Bataille de Dorystolon

bataille de la guerre entre l'Empire byzantin et la Rus' de Kiev
Bataille de Dorystolon

Informations générales
Date 971
Lieu Silistra (Bulgarie)
Issue Victoire byzantine décisive
Belligérants
Empire byzantin Rus' de Kiev
Commandants
Jean Ier Tzimiskès Sviatoslav Ier
Forces en présence
30 000 (peut-être 40 000) hommes[1]
300 navires[2]
50 000 (peut-être 60 000) hommes[3]
Pertes
Inconnues (350 morts lors de la dernière bataille). 38 000, dont15000 lors de la dernière bataille

Guerres byzantino-Rus'

Batailles

Coordonnées 44° 07′ 07″ nord, 27° 15′ 37″ est

La Bataille de Dorystolon est un épisode de la guerre qui oppose les Byzantins à la Ruthénie kiévienne (ou Rus' de Kiev) de 969 à 971. Elle se déroule en trois étapes : d'abord une bataille devant Dorystolon, puis le siège de Dorystolon même et une tentative de sortie des Ruthènes se terminant par la victoire décisive de l'empereur byzantin Jean Ier Tzimiskès sur le Rus' de Kiev et leurs alliés commandés par Sviatoslav Ier.

L'invasion des Ruthènes et le siège de Dorostolon dirigé par l'empereur Jean Tzimiskès, miniature des Chroniques de Constantin Manassès, XIVe siècle.

À la suite des défaites successives d'Arcadiopolis et de Preslav, les Ruthènes et leurs alliés (Bulgares pour la plupart) se postent à Dorystolon. Sviatoslav, qui sent les Bulgares prêts à le trahir, fait décapiter 300 boliades et repousse un dernier ultimatum de Jean Ier Tzimiskès.

Contexte modifier

La bataille de Dorystolon est l'épisode final de la guerre byzantino-rus'. Celle-ci commence quand Nicéphore II Phocas décide de rompre la paix avec le Premier Empire bulgare. Rapidement, il ne parvient pas à percer les défenses des Bulgares et, en 968, il se tourne vers la Rus' de Kiev, voisin septentrional des Bulgares, pour former une alliance. Sviatoslav Ier y répond positivement mais il décide de suivre ses propres intérêts et, au-delà d'attaquer les Bulgares, lance une véritable conquête. A l'été 969, il s'impose face à Boris II qui devient son vassal. Quand Nicéphore II meurt lors d'un complot mené par Jean Tzimiskès en décembre 969, Sviatoslav s'apprête à s'en prendre à l'Empire byzantin.

En 970, le prince rus' lance une campagne vers Constantinople et Tzimiskès doit transférer des troupes d'Anatolie pour répondre à la menace. Il place l'armée sous le commandement de Bardas Sklèros qui remporte une grande victoire à l'occasion de la bataille d'Arcadiopolis en août. Sviatoslav doit se replier en Bulgarie mais Tzimiskès ne peut l'y poursuivre immédiatement car il doit d'abord réprimer une rébellion menée par Bardas Phocas le Jeune en Anatolie. C'est seulement au printemps 971 qu'il peut rassembler une grande armée et se diriger vers la Bulgarie, tandis qu'une flotte de trois cents navires vient croiser devant le delta du Danube. Il franchit aisément les montagnes, que les Rus' semblent ne pas avoir surveillé, peut-être parce qu'ils sont trop occupés à réprimer des révoltes bulgares. Tzimiskès décide de s'en prendre d'abord à la capitale bulgare, Preslav, dont il s'empare le 13 avril après avoir vaincu les troupes rus'. Il fait prisonnier Boris II qu'il envoie à Constantinople tandis que Sviatoslav se replie vers Dorystolon. Après avoir célébré son succès, Tzimiskès reprend sa marche en avant et accorde l'amnistie aux troupes bulgares qu'il croise sur le chemin, de façon à obtenir leur reddition.

Forces en présence modifier

La bataille modifier

Sviatoslav décide de mettre ses forces[note 1] en phalange serrée, hérissée de lances, avec la cavalerie sur les ailes, et se prépare à se défendre avec acharnement. Jean Tzimiskès et son armée décident de l'attaquer le , mais la résistance des Ruthènes est très rude, et il faut treize charges de la cavalerie impériale, dont la dernière fut dirigée par l'empereur lui-même, pour faire céder les Ruthènes. Peu après cette bataille, ces derniers s'enferment à Dorystolon.

Le siège et la sortie des Ruthènes modifier

Jean Ier Tzimiskès commence aussitôt le siège, avec le concours de la flotte qui arrive le . Ce siège de trois mois fut entrecoupé de rudes combats pour les Byzantins, qui durent à plusieurs reprises repousser des tentatives de sortie des Ruthènes. Cependant, au cours du mois de juillet, Sviatoslav décide de mener une dernière bataille, lors de laquelle la plupart de ses soldats furent massacrés.

Bilan modifier

Sviatoslav décide finalement le de demander l'armistice en offrant de livrer Dorystolon et de se retirer dans son pays. Après une entrevue entre le basileus et le chef rus' sur le Danube, Sviatoslav signe un traité par lequel il s'engagea à ne plus pénétrer sur le territoire byzantin, à ne pas attaquer Cherson et à prêter son appui à l'Empire contre ses ennemis.

Voir aussi modifier

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Les écrits de l'historien byzantin Jean Skylitzès indiquent que, lors de la bataille, les troupes de Sviatoslav Ier comptaient des femmes combattantes[4].

Références modifier

  1. J. Haldon, The Byzantine Wars, 149
  2. W. Treadgold, A History of the Byzantine State and Society, 509
  3. J. Norwich, Byzantium: The Apogee, 215
  4. Soline Anthore-Baptiste, « Le pouvoir des guerrières vikings entre mythes et réalités », Moyen Âge, no 131,‎ novembre-décembre 2022, janvier 2023, p. 47 (ISSN 1276-4159).

Sources modifier

  • (en) John A. Fine, The Early Medieval Balkans, A Critical Survey from the Sixth to the Late Twelfth Century, University of Michigan Press, (ISBN 0-472-08149-7)
  • (en) Dennis Hupchick, The Bulgarian-Byzantine Wars For Early Medieval Balkan Hegemony: Silver-Lined Skulls and Blinded Armies, Palgrave MacMillan, (ISBN 978-3-319-56205-6)
  • (en) Anthony Kaldellis, Streams of gold, rivers of blood : the rise and fall of Byzantium, 955 A.D. to the First Crusade, New York, Oxford University Press, , 399 p. (ISBN 978-0-19-025322-6, lire en ligne)
  • (en) Alexander Madgearu, « The war of 971 in Bulgaria: a model of conflict resolution for present superpowers », Bulgaria Mediaevalis, vol. 7,‎ , p. 373-379
  • (en) Paul Stephenson, Byzantium's Balkan Frontier : A Political Study of the Northern Balkans, 900–1204, Cambridge (GB), Cambridge University Press, , 352 p. (ISBN 0-521-77017-3)