Bélisaire demandant l'aumône

peinture de Jacques-Louis David

Bélisaire demandant l'aumône
Bélisaire demandant l'aumône
Artiste
Date
1780
Type
Technique
Huile sur toile
Dimensions (H × L)
288 × 312 cm
Format
carré
Mouvement
Propriétaire
No d’inventaire
P 436Voir et modifier les données sur Wikidata
Localisation

Bélisaire demandant l'aumône est un tableau peint par Jacques-Louis David en 1780 représentant le général byzantin Bélisaire alors déchu et aveugle et inspiré directement du roman Bélisaire de Jean-François Marmontel. Première peinture néo-classique importante de Jacques-Louis David elle rencontra un important succès au Salon de 1781. Le tableau est conservé au palais des Beaux-Arts de Lille et une réplique de dimensions réduites peinte en 1784 est conservée au musée du Louvre.

Contexte modifier

C'est à son retour d'Italie, en 1780, que Jacques-Louis David achève un tableau commencé à Rome, Bélisaire demandant l'aumône, une huile sur toile qui s'inscrit dans la peinture d'histoire, en vue de son agrément à l'académie. Grâce à ce tableau, David est agréé à l’unanimité le . Le tableau est alors exposé au salon de 1781, premier salon de David, parmi quelques autres plus anciens (notamment, Saint Roch, Les funérailles de Patrocle et Le portrait du comte Potocki).

Considérée comme la première œuvre du néo-classicisme français[1], dont Jacques-Louis David devient peu après le chef de file, elle remporte un grand succès. Vendu par David à l’électeur de Trèves, Clemens Wenzeslaus de Saxe, en 1786, l'œuvre intègre la collection de son frère, le duc Albert de Saxe-Teschen. En 1792, le tableau est pris lors des premières guerres révolutionnaires et racheté par Lucien Bonaparte en 1802. Le musée de Lille l’acquiert en 1863[2].

Quelques années plus tard, en 1784, David réalise une version réduite et légèrement modifiée pour le comte d'Angiviller, Directeur des Bâtiments du Roi, qui est conservée au musée du Louvre[3].

Description modifier

 
Bélisaire recevant l'hospitalité d'un paysan ayant servi sous ses ordres (1779), Pierre Peyron, Musée des Augustins de Toulouse.

L'œuvre fait surgir un héros de l'empire byzantin, le commandant en chef Bélisaire qui sous les ordres de Justinien Ier, battit les Vandales en Afrique du Nord et c'est par jalousie que Justinien lui creva les yeux. Il s'agit d'une simple légende puisque si Bélisaire a été réellement accusé, sans doute à tort, de corruption et emprisonné, Justinien l'a fait libérer peu de temps après. Il ne retrouvera cependant jamais un commandement important.

Le Bélisaire de David nous montre un héros déchu, vieux et aveugle, qui mendie dans la rue (comme le montre l'inscription Date Obulum Belisario, donnez l'obole à Bélisaire présente sur la pierre en bas à droite de Bélisaire). Ce dernier est en compagnie d'un jeune enfant alors qu'un de ses anciens soldats, dans son grand étonnement, reconnaît le vieillard.

Ce sujet avait déjà été traité en 1779 par Peyron pour le cardinal de Bernis : quelques personnages seulement sont présents ; la scène reste peu soumise à l'effet dramaturgique de son histoire.

Analyse modifier

 
Bélisaire demandant l'aumône réplique du musée du Louvre peinte en 1784. De dimensions réduites par rapport à l'original (101 sur 115 cm), le tableau est dans un format plus allongé.
 
Ébauche du tableau de Lille conservée au Musée Ingres-Bourdelle de Montauban

Le thème de la pitié est omniprésent dans l'œuvre, elle touche les trois personnages jugés les plus « faibles » : la femme, l'enfant et le vieillard qui incarne l'image de la Pietà. Les mains tendues horizontalement des trois personnages véhiculent cette idée de faiblesse nécessitant le besoin et la charité. Tandis que le soldat, au second plan, les mains levées à la verticale, signale son étonnement, le buste en avant. Les trois âges représentés diffusent une idée de la gloire humaine et du naufrage de la vieillesse.

Le décor très « antiquisant », par l'architecture sobre, austère et écrasante qui dresse derrière le bélisaire la dureté de la condition de ce dernier, montre une volonté de la part de l'artiste d'associer au style antique ses thèmes héroïques pour le transférer à l'époque de l'artiste. Le tableau fait allusion à une affaire qui a eu lieu quelques années auparavant, celle du général Lally-Tollendal décapité en 1766. C'est sur des thèmes de vertus emprunté à l'antiquité que le « vrai style », plus tard appelé « néo-classique », répand son art, rejetant ainsi les frivolités de la cour royale de Louis XVI, qui ne citait guère des réalités de l'Antiquité que la clémence d'Auguste.

Estampe modifier

Alexandre Antoine Morel a réalisé une estampe rectangulaire de ce tableau du Musée du Louvre à Paris. Elle a été déposée à la Bibliothèque le 21 vendémiaire de l'an IX ().

Tabatière en porcelaine modifier

Il existe des tabatières en porcelaine de Paris centrées sur ce sujet.

Notes et références modifier

  1. Bélisaire demandant l'aumône sur le site du palais des Beaux-Arts de Lille
  2. Bélisaire demandant l'aumône, notice sur le site de musenor
  3. Bélisaire demandant l'aumône sur le site du musée du Louvre

Liens externes modifier