Bataille de Roncevaux (778)

bataille opposant les Francs aux Vascons en 778
Bataille de Roncevaux
Description de cette image, également commentée ci-après
Charlemagne pleurant les morts de la bataille ; miniature du XIVe siècle.
Informations générales
Date
Lieu Col de Roncevaux, Pyrénées (supposé)
Issue Perte de l'arrière-garde de l'armée de Charlemagne
Belligérants
Empire carolingien Vascons
Banu Qasi (peut-être)
Commandants
Roland inconnu
Pertes
Massacre de l'arrière-garde

Batailles

Coordonnées 42° 59′ 22″ nord, 1° 20′ 02″ ouest
Géolocalisation sur la carte : Espagne
(Voir situation sur carte : Espagne)
Bataille de Roncevaux
Géolocalisation sur la carte : Navarre
(Voir situation sur carte : Navarre)
Bataille de Roncevaux

La bataille de Roncevaux est une embuscade tendue par une troupe de soldats vascons le au col de Roncevaux dans les Pyrénées, au cours de laquelle l'arrière-garde de l'armée de Charlemagne, de retour de Saragosse, fut détruite. Plusieurs personnalités du royaume franc furent tuées dans ce combat, dont le chevalier Roland, préfet de la marche de Bretagne, qui commandait l'arrière-garde.

Cette bataille de l'histoire de France est relatée par le moine Éginhard dans la Vita Karoli Magni (chapitre IX[1]) et évoquée brièvement par d'autres sources ; elle est surtout célèbre par le récit, épique et non historique, de la Chanson de Roland, une chanson de geste composée au XIe siècle dont le personnage principal est le chevalier Roland et qui attribue l'attaque aux Sarrasins. Le lieu exact de la bataille est incertain mais un mémorial rappelant la légende de Roland s'élève dans le village actuel de Roncevaux.

Contexte historique modifier

À la mort de Pépin en 768, Charles est élevé à la royauté. Liuba II (nommé traditionnellement Loup II), duc de Gascogne lui prête serment. L'année suivante il confie à la cour de Charles l'éducation de son fils Sanz, et lui demande de protéger ses biens et ses terres. La Gascogne s'étend de la Garonne jusqu'au sud des Pyrénées, comprenant des villes comme Pampelune.

En 777, au plaid de Paderborn, Charlemagne reçoit l'ambassadeur du gouverneur musulman de Barcelone, Souleiman al-Arabi (orthographié aussi Sulayman) — révolté contre Abd al-Rahman Ier, l'émir de Cordoue — qui demande l'aide des Francs[2] pour tenir la ville de Saragosse.

Peut-être s'offre-t-il en vassal de Charles, souhaitant sa protection contre l'émir qu'il a trahi deux fois. Peut-être offre-t-il à Charles de repousser l'émir en lui prenant des territoires, constituant un État allié tampon, évitant les razzias[3].

Saragosse constitue un enjeu stratégique militaire et économique majeur permettant de contrôler l’Èbre[4]. La cité est également un haut lieu du christianisme dans la péninsule ibérique, et une enclave de confession chrétienne dans un territoire alors sous domination musulmane. Prudence au IVe siècle dans le Peristephanon chante la cité et constitue l'image de grandeur attachée à l'époque à Saragosse. La cathédrale contient les tombeaux de nombreux martyrs chrétiens, dont les reliques de saint Vincent. Il n'est pas impossible que le pilier dit miraculeux de la Virgen del Pilar ait déjà été réalisé à la fin du VIIIe siècle.

Mais Charles est sûrement moins attiré par Saragosse qu'il n'est inquiet des menées de l'ambitieux clan des Banu Qasi, ancien lignage comtal wisigothique islamisé, dirigé par Abu Tawr dont le père était déjà entré dans l’alliance avec l’émir. En effet, depuis leurs fiefs d'Olite et de Tudèle, ils chercheraient à prendre le contrôle de Pampelune sous domination franque, mais aussi de Huesca et Gérone qui dépendent de l'émirat[5].

Charles, s'il part — soutenu par le pape Adrien Ier qui lui souhaite « heureuse victoire » — défendre les chrétiens opprimés, il s'agit de Franci homines de Pampelune, ceux que des Muwallads (musulmans de fraîche date) viennent de soumettre, et cela sur le territoire du royaume franc. Les Banu Qasi ont soumis la ville que Liuba II avait placée 9 ans plus tôt sous protection royale. Charles s'inscrit ainsi dans le vieux combat contre ces fils de Goths jugés capables de toutes les hérésies (depuis l'homéisme)[6].

La campagne et la bataille modifier

 
Les Francs à Roncevaux affrontant des Sarrasins à la peau foncée, miniature des Grandes Chroniques de France, v. 1375-1380.
 
Carte de la péninsule ibérique en 814 avec les campagnes de Charlemagne et la création de la marche d'Espagne.

C'est avec deux armées que Charles traverse les Pyrénées : l'une, à l'Est, composée de Bavarois, Bourguignons, Austrasiens, Provençaux, Septimaniens et Lombards traverse au col du Perthus. L'armée de l'Ouest, dirigée par Charles est composée de Neustriens, Bretons, Aquitains (territoire nouvellement organisé entre la Loire et la Garonne) et Gascons (du Sud garonnais)[7].

Les portes de Pampelune s’ouvrent à la vue de Charles. Abu Tawr lui dit la soumission de ses villes et remet son fils et son frère Abu Talama en otage comme promis, en guise de caution. Souleiman conduit Charles devant Saragosse où la jonction est faite avec l'armée orientale qui vient de soumettre Gérone, Barcelone et Huesca[8].

Mais à Saragosse, El Hussayn, qui dirigeait la ville avec Souleiman, refuse d'ouvrir les portes aux Francs. Charles n'est pas en mesure de mener un siège et ne veut pas s'attarder à élucider ce complot au risque d'affaiblir son armée et de risquer qu'un piège ne se referme sur lui. Il prend Souleiman en otage. La chaleur, le risque de manquer de nourriture et de laisser le royaume trop peu défendu lui commandent de renvoyer l'armée de l'Est[9].

Charles apprend que les Banu Qasi s'approprient Pampelune et en agitent la population. Charles, avant de traverser les Pyrénées revient alors à Pampelune dont il trouve les portes closes. Mais les Banu Qasi s'attendaient vraisemblablement à la destruction — du moins l'affaiblissement — de l'armée franque au siège de Saragosse ; leur surprise finit par les obliger à abandonner leur ambitieuse acquisition. Charles convainc les Navarii — défenseurs de Pampelune — de ne plus obéir aux Banu Qasi. Ces Navarii lui prêtent serment. Pour éviter que Pampelune ne soit de nouveau convoitée par des ambitieux pour le caractère stratégique de ses défenses, Charlemagne fait raser les murs de la ville — certainement en attendant d'y avoir pu installer une troupe défensive conséquente[10].

La bataille littéraire modifier

Les sources premières modifier

En 1867, Léon Gautier écrit en introduction de son analyse de la Chanson de Roland qui clôt le second tome de ses monumentales Épopées françaises : « Roncevaux est au centre, il est au cœur de tout le cycle de Charlemagne. Roncevaux est le fait capital de toute la Geste du Roi, c’est le noyau de tous les poèmes carlovingiens »[11]. L’émotion causée par cette bataille de Roncevaux littéraire a poussé très tôt les historiens du Moyen Âge et de la littérature médiévale à s’intéresser à la réalité historique qui lui a servi de toile de fond. Mais aucune recherche archéologique, n'a permis de l'éclairer et elle n'est donc connue que par des sources historiographiques[12]. En 1850, François Génin n’avait connaissance que deux textes contemporains des faits : les Annales Royales, jusqu'en 829 et Vie de l’empereur Charlemagne d’Éginhard[13].

Dès la première moitié du XIXe siècle, les médiévistes dont notamment Gaston Paris qui publie son Histoire poétique de Charlemagne en 1865[14] basée en grande partie sur les manuscrits anciens rassemblés dans Monumenta Germaniæ Historica . Scriptores éditée par Georg Heinrich Pertz à partir de 1826[15], n’ont eu de cesse de chercher les fondements historiques de cette bataille pour déterminer comment la réalité avait pu servir d’inspiration à plusieurs textes majeurs de la littérature médiévale. Lorsque Francisque Michel publie en France en 1837 la première édition de Chanson de Roland dans sa version du manuscrit d'Oxford, il lui semble acquis que la fameuse bataille de la chanson fait référence à une embuscade réelle qu’a subie en 778 dans les Pyrénées l’arrière-garde de l’armée de Charlemagne au retour de la campagne d’Espagne[16].

Déjà en 1817 et la première étude faisant allusion au manuscrit d'Oxford effectuée par Louis de Musset[17], l’historicité de Roland est défendue sur la base de la Vie de l’empereur Charlemagne d’Éginhard, considérée comme une source historiographique de référence[18]. L’identification de la bataille de Roncevaux des chansons de geste avec la défaite des Pyrénées est bien plus ancienne. C’est ce que fait par exemple Jean Papire Masson qui défend en 1577, également en se basant sur Éginhard mais aussi sur des chroniques ecclésiastiques telles que celle de Flodoard, l’idée que la Chronique de Turpin qui décrit elle aussi la bataille de Roncevaux soit en grande partie légendaire[19],[20].

En 1959, l'érudit Ramón Menéndez Pidal tente une synthèse des recherches accomplies depuis un siècle et demi dans la somme qu'il consacre à la Chanson de Roland[21]. Il y annexe notamment les extraits des principaux textes médiévaux permettant de cerner la réalité de plus près[22] et les organise en deux catégories : les annales carolingiennes composées de seize textes en latin écrits approximativement entre 791 et 906[note 1], et trois extraits de chroniques arabes tardives[24]. À ce corpus, certains historiens, dont Ramón Menéndez Pidal lui-même, ajoutent diverses sources annexes.

Annales carolingiennes modifier

 
Éginhard, l'auteur de la Vie de l'empereur Charlemagne, écrivant - Enluminure des XIVe / XVe siècles.

Les passages des annales carolingiennes de l'année 778 relatifs à l'expédition d'Espagne sont copiés et remaniés au point qu'il est possible de déterminer leur « arbre généalogique » et ainsi suivre l'évolution de leurs modifications au cours du temps[25]. Pour permettre une comparaison aisée, Ramón Menéndez Pidal les sépare en quatre groupes composés de textes clairement inspirés les uns des autres : le premier, celui des Annales de Metz qui ne connaissent pas la bataille de Roncevaux ; le second des Annales royales qui voient apparaître l'embuscade en 829 et qui sont réécrites plus tard dans un style littéraire ; le troisième des annales brèves qui ne connaissent pas la bataille[note 2] mais qui paraissent un peu mieux renseignées sur les Sarrasins, et enfin le groupe des annales très brèves dont le texte est lapidaire[24] :

  • Annales de Metz
    • Annales Mettenses priores, jusqu'en 805
    • Annales Mettenses posteriores, jusqu'en 903
    • Chronique de l'abbé Réginon, terminée en 906
  • Annales royales ; autrefois dites aussi Annales Laurissenses majores (« Grandes Annales de Lorsch »)
    • Annales Royales, jusqu'en 801 ; dites aussi Annales qui dicuntur Einhardi
    • Annales Royales, jusqu'en 829 ; corrigées au IXe siècle par un clerc de la cour, elles sont alors dites « Annales Royales remaniées »[27]
    • Vita Karoli Magni imperatoris, d'Éginhard
    • Annales de gestis Caroli Magni, d'un anonyme souvent appelé le Poète saxon (« Poeta Saxo »)
    • Vita Hludowici imperatoris, d'un anonyme souvent appelé l'Astronome (« Astronomus ») ou l'Astronome limousin
  • Annales brèves
    • Annales Laureshamenses, jusqu'en 803 ; parfois dites aussi « Annales de Lorsch »
    • Annales Laurissenses minores, jusqu'en 817 ; dites aussi « Petites Annales de Lorsch »
    • Annales Petawiani, jusqu'en 799 ; dites aussi « Annales de Petau »
    • Chronicon Moissiacense, jusqu'en 818 ; dites aussi « Chronique de Moissac »
    • Annales Anianenses ou Rivipullenses, jusqu'en 840 ; dite aussi « Chronique d'Aniane »
  • Annales très brèves
    • Annalium Sancti Amandi continuatio, jusqu'en 791 ; dites aussi « La seconde continuation des Annales de Saint-Amand »[note 3]
    • Annales Sangallenses, jusqu'en 869 ; dites aussi « Annales de Saint-Gall »
    • Annales Sangallenses Baluzii, jusqu'en 814 ; dites aussi « Annales de Saint-Gall publiées par Baluze »

Toutes ces sources se font l'écho de l'expédition d'Espagne de Charlemagne au milieu de l'année 778, mais seules quatre d'entre-elles évoquent une embuscade dans laquelle serait tombée l'armée franque alors qu'elle franchissait les Pyrénées pour revenir au nord affronter les Saxons révoltés.

Annales muettes sur la bataille modifier

Les annales très brèves ne font guère que confirmer la réalité de l'expédition espagnole de Charlemagne en 778. Ainsi la seconde continuation des Annales de Saint-Amand, un des textes les plus anciens car il a été écrit avant 791[29], se contente d'une seule phrase : « 778 (779) Carlus rex fuit in Hispania ad Caesaraugusta », ce qui se traduit par « 778 (779) Le roi Charles fut en Espagne à Saragosse »[30].

Les chroniques plus étoffées quant à elles, donnent des détails capitaux sur cette campagne. Les Annales Royales, jusqu'en 801 par exemple, écrites probablement en 788[31], précisent la constitution de l'armée franque et nomment les peuples soumis :

Extrait des Annales Royales, jusqu'en 801[32] Traduction de Michel Sot[31]
DCCLXXVIII. Tunc domnus Carolus rex iter peragens partibus Hispaniae per duas vias : una per Pampilonam, per quam ipse supradicus magnus rex perrexit usque Caesaraugustam ; — ibique venientes de partibus Burgundiae et Austriae, vel Baioariae, seu Provinciae et Septimaniae, et pars Langobardorum, — et coniungantes se ad supradictam civitatem ex utraque parte extertitus,
ibi obsides receptos de Ibinalarbi et de Abutauro et de multis Sarracenis, Pampilona distructa, Hispani Wascones subiugatos, etiam et Nabarros, reversus est in partibus Franciae. Et cum audissent Saxones, quod domnus Carolus rex et Franci tam longe fuissent partibus Hipaniae, […]
778. Cette année-là, le seigneur roi Charles partit en campagne pour l’Hispanie, progressant selon deux voies : d’abord, par Pampelune, par où le susdit grand roi passa pour aller jusqu’à Saragosse. Et là, on vint de Bourgogne, d’Austrasie, de Bavière et aussi de Provence, de Septimanie et du pays des Lombards. Les deux armées opérèrent leur jonction à proximité de la cité susdite.
De ce lieu, après avoir reçu des otages de la part d’Ibn Al Arabi et d’Abu Taurus ainsi que de nombreux Sarrasins, Pampelune une fois détruite, les Basques hispaniques mis sous le joug comme les Navarrais, il revint en Francie. Lorsque les Saxons entendirent que le roi Charles et les Francs étaient partis loin en Hispanie[note 4], […]

Quelques années plus tard, peut-être en 805, les Annales de Metz , jusqu'en 805 décrivent elles aussi l'expédition dans son ensemble, mais en employant un style nettement plus hagiographique et religieux :

Extrait des Annales de Metz, jusqu'en 805[33] Traduction de Michel Rouche[33]
Anno dominicae incarnationis DCCLXXVIII. Rex Carolus motus precibus immo querelis Christianorum, qui erant in Hispama sub iugo sevissimorum Sarracenorum, exercitum in Hispaniam duxit; ipse scilicet cum manu valida, per Aquitanima pergens, iuga pirinei montis transcendens ad Pampilonam urbem pervenit. Pars autem non modica exercitus de Austria, Burgundia, Bavaria seu Provincia et Langobardia per Septimaniam proficiscentes ad Barcinonam civitatem pervenerunt. His innumerabilibus legionibus tota Hispania contremuit. Coniuxerunt autem uterque exercitus ad Cesaraugustam munitissimam urbem ; in qua expeditione obsidibus receptis ab Abinolarbi et Apotauro ; Pampilona firmissima civitate capta atque destructa, Hispanis, Wasconibus et Nabarris subiugatis, victor in patriam reversus est. Cum audissent autem Saxones, quod exercitus Francorum in Hispaniam perrexisset, persuadente perfido Witicindo et sociis eius, postposita fide quam promiserant, in fines Francorum irruperunt iuxta Hrenum fluvium. [...] An de l'Incarnation du Seigneur 778. Le roi Charles, poussé par les prières et même les plaintes des Chrétiens d'Espagne, qui étaient sous le joug très cruel des Sarrasins, mena l'armée en Espagne. Lui-même, avec une forte colonne, passa par l'Aquitaine, traversa la chaîne des Pyrénées et atteignit la ville de Pampelune. Une partie, non la moindre, de l'armée, venue d'Austrasie, de Bourgogne, de Bavière, voire de Provence et de Lombardie, passa par la Septimanie et arriva à la cité de Barcelone. Ces innombrables légions firent trembler l'Espagne entière. La jonction de l'une et l'autre armée se fit devant Césarée Augusta[note 5], ville puissamment fortifiée; au cours de cette expédition, [le roi] reçut des otages d'Abinolarbi et Apotauro, prit et détruisit Pampelune, très forte cité, soumit Espagnols, Basques et Navarrais et, victorieux, retourna au pays de ses pères. À la nouvelle que l'armée des Francs s'était engagée en Espagne, les Saxons, persuadés par le perfide Witikind et ses partisans, rompirent la foi qu'ils avaient jurée et se jetèrent sur les territoires francs jusqu'au fleuve Rhin. [...]
 
Extrait des Annales de Saint-Gall publiées par Baluze à la page de l'année 778 (c. 814)
« 778. Cette année-là, le Seigneur roi Charles alla en Espagne, où cela lui coûta fort cher. »

Ces courts passages signalent que Charlemagne est venu en Espagne avec deux corps d'armée qui se rejoignent à Saragosse. Il y reçoit des otages musulmans puis détruit Pampelune, et rentre enfin en pays franc pour s'occuper des Saxons qui se révoltent[34]. Mais au-delà du contexte général de la campagne, ils présentent des variations. Ainsi, certaines annales, comme les Annales de Lorsch ou la Chronique de Moissac, sur lesquelles pèse le point de vue clérical[35], remplacent les Basques par des Sarrasins, et pour elles, c'est aux Musulmans que Charlemagne prend Pampelune[35],[34]. Ces chroniques sont également lacunaires et peu précises. Elles n'expliquent pas par exemple pourquoi des otages sont livrés devant Saragosse ni pourquoi Pampelune est détruite[36]. Leur compréhension est même parfois difficile. Qui sont les Hispani Wascones traduits par « Basques hispaniques » des Annales royales, jusqu'à 801 ? Quelle est la différence entre les Basques/Vascons/Gascons, en latin Wascones, et les Navarrais ? Pour ces raisons, les historiens en sont réduits à formuler des hypothèses[37].

Il n'est pas question d'embuscade ni de défaite : la victoire du roi est totale. Si les annales ne la signalent pas, peut-être est-ce parce que ces textes courtisans[38] devaient présenter, du vivant de Charlemagne, l'expédition d'Espagne comme un succès en occultant ce qui pourrait ressembler à un échec[39]. Le philologue suisse Paul Aebischer va plus loin en parlant de « censure impériale ayant le souci de cacher le désastre des Pyrénées, d'en minimiser les conséquences, de conserver au roi sa réputation de chef invincible »[40]. De son côté, l'historien Robert Fawtier envisage plutôt que les annales carolingiennes sont semblables à des communiqués officiels publiés en temps de guerre, mettant en avant, comme partout et en tous temps, les victoires au détriment des défaites[36]. Mais peut-être cette défaite était-elle insignifiante ainsi que le soutenait Joseph Bédier. Les annalistes n'auraient alors simplement pas jugé pertinent de la rapporter[36].

Pourtant, vers 814, année de la mort de Charlemagne et début du règne de son fils Louis le Pieux[note 6], les Annales de Saint-Gall publiées par Baluze résument l'année 778 par une phrase obscure et lourde de sens[41],[42] : « DCCXXVIII. Hoc anno domnus rex Carolus perrexit in Spania et ibi dispendium habuit grande » traduit par « 778. Cette année-là, le Seigneur roi Charles alla en Espagne, où cela lui coûta fort cher »[43].

Textes évoquant la bataille modifier

La bataille de Roncevaux dans les Annales royales modifier

Alors que les annales précédentes ne disent rien d'une embuscade, les Annales royales, jusqu'en 829 fournissent des détails, inconnus jusque-là, sur la bataille des Pyrénées[44] :

Extrait des Annales royales, jusqu'en 829[45] Traduction de François Guizot[46],[note 7]
DCCLXXVIII. Tunc ex persuasione praedicti Sarraceni spem capiendarum quarundam in Hispania civitatum haud frustra concipiens, congregato exercitu profectus est, superatoque in regione Wasconum Pyrinei iugo, primo Pompelonem Navarrorum oppidum adgressus, in deditionem accepit. Inde Hiberum amnem vado traiciens, Caesaraugustam praecipuam illarum partium civitatem accessit, acceptisque quos Ibnalarabi et Abuthaur, quosque alii quidam Sarraceni obtulerunt obsidibus, Pompelonem revertitur. Cuius muros, ne rebellare posset, ad solum usque destruxit, ac regredi statuens, Pyrinei saltum ingressus est. In cuius summitate Wascones insidiis conlocatis, extremum agmen adorti, totum exercitum magno tumultu perturbant. Et licet Franci Wasconibus tam armis quam animis praestare viderentur, tamen et iniquitate locorum et genere imparis pugnae inferiories effecti sunt. In hoc certamine plerique aulicorum, quos rex copiis praefecerat, interfecti sunt, direpta impedimenta, et hostis propter notitiam locorum statim in diversa dilapsus est. Cuius vulneris acceptio magnam partem rerum feliciter in Hispania gestarum in corde regis obnubilavit.
Interea Saxones, velut occasionem nancti, sumtis armis ad Rhenum usque profecti sunt [...]
[778.] Concevant, et avec raison, par les discours d'Ibn-al-Arabi, l'espoir de s'emparer de quelques villes d'Espagne, le roi assembla son armée et se mit en marche ; il traversa les sommets des Pyrénées, par le pays des Gascons, attaqua Pampelune, ville de Navarre, et la força à se rendre. De là, passant à gué l'Èbre, il s'avança vers Saragosse, ville considérable de ce pays, reçut les otages que lui amenèrent Ibn-al-Arabi, Abithaür et plusieurs autres Sarrasins, et revint à Pampelune. Il rasa les murs de cette ville pour l'empêcher de se révolter à l'avenir ; et voulant retourner en France, il entra dans les gorges des Pyrénées. Mais les Gascons avaient placé des embuscades dans ces monts ; ils attaquèrent l'arrière-garde et mirent toute l'armée en un grand désordre. Quoique, par le courage et les armes, les Francs fussent supérieurs aux Gascons, ils se trouvèrent inférieurs à cause de la difficulté des lieux et de ce genre inaccoutumé de combat. Plusieurs des hommes de la cour à qui le roi avait donné des troupes à commander[note 8] furent tués dans ce combat. Les bagages furent pillés ; et l'ennemi, par sa connaissance des lieux, se déroba aussitôt à toute poursuite. Le souvenir de ce cruel échec obscurcit grandement dans le cœur du roi la joie de ses exploits en Espagne.
Pendant ce temps, les Saxons, saisissant l'occasion favorable, prirent les armes et s'avancèrent jusqu'au Rhin [...]
 
Plaque commémorative de la bataille posée le et attribuant la victoire aux Vascons :
« Les Vascons surgirent du haut des montagnes ».

Une fois Pampelune rasée et alors que l'armée revient au Nord, des Gascons, en latin Wascones, ont ainsi attaqué et décimé l'arrière-garde de l'armée franque dans les Pyrénées. La date de cet aveu d'un important revers est débattue. Elle se situe entre 801 et 829, c'est-à-dire entre la fin du règne de Charlemagne et le début de celui de Louis le Pieux[49],[note 9]. Le dévoilement tardif de la triste réalité, au moins vingt ans après les faits, est souvent expliqué par le fait que la vérité étant connue de tous, il n'était plus possible aux annalistes de continuer à la cacher[51],[52]. Jules Horrent qui pense le remaniement des Annales royales postérieur à la mort de Charlemagne, envisage de son côté qu'il n'est plus nécessaire de cacher un désastre qui a tant « obscurci le cœur du roi »[39]. À contre-courant du consensus des historiens, Bernard Gicquel considère que la nouvelle version des Annales est postérieure à 824, date de la défaite de Roncevaux face aux Vascons sous le règne de Louis le Pieux, et qu'elles inventent une défaite du père en 778 au même endroit pour servir l'idéologie impériale au profit du fils[53].

Les Annales remaniées désignent les assaillants par le mot latin Wascones que les historiens interprètent à grand-peine dans le contexte de la fin du VIIIe siècle. Certains comme Évariste Lévi-Provençal ou Pierre Narbaitz le traduisent par « Vascons », d'autres comme Gaston Paris ou Joseph Bédier par « Basques », d'autres enfin par « Gascons » qui est le choix de François Guizot dans sa traduction de 1824. Mais certains alternent aussi « Basques » et « Gascons » au gré de leurs études, montrant ainsi la difficulté qu'ils éprouvent à identifier les montagnards qui attaquent l'arrière-garde[54]. La Wasconia est une des régions qui posent le plus de problèmes aux historiens du Haut Moyen Âge[55], et on ne sait pas si les annalistes francs avaient conscience d'une dichotomie entre les Vascons du Nord, appelés souvent « Gascons », et ceux du Sud, traditionnellement appelés « Basques »[56]. Cette séparation est d'autant plus délicate que la langue basque était alors parlée en Aquitaine jusqu'à Toulouse[56].

La bataille de Roncevaux par Éginhard modifier

Éginhard écrit sa Vie de l'empereur Charlemagne, en latin Vita Karoli Magni imperatoris[note 10], probablement entre 826 et 829 au palais d'Aix[59],[note 11]. Ce livre, dont 134 manuscrits complets ont été conservés[60], constitue une source fondamentale des historiens pour la connaissance du règne et de la personne de Charlemagne[59]. Le chapitre 9, titré par Strabon « Ce qu'il fit en Hispanie et le coup que les Basques infligèrent à son armée »[61] décrit l'embuscade dans laquelle est tombée l'armée de Charlemagne :

 
Extrait de la Vie de l'empereur Charlemagne décrivant la bataille de Roncevaux au chapitre 9 (c. 1025)
« Tandis que l’on se battait assidûment et presque sans interruption contre les Saxons (…) »
Extrait de la Vita Karoli Magni d'Éginhard
(édition critique de Louis Halphen)[62]
Traduction de Louis Halphen[62]
Cum enim adsiduo ac pene continuo cum Saxonibus bello certaretur, dispositis per congrua confiniorum loca praesidiis, Hispaniam quam maximo poterat belli apparatu adgreditur ; saltuque Pyrinei superato, omnibus quae adierat oppidis atque castellis in deditionem acceptis, salvo et incolomi exercitu revertitur, praeter quod in ipso Pyrinei jugo Wasconicam perfidiam parumper in redeundo contigit experiri. Nam cum agmine longo, ut loci et angustiarum situs permittebat, porrectus iret exercitus, Wascones in summi montis vertice positis insidiis — est enim locus ex opacitate silvarum, quarum ibi maxima est copia, insidiis ponendis oportunus — extremam inpedimentorum partem et eos qui, novissimi agminis incedentes subsidio, praecedentes tuebantur desuper incursantes in subjectam vallem deiciunt consertoque cum eis proelio usque ad unum omnes interficiunt ac, direptis inpedimentis, noctis beneficio quae jam instabat protecti, summa cum celeritate in diversa disperguntur. Adjuvabat in hoc facto Wascones et levitas armorum et loci in quo res gerebatur situs ; econtra Francos et armorum gravitas et loci iniquitas per omnia Wasconibus reddidit inpares. In quo proelio Eggihardus regiae mensae praepositus, Anshelmus cornes palatii [ et Hruodlandus Brittannici limitis praefectus ] cum aliis conpluribus interficiuntur. Neque hoc factum ad praesens vindicari poterat, quia hostis, re perpetrata, ita dispersus est ut ne fama quidem remaneret ubinam gentium quaeri potuisset. Tandis que l’on se battait assidûment et presque sans interruption contre les Saxons, Charles, ayant placé aux endroits convenables des garnisons le long des frontières, attaqua l’Espagne avec toutes les forces dont il disposait. Il franchit les Pyrénées, reçut la soumission de toutes les places et de tous les châteaux qu’il rencontra sur sa route et rentra sans que son armée eût subi aucune perte, à ceci près que, dans la traversée même des Pyrénées, il eut, au retour, l’occasion d’éprouver quelque peu la perfidie basque : comme son armée cheminait étirée en longues files, ainsi que l’exigeait l’étroitesse du passage, des Basques, placés en embuscade — car les bois épais qui abondent en cet endroit sont favorables aux embuscades — dévalèrent du haut des montagnes et jetèrent dans le ravin les convois de l’arrière ainsi que les troupes qui couvraient la marche du gros de l’armée ; puis, engageant la lutte, ils les massacrèrent jusqu’au dernier homme, firent main basse sur les bagages et finalement se dispersèrent avec une extrême rapidité à la faveur de la nuit qui tombait. Les Basques avaient pour eux, en cette circonstance, la légèreté de leur armement et la configuration du terrain, tandis que les Francs étaient desservis par la lourdeur de leurs armes et leur position en contrebas. Dans ce combat furent tués le sénéchal Eggihard, le comte du palais Anselme [ et Roland, duc de la marche de Bretagne ], ainsi que plusieurs autres. Et ce revers ne put être vengé sur-le-champ parce que les ennemis, le coup fait, se dispersèrent si bien que nul ne put savoir en quel coin du monde il eût fallu les chercher.

L'ami du roi et le maître de son école palatine[35] raconte la bataille un demi-siècle après les faits : l'armée qui progresse en file indienne dans les Pyrénées au retour de la campagne d'Espagne, l'embuscade au cours de laquelle l'armée de Charlemagne est défaite en une seule journée, et les morts prestigieux qu'il n'est pas possible de venger. Ce court texte est clairement inspiré par les Annales royales remaniées mais il ajoute des détails qu'elles ignorent. Joseph Bédier pense qu'Éginhard, admis à la cour dès le début des années 790 et ayant vécu dans l'entourage immédiat de l'empereur, a pu fréquenter ceux qui avaient pris part à la campagne d'Espagne. Il aurait ainsi rapporté leurs souvenirs dans sa Vita Karoli[63].

Ramón Menéndez Pidal fait le premier remarquer la singularité de ce chapitre[64]. Il note par exemple que la courte campagne d’Espagne de 778 occupe plus de lignes que n’importe laquelle des neuf autres guerres menées par Charlemagne. Pour chacune d’entre elles, Éginhard fait un effort de synthèse et omet des événements ayant pourtant une portée historique significative. À l’inverse, il propose un luxe inégalé de détails pour décrire l’embuscade désastreuse des Pyrénées. Enfin, contrairement à son habitude, il cite nommément trois palatins tués lors de l’attaque alors même que leurs noms sont absents des Annales[65]. Ramón Menéndez Pidal en vient alors à suggérer qu’Éginhard s’est inspiré, outre les Annales, d’une histoire chantée contemporaine de la rédaction de la Vita Karoli, qu’il appelle « chant d’actualité », et qui donnera entre autres la Chanson de Roland près de trois siècles plus tard [66]. L’historien Michel Rouche va un peu plus loin en affirmant que l’Histoire populaire a fini par supplanter l’Histoire officielle véhiculée par les clercs. Éginhard, mais aussi les annalistes des Annales royales, auraient consigné en la censurant l’oralité « chantant les véritables souffrances et le vrai héros », c’est-à-dire Roland[67].

La mention du préfet de la marche de Bretagne à côté de deux hautes personnalités connues par ailleurs, fait pourtant l’objet de controverses depuis le premier quart du XIXe siècle quand il a été découvert que tous les manuscrits de la Vita Karoli ne la contiennent pas[68],[note 12]. Ceux-ci ont été classés en plusieurs catégories dites A, B puis plus tard C, en fonction de détails mineurs de rédaction tels que la dédicace à Louis le Pieux, le chapitrage ou encore justement la mention de Roland dans le chapitre 9[69]. Le médiéviste suisse André de Mandach va jusqu’à proposer en 1961 que le nom de Roland, absent des manuscrits de type B supposés alors être les plus anciens, ait été ajouté au texte quatre siècles après sa rédaction initiale[70]. Des études épigraphiques ultérieures suggèrent cependant que les trois types de manuscrits datent des mêmes années 820, laissant supposer qu’Éginhard ait produit plusieurs versions de son œuvre, par exemple pour une première lecture ou pour des corrections[69].

Textes dérivés décrivant la bataille modifier
 
Extrait de la Chronique d'Aniane à la page de l'année 778 (c. 950)
« Dans ce combat furent tués le sénéchal Eggihard, le comte du palais Anselme, ainsi que plusieurs autres. »

La bataille des Pyrénées est aussi évoquée dans la Vita Hludovici pii traduit par « Vie de Louis le Pieux », aussi connu sous le titre Vita Hludovici imperatoris c’est-à-dire « Vie de l'empereur Louis », écrite en 840 ou 841[71] par un anonyme connu sous le nom de l’Astronome[72],[note 13]. Louis est né pendant l’expédition espagnole de son père Charlemagne que l’Astronome décrit dans les termes pompeux suivants[74] :

Extrait de la Vita Hludowici imperatoris de l'Astronome limousin[75] Traduction de Joseph Bédier[76],[77]
[…] Statuit Pyrinaei montis superata difficultate ad Hyspaniam pergere, laborantique aecclesiae sub Sarracenorum acerbissimo iugo Christo fautore suffragari. Qui mons cum altitudine coelum pene contingat, asperitate cautium horreat, opacitate silvarum tenebrescat, angustia viae vel potius semitae commeatum non modo tanto exercitui, sed paucis admodum pene intercludat, Christo tamen favente, prospero emensus est itinere. Neque enim regis animus, Deo nobilitante generosissimus, vel impar Pompeio, vel segnior esse curabat Hannibale, qui cum magna sui suorumque fatigatione et perditione iniquitatem huius loci olim evincere curarunt. Sed hanc felicitatem transitus, si dici fas est, foedavit infidus incertusque fortunae ac vertibilis successus. Dum enim quae agi potuerunt in Hispania peracta essent, et prospero itinere reditum esset, infortunio obviante extremi quidam in eodem monte regii caesi sunt agminis. Quorum, quia vulgata sunt, nomina dicere supersedi. […] Alors, il résolut de franchir les rudes Pyrénées, de gagner l'Espagne, et de secourir, avec l'aide du Christ, l'Église, qui souffrait sous le joug très cruel des Sarrasins. Cette montagne, si haute qu'elle touche le ciel, horrible par l'escarpement de ses rocs, noire de forêts épaisses, et qui, par l'étroitesse de la route, ou plutôt du sentier, interdisait presque le passage, non seulement à une si grande armée, mais même à une petite troupe, Charles réussit pourtant, par la faveur du Christ, à la franchir heureusement. Car ce roi très noble et de qui Dieu ennoblissait encore le cœur généreux, ne voulut pas se montrer inégal à Pompée, ni moins hardi qu'Annibal, lesquels, aux temps anciens, à grand effort et en sacrifiant beaucoup des leurs, avaient su l'un et l'autre triompher de l'hostilité de ces lieux. Mais, chose cruelle à redire ! La gloire de son heureux passage fut souillée gravement par la Fortune changeante, infidèle, versatile. En effet, lorsque les entreprises d'Espagne eurent été achevées, après une heureuse marche de retour, un revers survint ; des hommes de l'arrière-garde royale furent massacrés dans la montagne ; comme leurs noms sont bien connus, je me dispense de les redire.

Quant à la chronique de L’Astronome, dans sa Vie de Louis, si elle désigne des Sarrasins comme ennemis généraux de l’expédition, elle n’évoque pas de Gascons concernant la bataille même[78]

Sources arabes modifier

Les principales sources arabes relatives à l'expédition d'Espagne sont peu nombreuses : un court passage des Akhbar Madjmu'a, un recueil de chroniques compilées au XIe siècle, et deux extraits du Kâmil d’Ibn al-Athîr datant du XIIIe siècle[79],[note 14]. Ces trois textes fournissent des informations précieuses au sujet des belligérants, mais seule l'annale d'Ibn al-Athîr pour l'année 157 de l'hégire, soit du au dans le calendrier grégorien[83], laisse entendre que des musulmans ont attaqué l'armée franque sur le chemin du retour :

Extrait du Kâmil d’Ibn al-Athîr[84],[note 15] Traduction de René Basset[86]
وفيها أخرج سليمان بن يقظان الكلبيّ قارله ملك الأفرنج الى بلاد المسلمين من الأندلس و لقيه بالطريق ، وسار معه الى سرقسطة ، فسبقه اليها الحسين بن يحيى الأنصاريّ من ولد سعد بن عبادة وامتنع بها . فاتّهم قارله ملك الأفرنج سليمان . فقبض عليه ، وأخذه معه الى بلادء . فلمّا أبعد من بلاد المسلمين واطمأنّ هجم عليه مطروح وعيشو ن ابنا سليمان في أصحابهما ، فاستنقذا أباهما . ورجعا به الى سرقسطة ، ودخلوا مع الحسين ، ووافقوا على خلاف عبد الرحمان . En l'an 157 (de l'hégire, 773-774)[note 16], Solaïmân ben Yaqzhân El Kelbi fit marcher Charles (Qârlo), roi des Francs, contre les pays musulmans d'Espagne. Il le rencontra en route et marcha avec lui contre Saragosse. El Hosaïn ben Yahya El Ansâri, de la descendance de Sa'd ben 'Obâdah, le devança dans cette ville et s'y fortifia. Charles, roi des Francs, eut des soupçons contre Solaïmân, se saisit de lui et l'emmena dans son pays. Lorsqu'il se fut éloigné de la terre des musulmans et se croyait en sûreté[note 17], Matrouh et Aïchoun, les deux fils de Solaïman, fondirent sur lui avec leurs compagnons, délivrèrent leur père, le ramenèrent à Saragosse, où ils s'accordèrent avec El Hosaïn, et résistèrent à 'Abd er Rahmân.

Ibn al-Athîr se sert de l'histoire perdue d'Ahmed al-Rasi, mort en 955, qui disposait lui-même d'annales bien antérieures[88]. Par conséquent, même s'il commet une erreur en ce qui concerne la date de l'expédition, certains médiévistes tels que Ramón Menéndez Pidal ou Gaston Paris acceptent sa chronique tardive comme reflétant une part de vérité historique à même d'éclairer la désignation des protagonistes de la bataille. D'autres en revanche, à l'image de René Basset, Robert Fawtier ou Joseph Bédier, rejettent complètement ces sources considérant qu'elles sont incohérentes et qu'elles contiennent des anachronismes[89]. L'historien Louis Barrau-Dihigo envisage même qu'elles sont fortement influencées par les sources latines, ce qui leur enlève toute valeur[90]. Dans une attitude intermédiaire, certains médiévistes comme Jules Horrent les excluent tout en acceptant leur authenticité. Ils les considèrent en effet peu pertinentes en ce qui concerne la bataille proprement dite car elles n'y font pas directement référence[91]. D'autres enfin, comme le professeur de littérature médiévale Michel Zink ou Michel Rouche, font au contraire l'hypothèse que la chronique d'Ibn al-Athîr est plus proche de la réalité historique que les sources latines[92],[67].

Autres sources modifier

L'épitaphe d'Aggiard modifier

 
Épitaphe d'Aggiard (Xe siècle)
« Les membres décolorés sont enfermés dans cet humble tombeau, mais l'esprit a gagné les astres sublimes du ciel (…) »

Le est le jour de la mort d'Aggiard, telle qu'elle figurait dans son épitaphe dont le texte en distiques élégiaques nous a été conservé par le ms 4841, un manuscrit latin conservé à la Bibliothèque nationale de France[93] :

Épitaphe d'Aggiard[94] Traduction de Louis Petit de Julleville[94]
Pallida sub parvo clauduntur membra sepulchro,
Ardua sed cœli spiritus astra petit.
Les membres décolorés sont enfermés dans cet humble tombeau,
mais l'esprit a gagné les astres sublimes du ciel.
Inclita stirpe satus, Franquorum sangine cretus,
Hic fuerat dudum missus in omne decus.
Né d'une souche illustre, sorti du sang des Francs,
il avait été depuis longtemps admis à tous les honneurs.
Roscida porporeas lente lanugo genellas
Cingebal. Heu me ! pulcra juventus obit.
Une barbe souple et brillante couvrait ses joues empourprées.
Malheur à moi ! Cette belle jeunesse, elle n'est plus.
Aggiardus patrio nomeu de nomine dictus
Hic erat, et regis summus in aula fuit.
Aggiard était son nom, du nom de son père ;
il avait le premier rang dans la cour du Roi.
Hunc rapuit ferro mors insatiabilis umbris,
Sed lux perpetua vexit ad astra poli.
La mort insatiable s'est servie du fer pour l'emporter dans ses ombres.
Mais la lumière éternelle l'a ravi aux astres du ciel.
Tempore quo Carolus Spanie calcavit arenas
Mortuus est mundo : vivit ubique Deo.
Au temps où Charles foulait les sables de l'Espagne,
il mourut pour le monde ; mais il vit toujours pour Dieu.
Hunc deflet Italus, contrito pectore Francus,
Plorat Equitania. Germaniaque simul.
L'Italien le pleure, et le Franc afflige,
l'Aquitain, le Germain aussi.
Tu modo cocirca, Vincenti. maxime martyr.
Hunc propter summus posce, beate, Deum.
Toi cependant, ô Vincent, très-grand martyr,
prie pour lui, bienheureux, prie le souverain Dieu.
Hoc jacet in tumulo ; tantum sed carne sepultus,
Carpsit iter rutilum, vivit in aula Dei.
Il gît en ce tombeau, mais enseveli seulement dans sa chair,
il est entré dans la voie lumineuse, il vit dans la cour divine.
At vos, Christicole, qui sacri limina templi
Lustratis, genitum corde rogate patris :
Tu pietate Deus probrosa, dicite cuncti,
Aggiardi famuli crimina tolle tui.
Mais vous chrétiens qui franchissez le seuil sacré du temple,
priez du fond du cœur le fils de Dieu le Père. Dites tous :
O Dieu, par ta pitié, efface les taches
et les fautes de ton serviteur Aggiard.
Qui obiit die XVIII Klds septembrias.
In pace feliciter.
Il mourut le dix-huitième jour avant les calendes de septembre.
(Qu'il repose) en paix heureusement.

Ce manuscrit, publié pour la première fois par l'historien allemand Ernst Dümmler en 1873, attire l'attention de Gaston Paris qui établit la correspondance avec le texte de la Vita Karoli d’Éginhard. Il en déduit que le personnage auquel le texte fait référence est le sénéchal Eggihard mort lors de la bataille, qui a donc eu lieu le s'il faut en croire la date inscrite sur l'épitaphe : « le dix-huitième jour des calendes de septembre »[note 18],[95].

L'historien René Louis suggère que l'église Saint-Vincent à laquelle l'épitaphe fait allusion et où Eggihard aurait été enterré serait à Metz[93]. Cela implique que le corps du sénéchal a dû être transporté pendant la plus grande partie du voyage de retour depuis l'Espagne. Il semble que trajet a été relativement bref car Charlemagne est à Herstal le , c'est-à-dire un peu plus d'un mois après le passage des Pyrénées[96]. Mais ce périple d'environ 1 000 km en plein été, le cercueil peut-être installé sur un char à bœufs, semble peu crédible au professeur Bernard Gicquel qui en vient à douter de l'authenticité du manuscrit[97].

Robert-Henri Bautier ne croit pas lui non plus au transport du corps sur une si grande distance alors que l'armée était pressée de rejoindre le Rhin. Mais il met plutôt en doute l'hypothèse de René Louis et suppose que, comme il était envisagé depuis longtemps[98], le sanctuaire de Saint-Vincent serait celui de Dax[99]. Il admet donc l'authenticité de l'épitaphe et avec la communauté des historiens, reconnait que cette date est la plus probable[100],[101],[102]. Celle-ci a excité l'imagination, faisant écrire par exemple au médiéviste Robert Lafont « Le hasard préparait le mythe : le 15 août est la fête mariale, jour de la Dormition de la Vierge ou de son Assomption […] »[103],[note 19].

Localisations proposées pour la bataille modifier

 
Les principales routes romaines de la péninsule Ibérique.
 
Monument commémoratif de la bataille à Roncevaux.

Comme aucune trace archéologique n'a jamais été trouvée, le lieu de la bataille reste inconnu. Diverses hypothèses ont été émises et le combat n'a pas seulement été situé à proximité du col de Roncevaux mais tout au long de la chaîne pyrénéenne, depuis le Pays basque jusqu'à la Catalogne. Pour la plupart des historiens, le chemin utilisé aurait suivi le tracé d'anciennes voies romaines. C'est la voie et le lieu où elle traverse les Pyrénées qui diffère selon les auteurs.

Pour la plupart des auteurs, l'action a eu lieu sur la route ab Asturica Burdigalam (depuis Astorga dans le Léon par Pampelune jusqu'à Bordeaux) qui traverse les Pyrénées à Roncevaux. On reconnaît alors dans l'expression porz de Sizer de la Chanson de Roland les cols du pays de Cize. Contrairement à ce qu'affirment la tradition populaire et certains auteurs comme Ramon d'Abadal i de Vinyals[105], la voie ancienne ne traverse pas les Pyrénées au col de Roncevaux même (ou col d'Ibañeta, d'après le nom de la montagne proche) : en effet la route actuelle n'a été ouverte qu'en 1881 ; quant au nom de Roncevaux (Orria ou Orreaga en basque), il apparaît au XIIe siècle seulement et n'existe dans aucun document d'époque.

Plusieurs auteurs (dont Ramón Menéndez Pidal et Pierre Narbaitz) pensent que le chemin utilisé passe quelques kilomètres plus à l'est. Les cols de Bentarte, de Lepoeder, proches de l'Astobizkar, seraient parmi les plus probables[note 20].

En 1933, Robert Fawtier, reprenant une hypothèse de Joseph Bédier, pensait que la voie romaine ab Asturica Burdigalam passait par le col de Belate, au nord de Pampelune et à 25 km à l'ouest d'Orreaga : l'itinéraire envisagé depuis Pampelune passerait par le col de Velate, la vallée de Baztan, le rio Maya, le col d'Otxondo, et suivrait la vallée de la Nive jusqu'à Bayonne : il y situe Roncevaux. « Bédier se demandait si la défaite de Charles eut lieu dans le défilé de Roncevaux ou dans celui de Velate »[111],[106].

Une autre localisation, proposée par Antonio Ubieto Arteta et retenue par Robert Lafont, utilise cette fois-ci la voie romaine Cæsar Augusta reliant Saragosse au Béarn. Passant par la vallée du rio Gallego, la forêt de Oza (Valle de Echo, province de Huesca), le col de Pau (puerto del Palo) proche du Somport pour redescendre par la vallée d'Aspe, elle était encore entretenue au IXe siècle. Dans cette optique, le burt Sizaru des géographes arabes et le porz de Sizer de la Chanson de Roland seraient Siresa, où un monastère est signalé dès le IXe siècle, et la « Tere Certeine » de la Chanson serait les monts Gibal-el-Sirtaniyyin mentionnés par un géographe arabe comme lieu de la source du rio Gallego[112],[113].

D'autres hypothèses s'appuient sur l'absence d'un lieu appelé Roncevaux dans les documents d'époque, sur les mentions dans la Chanson de Roland d'un retour de Charlemagne par Narbonne et Carcassonne[114] et de la chevauchée des Sarrasins par la Cerdagne (la « Tere Certaine »)[115] pour soutenir un passage par la Catalogne : les possibilités comprennent la Cerdagne. (vallée de Llívia) selon Adolphe d'Avril en 1865[116], le col du Perthus selon Rita Lejeune pour qui le « Pyrenei saltus » mentionné par Éginhard (« Pyrenei saltum ingressus est ») désigne les Pyrénées orientales[117], voire les ports élevés de l'Andorre pour Marcel Baïche qui remarque que la toponymie de la Chanson n'est pas basque mais catalane : le porz de Sizer serait alors le port de Siguer[118]. Ces hypothèses ne tiennent pas pour établi que Charlemagne ait emprunté une voie romaine, ni qu'il revenait de Pampelune, et elles considèrent parfois[Qui ?] que son arrière-garde n'a pas été confrontée aux Vascons mais bien aux Sarrasins.

Selon Jean Claret, auteur auto-édité, la bataille de Roncevaux n'aurait pas eu lieu à cet endroit, mais plutôt en France, à La Unarde, lieu désolé en montagne dans l'actuelle commune d'Aston en Ariège mentionné dans la carte IGN (42° 41′ 30″ N, 1° 35′ 49″ E) : « Pendant 1 200 ans, Éginhard nous a laissé croire que l'expédition était circonscrite au Pays basque et que Roland mourut lors d'un guet-apens mené par des Vascons. Heureusement, quelques faiblesses subsistaient dans ses raisonnements et en les confrontant à ceux des chroniqueurs arabes et d'autres, on a pu rétablir ce qui semble être la réalité des faits[119]. »

Dans La baronnie de Miglos : étude historique sur une seigneurie du haut comté de Foix, publié à Toulouse en 1894 Casimir Barrière-Flavy, consacre un chapitre sur une exploration au site de la Unarde, y présentant les croquis d'un scramasaxe et d'un couteau trouvés sur place[120].

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Bien d'autres annales latines sont connues. Bernard Gicquel base par exemple une partie de sa réflexion sur les Annales de Fulda et les Annales de Tilien[23]. Cependant, les passages concernant l'année 778 que ces autres chroniques contiennent sont copiées ou interpolées des sources principales identifiées par Ramón Menéndez Pidal.
  2. À l'exception de la Chronique d'Aniane qui reprend les quelques lignes d'Éginhard sur la bataille de Roncevaux. Ramón Menéndez Pidal signale que cette chronique très largement interpolée remonte probablement au milieu du Xe siècle alors que l'écriture du manuscrit permet de le dater du XIIe siècle[26].
  3. Les Annales de Saint-Amand sont composées de trois parties distinctes : des années 708 à 741, de 742 à 790 et de 791 à 810[28].
  4. Cette dernière phrase n'est pas traduite par Michel Sot.
  5. Césarée Augusta est le nom latin de Saragosse.
  6. Les Annales Sangallenses Baluzii incluent l'année 814 où elles annoncent la mort de Charlemagne le 5 des calendes de février. Il est donc très probable que le texte de l'année 778 ait été écrit après la mort de l'empereur.
  7. François Guizot attribue incorrectement les annales remaniées qu'il traduit à Éginhard. L'entrée pour l'année 778 a en réalité probablement été rédigée par Geroldus, archidiacre de Louis le Germanique[27].
  8. La traduction mot latin copia est délicate. Il peut signifier « troupe », « force » ou « armée », ce qui est le sens que lui donne François Guizot ou Michel Sot[47], mais aussi « approvisionnement », ce que préconise Ramón Menéndez Pidal. Selon cette interprétation, les chefs militaires tués s'occupaient simplement de convoyer les provisions à l'arrière-garde. Il lui parait en effet peu vraisemblable que les principaux chefs de l'armée tout entière se retrouvent à l'arrière de l'armée en marche[48].
  9. Le médiéviste Jules Horrent récapitule en 1972 les principales estimations qui ont été proposées : Ramon d'Abadal pensait que cette chronique remaniée de l'année 778 aurait été écrite entre 801 et 808, István Frank (de) vers 810, Paul Aebischer du vivant de Charlemagne c'est-à-dire avant 814, Ramón Menéndez Pidal vers 830 et Silvio Pellegrini (de) après 814, donc après la mort de Charlemagne[50].
  10. Le titre de cette biographie de Charlemagne est incertain[57]. Dans leur traduction en français, Christiane Veyrard-Cosme et Michel Sot choisissent le titre latin Vita Karoli imperatoris qu'ils traduisent par Vie de l'empereur Charles[58].
  11. La date de la rédaction de la Vita Karoli est incertaine. Selon les auteurs, elle se situe entre 817 et 836. En choisissant la date approximative de 826, Michel Sot retient une position médiane plausible[60].
  12. La Chronique d’Aniane, probablement composée au milieu du Xe siècle et copiée en partie sur la Vita Karoli, contient la version sans mention de Roland. Elle indique « Dans ce combat furent tués le sénéchal Eggihard, le comte du palais Anselme, ainsi que plusieurs autres ».
  13. Plusieurs identifications ont été proposées pour l’Astronome, parfois aussi appelé l’Astronome limousin, mais aucune ne fait consensus[73]. Il est simplement connu qu’il était vraisemblablement chapelain du palais de Louis où sa présence est probable en 837[71]. Il utilise pour la première partie de sa Vita Hludovici qui couvre les années 778 à 814, le rapport, peut-être écrit, d’un moine nommé Adémar[72].
  14. D'autres sources arabes décrivant le contexte de l'expédition d'Espagne sont connues. C'est le cas par exemple d'un passage écrit par Ibn Khaldoun ou un extrait d’Al-Bayan al-Mughrib d'Ibn Idhari tous deux du XIVe siècle, ainsi que d'autres textes plus tardifs encore[80]. Elles n'apportent cependant pas d'information nouvelle et ne sont généralement pas considérées par les historiens[81]. Des sources arabes relatives à des sujets connexes sont cependant parfois utilisées par les historiens. C'est le cas par exemple d'un court passage de la Géographie de l'Espagne écrit au milieu du XIIe siècle par Al Idrissi cité par le médiéviste espagnol José María Lacarra (es) pour tenter de déterminer le lieu de la bataille[82].
  15. Un mot de la transcription proposée par Ramón Menéndez Pidal n'est pas lisible et le texte semble contenir des fautes d'orthographe. Elles sont corrigées a minima en se basant sur l'édition du Kâmil que Carl Johan Tornberg (de) publie en 1871[85].
  16. Le début de la traduction de René Basset mentionnant l'année 157 ne correspond pas au texte arabe, il est interpolé du contexte de ce passage.
  17. La traduction de cette phrase a fait l'objet de d'importantes controverses. Le point litigieux réside dans le fait de savoir si Souleyman est délivré « alors que Charlemagne abandonnait la terre des Musulmans » ou « après qu'il eut quitté la terre des Musulmans ». Dans le premier cas, Charlemagne est encore en Navarre lorsque l'otage est repris, alors que dans le second, il peut se trouver n'importe où en territoire chrétien, donc par exemple dans les Pyrénées. Paul Aebischer partage l'avis de Ramón Menéndez Pidal sur ce point : le coup de main a pu se situer loin du territoire des Musulmans ainsi que le laisse entendre la traduction en français de René Basset[87].
  18. Dans une comparaison hardie avec un passage du Pseudo-Turpin, Gaston Paris suggère dans le même article l'idée que Roland serait mort à Roncevaux à l'âge de 38 ans[95].
  19. André de Mandach remarque que même si la date de la mort du sénéchal Eggihard coïncide avec certitude avec celle de la bataille, d’autres textes tels que la Chronique de Turpin écrite au XIe siècle précisent que Roland est mort le [70]. De plus, François Génin rapporte que la date de la mort de Roland dans le Martyrologe gallican est le [104].
  20. Parmi ces auteurs, on peut citer :

Références modifier

  1. Chapitre 9 dans la Vita Karoli Magni d'Eginhard
  2. Jean-Pierre Barraqué, Bulletin du musée basque, no 165, 1er semestre 2005, p. 3 à 20.
  3. Narbaitz 1978, p. à préciser.
  4. Mussot-Goulard 2006, p. 58-62.
  5. Mussot-Goulard 2006, p. 62-65.
  6. Mussot-Goulard 2006, p. 64-65.
  7. Mussot-Goulard 2006, p. 65-66.
  8. Mussot-Goulard 2006, p. 67-68.
  9. Mussot-Goulard 2006, p. 68.
  10. Mussot-Goulard 2006, p. 69.
  11. Gautier 1867, p. 387.
  12. Mussot-Goulard 2006, p. 77-78.
  13. Génin 1850, p. 15-17.
  14. Bautier 1979, p. 1.
  15. Paris 1865, p. 49.
  16. Michel 1837, p. II-IV.
  17. Michel 1837, p. V.
  18. de Musset 1817, p. 146.
  19. de Musset 1817, p. 162-165.
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Bibliographie modifier

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