Approximation de Born-Oppenheimer

méthode mathématique utilisée en chimie quantique

En physique quantique, l’approximation de Born-Oppenheimer, nommée d'après ses auteurs initiaux, Max Born et Robert Oppenheimer[1], permet de simplifier drastiquement le calcul de la fonction d'onde d'une molécule en vue de résoudre l’équation de Schrödinger qui décrit son état. Elle consiste à découpler le mouvement des électrons de celui des noyaux. En effet, à cause de la masse bien plus importantes des nucléons qui les composent, les noyaux atomiques ont un mouvement beaucoup plus lent que les électrons qui les entourent. On peut donc considérer que les électrons s’adaptent de manière adiabatique à la position des noyaux. C'est-à-dire que la configuration des électrons s'adapte quasi-instantanément par rapport aux mouvement des noyaux, et que les électrons voient les noyaux comme quasi-statiques.

Une molécule d'anhydride acétique où les noyaux de ses atomes sont représentés par des sphères solides, et sa densité électronique calculée en transparence.

Origine et intérêt modifier

La fonction d'onde d'une molécule   dépend des positions de ses   électrons, notées ici   et de celles de ses   noyaux atomiques, notées  . Elle obéit à l'équation de Schrödinger:

 

où l'opérateur hamiltonien peut se décomposer avec les opérateurs

 

où les opérateurs

 

et

 

sont les opérateurs d'énergie cinétiques respectivement des électrons et des noyaux, et

 
 

et

 

respectivement les opérateurs d'interaction de Coulomb des électrons entre eux, des noyaux entre eux et des électrons avec les noyaux. La solution analytique exacte d'une telle équation n'est possible que pour les systèmes les plus simples comme l'atome d'hydrogène. Les résolutions numériques deviennent deviennent quant à elle très vite inenvisageables pour les systèmes de quelques atomes en raison du grand nombre d'électron qu'ils finissent par impliquer. Il est cependant possible de simplifier le problème pour en trouver une solution approchée, et l'approximation de Born-Oppenheimer est un moyen efficace et relativement simple d'y parvenir.

Principe modifier

L'approximation de Born-Oppenheimer se fonde sur l'importante différence de masse entre les électrons et les noyaux. Étant donné que les forces coulombiennes que les électrons et les noyaux subissent sont de même intensités, leurs accélérations, et donc les temps caractéristiques de leurs dynamiques respectives, sont différents de plusieurs ordres de grandeurs: les électrons se déplacent beaucoup plus vite que les noyaux.

Ceci permet de reformuler l'équation de Schrödinger du système en deux temps:

  • Du point de vue des électrons, les noyaux sont immobiles. On peut donc négliger l'opérateur d'énergie cinétique des noyaux et considérer leurs positions comme un paramètre fixe. On peut donc résoudre l'équation et obtenir les états propres des électrons paramétrés par la distance entre les noyaux. On aura donc une solution pour la configuration de noyaux  , une solution pour la configuration   etc.
  • De leurs coté, les noyaux ne sont pratiquement pas influencés par la position instantanée des électrons. On peut donc supprimer les opérateurs agissant sur les électrons et les remplacer par un potentiel ressenti par les noyaux qui correspond à l'état électronique lorsque les noyaux sont dans une configuration donnée.

Formulation mathématique modifier

Le fait que les états des noyaux et des électrons soient indépendants permet de supposer la fonction d'onde moléculaire   comme étant le produit de deux fonctions:

 

  est la fonction d'onde des électrons et   celle des noyaux. Comme dit précédemment, on pourra écrire que la fonction   ne dépend que des positions des électrons   et des positions fixes des noyaux  , alors que la fonction   ne dépend que de la position des noyaux.

L'équation de Schrödinger électronique sera donc réduite à

 

avec l'opérateur  . La valeur propre   pourra être réinjectée dans l'équation de Schrödinger des noyaux qui deviendra

 

  sera une valeurs approchée de l'énergie totale. On peut donc résoudre successivement l'équation pour différentes configurations des noyaux. Par exemple, on peut calculer l'énergie de dissociation d'une liaison en augmentant progressivement la distance entre les noyaux d'une molécules diatomique. Ceci permet de calculer la surface d'énergie potentielle des configurations atomiques. Le facteur limitant reste la résolution de l'équation de Schrödinger électronique dont la complexité augmente rapidement avec le nombre d'électrons, bien que le problème se pose aussi avec les noyaux pour les molécules importantes. Mais la méthodologie peut se retrouver dans la manière dont sont calculées, essentiellement par ordinateur, les surfaces d'énergie potentielle par simulation numérique avec des techniques telles que la DFT (Density functional theory), qui cherchent des solutions à l'équation de Schrödinger électronique pour des configurations des noyaux successives.

Notes et références modifier

  1. (de) Max Born et Robert Oppenheimer, « Zur Quantentheorie der Molekeln », Annalen der Physik, Wiley, no 20,‎ , p. 457-484 (lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Cohen, Tannoudji, Diu et Laloë, Mécanique Quantique, tomes 1 et 2, Hermann
  • Cagnac, Tchang-Brillet et Pebay-Peyroula, Physique atomique, tome 2, seconde édition, Dunod
  • (en) Karplus et Porter, Atoms and molecules : an introduction for students of physical chemistry, Cummings Publishing Company
  • (en) Bransden et Joachain, Physics of Atoms and Molecules, Prentice-Hall

Articles connexes modifier

Liens externes modifier