Armor

Bretagne littorale

L’Armor est la zone maritime de la Bretagne, par opposition à l'Argoat[1].

Plage de Sables-d'Or-les-Pins.

Le mot Armor est un composé du vieux breton ar « près de, sur, devant » (> breton moderne ar[pas clair]) et mor « mer » (> breton moderne mor[pas clair]), d’où la signification globale de « pays du littoral » par opposition à l'Argoat « pays du bois ou du bocage », c'est-à-dire « pays de l'intérieur ». Il s’agit d’une formation linguistique comparable au gaulois Aremorici « ceux qui habitent près de la mer », d’où Armorique, mais elle ne doit cependant pas être confondue avec ce terme. En effet le cadre territorial de l’ancienne Armorique recouvrait non seulement la Bretagne, mais aussi la côte Normande et, pour d’autres auteurs, également la côte Vendéenne et la Charente maritime.

La formation linguistique est similaire à celle de Shanghai en mandarin (Shang = sur ; Hai = mer).

Étymologie modifier

L’élément ar « près de, sur, devant » (cf. vieil irlandais air, gallois er), issu du celtique ari, are, n'est pas comparable dans ce cas à l'article défini breton ar, que l’on reconnaît dans ar mor « la mer ».

Are, ari procède en fait d'un vieil adverbe indo-européen *prH(i) « devant » (cf le latin per, le grec pára, le vieux haut allemand furi, l’allemand vor) , dont le p- initial est tombé. En effet, la chute du p initial est l'une des caractéristiques du celtique par rapport à d’autres langues indo-européennes (cf. exemple ci-dessus).

Par ailleurs, l'antéposition de l’adverbe breton ar entraîne régulièrement la mutation adoucissante de la voyelle initiale m- du mot mor en v-, d'où ar vor « devant la mer », aussi le composé Arvor est-il plus correct en breton moderne qu’Armor la forme non mutée. En revanche l’antéposition de l'article ar « le » n'entraîne pas cette mutation de la voyelle initiale m- du mot mor, d'où ar mor « la mer ». On trouve en Bretagne de nombreux noms de lieux signifiant « face à la mer » du type l'Arvor (en breton : an Arvor), notamment pour désigner la partie côtière d'un village (par opposition au gorre, sa partie intérieure), plus rarement l’Armor, qui deviennent, par agglutination de l’article défini français Larvor ou Larmor.

Description au XIXe siècle modifier

Le dictionnaire de Troudé décrit ainsi l'Armor en 1876 :

« On nomme an argoad, an argoat, les parties de la Basse Bretagne où le bois de chauffage pousse ; c'est-à-dire la contrée éloignée des côtes venteuses de l'Océan. (...) An argoad fait opposition à an arvor (armor) qui est le pays où le bois ne pousse pas. An Arvor est une zone de une à deux lieues de largeur, qui longe le bord de la mer et dans laquelle les vents et avec eux les embruns salés gênent la croissance des arbres. Dans ces contrées en effet le bois de chauffage fait complètement défaut et, pour les besoins du ménage, les habitants font usage de plusieurs matières desséchées au soleil comme des fougères, des bouses de vache, des mottes de terre gazonnées et des goémons[2] »

Références modifier

  1. « Energies Armor se dote à Nantes d’une usine de composants de batteries », sur Prefecture de Bretagne, (consulté le )
  2. A.-E. Troudé, "Dictionnaire français et celte-breton", 1843, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9633797r.image

Annexes modifier

  • Armor Magazine, un magazine mensuel breton d'actualités et d'informations généralistes sur la Bretagne et les pays celtiques d'esprit centriste breton et européen donnant une large place au monde de l'économie et des entreprises et à la culture bretonne.
  • Armorique
  • Arvor (journal), journal hebdomadaire de format in-plano en langue bretonne qui parut sous l'Occupation allemande.
  • L'élection annuelle de la reine d'Arvor.