletus erythropus[11], puis Boletus luridiformis jusqu'en 2014, actuellement Neoboletus erythropus. Cette espèce a été décrite en 1844 par Friedrich Wilhelm Gottlieb Rotskof (1770-1848).

Étymologie modifier

l'épithète spécifique vient du grec ερυθρος (« rouge ») et πους (« pied »)[12].

Noms vulgaires et vernaculaires modifier

Noms vulgaires (vulgarisation scientifique) recommandés ou typiques en français : Bolet à pied rouge pour la variété nominale[13] et Bolet jonquille pour la variété pseudosulphureus[13].

Le Bolet à pied rouge est également surnommé "la récompense du mycologue" pour ses qualités culinaires connues seulement des initiés[14].

Description du sporophore modifier

 
Coupe verticale montrant le bleuissement du Bolet à pied rouge. On observe également les très fines ponctuations recouvrant la surface du pied des deux spécimens entiers.

Le chapeau est hémisphérique (5 à 20 cm), bien en chair, velouté, devient plus étalé en vieillissant. De couleur brun tabac à marron sombre, il peut être parsemé de taches brun rougeâtre ou brunâtres.

Les tubes jaune olive bleuissent en vieillissant. Ces tubes sont terminés par des pores rouge sang devenant orangés et puis jaune orangé, qui bleuissent lorsqu'on les touche. La sporée est de couleur brun olivâtre.

Le pied épais, mesurant 5-15 × 1,5-5 cm, de couleur jaune orangé est finement moucheté de petits points rouge vif, une ornementation de stipe appelée "ponctuation", c'est un stipe dit "ponctué". Cette ponctuation est une de ses caractéristiques d'identification les plus fiables, les autres espèces lui ressemblant possédant pour la grande partie d'entre elles un stipe orné d'un réseau.

La chair de couleur jaune vif, épaisse et très ferme, bleuit fortement à la coupe, puis passe au rouge sombre un peu plus tard. L'odeur est faiblement fruitée et la saveur douce.

Neoboletus erythropus peut parfois être plus au moins décoloré, se manifestant par son stipe tendant vers le jaune-brun, les pores devenant orangés vers le bord du chapeau, et le chapeau parfois brun clair se parsemant de taches ocres.

Caractéristiques microscopiques modifier

Les basides mesurent 25–40 × 9–13 µ. Les spores fusiformes mesurent 12–18 × 4,5–6,5 µ . Les cystides ont une forme de bouteilles ou de fuseaux ventrus, ils sont dispersés parmi les pores et mesurent jusqu’à 50 µ. On observe sur la cuticule des terminaison d'hyphes (de 3 à 6 µ de diamètre) d'abord plus ou moins dressés puis rapidement couchés, légèrement gélatineux, surtout chez les exemplaires un peu âgés. Les terminaisons des cellules sont cylindriques ou un peu en forme de massue.

Galerie modifier

Variétés et formes modifier

Forme pseudosulphureus ; le Bolet jonquille.
Forme discolor, plus au moins décolorée.
  • La forme pseudosulphureus Bolet jonquille = Neoboletus junquilleus (Quél.) Gelardi, Simonini & Vizzini est une forme entièrement xanthoïde (jaune), totalement décolorée, autrefois considérée comme une espèce à part entière.
  • La forme discolor a un stipe jaune et des pores orangés, pouvant être qualifiée de semi-décolorée ou semi-xanthoïde, parfois synonymisée avec Neoboletus xanthopus.
  • La forme immutatus a une chair immuable (ne bleuissant pas à la coupe)[14].
  • La forme rubropileus a le chapeau rose, rose-rouge, violacé[14].

Habitat modifier

Le Bolet à pied rouge est un champignon ectomycorhizien, poussant dans l'hémisphère nord, sur le sol dans les bois (aussi bien dans les résineux que les feuillus), de l'été à la fin de l'automne. Il peut se développer dès le mois de juin, jusqu'en novembre. Il préfère les sols acides, non calcaires ; il n'est pas rare en montagne, dans le sous-bois ou en association avec les myrtilles[15].

Comestibilité modifier

C'est un champignon comestible - et même excellent, à condition de prendre la précaution de bien le cuire car il est toxique à l'état cru ou séché. Il contient des substances hémolytiques, mais ces substances sont détruites par une cuisson prolongée (15 à 20 min, ou ~10 min de chaque côté).

Il présente l'avantage d'avoir une chair toujours ferme et d'être peu attaqué par les vers. Il est conseillé de le trancher finement afin que sa cuisson correcte soit assurée. Sa texture est croquante. Le pied peut être fibreux quand il est vieux. La couleur bleue de la chair disparait totalement à la cuisson (propriété thermolabile).

Confusions possibles modifier

 
Ponctuations sur la surface du pied du Bolet à pied rouge. Le pied (stipe) est dit ponctué. C'est la principale caractéristique pour le différencier de la plupart des autres espèces ressemblantes.
 
Réseau sur la surface du pied du Bolet satan. Le pied (stipe) est dit réticulé. C'est une caractéristique permettant de facilement le séparer du Bolet à pied rouge, en plus de la couleur du chapeau.

Le Bolet à pied rouge est souvent délaissé de peur de le confondre avec le toxique Bolet Satan (Rubroboletus satanas), cependant la distinction est aisée. Le chapeau de R.satanas est blanchâtre tandis que celui de N.erythropus est marron, le stipe de ce dernier est également orné de ponctuations tandis que celui de R.satanas est orné d'un réseau. La peur de confusion entre ces deux espèces origine plutôt d'une idée reçue que d'un danger de confusion réel. R.satanas étant une espèce rare qui plus est, affectionnant les sols calcaires.

Un risque de confusion plus conséquent existe avec le Bolet blafard (Suillellus luridus), dont le chapeau typiquement brun briqué possède une variabilité de couleur assez importante pour parfois devenir aussi sombre que celui de N.erythropus. Cependant, les pores du Bolet blafard sont généralement orangés et son pied est brunâtre. Il possède lui aussi un réseau sur son pied, beaucoup plus saillant que celui de R.satanas par ailleurs, contrairement au Bolet à pied rouge qui a un pied ponctué, rendant la différenciation finalement plutôt facile grâce à ce caractère. Sa comestibilité est la même que celle du Bolet à pied rouge, comestible sous réserve d'une cuisson complète, car lui aussi est toxique cru ou mal cuit.

Enfin, le Bolet à pied rouge est extrêmement difficile, voire impossible, à distinguer macroscopiquement de son espèce soeur ; le Bolet à pied jaune (Neoboletus xanthopus), dont la comestibilité est la même. La confusion est d'autant plus facile lorsque N.erythropus se présente sous un de ses aspects décolorés le rendant plus brun-jaunâtre.


Voir aussi modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie modifier

  • Régis Courtecuisse, Bernard Duhem: Guide des champignons de France et d'Europe (Delachaux & Niestlé, 1994-2000
  • Marcel Bon: Champignons de France et d'Europe occidentale (Flammarion, 2004)
  • Dr Ewaldt Gerhardt: Guide Vigot des champignons (Vigot, 1999) - (ISBN 2-7114-1413-2)
  • Roger Phillips: Les champignons (Solar, 1981) - (ISBN 2-263-00640-0)
  • Thomas Laessoe, Anna Del Conte: L'Encyclopédie des champignons (Bordas, 1996) - (ISBN 2-04-027177-5)
  • Peter Jordan, Steven Wheeler: Larousse saveurs - Les champignons (Larousse, 1996) - (ISBN 2-03-516003-0)
  • G. Becker, Dr L. Giacomoni, J Nicot, S. Pautot, G. Redeuihl, G. Branchu, D. Hartog, A. Herubel, H. Marxmuller, U. Millot et C. Schaeffner: Le guide des champignons (Reader's Digest, 1982) - (ISBN 2-7098-0031-4)
  • Henri Romagnesi: Petit atlas des champignons(Bordas, 1970) - (ISBN 2-04-007940-8)
  • Larousse des champignons édition 2004 sous la direction de Guy Redeuilh - (ISBN 2-03-560338-2)
  • Guillaume Eyssartier, Pierre Roux, Le guide des champignons, Paris: Editions Bellin, 2011. p. 98

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

Notes et références modifier

  1. Catalogue of Life Checklist, consulté le 10 octobre 2016
  2. Guillaume Eyssartier, Pierre Roux, Le guide des champignons, 3e ed. Paris: Editions Belin, 2013. p.98.
  3. « Index Fungorum - Names Record », sur www.indexfungorum.org (consulté le )
  4. « Species Fungorum - Species synonymy », sur www.speciesfungorum.org (consulté le )
  5. « Index Fungorum - Names Record », sur www.indexfungorum.org (consulté le )
  6. Guillaume Eyssartier, Pierre Roux, Le guide des champignons France et Europe 4e édition
  7. « Index Fungorum - Names Record », sur www.indexfungorum.org (consulté le )
  8. a b c d e f g et h BioLib, consulté le 10 octobre 2016
  9. Schulzer, in: Hedwigia Organ für Specielle Kryptogamenkunde nebst Repertorium für kryptomatische Literarur volume 24 page 143, Dresde 1885
  10. « Index Fungorum - Names Record », sur www.indexfungorum.org (consulté le )
  11. Phillips Roger, Champignons, Pan MacMillan, 2006, (ISBN 0-330-44237-6) .
  12. « Le bolet à pied rouge (Boletus erythropus) », sur domenicus.malleotus.free.fr (consulté le ).
  13. a et b « Les noms français des champignons », sur Société Mycologique de France (consulté le )
  14. a b et c « MycoDB : Fiche de Neoboletus erythropus », sur www.mycodb.fr (consulté le )
  15. Edmund Garnweidner, Gros plan sur les champignons, Nathan, , 252 p. (ISBN 978-2-09-278273-6 et 2-09-278273-8)