As-Sajda

32e sourate du Coran

32e sourate du Coran
La prosternation
Le Coran, livre sacré de l'islam.
Le Coran, livre sacré de l'islam.
Informations sur cette sourate
Titre original سُورَةُ ٱلسَّجْدَةِ, As-Sajda
Titre français La prosternation
Ordre traditionnel 32e sourate
Ordre chronologique 75e sourate
Période de proclamation Période mecquoise
Nombre de versets (ayat) 30
Nombre de prosternations 1 (verset 15) ou 1 Ruku (si le verset est récité lors d'une prière)
Ordre traditionnel
Ordre chronologique

As-Sajda (arabe : سُورَةُ ٱلسَّجْدَةِ, français : La prosternation) est le nom traditionnellement donné à la 32e sourate du Coran, le livre sacré de l'islam. Elle comporte 30 versets. Rédigée en arabe comme l'ensemble de l'œuvre religieuse, elle fut proclamée, selon la tradition musulmane, durant la période mecquoise.

Origine du nom modifier

Bien que le titre ne fasse pas directement partie du texte coranique[1], la tradition musulmane a donné comme nom à cette sourate La prosternation[2]. Le titre de la sourate provient du verset 15[3].

Historique modifier

Il n'existe à ce jour pas de sources ou documents historiques permettant de s'assurer de l'ordre chronologique des sourates du Coran. Néanmoins selon une chronologie musulmane attribuée à Ǧaʿfar al-Ṣādiq (VIIIe siècle) et largement diffusée en 1924 sous l’autorité d’al-Azhar[4],[5], cette sourate occupe la 75e place. Elle aurait été proclamée pendant la période mecquoise, c'est-à-dire schématiquement durant la première partie de l'histoire de Mahomet avant de quitter La Mecque[6]. Contestée dès le XIXe par des recherches universitaires[7], cette chronologie a été revue par Nöldeke[8],[9], pour qui cette sourate est la 70e.

L’arrangement de la sourate est incertain et les versets ne semblent que « vaguement reliés ». Traditionnellement, elle est datée de l’époque mecquoise tandis que Bell l’associe à la période médinoise, à partir d’éléments plus anciens[Note 1]. Certains passages montrent un travail rédactionnel. C’est en particulier le cas des derniers versets qui aurait été remaniés, peut-être pour retirer certains traits jugés trop alides. Cette sourate a connu des remaniements jusqu’à la rédaction définitive du Coran[3].

Interprétations modifier

Cette sourate appartient au groupe des sourates 27 à 36 qui se trouvent presque au milieu du Coran. Hétérogène, en particulier en raison de leur style concis et allusif, cet ensemble se compose principalement d’histoire de prophètes et de prescription en lien avec les fins dernières. Elles ne sont pourtant qu’allusives, ce qui appuie l’hypothèse selon laquelle le Coran est construit comme un commentaire midrashique de textes bibliques connus de la communauté recevant cet enseignement[10].

Verset 4-9 : signes de la puissance du créateur modifier

Cette partie commence par une affirmation claire de l’unicité divine. Le verset suivant est plus obscur. Le terme amr (traduit parfois par « ordre ») pourrait signifier le décret divin et un ange chargé de le porter (Blachère), le Logos en tant que « Verbe créateur de Dieu en tant qu’hypostase divine » (Paret)... Cette dernière interprétation s’expliquerait par une influence chrétienne. Cela ferait supposer un remaniement postérieur de ce passage[3].

Le verset 5 appuie une telle interprétation christologique. Derrière ce passage se trouve, en effet, une exégèse de l’échelle de Jacob. Le sujet de ce verset est donc le Christ[3].

Le verset 11 est l'unique évocation coranique de l'ange de la mort, que la tradition musulmane nommera ʿIzrāʾīl.

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Bibliographie modifier

  • J. Van Reeth, "Sourate 32", Le Coran des Historiens, t.2b, 2019, 1109 et suiv.
  • R. Paret, Der Koran. Kommentar und konkordanz, 1980[Note 2].

Liens externes modifier

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Les islamologues ont utilisé plusieurs approches pour tenter de dater les différentes sourates du Coran. Paret et Neuwirth appartiennent à l’« école allemande » qui, à la suite de Nöldeke, s’appuie sur la chronologie traditionnelle et sur un récit « laïcisé » des traditions musulmanes. Autrefois dominant dans les études islamologiques, ce paradigme nöldekien n'est plus qu'« en partie présent ». Les auteurs du Coran des historiens appartiennent davantage à l’autre courant (dit « sceptique ») qui prend davantage en compte une critique des sources traditionnelles. Voir : Historiographie de l'islam et du Coran
  2. En 2019, seuls deux ouvrages peuvent être considérés comme des commentaires scientifiques et continus du texte coranique. Il s'agit du Commentary on the Qur'an de Richard Bell publié en 1991 (aujourd'hui daté) et du Coran des historiens publié en 2019. L'ouvrage de Paret s'inscrit, avec ceux de Blachère, Khoury et Reynolds, dans un ensemble de traduction avec apparat critique. Voir : Sourate

Références modifier

  1. A. Chouraqui, Le Coran, traduction et commentaires, 1990, p. 15.
  2. A. Chouraqui, Le Coran : L'appel, France, Robert Laffont, , 625 p. (ISBN 978-2-221-06964-6, BNF 36204897)
  3. a b c et d J. Van Reeth, "Sourate 32", Le Coran des Historiens, t.2b, 2019, 1109 et suiv.
  4. G.S. Reynolds, « Le problème de la chronologie du Coran », Arabica 58, 2011, p. 477-502.
  5. R. Blachère, Introduction au Coran, p. 244.
  6. R. Blachère, Le Coran, 1966, p. 103.
  7. M. Azaiez, « Chronologie de la Révélation »
  8. G. Dye « Le Coran et son contexte Remarques sur un ouvrage récent », Oriens Christianus no 95, 2011, p. 247-270.
  9. E. Stefanidis, « The Qur'an Made Linear: A Study of the Geschichte des Qorâns' Chronological Reordering », Journal of Qur'anic Studies, X, II, 2008, p. 13.
  10. J. Van Reeth, « Introduction aux sourates 27-36 », Le Coran des historiens, 2019, p. 976.