Astérios le Sophiste

théologien romain

Astérios le Sophiste ou Astérios de Cappadoce est un théologien chrétien influent au début du IVe siècle, décrit par ses détracteurs comme un théoricien majeur de l'arianisme et du subordinatianisme mais qui demeure un personnage assez mal connu, dont la position était peut-être plus modérée.

Astérios le Sophiste
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Éléments biographiques modifier

Les éléments conservés sur Astérios — connu aussi sous les noms d'Astérios, Astérius ou Astère « l'Arien » ou « de Cappadoce » — sont peu nombreux et le personnage reste mal connu[1]. Natif de la Cappadoce, d'abord païen, il se rend à Antioche où il aurait été élève de Lucien d'Antioche. D'après Philostroge, il aurait apostasié et sacrifié aux idoles lors d'une persécution sous de Maximien Hercule, avant de revenir à la foi de l'Église grâce à son maître Lucien[2].

Bien que pour cette raison il n'ait pas eu accès au sacerdoce[2], Astérios apparait pour ses détracteurs comme un ardent propagandiste de la doctrine de la « nouvelle sagesse », un subordinatianisme radical[1] qu'il développe dans un opuscule, le Syntagmation, qu'à l'instigation du parti eusébien, il lit en public dans les assemblées chrétiennes de Syrie et d'ailleurs[3], peu avant le concile de Nicée (325)[1]: pour lui et selon la restitution qu'en fait son contradicteur Athanase d'Alexandrie[4], le Christ — créé par la volonté du Père — n'est pas la puissance éternelle de Dieu mais la première des puissances créées par celui-ci, parmi les innombrables que le Créateur utilise à ses fins[2].

Athanase prend d'ailleurs violemment à partie le sophiste, qualifié de « sacrificateur » ou encore d'« avocat de l'hérésie »[5] et l'accusant d'avoir inspiré Arius[1] et les Eusébiens[3]. Il semble qu'après le concile de Nicée, Astérios se soit attaché à la défense d'Eusèbe de Nicomédie, condamné à l'exil, en démarchant des évêques afin qu'ils souscrivent souscrire à une lettre adressée à l'empereur Constantin, démarche qui a peut-être influencé le rappel d'Eusèbe quelques mois plus tard[6].

Un autre texte de la main d'Astérios, rédigé en 331 ou 335 est réfuté par Marcel d'Ancyre[1] dans on ouvrage aujourd'hui perdu De la soumission du Christ[7], avant que le sophiste, selon Philostorge qui lui attribue plusieurs lettres[1], n'infléchisse considérablement sa pensée pour se rapprocher de la doctrine nicéenne[8]. En outre, l'examen de sa profession de foi partiellement mentionnée par Marcel d'Ancyre et reprise dans le credo du concile d'Antioche de 341 auquel il semble avoir participé[9], laisse plutôt penser qu'au contraire de ce qu'en présentent ses détracteurs Athanase et Marcel, Astérios recherche plutôt le compromis entre les premiers ariens et les nicéens stricts[6]. S'il ne semble pas avoir fait d'émule à l'exception de Dianios de Césarée[1], cette voie moyenne semble avoir inspiré la théologie du successeur de ce dernier, Basile de Césarée[6].

Jérôme de Stridon, présentant Astérios comme « un philosophe de la faction arienne », lui consacre une courte notice biographique qui mentionne en outre des commentaires sur des Évangiles et sur l'Épître aux Romains, aujourd'hui disparus, ainsi que trente et une homélies sur les Psaumes[1] qui seront éditées par Marcel Richard en 1936.

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Références à ses œuvres modifier

Notes et références modifier

  1. a b c d e f g et h Sophie Métivier, La Cappadoce (IVe – VIe siècle) : Une histoire provinciale de l’Empire romain d’Orient, Éditions de la Sorbonne, (ISBN 978-2-85944-826-4), p. 181-182
  2. a b et c Éphrem Boularand, L'hérésie d'Arius et la « foi » de Nicée, Letouzey & Ané, , p. 165
  3. a et b Éphrem Boularand, L'hérésie d'Arius et la « foi » de Nicée, Letouzey & Ané, , p. 36
  4. P. Nautin considère, pour sa part, que le "syntagmation" d'Astérius est en fait beaucoup plus modéré que ce qu'en donne à penser Athanase, et qu'il pourrait bien être le "symbole de Lucien d'Antioche", mis en avant au Synode d'Antioche, en 431.
  5. Charles Kannengiesser, Athanase d'Alexandrie, évêque et écrivain : Une lecture des traités Contre les Ariens, Beauchesne, (ISBN 978-2-7010-1074-8), p. 151
  6. a b et c Pierre Nautin, « Conférence de M. Pierre Nautin », Annuaires de l'École pratique des hautes études, vol. 90, no 86,‎ , p. 333–335 (lire en ligne, consulté le )
  7. L'ouvrage de Marcel d'Ancyre est perdu, mais 128 fragments - dont une vingtaine concernent Astérius - ont été retrouvés et rassemblés
  8. Ce dont l'historien arien Philostorge l'accuse aussi
  9. Pierre Maraval, Le christianisme de Constantin à la conquête arabe, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Nouvelle Clio », (ISBN 978-2-13-054883-6), p. 89

Bibliographie modifier

  • Maurice F. Wiles et Robert C. Gregg, « Asterius : A New Chapter in the History of Arianism ? », dans Robert C. Gregg (éd.), Arianism : Historical and theological reassessments, Wipf and Stock, coll. « Patristic monograph series » (no 11), (ISBN 978-1-59752-961-7), p. 111-151.
  • Marcel Richard (éd.), Asterii Sophistae Commentariorum in Psalmos quae supersunt : Accedunt aliquot homiliae anonymae, A. W. Broegger, coll. « Symbolae Osloenses » (no 16), .
  • Gustave Bardy, Recherches sur saint Lucien d'Antioche et son école, Beauchesne, , p. 316-339.