Black Rio

mouvement culturel

Black Rio (litt. Rio noir) ou Movimento Black Rio est un mouvement culturel et une contre-culture né dans les années 1970 à Rio de Janeiro. Initialement inspiré par la révolution de la musique funk nord-américaine, le mouvement mélange des rythmes de la « musique noire brésilienne », comme le funk, la soul, le jazz, la samba et le forró.

Selon Luiz Felipe de Lima Peixoto, « Black Rio est entré sur la scène rio et brésilienne comme un mouvement de désir musical, mais aussi politique, culturel et intellectuel »[1],[2].

Histoire modifier

À partir de 1964, le Brésil vit sous le régime de la dictature militaire. Les organes de censure du régime s’inquiètent de l'éventuelle orientation politique du mouvement noir dans le pays, et du fait que cela propagerait un mouvement similaire à celui des Black Panthers. Les militaires ont peur de la subversion dans les favelas. Ils pensent que, si un jour la favela devient politisée, ce sera la révolution sociale au Brésil[3].

Le point de départ du mouvement est considéré comme étant le , date à laquelle a lieu le premier bal au Clube Astória de Rio de Janeiro, au cours duquel la discothèque ne joue que des chansons chantées par des artistes noirs[4]. La presse constate l'effervescence du mouvement qui mobilise des milliers de jeunes noirs et pauvres et en 1976, l'article « Black Rio – O orgulho (importado) de ser negro no Brasil » (« Black Rio - La fierté (importée) d'être noir au Brésil »[5]), publié dans le Jornal do Brasil, baptise finalement le mouvement « Black Rio »[6],[7]. Les soirées en banlieue et dans la zone sud sont responsables de l'énorme taux de vente des disques d'artistes noirs, dépassant même le rock des Rolling Stones ou de Led Zeppelin[8]. Les participants à ces soirées sont considérés comme un énorme marché potentiel. Initialement, des compilations sortent avec les principaux succès des bals (beaucoup d'entre elles sont signées par les équipes sonores et les DJ les plus prestigieux comme Tony Hits (pt))[9] et de nouveaux artistes nationaux qui chantent de la musique soul commencent à émerger, comme Banda Black Rio, formé par des membres du groupe Abolição. Le groupe est créé à la demande du label WEA en 1977, qui approfondit les expérimentations sonores autour d'un son instrumental mêlant la samba au funk américain[10],[7].

Les représentants les plus notables de ce mouvement sont Tim Maia, Cassiano (pt), Hyldon (pt), Macau, Sandra de Sá, Gerson King Combo, Luizinho Disc Jockey et Tony Tornado (pt). L'album Maria Fumaça de Banda Black Rio est considéré comme le symbole de ce mouvement[11],[12],[13].

En 2018, le Movimento Black Rio devient « Patrimoine culturel immatériel de Rio »[4].

Notes et références modifier

  1. Sebadelhe et Lima Peixoto 2016.
  2. (pt) « Movimento Black Rio continua lindo », sur combaterock.blogosfera.uol.com.br, Combate Rock, (consulté le ).
  3. (pt) Luciano Marsiglia, « o movimento Black Rio: Desarmado e perigoso », sur super.abril.com.br, Super Interesante, (consulté le ).
  4. a et b (pt) « Movimento Black Rio torna-se Patrimônio Cultural Imaterial do Rio - Eu, Rio! », sur eurio.com.br, Eu, Rio, (consulté le ).
  5. (pt-BR) Mr. Funky Santos, « Black Rio: o orgulho (importado) de ser negro no Brasil » (Entretien avec Lena Frias), Jornal do Brasil, Rio de Janeiro, caderno B,‎ , p. 4.
  6. (pt-BR) Sandra C. A. Pelegrini et Amanda Palomo Alves, « Tornado 'black' e musical », sur Revista de História da Biblioteca Nacional, .
  7. a et b (pt) Silvio Essinger, Batidão: uma historia do funk, Editora Record, (ISBN 9788501071651, lire en ligne).
  8. (pt) Ana Maria Bahiana, « Enlatando a Black Rio », dans Nada será como antes – MPB nos anos 70, Rio de Janeiro, Civilização Brasileira, .
  9. (pt) Leandro Fortino, « Garimpeiro de hits », sur super.abril.com.br, Super Interessante, (consulté le ).
  10. (pt) Silvio Essinger, « Soul Brasil », sur cliquemusic.uol.com.br (consulté le ).
  11. (pt) Eloá Gabriele Gonçalves, Banda Black Rio: o soul no Brasil da década de 1970 (thèse de maîtrise), Campinas, UNICAMP, , p. 55.
  12. (pt-BR) Silvio Essinger, Batidão: uma história do funk, Editora Record, (ISBN 9788501071651).
  13. (pt-BR) « Referência para funk carioca, movimento Black Rio se renova aos 40 anos », sur musica.uol.com.br.

Annexes modifier

Bibliographie modifier

  • (pt) A. M. Bahiana, « Enlatando a Black Rio », dans Nada será como antes: MPB nos anos 70-30 anos depois, Rio de Janeiro, Senac Rio, , p. 303-310.
  • (pt) A. G. Braga, A cena Black Rio : circulação de discos e identidade negra (thèse de maîtrise en anthropologie sociale), Natal, Universidade Federal do Rio Grande do Norte, .
  • (pt) L. Marsiglia, « O movimento Black Rio desarmado e perigoso », Super Interessante, São Paulo,‎ (lire en ligne).
  • (pt) S. L. de Moraes, Soul mais samba : movimento Black Rio e o Samba nos Anos 1970 (thèse de maîtrise en musique), Rio de Janeiro, Centro de Letras e Artes, Universidade Federal do Estado do Rio De Janeiro, Universidade Federal do Rio, .
  • (pt) Luciana Xavier de Oliveira, « Visões sobre o Movimento Black Rio: apontamentos teóricos sobre estilo, consumo cultural e identidade negra », Animus: Revista Interamericana de Comunicação Midiática, Santa Maria, vol. 14, no 27,‎ , p. 78-93 (lire en ligne).
  • (pt) Luciana Xavier de Oliveira, A cena musical da Black Rio : estilos e mediações nos bailes soul dos anos 1970, Salvador, EDUFBA, , 302 p. (ISBN 978-85-232-1872-0, DOI https://doi.org/10.7476/9788523218720, lire en ligne [PDF]).
  • (pt) Zé Octavio Sebadelhe et Luiz Felipe de Lima Peixoto, 1976 – Movimento Black Rio, José Olympio, , 252 p. (ISBN 9788503013031, lire en ligne).
  • (en) A. Thayer (ill. Alberto Forero), « Black Rio : Brazilian Soul and DJ Culture's Lost Chapter », Revista Waxpoetics, New York, no 16,‎ , p. 88-106.

Liens externes modifier