Arthur Dansereau

journaliste canadien

Arthur Dansereau, né à Contrecoeur le et mort à Montréal le , est un journaliste québécois, longtemps rédacteur en chef de La Minerve et plus tard directeur politique du journal La Presse[1].

Arthur Dansereau
Fonctions
Rédacteur en chef
La Presse
à partir d'
Rédacteur en chef
La Minerve
-
Joseph Provencher (en)
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 73 ans)
MontréalVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Université McGill (licence en droit) ( - )Voir et modifier les données sur Wikidata
Activité

Biographie modifier

Son père, Clément Dansereau, et sa mère, Louise Fiset, habitaient à Contrecœur[1]. Après ses années d'école chez les Clercs de Saint-Viateur à Verchères, Arthur entra au collège de l'Assomption et y suivit son cours classique de 1855 à 1862[1]. Il s'y distingua par de nombreux succès, les cahiers d'honneur de l'institution en témoignant copieusement.

Son cours terminé, à 18 ans, en 1862, le jeune Arthur se décida pour l'étude du droit. Le père Dansereau, a-t-on raconté, conduisit son fils à Montréal, chez son ami Georges-Étienne Cartier, celui-ci lui disant : « Clément, [...] ton garçon n'entrera pas dans mon bureau. Il se fait trop de politique ici. »[réf. nécessaire] Arthur Dansereau tout en s'inscrivant aux cours de droit du McGill. La même année, on l'admettait au barreau.

Carrière journalistique modifier

Le nouvel avocat écrivait déjà dans entre-temps dans le journal La Minerve depuis 1862. Ayant finalement peu d'intérêt pour le milieu parlementaire et le milieu légal, celui-ci s'orienta plutôt vers le milieu journalistique à temps plein dans ce même journal dès 1863[1]. C'était, à l'époque, le principal organe conservateur, qui bataillait pour les idées de Cartier et de MacDonald.

En 1866, Dansereau y remplaçait Provencher à la direction. En 1872, il en devint même l'éditeur-propriétaire, tout en continuant d'en être le rédacteur en chef, et cela pendant une dizaine d'années. En 1882, quand La Presse eut été fondée à Montréal par Alphonse Nantel et Blumhart, Dansereau en devint presque aussitôt le directeur. L'année suivante, il était chargé par le gouvernement Mousseau de mettre sur pied la bibliothèque du Parlement provincial, et il faisait, dans ce but, un voyage d'études et de recherches en Europe, s'acquittant de sa mission avec un plein succès. Revenu au pays, il reprit sa plume de rédacteur et directeur à La Presse.

En février 1892, le gouvernement d'Ottawa nommait Dansereau maître des postes à Montréal. Quelques années plus tard, en 1899, il démissionnait de cette fonction,, pour retourner au journalisme et à La Presse, dont il redevint le directeur politique[1]. C'est lui, a raconté L.-O. David, qui décida Trefflé Berthiaume à faire l'acquisition du journal, bientôt si puissamment organisé. Dansereau garda son fauteuil de directeur à La Presse, en dépit de plusieurs fluctuations, avec une maîtrise reconnue de tous, jusqu'à la fin de sa carrière. En octobre 1907, ses amis, et il en avait dans tous les partis, fêtèrent avec éclat, par un banquet au Canadian Club, ses quarante-cinq ans d'entrée dans le journalisme.

Seule la maladie, qui devait l'emporter en 1918, put le contraindre, peu auparavant, à une retraite complète. « Le plus vieux et l'un des plus instruits et des plus forts journalistes de son temps, écrivit David sur sa tombe, Dansereau, pendant près d'un demi-siècle, a brillé au premier rang dans l'état-major du journalisme. » Au cours de sa longue carrière, Dansereau a pris part, dans La Minerve et dans La Presse, à bien des luttes et bien des combats. L'on disait qu'il avait l'art de tourner l'article du jour avec un souci constant de l'actualité, une souple habileté et un accent de conviction au moins apparent qui entraînait. Confident de tous les chefs politiques, il connaissait le dessous des cartes et il évoluait, avec une aisance sans pareille, dans les exposés à faire, pour l'affirmative ou pour la négative.

À l'occasion, il traitait de théologie ou de sociologie, d'histoire ou de sciences, avec une assurance imperturbable, laquelle pourtant ne se justifiait pas toujours. S'il se trompait, ce qui est très humain, il avait une manière à lui de s'expliquer sans en avoir l'air, et il réussissait à se tirer d'affaire sans qu'il y parût beaucoup. Les initiés seuls comprenaient, la masse n'y voyait que du feu. Tout en n'étant pas d'une correction impeccable, sa plume était alerte et facile, et sa vaste érudition lui permettait de l'alimenter chaque jour abondamment. Les grandes questions, pour lesquelles il se passionnait, celle de la Confédération en 1866 et 1867, celle du Pacifique Canadien en 1870, 1872 et 1880, celle du Chemin de fer du Nord en 1881 ou 1882, celle du Grand-Tronc-Pacifique en 1903, le tinrent des semaines et des mois sur la brèche, jamais déconcerté, toujours prêt à l'attaque ou à la riposte.

Dansereau a tenu une chronique scientifique dans le quotidien La Presse à partir de 1894[2]. Il a été l'un des premiers journalistes à couvrir régulièrement les sciences dans un média de masse québécois. À cet effet, il se documentait sur des sujets très diversifiés : médecine, darwinisme, aéronautique, automobile, sous-marins, téléphone, télégraphie, etc. Ses textes favorisaient l'ouverture des esprits aux sujets scientifiques de l'époque. Son intérêt pour les sciences se transposait aussi en mission sociale et politique. Ainsi, plusieurs de ses éditoriaux concernaient la médecine et l'alimentation. Par exemple, dans une chronique de 1916, il soutenait que la margarine constituait un aliment économique qui devrait être accessible aux familles en temps de guerre. En 1917, il a prôné les bienfaits du pain brun par rapport au pain blanc et il a mis en garde la population contre les modes dans l'alimentation.

Il batailla ferme et allègrement pour toutes les mesures qu'il jugeait progressives. Confident de Cartier en sa jeunesse, grand ami de Chapleau plus tard, soutien de Laurier sur la fin, il ne s'embarrassait guère de ce qu'il avait pu écrire précédemment. Il eut souscrit très volontiers à ce qu'écrivait récemment, dans une revue de France, M. Louis Barthou, l'homme d'État bien connu : « Mauvais éloge d'un homme que de dire de lui : "Son opinion politique n'a pas varié depuis quarante ans." C'est dire que pour lui il n'y a eu ni expérience de chaque jour, ni réflexion, ni repli de la pensée sur les faits. C'est louer une eau d'être stagnante, un arbre d'être mort, c'est préférer l'huître à l'aigle. Tout est variable au contraire dans l'opinion. Rien n'est absolu dans les choses politiques, excepté la moralité intérieure de ces choses... ».

Dansereau, conseiller des uns, défenseur des autres, pourvoyeur d'idées et d'arguments pour beaucoup, fut longtemps, derrière la scène, embusqué dans son journal. Ainsi que l'écrivait DeCelles, au lendemain de sa mort : « Toutes-les grandes polémiques du temps le virent sans cesse, au plus fort de la mêlée, avec sa plume redoutable comme une épée. »

Tant qu'il le put, avec beaucoup de difficultés sur la fin, se soutenant à peine sur ses béquilles, assisté de sa fille, Mlle Jeannine, il se rendait à l'église pour recevoir la sainte communion. "C'est à moi d'aller au bon Dieu, me disait-il, ce n'est pas au bon Dieu de venir à moi." Il meurt à Montréal le 27 mars 1918, travaillant encore au journal La Presse[1].

Bibliographie modifier

La liste de ses publications[3],[4] n'est pas exhaustive.

  • les Rouges et les Bleus devant le pays : quelques pages de politique (Montréal, 1875)
  • le Lieutenant-Gouverneur de Québec et les Prérogatives royales (Montréal, 1878)
  • les Ruines libérales (Montréal, 1878)
  • Cantate : les Cygnes malades (Montréal, 1879)
  • la Crise politique de Québec : notes et précédents (Québec, 1879)
  • le Refus des subsides : autorités et précédents (Montréal, 1879)
  • Protection et Libre-Échange, quelques statistiques (Montréal, 1879)
  • les Contes de M. Mercier (Montréal ?, 1883 ?)
  • George-Etienne Cartier, 1914[5]

Le fonds d'archives de la famille de Clément-Arthur Dansereau est conservé au centre d'archives de Montréal de Bibliothèque et Archives nationales du Québec[6].

Notes et références modifier

  1. a b c d e et f « Dansereau, Arthur », sur Répertoire du patrimoine culturel du Québec (consulté le )
  2. Le traitement de la science par les médias: http://journalisme-scientifique.podcastmcq.org/fr/le-traitement-de-la-science-par-les-medias1.php, sur le site du Musée de la civilisation (consulté le 21 janvier 2014)
  3. (fr) « dansereau, arthur », sur www.biographi.ca (consulté le ).
  4. (fr) « Arthur Dansereau 1844 - 1918 », sur openlibrary.org (consulté le )
  5. (en) « Books by this Author », sur openlibrary.org (consulté le )
  6. Fonds Famille Clément-Arthur Dansereau (P673) - Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ).

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

Liens externes modifier