Augustin Dupré

graveur français
Augustin Dupré
Médaillon (1833) par David d'Angers
(Bibliothèque de Saint-Étienne).
Naissance
Décès
Période d'activité
Nationalité
Activité

Augustin Dupré, né à Saint-Étienne le et mort à Armentières-en-Brie le , est un médailleur français, dont l'œuvre est marquée par le néoclassicisme.

Il fut le 14e Graveur général des monnaies sous la Révolution française et reçut des commandes du gouvernement des États-Unis d'Amérique[1].

Biographie modifier

Né à Saint-Étienne le 16 octobre 1748, fils de Jean Dupré, cordonnier et d'Élisabeth Peyret[2], Augustin Dupré devient en 1766 l'élève de Jacques Olanier (1742-1798), puis part à Lyon en 1768 pour devenir orfèvre et a pour condisciples Rambert Dumarest et André Galle. Il commence sa carrière comme graveur à la Manufacture royale d'armes de Saint-Étienne. Vers 1769-1770, il s'installe à Paris et est admis à l'Académie royale de peinture et de sculpture en 1778 ; protégé de Jean-Antoine Houdon, il termine ses études en 1782[3].

Il grave ses premières médailles, par exemple celle commémorant les premiers vols en montgolfière et ballon (bronze, 1783)[4] ou bien encore cette médaille gravée d'après des dessins de Benjamin Franklin, avec lequel il se lie, et d'Esprit Antoine Gibelin, Libertas Americana ; frappée dans les ateliers du Louvre, elle symbolise l'amitié entre la France et la jeune nation américaine (1782-1783, National Museum of American History). Le roi le nomme aux côtés de Benjamin Duvivier à la Monnaie.

La Révolution française va lui donner l'occasion de développer son art et de le mettre au service de tous. Le nouveau régime politique et la réforme monétaire nécessitant un changement complet des types monétaires, un concours à l'instigation du peintre Louis David est ouvert en avril 1791 par la Constituante. Il l'expose parmi d'autres travaux au Salon de Paris ; son adresse est 10 rue Dauphine[5].

Son projet est retenu pour le « Louis conventionnel ». À la suite de cette promotion, Dupré est nommé Graveur général des monnaies par décret de l'Assemblée nationale le . Son différent est Artémis. Il occupera cette fonction jusqu'en 1803, date à laquelle il est révoqué par un décret du Premier Consul en date du . Il est remplacé par Pierre-Joseph Tiolier.

Le 14 août 1831 il est nommé chevalier de la Légion d'honneur[6] : l'homme est âgé, il vit retiré dans un petit domaine appelé « le Château » du côté d'Armentières-en-Brie, qu'il avait acheté en 1793 sur la liste des biens nationaux et où il mourut deux ans plus tard. Ses deux fils, Alexandre et Appelles, nés de Reine Lochard, revendirent la propriété en 1836.

Il fut l'ami du sculpteur David d'Angers.

Ses œuvres monétaires modifier

La Révolution française encourageait les artistes à célébrer l'ordre nouveau. Augustin Dupré puisa l'inspiration de ses compositions allégoriques dans la symbolique de l'Antiquité (Tables de la Loi, Génie de la Liberté, Hercule, bonnet phrygien, faisceaux de licteurs, balance, etc.) Ce fut le triomphe du style néo-classique.

Sa première contribution est le Louis d'or de 24 livres, type Au génie, l'avers porte encore le portrait de Louis XVI Roi des Français et la date 1792. Le revers représente un Génie ailé qui écrit le mot « Loi » sur une stèle, avec comme devise « Le Règne de la Loi » et la mention « An III de la liberté ». Un écu de six livres et un demi-écu en argent reprennent ce motif.

La République proclamée, il grava l'essentiel de la nouvelle monnaie décimale : les pièces de 1 centime, 5 centimes, 1 décime et 2 décimes à la Marianne ainsi que la pièce de 5 francs à l'Hercule en argent.

L'Hercule d'Augustin Dupré marqua la réapparition du franc. Il a été repris, avec des modifications, sous différentes républiques. Cet « écu » fut frappé de l'an IV à l'an XI, puis en 1848/1849 et de nouveau de 1870 à 1878. Il fut remis en lumière pour les frappes de prestige en argent de 10 francs (1965/1973) et de 50 francs (1974/1980), puis par l'émission d'une pièce commémorative de 5 francs en cupronickel en 1996. Des pièces de 100  et de 1 000  (or et argent), dites à l'Hercule modernisé gravé par Joaquin Jimenez, ont été frappées en 2011 ; en 2012, ce type réactualisé figure sur des pièces de 10  en argent.

L'outillage et les papiers de Dupré, qu'il emporta avec lui en quittant l'emploi de graveur général, furent dispersés au cours du XIXe siècle par ses enfants. Une partie de ces fonds a pu être acquise dans un second temps par des établissements publics. On les retrouve aujourd'hui à Paris au Département des monnaies, médailles et antiques de la Bibliothèque nationale de France, à la Monnaie de Paris et au musée Carnavalet, ainsi qu'au musée d'Art et d'Industrie de Saint-Étienne.

Galerie modifier

Notes et références modifier

  1. Albert Barre, Graveurs Généraux et particuliers des Monnaies de France, Contrôleurs Généraux des Effigies, Noms de quelques graveurs en Médailles de la Renaissance Française, Paris, 1867.
  2. Conseil Départemental de la Loire — Saint-Étienne, paroisse Notre-Dame. Registre des naissances cote 3NUMRP5/2 MI EC 51 - 1748.
  3. David Karel, Dictionnaire des artistes de langue française en Amérique du Nord, Québec, Presses de l'Université Laval, 1992, pp. 268-269.
  4. Notice no 10230019609, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Joconde, ministère français de la Culture.
  5. Fiche exposant Salon de 1791, Base salons du musée d'Orsay.
  6. « Cote LH/859/9 », base Léonore, ministère français de la Culture.
  7. (en) Richard Patterson et Richardson Dougall, The Eagle and the Shield: A History of the Great Seal of the United States, Forest Grove (Oregon), Pacific University Press, 2005, p. 222.

Annexes modifier

Bibliographie modifier

  • Rosine Trogan et Philippe Sorel, Augustin Dupré (1748-1833), graveur général des monnaies de France. Collections du musée Carnavalet, Paris, 2000.
  • Archives de l'atelier d'Augustin et de Narcisse Dupré, tiré à part du catalogue de vente aux enchères Bonhams, no 1000, 2 avril 2014.

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