Autochrome

technique de photographie en couleur

L’autochrome est un procédé de restitution photographique des couleurs breveté le par les frères Auguste et Louis Lumière et mis au point par Gabriel Doublier au sein de leurs ateliers.

Une boîte de plaques autochromes de la Société Lumière.

C'est la première technique industrielle de photographie en couleurs, elle produit des images positives sur plaques de verre. Elle fut utilisée entre 1907 et 1932 environ. On lui doit en particulier de nombreuses photographies de la Première Guerre mondiale.

Histoire modifier

 
Paul Castelnau, Militaire français en observation : un guetteur au poste de l'écluse 26, 1917. Un autochrome réalisé pendant la Première Guerre mondiale, Médiathèque du patrimoine et de la photographie, Charenton-le-Pont.

Louis Lumière est déjà le père de la plaque photographique instantanée et du Cinématographe lorsqu’il dépose avec son frère Auguste, le , un brevet pour l'Autochrome, premier procédé de photographie en couleur[1]. Louis Lumière présente la technique autochrome à l'Académie des sciences le [1].

Gabriel Veyre réalise ensuite les premiers autochromes au Maroc.

À partir de 1907, sa commercialisation séduit de nombreux Français et étrangers[2],[3]. Les usines Lumière produisirent 6 000 plaques d'autochromes par jour, 50 millions de clichés au total.

Albert Kahn, banquier philanthrope, envoie sur les cinq continents des photographes qui travailleront principalement en autochrome et constitueront selon son vaste projet « Les Archives de la Planète ». Grâce à cette technique, Albert Kahn a pu ainsi rassembler des milliers de témoignages sur la vie et les gens d'une cinquantaine de pays dans le monde.

À partir de 1935, le Kodachrome puis, en 1936, l'Agfacolor remplacent progressivement l'autochrome.

Technique modifier

 
Principe de l'autochrome.

À l'opposé des autres techniques de l'époque, ce procédé qui emploie la méthode additive enregistre l'image sur une seule plaque photographique, sous forme d'une image noir et blanc composite représentant le rouge, le vert et le bleu. Émulsion et filtre sont intimement liés, de la prise de vue à la projection, du fait du caractère aléatoire du filtre.

La technique consiste à saupoudrer une plaque de verre avec des millions de particules microscopiques (10 à 20 micromètres) — des grains de fécule de pomme de terre — teints en rouge (orangé), vert et bleu (violet), fixés par de la résine. Les interstices entre les grains sont comblés par de la poudre de carbone très fine (noir de fumée) afin de conserver une bonne saturation des couleurs. Ce filtre, appelé « réseau », est scellé par une laque qui le protège pendant les opérations de développement de la surface sensible qui a été déposée sur le tout.

  • L'exposition se fait, plaque de verre en avant.
  • Le développement est complexe puisqu'il faut inverser l'image : deux développements successifs avec une post-insolation.
  • La restitution s'effectue par rétro-éclairage, source de lumière du côté de la surface sensible.

Même avec une excellente émulsion, la présence du filtre réduit la sensibilité effective de 4 à 8 diaphragmes. Par conséquent, cette technique demande un long temps de pose, d'où la mise en scène des personnages et le flou fréquent de la végétation.

Autochromistes renommés modifier

Liste non exhaustive de photographes célèbres ayant utilisé l’autochrome pour une partie importante de leur production.

Notes et références modifier

  1. a et b « Les Autochromes », sur institut-lumiere.org (consulté le ).
  2. « Nous venons de voir chez MM. Combes et Arlaud, photographes, le premier cliché en couleurs tiré en Suisse par le nouveau procédé Lumière, et dont il n'est pour le moment livré aucun exemplaire à l'étranger. MM. Combes et Arlaud ayant pu néanmoins s'en procurer quelques plaques sont arrivés à un fort beau résultat. »Journal de Genève, .
  3. « Je voudrais insister sur le formidable enthousiasme qui s'est exprimé quand la première plaque couleur a été décrite dans la presse quotidienne et présentée dans les clubs photographiques. Seule une personne vivant à cette époque peut avoir une idée très claire de cette expérience. » — Wenzel Fritz, Memoirs of a Photochimist, American Museum of Photography, 1960.

Voir aussi modifier

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Bibliographie modifier

  • André Barret, Autochromes, 1906-1928, André Barret, .
  • Nathalie Boulouch, Bertrand Lavédrine et Jean-Paul Gandolfo, L'Autochrome Lumière, secrets d'atelier et défis industriels, Paris, CTHS, , 391 p. (ISBN 978-2-7355-0678-1).
  • Benoît Coutancier, La Couleur sensible, photographies autochromes (1907-1935), Marseille, Centre de la Vieille Charité, .
  • Céline Ernaelsteen (dir.) et Alice Gandin (dir.), En couleurs et en lumière : Dans le sillage de l'impressionnisme, la photographie autochrome 1903-1931, Paris, Skira Flammarion, , 175 p. (ISBN 978-2-08-130032-3, OCLC 844234855).
  • Valérie Huss (dir.), Premières couleurs. La photographie autochrome [catalogue d'exposition], Grenoble, Éd. Musée dauphinois, , 120 p. (ISBN 978-2355670985)
  • Sylvain Roumette et Michel Frizot, Autochromes, Paris, CNP, coll. « Photo poche », (ISBN 978-2-86754-027-1).
  • Alain Scheibli et Nathalie Boulouch, Les autochromes Lumière : la couleur inventée : photographies couleur, Saint-Paul-de-Varax, Scheibli, , 80 p. (ISBN 978-2-911467-00-4).

Articles connexes modifier

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