Bleda

frère d'Attila et roi des Huns
Bleda
Fonction
Roi des Huns
Empire hunnique
avec Attila
-
Titre de noblesse
Roi
Biographie
Naissance
Date inconnueVoir et modifier les données sur Wikidata
Décès
ou Voir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Commandant militaire
Père
Fratrie

Bleda ou Bléda, mort vers 444 ou 445, est un roi hun qui, succédant avec son frère Attila à leur oncle Ruga, a régné de 435 à sa mort sur la partie orientale de l'empire hunnique.

Biographie modifier

Sources modifier

Les éléments conservés sur Bleda sont ténus et proviennent essentiellement de l'Histoire des Goths de l'auteur byzantin du VIe siècle Jordanès qui les reprend de l'historien et diplomate grec Priscus, contemporain des évènements. On trouve également des éléments dans les Chronique universelle de Prosper d'Aquitaine et dans la Chronographie de Théophane le Confesseur.

Règne modifier

Bleda est le fils du prince Moundzouk et le frère ainé d'Attila[1]. Lorsque les deux frères succèdent vers 435 comme rois des Huns à leur oncle Ruga, il semble que l'aîné se voie confier la partie orientale de l'empire hunnique[2] et occupe vraisemblablement la place prédominante dans l'association[3] comme « roi principal » dans la mesure où il est seul mentionné dans la Chronica Gallica de 452[4]. On sait qu'à l'instar de son frère il a eu plusieurs épouses, probablement dans une stratégie politique d'alliances matrimoniales permettant aux deux souverains de s'attirer le soutien des chefs huns de second rang[5].

Les nouveaux rois poursuivent et finalisent les négociations entamées par Ruga avec Constantinople, aboutissant au Traité de Margus qui, en le portant à 700 livres d'or, double le tribut déjà obtenu par leur prédécesseur[4], faisant peut-être acter de la sorte la reconnaissance des deux souverains[6] ; le traité convient en outre d'une extradition mutuelle des déserteurs, fugitifs et réfugiés, de l'établissement de marchés frontaliers pour les échanges commerciaux ainsi que l'engagement des Romains à ne pas s'allier avec d'autres peuples « Barbares » hostiles aux Huns[4]. À la suite de l'accord, deux princes huns de sang royal, nommés Mama et Atakam, réfugiés chez les Romains, sont livrés à leur cousins et aussitôt empalés[7].

 
Empire Hun vers 450, suivant l'historien Peter Heather.

Le traité signé, les deux souverains s'attachent à reprendre en main les populations vassales[4], consolidant leur hégémonie sur les peuples tant nomades que sédentaires au nord et à l'est du Danube, sans que l'on puisse toutefois fixer les limites précises des territoires sous leur coupe[6] ; ils entreprennent notamment une campagne contre les tribus scythes ainsi qu'une guerre contre des « Sorosgues » — une peuplade mentionnée uniquement par Priscus —, opération attestant peut-être d'une volonté d'extension de leur domaine[4].

Les frères continuent à offrir leur aide au pouvoir romain et à leur ami Aetius qui dirige l'armée impériale d'Occident, contribuant probablement à l'anéantissement des Burgondes de Gondicaire vers 436 ou 437, une extermination qui laisse un souvenir terrible dont on retrouve l'écho dans les épopées tant germaniques (Chanson des Nibelungen) que scandinaves (Edda de Snorri et Edda poétique)[4].

Mais en 441, Bleda et Attila rompent le traité de Margus, prétextant le pillage de tombes hunniques par l'évêque de cette ville ainsi que le non-respect de la clause sur les réfugiés[8]. Il est néanmoins plus vraisemblable que les Huns aient profité de l'affaiblissement d'une armée impériale occupée à contrer les Vandales en Sicile, les Sassanides en Arménie tout en devant faire face à une multiplication de révoltes (Isauriens, Zanes, Berbères...)[9].

Les troupes hunniques envahissent l'Illyrie[8] et se saisissent de nombreuses places fortes comme Vimimacium[10] — qui après avoir été occupée puis pillée par Bleda[11] est rasée au sol[12] —, le camp fortifié de Castra Constantia mais également des villes de Singidunum, Naissus ou encore Margus dont l'évêque obtient un sauf-conduit pour avoir ouvert les portes de la cité[9]. Une trêve éphémère est conclue avec les commandants romains Anatolius et Aspar mais le conflit reprend en 442 : Théodose II a en effet rappelé les légions de Sicile pour contrer l'offensive des Huns qui se retirent vers 443, emportant toutefois un important butin tandis que l'empereur fait renforcer les défenses frontalières et refuse par la suite de payer le tribut[9].

Mort modifier

Si plusieurs auteurs antiques attestent que c'est Attila qui ordonne la mise à mort de son frère, voire qu'il le tue lui-même, la raison précise de cette exécution — qui n'est pas même mentionnée chez Priscus[13] —, située selon les sources entre 442 et 447 (probablement en 444 ou 445)[3], demeure inconnue[14]. Quoi qu'il en soit, Attila occupe dès lors seul la tête de l'empire, de manière autocratique[3].

Le meurtre de Bleda et l'usurpation de son frère provoquent la révolte des Akatziri (en), une peuplade hunnique installée dans la région de la mer Noire ; le soulèvement est maté par Attila avec l'aide des Gépides[15], qui place son fils Ellac à la tête de la partie orientale du domaine hun[16]. Il est en outre vraisemblable que l'assassinat de Bleda ait contribué à la dégradation des rapports entre Attila et le généralissime romain Aetius[17].

Postérité modifier

 
Ettore Mani dans le rôle de Bleda dans Attila, le fléau de Dieu (1954)

Dans la culture hongroise, Bleda est connu sous le nom de Buda et figure dans plusieurs drames entre les XVIIe et XIXe siècles dans lesquels il est tué à cause de ses intrigues et de sa lâcheté par son frère, considéré comme le prédécesseur des rois de Hongrie [18]. Une tradition médiévale reprise de Simon de Kéza par poète hongrois János Arany au XIXe siècle fait des personnages Attila et Bleda — repris sous le nom de Buda — une réminiscence du mythe fondateur de Romulus et Remus appliqué à la Hongrie, attribuant la fondation de la ville de Budapest au frère d'Attila qui l'assassine peu après[19], sans cependant qu'aucune source antique ne corrobore cette assertion[20].

Le personnage de Bleda apparaît dans plusieurs productions cinématographiques :

Notes et références modifier

  1. Kim 2016, p. 79.
  2. Kim 2016, p. 80.
  3. a b et c Kim 2016, p. 93.
  4. a b c d e et f Lebedynsky 2018, p. 78.
  5. Heather 2017, p. 379.
  6. a et b (en) Michael Kulikowski, The Tragedy of Empire : From Constantine to the Destruction of Roman Italy, Harvard University Press, (ISBN 978-0-674-66013-7), p. 184
  7. Heather 2017, p. 383.
  8. a et b Lebedynsky 2018, p. 79.
  9. a b et c Lebedynsky 2018, p. 81.
  10. Heather 2017, p. 354.
  11. István Bóna, Les huns : Le grand empire barbare d'Europe (IVe – Ve siècles), Errance, (ISBN 978-2-87772-223-0), p. 62
  12. (en) Michael Kulikowski, The Tragedy of Empire : From Constantine to the Destruction of Roman Italy, Harvard University Press, (ISBN 978-0-674-66013-7), p. 135
  13. Heather 2017, p. 363.
  14. Edina Bozoky, Attila et les Huns : Vérités et légendes, Place des éditeurs, (ISBN 978-2-262-04037-6, lire en ligne), Pt19
  15. Kim 2016, p. 109.
  16. Kim 2016, p. 86.
  17. Kim 2016, p. 97.
  18. Hervé Dumont, L'Antiquité au cinéma: vérités, légendes et manipulations, Nouveau Monde, (ISBN 978-2-84736-476-7), p. 583
  19. József Laszlovszky et James Plumtree, « ‘A castle once stood, now a heap of stones…’ the Site and Remains of Óbuda in Medieval Chronicles, National Epics, and Modern FringeTheories », dans Balázs Nagy, Martyn Rady, Katalin Szende et András Vadas (éds.), Medieval Buda in Context, Leiden, Brill, coll. « Brill’s Companions to European History » (no 10) (ISBN 978-90-04-30768-1), p. 106
  20. József Laszlovszky et James Plumtree, « ‘A castle once stood, now a heap of stones…’ the Site and Remains of Óbuda in Medieval Chronicles, National Epics, and Modern FringeTheories », dans Balázs Nagy, Martyn Rady, Katalin Szende et András Vadas (éds.), Medieval Buda in Context, Leiden, Brill, coll. « Brill’s Companions to European History » (no 10) (ISBN 978-90-04-30768-1), p. 94

Bibliographie modifier

Recherche modifier

Essais modifier